Texte intégral
P. Lapousterle
Vous êtes encore essoufflé parce que le syndicaliste s'est fait surprendre par les grèves..
- " C'est un peu compliqué de venir jusqu'à vous."
Votre syndicat, avec d'autres, participent ce matin à la grande grève de la SNCF. C'est la première fois depuis 15 ans que tous les syndicats sont d'accord pour une action commune. Qu'est ce qui mérite, M. Deleu, une action aussi coordonnée ?
- "Dans le cas de la SNCF, l'entreprise va mieux : les résultats sont là, elle se développe. On ne peut que s'en féliciter, je crois que c'est vraiment le prix de l'effort de tous. Il y a une modernisation, un effort de dynamisation de l'entreprise qui porte ses fruits et les salariés réclament leur part de ces fruits. Nous souhaitons qu'il puisse avoir une progression réelle pour tous les salaires et notamment pour les bas salaires."
Mais peut-on avoir les 35 heures et une hausse de salaire en même temps ? Il faut être raisonnable.
- "Oui. La CFTC est raisonnable, c'est un de ses fondements. Elle est dans le mouvement, parce qu'on se rend compte que les 35 heures, au fond, permettent une autre forme d'organisation, entraînent des contraintes supplémentaires pour les agents, paradoxalement, parce qu'on travaille autrement, et c'est parfois plus difficile pour eux. Par ailleurs, on voit que les résultats sont là ; il n'y a aucune raison qu'on ne donne pas la part des résultats aux salariés. Quelle raison peut-on trouver pour ne pas donner leur part aux salariés."
Les objectifs, c'est quoi alors ?
- "La négociation. Je crois qu'il faut que la discussion prenne vraiment toute sa dimension et que très rapidement on trouve un terrain d'entente. J'ai mis pas mal de chiffres sur la table, c'est une négociation il faut qu'il y ait un effort significatif pour les salaires."
Dans l'affaire de l'Unedic, qui concerne des millions de nos compatriotes par an, où en sommes nous ? A la demande du Gouvernement un accord a été réécrit, a été accepté par le patronat et trois syndicats cette fois de salariés dont le vôtre, mais même L. Jospin a dit avant hier que les textes ne répondent pas aux observations qu'avait émises le Gouvernement.
- "C'est un peu surprenant parce que nous avons négocié, nous avons conclu un texte, il a été soumis à signature."
Y a t-il une grande différence entre le premier et le deuxième texte ?
- "Il n'y a pas de différence fondamentale, mais il y a une réponse aux demandes du Gouvernement. On a eu des remarques par rapport à ce texte - imprécision, clarifications à apporter- donc Mme Aubry nous a dit : " nous ne pouvons pas agréer ce texte, je ne sais pas ce qu'il y a derrière, je veux clarifier." On a souhaité la rencontrer, on l'a finalement rencontrée le 7 septembre, il a fallu un peu de temps pour ce contact, un temps qui a porté préjudice aux chômeurs, tout simplement. Lors de la rencontre, elle nous a dit : "voilà les points qui ne vont pas. " On a regardé cela ensemble et on s'est rendu compte que finalement, cela ne changeait pas l'esprit de l'accord, ni même l'essentiel de l'accord. On a corrigé le texte en fonction de ce que demandait Mme Aubry. Une fois que l'on a élaboré ces changements, on a contacté le ministère pour lui demander d'en parler. Ce n'était plus la peine. On nous a dit "débrouillez-vous avec les non signataires. " C'était ma position. On a vu les non signataires, on a discuté, on a proposé des réponses qu'on a apporté au Gouvernement. On a rediscuté et la CGT s'est joint à nous pour la signature, bravo! Maintenant on me dit : "cela ne va pas". Si cela n'allait pas, il fallait tout de suite le dire, il ne fallait pas attendre trois mois, et plus, en promenant les gens. Nos collègues de FO parlaient de mascarade. La mascarade serait si en réalité le Gouvernement ne voulait pas d'accord avec "
Vous pensez que c'était le cas ?
