Texte intégral
Monsieur le Premier Ministre,
Messieurs les Ministres,
Messieurs les Parlementaires,
Madame le Secrétaire perpétuelle,
Messieurs les Anciens Combattants,
Messieurs les Officiers généraux,
Mesdames et Messieurs,
Il y a plus de 60 ans, ici-même, dans ce salon de la Maison Igoumnov, le général de Gaulle remettait la croix de chevalier de la Légion d'honneur à onze officiers des forces aériennes soviétiques et la croix de guerre à leurs mécaniciens.
C'est donc avec une fierté et une émotion particulières que je vous accueille aujourd'hui si nombreux, pour honorer un régiment d'exception, le 18ème régiment de chasse de la garde russe. Un régiment qui par deux fois, en 1943 puis en 1945, a été décoré de l'ordre du "drapeau rouge". Un régiment qui porte haut la tradition de l'escadrille "Normandie-Niemen", qu'il a accompagnée de mars 1943 jusqu'à la fin de la guerre.
Pour évoquer cette page d'histoire commune, souvenons-nous.
En 1941, L'Europe est exsangue et démantelée. Rien ne semble pouvoir arrêter la progression des armées nazies.
Dans la France vaincue, une voix permet de garder espoir : celle du général de Gaulle et de la France libre.
Il comprend immédiatement l'importance du combat mené par les armées d'Union soviétique qui seules, au prix de sacrifices immenses, ont réussi à endiguer l'avancée de l'ennemi : aux portes de Moscou et de Léningrad, l'Allemagne nazie fait l'expérience de ses premières défaites.
Le général de Gaulle propose à l'Union soviétique l'envoi d'une escadrille de chasse française : il sait que cela ne suffira pas pour l'emporter. Mais à cette heure cruciale de l'histoire, il veut que la France apporte son soutien à un peuple ami.
En décembre 1942, les 43 premiers volontaires, sous les ordres du commandant Pouliquen, arrivent à Ivanovo, à 300 kilomètres au nord-est de Moscou, afin d'y commencer leur instruction. En mars 1943, le groupe est prêt au combat et passe sous les ordres du commandant Jean Tulasne.
Fidèle à la tradition d'étroite coopération entre nos deux pays, le régiment français combat aux côtés du 18ème régiment de chasse de la garde, commandé par le colonel Goloubsov. En mai 1943, il est même intégré à la 303ème division du général Zakharov.
Mais c'est en août, avec la décision de remplacer les mécaniciens français par des mécaniciens soviétiques, placés sous les ordres du capitaine ingénieur Agavelian, que la coopération franco-russe va prendre toute son ampleur. A travers la solidarité entre pilotes français et mécaniciens soviétiques, à travers le destin de ces hommes, unis par un même sens de l'honneur et un même amour de la patrie, la fraternité d'armes entre nos deux pays trouve un nouvel élan.
Des combats de Koursk au franchissement du Niemen, le régiment Normandie-Niemen mettra toutes ses forces et son courage au service de la victoire.
Jusqu'à la fin de la guerre, l'unité d'élite participe à trois campagnes majeures contre les armées allemandes.
Avec 5 420 missions, 869 combats et plus de 300 victoires, elle est aux avant-postes dans la lutte contre les nazis. Ces nombreux faits d'armes vaudront à quatre pilotes du régiment d'être cités "héros de l'union soviétique". Trois de leurs camarades - ainsi que le régiment lui-même - seront également décorés de l'ordre d'Alexandre Nevsky.
Mais les heures de gloire sont indissociables des épreuves et des sacrifices communs. Une gloire chèrement acquise, puisque la moitié des pilotes français ne reverra jamais le sol natal : au total, 42 d'entre eux seront portés tués ou disparus.
Je pense par exemple au capitaine Maurice de Seynes, qui préféra s'écraser avec son mécanicien, le sergent Belozoubov, plutôt que de sauter en parachute et de l'abandonner.
