Texte intégral
O. Mazerolle Le débat sur les retraites semble diviser les patrons. On a entendu J.-M. Messier dénoncer votre attitude qu'il qualifie "d'ultimatum et de provocation."
- "Je crois qu'on connaît bien le rôle du bon copain qui vous fait le croche-patte au mauvais moment. C'est un grand entrepreneur, tout le monde le sait et le salue. Je crois qu'il est souvent à Hollywood où il s'occupe de cinéma américain. De là, on ne voit peut-être pas très bien les choses et puis il est tout seul. J'ai 98 % des patrons derrière moi, je représente 700 000 petits entrepreneurs. Alors entre "la grande vedette mondiale" qui fait la leçon, et puis les entrepreneurs que difficilement on représente sur les problèmes sérieux socio-français, je pense que l'opinion fera la différence."
Tout de même, au sein de la fédération des PME ou bien des artisans, il y a des inquiétudes. Au sein même du Medef, on vous avait donné mandat pour la fermeté mais aussi l'ouverture au dialogue. Où est cette ouverture ?
- "Nous sommes dans une phase de fermeté parce que nous avons dit "oui." Les négociations n'ont pas réussi. On voulait faire un accord, les syndicats n'ont pas voulu le signer. Cela crée des problèmes. Mais nous avons dit également que nous sommes ouverts à la discussion, nous pensons qu'elle reprendra. Et puis, je le dis tout à fait clairement : les retraités n'ont aucune inquiétude à se faire, leur retraite restera ce qu'elle est, ce n'est pas cela qui est en discussion. Quant à ceux qui rentreront dans la retraite, par exemple cette année, ils n'ont aucune inquiétude à se faire. Ou bien on arrivera à un accord et le problème sera réglé ou bien, c'est tout à fait clair, quelqu'un d'autre que nous, les entrepreneurs, gérera le système. Et comme vous savez, le Gouvernement qui dit "je suis prêt à intervenir", interviendra. Vous savez qu'il est très bon pour faire des chèques - il veut faire un chèque à 9 millions de Français en fin d'année ! -, je suis convaincu qu'il trouvera la formule. Personne n'a à s'inquiéter. Mais le débat, lui, doit s'élever."
Concrètement, avez-vous donné, oui ou non, une consigne ferme aux chefs d'entreprise qui adhèrent au Medef de faire la grève des cotisations à l'ASF ?
- "Nullement. Il y a un vide juridique. Du fait que les syndicats n'ont pas signé l'accord, il n'y a plus de base juridique pour prélever une cotisation qu'on appelle la cotisation ASF. Il y a un conflit actuellement entre le droit - sans contrat, on ne peut prélever - et les programmes d'ordinateurs qui bien entendu ont inscrit sur les feuilles de paie le prélèvement de cette cotisation. D'où une certaine confusion technique."
Qu'est-ce que les chefs d'entreprise doivent faire ?
- "Les chefs d'entreprise sont tout de même assez malins pour pouvoir se sortir d'une situation dans laquelle il faut savoir si on prélève ou pas une cotisation. Si on la prélève, on la mettra en réserve en attendant que cette affaire soit réglée. Si on ne la prélève pas, il n'y a pas de problème puisque la base juridique pour la prélever n'existe pas. Actuellement, on est en train de grossir et de dramatiser une situation qui est une situation sérieuse..."
Vous ne dites pas ce matin aux chefs d'entreprise : "surtout ne prélevez pas la cotisation" ?
- "Mais pas du tout. Nous leur disons : "Faites exactement comme vous voudrez." Pour ceux qui la payeront, si la base juridique n'est plus là, on la leur rendra."
Quels sont vos objectifs ? Si le Gouvernement agit par décret, qu'aurez-vous gagné, vous, en tant que chefs d'entreprise dans cette affaire ?
