Déclaration de M. Dominique de Villepin, Premier ministre, sur les relations franco-autrichiennes, la construction de l'Europe et les relations internationales, Salzbourg le 27 janvier 2006.

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Circonstance : Voyage à Salzbourg (Autriche) les 26 et 27 janvier 2006

Texte intégral

Merci cher Wolfgang. Je suis très heureux d'être ici à Salzbourg, à ton
invitation, à l'occasion de cette conférence, très heureux de pouvoir
avoir ce premier entretien avec la présidence autrichienne, à un moment
important pour l'histoire de notre Europe, de notre Union européenne.
Nous avons bien sûr évoqué la perspective de relance de notre projet
européen, parce que nous nous retrouvons avec la même ambition, la même
volonté de faire avancer les choses, et je dirais aussi la même
conviction. L'Europe repose sur une identité forte. A nous de faire en
sorte que cette identité puisse retrouver toute le vigueur qui est la
sienne. Je pense à l'histoire inévitablement ici, en cette occasion.
Nous allons fêter demain le 250ème anniversaire de Mozart, c'est bien
le symbole de l'esprit européen ; et je n'oublie pas non plus une autre
commémoration, celle du 61ème anniversaire de libération d'Auschwitz ;
c'est là aussi le symbole de notre Europe, s'élevant ensemble contre la
barbarie.
Au coeur de l'Europe, il y a toujours, quand nous évoquons l'identité,
nos valeurs. Je suis très heureux que Wolfgang Schussel ait choisi de
mettre la défense des ces valeurs au coeur de la présidence
autrichienne. En effet, les valeurs de l'Europe, c'est ce qui fait
qu'ensemble, nous pouvons trouver la force, l'élan, de nous rassembler,
même quand les choses sont difficiles.
Dans un monde qui change, qui change vite, nous pouvons exprimer notre
ambition commune. Cela implique des actions difficiles : clarifier les
règles de l'élargissement, car l'Union européenne n'a pas vocation à
s'étendre indéfiniment ; cela veut dire aussi continuer d'avancer
effectivement, comme l'a souhaité le président Chirac.
Le Conseil européen de juin sera l'occasion de débattre sur l'avenir de
l'Europe et de ses institutions, ainsi que l'élargissement, et nous
souhaitons pouvoir obtenir des avancées concrètes lors de cette
échéance.
Nous avons aussi des défis - nous les avons évoqué ensemble - des défis
sur la scène internationale ; il y a des menaces, comme le terrorisme,
comme la prolifération, la situation de l'Iran, avec la conviction qui
est la nôtre que l'Iran doit se conformer à ces obligations
internationales, et aussi la situation du Proche-Orient et les
élections palestiniennes avec la victoire du Hamas. Vous connaissez la
position de la France : nous sommes soucieux que les perspectives de
paix puissent être maintenues, que le Gouvernement palestinien qui sera
formé s'engage véritablement dans une renonciation à toute forme de
violence, soucieux aussi de la reconnaissance d'Israël et des accords
entre Israéliens et Palestiniens. Et puis, il y a tous les grands défis
que l'Europe doit relever, défi de l'environnement, défi de la justice
internationale, défi de la pauvreté, c'est aussi la vocation profonde
de l'Europe, je pense aussi ici, à Salzbourg, à la diversité
culturelle, le projet de la bibliothèque numérique qui sera un
instrument fort.
Au-delà, de cette exigence de clarté, de responsabilité, il y a bien
sûr une exigence d'efficacité. Nous avons besoin que notre Europe
puisse très rapidement obtenir des résultats concrets qui traduisent
pour les Européens l'engagement de l'Europe. C'est pour cela, vous le
savez, que la France défend une Europe des projets qui nous permette
chaque jour de progresser, dans le domaine de la recherche et de
l'innovation, par exemple, en rendant rapidement opérationnel
l'instrument de financement de dix milliards d'euros qui a été décidé
en décembre ; avancer dans le domaine de l'énergie face au défi de
l'après pétrole et c'est le sens du mémorandum qui a été présenté par
la France cette semaine ; avancer dans le domaine de l'Education et de
l'Enseignement, et vous savez à quel point partout en Europe, chez nos
jeunes, il y a une attente profonde vis-à-vis du nombre de bourses,
Erasmus en particulier ; avancer dans le domaine de la Sécurité
intérieure, -pourquoi, ne pas avancer plus rapidement dans la voie
d'une vraie police des frontières ?- ; avancer également dans le
domaine de la santé - nous faisons face ensemble collectivement à la
menace de la grippe aviaire, et là aussi, il est important que nous
puissions mettre nos expertises, nos savoirs faire, en commun pour être
plus efficaces.
Enfin, vous me permettrez d'évoquer un sujet, que nous avons abordé
aussi et qui nous préoccupe, c'est celui de la TVA à taux réduit ; nous
avons évoqué bien sûr la situation de la TVA restauration : vous
connaissez les blocages qui existent dans ce domaine ; mais nous avons
évoqué aussi la situation de la TVA à taux réduit dans les domaines où
elle a déjà été acceptée par l'ensemble des Etats au cours des
dernières années, -je pense pour la France au bâtiment et aux services
à la personne, et je sais l'engagement de la présidence autrichienne
pour faire avancer ces sujets. Je crois que c'est important pour que
nos compatriotes puissent avoir véritablement le sentiment que l'Europe
avance, que l'Europe est désireuse d'accompagner quand il y a des
enjeux aussi importants que ceux de l'activité économique et de
l'emploi. En tout cas, je suis très heureux de cette occasion à nouveau
de pouvoir rencontrer Wolfgang Schussel et, d'aborder l'ensemble de ces
sujets, très heureux de savoir que la présidence de l'Union européenne
est dans de si bonnes mains.Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 1 février 2006