Tous deux sont enterrés, côte à côte, à Moscou, au cimetière de Vvedenskoïe, où chaque année, une cérémonie franco-russe entretient la mémoire de ces hommes d'honneur et de courage.
Aujourd'hui, nous sommes nous aussi réunis pour rendre hommage à tous les combattants de "Normandie-Niemen", et je voudrais saluer les vétérans qui sont parmi nous.
D'abord nos amis Russes, mécaniciens du régiment "Normandie-Niemen" :
M. Alexandre Alexeïevitch Kapralov, M. Dmitri Timofeïevitch Kouzmine, M. Youri Andreïevitch Maksaev, M. Vladimir Alexandrovitch Soboliev, M. Ivan Ivanovitch Moltchanov.
Grâce à votre dévouement et à votre esprit de sacrifice, les ailes françaises ont pu s'élever dans le ciel russe. La France vous a exprimé sa reconnaissance en vous remettant à chacun la Légion d'honneur le 8 décembre 2004. Permettez-moi de vous exprimer à nouveau toute la gratitude du gouvernement français pour votre abnégation et votre courage exceptionnels.
Je salue également les combattants français qui ont pris part à l'extraordinaire épopée de "Normandie-Niemen" : le commandant Pierre Lorillon, le capitaine Georges Mazurel et l'adjudant-chef Jean Audiber.
Tous, Français et Russes, vous nous avez montré qu'il n'y a pas de fatalité à la défaite. Vous nous avez montré que l'on peut toujours refuser l'humiliation et l'asservissement. Ce message de liberté et de fierté, qui était celui du général de Gaulle, vous l'avez porté avec honneur. Certains de vos compagnons d'armes ont sacrifié leur vie pour le faire entendre. Pilotes et mécaniciens, vous nous avez donné une formidable leçon de courage : à tous, du fond du c?ur, merci.
Une leçon de courage mais aussi une leçon d'histoire, une leçon politique : la force de ce régiment, c'est à l'amitié entre nos peuples, cette amitié né du combat, que nous la devons.
Soixante ans ont passé, mais cette fraternité des armes demeure.
Nous la voyons vivante dans les traditions du 18ème régiment de chasse de la garde et l'escadron de chasse 2/30 de Colmar. Ensemble, ils entretiennent aujourd'hui la même flamme. Ensemble, ils portent la mémoire de l'aventure de "Normandie-Niemen" et continuent d'en faire vivre les valeurs.
Cette amitié, nous nous devons de la renforcer : unis, Français et Russes peuvent faire de grandes choses.
C'était déjà la conviction du Général de Gaulle, qui à nouveau, en 1966, au c?ur de la guerre froide, est revenu en URSS pour dépasser l'affrontement stérile des blocs.
C'est bien la leçon que nous offrent ces deux régiments, c'est bien la leçon que l'on tire en voyant ces deux drapeaux, porteurs d'un même nom : "Normandie-Niemen" et tous deux couverts des plus illustres décorations : Légion d'Honneur, Croix de la Libération, Médaille militaire, Croix de guerre, Ordre du Drapeau Rouge, Ordre d'Alexandre Nevsky.
Aujourd'hui plus que jamais, la France et la Russie doivent unir leur voix sur la scène internationale. Face aux défis communs, ceux du terrorisme, de la prolifération, des crises régionales, au Moyen-Orient notamment, nos deux pays savent conjuguer leurs efforts et porter le même message de courage, de tolérance et de solidarité.
Mesdames, Messieurs,
A travers cette cérémonie, c'est à la valeur des combattants, à la force des liens tissés entre frères d'armes et à la ferveur d'une tradition que nous rendons hommage. A travers la décoration que nous remettons aujourd'hui au 18ème régiment de la Garde, c'est toute la reconnaissance de notre nation envers le grand peuple russe que nous voulons exprimer.