- "Nous aurons gagné une chose : c'est de cesser de ne pas regarder la réalité et de créer le débat. Il y a une véritable conjuration du silence - je parle souvent d'autruche, c'est une sorte d'animal qui actuellement est très célébré - on ne regarde pas les choses. Nous, les entrepreneurs, nous avons des responsabilités pour faire tourner nos entreprises. Tout le monde dit que les charges sont trop lourdes. Nous essayons de faire en sorte que les charges soient moins lourdes. Donc, nous voulons réformer. La refondation sociale, c'est de la réforme. A partir du moment où on ne veut pas réformer, bien sûr, il n'y a plus de refondation sociale, c'est bien clair. Mais nous faisons des propositions - est-ce que je peux me permettre simplement de le rappeler en deux mots - qui sont des propositions modérées, qui sont des propositions de bon sens, qu'on a mis en place partout en Europe, et qui consistent à allonger très progressivement la durée de cotisations sur 25 ans. Alors, bien entendu, quand on dit "retraites", tous les nostalgiques de 95 - les gens qui se rappellent le grand événement qu'a été le blocage de la France - se disent : "Il y aurait peut-être une occasion de faire quelque chose de pareil." Cela les met en forme."
Mais c'est ce qui risque d'arriver demain ?
- "Non, sûrement pas."
Voyez les syndicats. Monsieur Blondel dit : "On va montrer aux chefs d'entreprise ce que c'est que le blocage de l'activité."
- "Demain, dans les manifestations organisées par les syndicats sur la retraite, que ceux qui sont des salariés jeunes et actifs du privé veuillent bien prendre un petit drapeau à la main. Il y aura des retraités - parce qu'ils ont en réalité de l'inquiétude et ils ont tort, parce que je vous l'ai dit, les retraités n'ont rien à craindre - et il y aura bien entendu beaucoup de fonctionnaires, parce que les fonctionnaires, eux, ont d'énormes privilèges en ce qui concerne la retraite par rapport au privé. J'entendais sur votre antenne une publicité pour la CREF, il y a quelques instants, c'est-à-dire le système de capitalisation des fonctionnaires qu'on nous refuse à nous et qui a abattu de 16 % d'un coup ses prestations parce qu'on n'a pas agi à temps. Et donc, nous verrons bien si les fonctionnaires sont actuellement représentatifs dans notre pays des problèmes de retraite."
Cela veut dire que pour vous que demain, c'est une journée pour rien ?
- "C'est une journée certainement pas pour rien pour les syndicats, parce qu'ils sont dans leurs responsabilités en rassemblant leurs militants et en essayant d'élargir les choses. Mais cela ne nous impressionne en rien. Nous ne sommes pas un gouvernement. Nous sommes un gestionnaire de systèmes de retraites complémentaires. D'ailleurs, on se demande un peu ce que les entrepreneurs font là-dedans, entre nous."
Vous ne croyez pas quand même que certains de vos adhérents, chefs d'entreprise, vont vous dire : "Si la France est bloquée, nous, on ne peut plus travailler" ?
- "Attendez, vous ne pensez quand même pas que la France va se bloquer sur cette affaire ? C'est une plaisanterie ! En réalité, il y a de l'animation du côté des syndicats qui ont été assez surpris de voir que pour une fois, quelqu'un avec lequel ils sont en négociation tient sur sa position, est assez ferme, est de bon sens, explique les choses. Ils sont habitués, bien entendu avec l'Etat, à la reculade en galopades, dès qu'il se passe quelque chose. Vous savez que l'Etat ne réforme rien et jamais. Nous sommes dans la refondation sociale du sentiment qu'il faut en effet réformer, modérément, progressivement. C'est du bon sens."
Dans cette affaire, tout de même, l'un des syndicats qui passe pour être moderniste à savoir la CFDT se retrouve dans le front uni des syndicats en disant : "On ne veut pas d'allongement de la durée des cotisations. On veut bien la retraite à la carte - ce qui pourrait amener un certain nombre de gens à ne pas partir à la retraite à 60 ans, s'ils n'ont pas cotisé 40 ans - mais on ne veut pas d'allongement des durées de cotisation" ?
- "Chaque syndicat est composé d'une partie représentant les salariés du privé et une partie - souvent très importante, souvent majoritaire d'ailleurs - représentant les salariés du public. Il est certain que à tous les syndicats actuellement qui représentent les fonctionnaires - nous sommes gênés de ne pas avoir devant nous les syndicats qui représentent les salariés du privé -, les fonctionnaires ont dit : "Attendez, n'avancez pas dans la réforme du système des retraites du privé, parce que si vous avancez dans cette direction, alors nous comment est-ce que nous ferons face à l'Etat quand il voudra faire la même chose" ?"
Mais la CFDT dit : "la retraite à la carte - c'est quand même une autre proposition - cela nous intéresse."
