Déclaration de Mme Catherine Colonna, ministre déléguée aux affaires européennes, en réponse à une question sur la victoire du Hamas aux élections législatives en Palestine et sur les relations de la France et de l'Union européenne avec l'Autorité palestinienne, à l'Assemblée nationale le 1er février 2006.

Prononcé le 1er février 2006

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Circonstance : Questions d'actualité à l'Assemblée nationale, le 1er février 2006

Texte intégral


Q - La victoire du Hamas aux élections législatives en Palestine a constitué non seulement une surprise, mais également un véritable tremblement de terre. La situation au Proche-Orient est de plus en plus préoccupante pour la communauté internationale, compte tenu des dernières avancées de l'Iran dans le domaine nucléaire. L'Union européenne a un rôle éminent à jouer dans cette partie du monde. En effet, l'autorité palestinienne dépend de l'aide de la communauté internationale, notamment de l'Union européenne. Les Européens ont donc une responsabilité particulière dans cette région du monde. S'il ne s'agit pas de couper l'aide aux Palestiniens, nous devons toutefois poser trois conditions au maintien de celle-ci : refus officiel de la violence, reconnaissance du droit d'exister de l'Etat d'Israël et enfin, reconnaissance des accords d'Oslo. Encore faut-il que les Etats membres n'agissent pas comme ils l'ont fait dans le passé, c'est-à-dire en ordre dispersé. L'Union européenne, si elle parle d'une seule voix, pèsera efficacement sur les deux camps en présence. Avec une position plus impartiale et plus juste que celle des Etats-Unis, elle sera mieux à même de se faire entendre et d'amener les Palestiniens et les Israéliens à se réconcilier. Madame la Ministre, quelle initiative la France compte-t-elle prendre pour que l'Europe, unie, agisse au Proche-orient pour obtenir le rétablissement de la paix et la fin du terrorisme ?
R - Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Députés,
Monsieur le Député François Rochebloine,
Comme vous le soulignez, Monsieur le Député, la large victoire du Hamas aux élections qui se sont déroulées la semaine dernière pose de nombreuses questions. Le Premier ministre, Dominique de Villepin, a d'emblée marqué son inquiétude : le Hamas est en effet inscrit sur la liste des organisations terroristes établie par l'Union européenne et il est évident que le terrorisme est incompatible avec la démocratie.

La position des plus hautes autorités françaises, exprimée par le président de la République et le Premier ministre, est sans ambiguïté : le prochain gouvernement palestinien doit faire le choix de la paix, ce qui passe :

  • par la reconnaissance de l'Etat d'Israël,
  • la renonciation à la violence,
  • et le plein respect des accords de paix.

C'est seulement ainsi que pourront se poursuivre le dialogue et la coopération avec l'Union européenne.
Ces trois conditions, rappelées par Philippe Douste-Blazy lundi au Conseil Affaires générales, sont essentielles. Elles constituent le fondement de la position commune des Européens, sont inscrites dans les conclusions du Conseil Affaires générales de même que dans la déclaration de ce qu'on appelle le Quartet, composé du Secrétaire général des Nations unies et des représentants de l'Union européenne, des Etats-Unis et de la Russie.
Nous appelons solennellement le gouvernement issu des élections législatives palestiniennes à respecter ces trois conditions et à s'y conformer officiellement, strictement, et effectivement. Ce n'est qu'ainsi que la paix que chacun attend pourra s'établir.
Mais l'autorité palestinienne a aujourd'hui à sa tête un président élu, M. Abbas, qui demeure l'interlocuteur de la communauté internationale, et dont nous devons conforter la position. Les ministres de l'Union européenne et les membres du Quartet ont donc décidé, à ce stade et dans l'attente de la formation du prochain gouvernement, de maintenir l'assistance financière accordée à l'autorité palestinienne.
Mais nous serons intransigeants sur les principes : la poursuite de l'aide sera fonction de l'attitude et des engagements effectifs du futur gouvernement palestinien.

Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 3 février 2006