Je vais maintenant accrocher la croix au drapeau du 18ème régiment de la Garde "Normandie-Niemen"Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 février 2006
Messieurs les Ministres,
Messieurs les Parlementaires,
Madame le Secrétaire perpétuelle,
Messieurs les Anciens Combattants,
Messieurs les Officiers généraux,
Mesdames et Messieurs,
Il y a plus de 60 ans, ici-même, dans ce salon de la Maison Igoumnov, le général de Gaulle remettait la croix de chevalier de la Légion d'honneur à onze officiers des forces aériennes soviétiques et la croix de guerre à leurs mécaniciens.
C'est donc avec une fierté et une émotion particulières que je vous accueille aujourd'hui si nombreux, pour honorer un régiment d'exception, le 18ème régiment de chasse de la garde russe. Un régiment qui par deux fois, en 1943 puis en 1945, a été décoré de l'ordre du "drapeau rouge". Un régiment qui porte haut la tradition de l'escadrille "Normandie-Niemen", qu'il a accompagnée de mars 1943 jusqu'à la fin de la guerre.
Pour évoquer cette page d'histoire commune, souvenons-nous.
En 1941, L'Europe est exsangue et démantelée. Rien ne semble pouvoir arrêter la progression des armées nazies.
Dans la France vaincue, une voix permet de garder espoir : celle du général de Gaulle et de la France libre.
Il comprend immédiatement l'importance du combat mené par les armées d'Union soviétique qui seules, au prix de sacrifices immenses, ont réussi à endiguer l'avancée de l'ennemi : aux portes de Moscou et de Léningrad, l'Allemagne nazie fait l'expérience de ses premières défaites.
Le général de Gaulle propose à l'Union soviétique l'envoi d'une escadrille de chasse française : il sait que cela ne suffira pas pour l'emporter. Mais à cette heure cruciale de l'histoire, il veut que la France apporte son soutien à un peuple ami.
En décembre 1942, les 43 premiers volontaires, sous les ordres du commandant Pouliquen, arrivent à Ivanovo, à 300 kilomètres au nord-est de Moscou, afin d'y commencer leur instruction. En mars 1943, le groupe est prêt au combat et passe sous les ordres du commandant Jean Tulasne.
Fidèle à la tradition d'étroite coopération entre nos deux pays, le régiment français combat aux côtés du 18ème régiment de chasse de la garde, commandé par le colonel Goloubsov. En mai 1943, il est même intégré à la 303ème division du général Zakharov.
Mais c'est en août, avec la décision de remplacer les mécaniciens français par des mécaniciens soviétiques, placés sous les ordres du capitaine ingénieur Agavelian, que la coopération franco-russe va prendre toute son ampleur. A travers la solidarité entre pilotes français et mécaniciens soviétiques, à travers le destin de ces hommes, unis par un même sens de l'honneur et un même amour de la patrie, la fraternité d'armes entre nos deux pays trouve un nouvel élan.
Des combats de Koursk au franchissement du Niemen, le régiment Normandie-Niemen mettra toutes ses forces et son courage au service de la victoire.
Jusqu'à la fin de la guerre, l'unité d'élite participe à trois campagnes majeures contre les armées allemandes.
Avec 5 420 missions, 869 combats et plus de 300 victoires, elle est aux avant-postes dans la lutte contre les nazis. Ces nombreux faits d'armes vaudront à quatre pilotes du régiment d'être cités "héros de l'union soviétique". Trois de leurs camarades - ainsi que le régiment lui-même - seront également décorés de l'ordre d'Alexandre Nevsky.
Mais les heures de gloire sont indissociables des épreuves et des sacrifices communs. Une gloire chèrement acquise, puisque la moitié des pilotes français ne reverra jamais le sol natal : au total, 42 d'entre eux seront portés tués ou disparus.
Je pense par exemple au capitaine Maurice de Seynes, qui préféra s'écraser avec son mécanicien, le sergent Belozoubov, plutôt que de sauter en parachute et de l'abandonner.