- "La retraite à la carte fait partie de nos propositions. Nous sommes d'accord avec la CFDT là-dessus."
"Sans allongement de la durée des cotisations "dit la CFDT. C'est la divergence avec vous.
- "C'est la divergence, mais c'est une divergence sur laquelle il y a encore de la marge de négociation de part et d'autre. Nous avons proposé quelque chose qui est sur vingt-cinq ans. Les syndicats ont réagi négativement. Nous pouvons parfaitement, dans la discussion, modifier nos propositions. Tout ceci ne me donne, quant à moi, aucun sentiment qu'il y a blocage, qu'il y a refus et tous les mots "diktat", "ultimatum", utilisés depuis Hollywood me font plutôt sourire."
Vous avez des contacts avec la CFDT sur cette notion de retraite à la carte ?
- "Nous avons des contacts avec les syndicats réformateurs en permanence ; il y a la rue qui ne sert à rien, je vous le dis tout de suite ; et puis il y a bien entendu la discussion. Nous nous sommes réunis dans rue contre les 35 heures. On était indignés. Cela n'a servi à rien, on les a toujours. Ce n'est pas comme cela en réalité que l'on peut progresser. C'est par la négociation et non par la manifestation."
"Marge de négociation", vous disiez tout à l'heure. On a le sentiment que sur cette retraite à la carte, il y a peut-être un noyau qui pourrait se constituer avec la CFDT et peut-être le Gouvernement, qui pourrait être intéressé ?
- "Mais bien entendu. Si le Gouvernement s'intéresse - il dit qu'il s'intéresse - nous sommes tout à fait d'accord pour que le Gouvernement s'intéresse aux questions que nous suivons. Il regarde, il est attentif, vigilant, etc. De temps en temps, le Premier ministre se paye un petit coup sur le Medef, parce que c'est bon électoralement. Mais en fait, tout ceci, pour nous, fait partie du quotidien. Nous sommes en réalité dans une négociation qui a ses moments de fermeté et de difficulté. Je suis sûr qu'elle débouchera. Si elle ne débouche pas, qu'est-ce que vous voulez ? L'Etat gérera. Ce ne sera pas non plus un drame."
(Source http://www,medef.fr, le 14 janvier 2003)
- "Je crois qu'on connaît bien le rôle du bon copain qui vous fait le croche-patte au mauvais moment. C'est un grand entrepreneur, tout le monde le sait et le salue. Je crois qu'il est souvent à Hollywood où il s'occupe de cinéma américain. De là, on ne voit peut-être pas très bien les choses et puis il est tout seul. J'ai 98 % des patrons derrière moi, je représente 700 000 petits entrepreneurs. Alors entre "la grande vedette mondiale" qui fait la leçon, et puis les entrepreneurs que difficilement on représente sur les problèmes sérieux socio-français, je pense que l'opinion fera la différence."
Tout de même, au sein de la fédération des PME ou bien des artisans, il y a des inquiétudes. Au sein même du Medef, on vous avait donné mandat pour la fermeté mais aussi l'ouverture au dialogue. Où est cette ouverture ?
- "Nous sommes dans une phase de fermeté parce que nous avons dit "oui." Les négociations n'ont pas réussi. On voulait faire un accord, les syndicats n'ont pas voulu le signer. Cela crée des problèmes. Mais nous avons dit également que nous sommes ouverts à la discussion, nous pensons qu'elle reprendra. Et puis, je le dis tout à fait clairement : les retraités n'ont aucune inquiétude à se faire, leur retraite restera ce qu'elle est, ce n'est pas cela qui est en discussion. Quant à ceux qui rentreront dans la retraite, par exemple cette année, ils n'ont aucune inquiétude à se faire. Ou bien on arrivera à un accord et le problème sera réglé ou bien, c'est tout à fait clair, quelqu'un d'autre que nous, les entrepreneurs, gérera le système. Et comme vous savez, le Gouvernement qui dit "je suis prêt à intervenir", interviendra. Vous savez qu'il est très bon pour faire des chèques - il veut faire un chèque à 9 millions de Français en fin d'année ! -, je suis convaincu qu'il trouvera la formule. Personne n'a à s'inquiéter. Mais le débat, lui, doit s'élever."