- "Je me pose la question. On nous a juré, si j'ose dire, qu'on voulait un accord paritaire. On a pris acte, mais là encore, ce sont les actes qui en décident. Nous avons un texte qui répond aux demandes du Gouvernement : on a rétabli des sanctions publiques de l'Etat, plus sévères que les sanctions qu'on avait inclus, puisqu'on nous l'a demandé."
Les baisses de cotisations?
- "On a répondu à cela.."
Il y avait aussi les travailleurs précaires.
- "Pour les précaires, on a fait un effort. On pouvait aller plus loin, mais c'est une négociation. Je peux signer un accord CFTC tout seul, il est parfait de mon point de vue, mais le patronat a son point de vue aussi. Les accords paritaires, c'est ensemble qu'on les signe. Si le Gouvernement tient cette position-là, il ouvrira une crise qui est grave, parce que c'est une remise en cause de la négociation dans son ensemble. Je ne vois pas comment cela pourrait se produire et je pense que le Gouvernement aura assez à faire pour ne pas venir encore, ouvrir une difficulté dans le pays.."
Mais est ce que vous imaginez qu'après avoir dit ce qu'il a dit, le Premier ministre peut changer d'avis et dire "oui, finalement cet accord est bon". C'est pas n'importe qui le Premier ministre !
- "Non, je respecte tout à fait le Premier ministre mais je vous dis que le refus de l'agrément provoquera une crise sérieuse et durable, quand le gouvernement aura lu le texte officiel, quand il l'aura soumis aux instances consultatives et qu'il aura à se prononcer."
C'est quoi une crise sérieuse ?
- "En 1984, on avait négocié un accord sur la flexibilité qui avait échoué. On a mis 10 ans à s'en remettre. On avait construit des relations paritaires au niveau inteprofessionnelles qui étaient normales. Là, on en prend au moins pour 10 ans de glaciation sociale et je ne vois pas l'intérêt qu'a le gouvernement, aujourd'hui, à se retrouver seul face aux syndicats. Les revendications à la SNCF on les a, et elles se manifestent face à l'Etat sur la question de l'assurance-chômage. Quel intérêt a l'Etat à être en première ligne, alors qu'il y a des gens qui sont là pour cela, dont c'est le métier, et qui en plus auront la responsabilité de les suivre."
Alors, il y a un autre problème. Bien que vous fussiez trois syndicats à l'avoir signé- trois syndicats de salariés- deux autres syndicats, qui ne sont pas n'importe lesquels puisqu'il s'agit de Force Ouvrière et de la CGT, contestent violemment cet accord et sont décidés à ne pas le laisser passer. Peut-on organiser l'Unedic, c'est-à-dire l'assurance chômage pour tout le monde, si deux des plus grands syndicats français sont absolument opposés ?
- "Si on ne l'avait pas fait, il n'y aurait pas d'assurance chômage. Depuis 40 ans, les accords sont minoritaires : les syndicats majoritaires, notamment la CGT avec la CFDT jadis, avec Force Ouvrière maintenant, ne signaient pas les accords. Heureusement qu'il y en a qui ont signé. D'ailleurs, parfois on disait : "bon allez, nous on ne signe pas mais vous si vous pouvez signer, cela nous arrangerait bien". On a construit le droit social français sur des accords souvent minoritaires. Pourquoi ? Parce qu'il y a des syndicats français qui ne jouent pas le jeu de la consultation sociale, qui pensent qu'au fond ils n'ont pas à s'engager dans des contrats avec le patronat qui préfèrent une société de lutte et d'affrontement. C'est leur logique, c'est leur droit, ce n'est pas le nôtre, ce n'est pas notre choix. La France s'est construite, au plan social, sur des contrats mais pas sur la lutte."
Comment expliquez-vous qu'en période de croissance on se retrouve dans une atmosphère sociale plus difficile qu'elle ne l'a jamais été depuis des années et des années ?