Tous deux sont enterrés, côte à côte, à Moscou, au cimetière de Vvedenskoïe, où chaque année, une cérémonie franco-russe entretient la mémoire de ces hommes d'honneur et de courage.
Aujourd'hui, nous sommes nous aussi réunis pour rendre hommage à tous les combattants de "Normandie-Niemen", et je voudrais saluer les vétérans qui sont parmi nous.
D'abord nos amis Russes, mécaniciens du régiment "Normandie-Niemen" :
M. Alexandre Alexeïevitch Kapralov, M. Dmitri Timofeïevitch Kouzmine, M. Youri Andreïevitch Maksaev, M. Vladimir Alexandrovitch Soboliev, M. Ivan Ivanovitch Moltchanov.
Grâce à votre dévouement et à votre esprit de sacrifice, les ailes françaises ont pu s'élever dans le ciel russe. La France vous a exprimé sa reconnaissance en vous remettant à chacun la Légion d'honneur le 8 décembre 2004. Permettez-moi de vous exprimer à nouveau toute la gratitude du gouvernement français pour votre abnégation et votre courage exceptionnels.
Je salue également les combattants français qui ont pris part à l'extraordinaire épopée de "Normandie-Niemen" : le commandant Pierre Lorillon, le capitaine Georges Mazurel et l'adjudant-chef Jean Audiber.
Tous, Français et Russes, vous nous avez montré qu'il n'y a pas de fatalité à la défaite. Vous nous avez montré que l'on peut toujours refuser l'humiliation et l'asservissement. Ce message de liberté et de fierté, qui était celui du général de Gaulle, vous l'avez porté avec honneur. Certains de vos compagnons d'armes ont sacrifié leur vie pour le faire entendre. Pilotes et mécaniciens, vous nous avez donné une formidable leçon de courage : à tous, du fond du c?ur, merci.
Une leçon de courage mais aussi une leçon d'histoire, une leçon politique : la force de ce régiment, c'est à l'amitié entre nos peuples, cette amitié né du combat, que nous la devons.
Soixante ans ont passé, mais cette fraternité des armes demeure.
Nous la voyons vivante dans les traditions du 18ème régiment de chasse de la garde et l'escadron de chasse 2/30 de Colmar. Ensemble, ils entretiennent aujourd'hui la même flamme. Ensemble, ils portent la mémoire de l'aventure de "Normandie-Niemen" et continuent d'en faire vivre les valeurs.
Cette amitié, nous nous devons de la renforcer : unis, Français et Russes peuvent faire de grandes choses.
C'était déjà la conviction du Général de Gaulle, qui à nouveau, en 1966, au c?ur de la guerre froide, est revenu en URSS pour dépasser l'affrontement stérile des blocs.
C'est bien la leçon que nous offrent ces deux régiments, c'est bien la leçon que l'on tire en voyant ces deux drapeaux, porteurs d'un même nom : "Normandie-Niemen" et tous deux couverts des plus illustres décorations : Légion d'Honneur, Croix de la Libération, Médaille militaire, Croix de guerre, Ordre du Drapeau Rouge, Ordre d'Alexandre Nevsky.
Aujourd'hui plus que jamais, la France et la Russie doivent unir leur voix sur la scène internationale. Face aux défis communs, ceux du terrorisme, de la prolifération, des crises régionales, au Moyen-Orient notamment, nos deux pays savent conjuguer leurs efforts et porter le même message de courage, de tolérance et de solidarité.
Mesdames, Messieurs,
A travers cette cérémonie, c'est à la valeur des combattants, à la force des liens tissés entre frères d'armes et à la ferveur d'une tradition que nous rendons hommage. A travers la décoration que nous remettons aujourd'hui au 18ème régiment de la Garde, c'est toute la reconnaissance de notre nation envers le grand peuple russe que nous voulons exprimer.
Je vais maintenant accrocher la croix au drapeau du 18ème régiment de la Garde "Normandie-Niemen"Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 février 2006