Concrètement, avez-vous donné, oui ou non, une consigne ferme aux chefs d'entreprise qui adhèrent au Medef de faire la grève des cotisations à l'ASF ?
- "Nullement. Il y a un vide juridique. Du fait que les syndicats n'ont pas signé l'accord, il n'y a plus de base juridique pour prélever une cotisation qu'on appelle la cotisation ASF. Il y a un conflit actuellement entre le droit - sans contrat, on ne peut prélever - et les programmes d'ordinateurs qui bien entendu ont inscrit sur les feuilles de paie le prélèvement de cette cotisation. D'où une certaine confusion technique."
Qu'est-ce que les chefs d'entreprise doivent faire ?
- "Les chefs d'entreprise sont tout de même assez malins pour pouvoir se sortir d'une situation dans laquelle il faut savoir si on prélève ou pas une cotisation. Si on la prélève, on la mettra en réserve en attendant que cette affaire soit réglée. Si on ne la prélève pas, il n'y a pas de problème puisque la base juridique pour la prélever n'existe pas. Actuellement, on est en train de grossir et de dramatiser une situation qui est une situation sérieuse..."
Vous ne dites pas ce matin aux chefs d'entreprise : "surtout ne prélevez pas la cotisation" ?
- "Mais pas du tout. Nous leur disons : "Faites exactement comme vous voudrez." Pour ceux qui la payeront, si la base juridique n'est plus là, on la leur rendra."
Quels sont vos objectifs ? Si le Gouvernement agit par décret, qu'aurez-vous gagné, vous, en tant que chefs d'entreprise dans cette affaire ?
- "Nous aurons gagné une chose : c'est de cesser de ne pas regarder la réalité et de créer le débat. Il y a une véritable conjuration du silence - je parle souvent d'autruche, c'est une sorte d'animal qui actuellement est très célébré - on ne regarde pas les choses. Nous, les entrepreneurs, nous avons des responsabilités pour faire tourner nos entreprises. Tout le monde dit que les charges sont trop lourdes. Nous essayons de faire en sorte que les charges soient moins lourdes. Donc, nous voulons réformer. La refondation sociale, c'est de la réforme. A partir du moment où on ne veut pas réformer, bien sûr, il n'y a plus de refondation sociale, c'est bien clair. Mais nous faisons des propositions - est-ce que je peux me permettre simplement de le rappeler en deux mots - qui sont des propositions modérées, qui sont des propositions de bon sens, qu'on a mis en place partout en Europe, et qui consistent à allonger très progressivement la durée de cotisations sur 25 ans. Alors, bien entendu, quand on dit "retraites", tous les nostalgiques de 95 - les gens qui se rappellent le grand événement qu'a été le blocage de la France - se disent : "Il y aurait peut-être une occasion de faire quelque chose de pareil." Cela les met en forme."
Mais c'est ce qui risque d'arriver demain ?
- "Non, sûrement pas."
Voyez les syndicats. Monsieur Blondel dit : "On va montrer aux chefs d'entreprise ce que c'est que le blocage de l'activité."
- "Demain, dans les manifestations organisées par les syndicats sur la retraite, que ceux qui sont des salariés jeunes et actifs du privé veuillent bien prendre un petit drapeau à la main. Il y aura des retraités - parce qu'ils ont en réalité de l'inquiétude et ils ont tort, parce que je vous l'ai dit, les retraités n'ont rien à craindre - et il y aura bien entendu beaucoup de fonctionnaires, parce que les fonctionnaires, eux, ont d'énormes privilèges en ce qui concerne la retraite par rapport au privé. J'entendais sur votre antenne une publicité pour la CREF, il y a quelques instants, c'est-à-dire le système de capitalisation des fonctionnaires qu'on nous refuse à nous et qui a abattu de 16 % d'un coup ses prestations parce qu'on n'a pas agi à temps. Et donc, nous verrons bien si les fonctionnaires sont actuellement représentatifs dans notre pays des problèmes de retraite."
Cela veut dire que pour vous que demain, c'est une journée pour rien ?
- "C'est une journée certainement pas pour rien pour les syndicats, parce qu'ils sont dans leurs responsabilités en rassemblant leurs militants et en essayant d'élargir les choses. Mais cela ne nous impressionne en rien. Nous ne sommes pas un gouvernement. Nous sommes un gestionnaire de systèmes de retraites complémentaires. D'ailleurs, on se demande un peu ce que les entrepreneurs font là-dedans, entre nous."
