Déclaration de M. Hamlaoui Mekachera, ministre délégué aux anciens combattants, sur le devoir de mémoire concernant la déportation et la résistance, à Paris le 7 février 2006.

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Circonstance : Remise des prix du Concours national de la résistance et de la déportation 2005, au Sénat le 7 février 2006

Texte intégral


Monsieur le Président du Sénat,
Monsieur le Ministre,
Mesdames et Messieurs les Sénateurs,
Mesdames et Messieurs les anciens Résistants, les anciens Déportés Résistants et les anciens Déportés,
Mesdames et Messieurs les directeurs et inspecteurs généraux,
Mesdames et Messieurs les présidents de fondations et d'associations
Mesdames et Messieurs,

Chers amis lauréats du concours 2005, mes premiers mots seront, bien sûr, pour vous.
Vous méritez des compliments appuyés et sincères.
Tout d'abord, parce que vous avez réalisé les meilleurs travaux sur un sujet difficile, exigeant.
Ensuite, parce que vous avez été distingués parmi plus de 63 000 candidats. C'est remarquable.
Enfin, et surtout, parce que vous vous êtes mobilisés pour participer à ce concours. Là est l'essentiel.
Alors que vous êtes sollicités par de multiples activités, vous avez décidé, avec vos enseignants, de travailler sur un thème à la fois éprouvant et fondamental.
Grâce à votre travail, à vos recherches, vous avez approfondi vos connaissances sur la plus grande des tragédies du XXème siècle, sur un drame qui a marqué pour toujours l'histoire de l'humanité.
Vous avez effectué votre devoir alors que, dans le même temps, notre pays commémorait le retour des déportés, se souvenait de ceux qui ne sont pas revenus et célébrait notre victoire sur le nazisme.
Je voudrais également associer à ces félicitations celles et ceux qui n'ont pas été primés et leur dire de poursuivre leurs réflexions.
Il y a maintenant 61 ans, le monde découvrait l'inconcevable, l'inimaginable :
les barbelés et les miradors, les baraques insalubres, les instruments de torture, les crématoires, les amoncellements de cadavres?
Oui, voici maintenant 61 ans, le monde écoutait choqué, les survivants raconter la barbarie.
Le premier camp libéré fut celui de MAÏDANEK par les Soviétiques, en juillet 1944. Puis, ce fut le STRUTHOF, chez nous en Alsace, découvert par les Américains en novembre 1944.
Le 27 janvier 1945, les Soviétiques entraient dans Auschwitz, dans Birkenau.
Mais, jusqu'en mai 1945, des hommes et des femmes ont été soumis au pire, dans les camps et dans de criminelles marches de la mort.
En cet instant, je veux saluer avec respect, avec émotion, celles et ceux d'entre eux qui sont parmi nous.
Ils savent, parce que nous nous rencontrons régulièrement, l'admiration que je leur porte.
Ils savent combien l'Etat a pour eux reconnaissance et considération.
Chers amis lauréats,
Jamais vous n'oublierez, jamais nous n'oublierons le combat des Résistants, le martyre des Résistants-Déportés qui ont pris tous les risques, souvent au prix de leur vie, pour défendre une certaine idée de la France, pour défendre une certaine conception de l'Homme.
Le 3 novembre dernier, au Struthof, le Président de la République a redis avec une très grande force, combien leur engagement nous obligeait.
Chers amis lauréats,
Jamais vous n'oublierez, jamais nous n'oublierons la tragédie indicible de la Shoah.
Le 27 janvier 2005, à Auschwitz, le Chef de l'Etat avait rappelé le caractère singulier du génocide.
Nous n'oublions pas, non plus, que, voici 60 ans, à Nuremberg, un tribunal international jugeait et condamnait les responsables de ces crimes. Des actes qualifiés, pour la première fois, de « crimes contre l'humanité ».
A votre tour, vous devez être fidèles au message de courage et d'honneur des Résistants.
A votre tour, vous devez agir pour lutter sans cesse contre l'antisémitisme, le racisme, les discriminations.
A votre tour, vous devez vous engager pour que vivent nos valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité.
Des valeurs qui ne sont pas des incantations, mais des réponses concrètes aux drames du passé et aux défis du présent.
Mesdames et Messieurs,
Je veux remercier toutes celles et tous ceux qui ont contribué à l'organisation et à la réussite de l'édition 2005 du concours national de la Résistance et de la Déportation.
Je tiens à féliciter et à saluer l'engagement sans faille des fondations de la mémoire.
Je pense, plus particulièrement, cette année, à la Fondation pour la mémoire de la déportation, à la Fondation pour la mémoire de la Shoah et à la Fondation de la Résistance qui ont accompagné les élèves dans cet important travail de vérité.
A vous, chère Madame CHOMBART de LAUWE, j'adresse mes très sincères et très respectueux remerciements.
Je mesure la somme de travail accompli et la fatigue accumulée.
Je n'oublie pas le rôle des associations qui apportent une aide précieuse.
C'est l'une d'entre elle, la Confédération nationale des combattants volontaires de la Résistance qui est à l'origine de ce concours en 1958.
Je tiens à remercier très chaleureusement ses fondateurs.
Je remercie tout particulièrement les témoins qui bravent l'âge et les difficultés pour venir rencontrer collégiens et lycéens.
Monsieur le Ministre, cher Gilles, je souhaite féliciter et exprimer ma reconnaissance à tous les enseignants qui transmettent aux nombreux collégiens et lycéens, leur savoir et leur passion.
Je remercie les inspecteurs d'académie et les services départementaux de l'Education nationale qui ont apporté leur contribution essentielle.
L'extraordinaire succès de cette édition 2005, avec, je le redis, plus de 63 000 participants, consacre les efforts entrepris par les uns et les autres, et notamment par l'Education nationale pour répondre à ce grand rendez-vous de mémoire.
Sans doute, peut-on également y voir la conséquence de l'écho suscité dans le pays par les grandes commémorations organisées en 2004 et 2005 pour commémorer les Débarquements, et la Libération, puis la libération des camps et la Victoire.
Je veux exprimer ma gratitude aux médias qui ont parfaitement relayé ces grands moments vers nos compatriotes en France mais aussi vers ceux qui vivent à l'étranger.
Le devoir de mémoire ne pourrait s'arrêter à nos frontières.
C'est d'ailleurs dans cet esprit que la France organisera en octobre 2006 à Paris les premières rencontres internationales sur la mémoire partagée.
Enfin, je ne saurais conclure sans remercier très chaleureusement, très vivement, le Président du Sénat.
Cher Christian, je veux te remercier, non seulement pour ton accueil aujourd'hui, mais aussi pour l'importance que le Sénat accorde à la politique de mémoire.
La Haute Assemblée a accompagné les commémorations de 2004 et 2005 de façon exemplaire.
Mesdames et Messieurs, je renouvelle mes félicitations aux lauréats et je vous remercie pour votre attention.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 10 février 2006