Vous ne croyez pas quand même que certains de vos adhérents, chefs d'entreprise, vont vous dire : "Si la France est bloquée, nous, on ne peut plus travailler" ?
- "Attendez, vous ne pensez quand même pas que la France va se bloquer sur cette affaire ? C'est une plaisanterie ! En réalité, il y a de l'animation du côté des syndicats qui ont été assez surpris de voir que pour une fois, quelqu'un avec lequel ils sont en négociation tient sur sa position, est assez ferme, est de bon sens, explique les choses. Ils sont habitués, bien entendu avec l'Etat, à la reculade en galopades, dès qu'il se passe quelque chose. Vous savez que l'Etat ne réforme rien et jamais. Nous sommes dans la refondation sociale du sentiment qu'il faut en effet réformer, modérément, progressivement. C'est du bon sens."
Dans cette affaire, tout de même, l'un des syndicats qui passe pour être moderniste à savoir la CFDT se retrouve dans le front uni des syndicats en disant : "On ne veut pas d'allongement de la durée des cotisations. On veut bien la retraite à la carte - ce qui pourrait amener un certain nombre de gens à ne pas partir à la retraite à 60 ans, s'ils n'ont pas cotisé 40 ans - mais on ne veut pas d'allongement des durées de cotisation" ?
- "Chaque syndicat est composé d'une partie représentant les salariés du privé et une partie - souvent très importante, souvent majoritaire d'ailleurs - représentant les salariés du public. Il est certain que à tous les syndicats actuellement qui représentent les fonctionnaires - nous sommes gênés de ne pas avoir devant nous les syndicats qui représentent les salariés du privé -, les fonctionnaires ont dit : "Attendez, n'avancez pas dans la réforme du système des retraites du privé, parce que si vous avancez dans cette direction, alors nous comment est-ce que nous ferons face à l'Etat quand il voudra faire la même chose" ?"
Mais la CFDT dit : "la retraite à la carte - c'est quand même une autre proposition - cela nous intéresse."
- "La retraite à la carte fait partie de nos propositions. Nous sommes d'accord avec la CFDT là-dessus."
"Sans allongement de la durée des cotisations "dit la CFDT. C'est la divergence avec vous.
- "C'est la divergence, mais c'est une divergence sur laquelle il y a encore de la marge de négociation de part et d'autre. Nous avons proposé quelque chose qui est sur vingt-cinq ans. Les syndicats ont réagi négativement. Nous pouvons parfaitement, dans la discussion, modifier nos propositions. Tout ceci ne me donne, quant à moi, aucun sentiment qu'il y a blocage, qu'il y a refus et tous les mots "diktat", "ultimatum", utilisés depuis Hollywood me font plutôt sourire."
Vous avez des contacts avec la CFDT sur cette notion de retraite à la carte ?
- "Nous avons des contacts avec les syndicats réformateurs en permanence ; il y a la rue qui ne sert à rien, je vous le dis tout de suite ; et puis il y a bien entendu la discussion. Nous nous sommes réunis dans rue contre les 35 heures. On était indignés. Cela n'a servi à rien, on les a toujours. Ce n'est pas comme cela en réalité que l'on peut progresser. C'est par la négociation et non par la manifestation."
"Marge de négociation", vous disiez tout à l'heure. On a le sentiment que sur cette retraite à la carte, il y a peut-être un noyau qui pourrait se constituer avec la CFDT et peut-être le Gouvernement, qui pourrait être intéressé ?
- "Mais bien entendu. Si le Gouvernement s'intéresse - il dit qu'il s'intéresse - nous sommes tout à fait d'accord pour que le Gouvernement s'intéresse aux questions que nous suivons. Il regarde, il est attentif, vigilant, etc. De temps en temps, le Premier ministre se paye un petit coup sur le Medef, parce que c'est bon électoralement. Mais en fait, tout ceci, pour nous, fait partie du quotidien. Nous sommes en réalité dans une négociation qui a ses moments de fermeté et de difficulté. Je suis sûr qu'elle débouchera. Si elle ne débouche pas, qu'est-ce que vous voulez ? L'Etat gérera. Ce ne sera pas non plus un drame."
(Source http://www,medef.fr, le 14 janvier 2003)