- "Cela peut être très surprenant pour qui ne connaît pas la vie sociale. Mais il est un fait, quand les choses vont mieux, les gens demandent. Aujourd'hui, où nous avons l'impression que le monde a changé et que la France a pris sa place dans la croissance mondiale et que de l'argent circule, les 30 ans de pression sur : "attention il y a le chômage, attention il y a une concurrence mondiale, c'est très dur etc. ", de contraintes -relatives mais de contraintes réelles et très dures pour beaucoup, moins dures pour d'autres- eh bien ces 30 années là reviennent à la surface. Il fallait s'y attendre, on l'attendait, même si on ne savait pas quand cela se produirait car ce ne sont pas les appareils qui décident de cela. L'affaire du pétrole "
Mais vous pensez M. Deleu, qu'on entre, bizarrement, dans une période qui va être socialement très agitée ?
- "Peut-être, je ne le souhaite pas. Je pense que ces périodes là demandent la responsabilité de tous les acteurs, les syndicats, le patronat, le Gouvernement. Le patronat fait un peu le fanfaron depuis un an en disant qu'il était le meilleur et qu'il allait tout faire, je crois qu'il n'a pas joué un bon jeu en disant cela. Le Gouvernement règle ses comptes avec le patronat, ce n'est pas notre problème. La question du pays, c'est une progression sociale par la négociation et donc je souhaite vraiment que chacun s'y mette."
Vous pensez vous, que les syndicats salariés payent la facture de l'affrontement entre le patronat et le Gouvernement ?
- "On ne paie pas la facture, mais ce sont les chômeurs qui la payent : on continue à baisser les indemnités de chômage parce que l'on n'a pas pu étendre notre accord et donc c'est moins bon pour les chômeurs aujourd'hui. Cela va le rester jusqu'à la fin de l'année à cause de cela."
Vous pensez que le Gouvernement peut changer d'avis, c'est-à-dire accepter finalement l'accord que vous avez signé ?
- "Ecoutez je pense que c'est la raison. J'ai toujours constaté que M. Jospin avait une écoute qui était forte et avait une attention qui était forte à ce que dit la société française, c'est l'occasion qu'il a de le montrer, de comprendre qu'il ne réussira pas à faire progresser la France, comme il le souhaite sans un vrai partenariat avec les partenaires sociaux. On n'a pas à nous donner des ordres : nous sommes libres, nous sommes responsables, nous portons notre responsabilité, et nous la souhaitons au Gouvernement et au parlement. Ce n'est pas la question, chacun ses responsabilités . "
Mme Aubry s'en va dans 15 jours, vous aurez du regret..
- "On a beaucoup travaillé ensemble. C'est une personne qui traite ses dossiers à fond et donc que je respecte profondément, qui croit à ce qu'elle fait. Ici on est en phase d'une période plus politique, la préparation des élections : je suis totalement incompétent sur le plan électoral."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le
Vous êtes encore essoufflé parce que le syndicaliste s'est fait surprendre par les grèves..
- " C'est un peu compliqué de venir jusqu'à vous."
Votre syndicat, avec d'autres, participent ce matin à la grande grève de la SNCF. C'est la première fois depuis 15 ans que tous les syndicats sont d'accord pour une action commune. Qu'est ce qui mérite, M. Deleu, une action aussi coordonnée ?
- "Dans le cas de la SNCF, l'entreprise va mieux : les résultats sont là, elle se développe. On ne peut que s'en féliciter, je crois que c'est vraiment le prix de l'effort de tous. Il y a une modernisation, un effort de dynamisation de l'entreprise qui porte ses fruits et les salariés réclament leur part de ces fruits. Nous souhaitons qu'il puisse avoir une progression réelle pour tous les salaires et notamment pour les bas salaires."
Mais peut-on avoir les 35 heures et une hausse de salaire en même temps ? Il faut être raisonnable.
- "Oui. La CFTC est raisonnable, c'est un de ses fondements. Elle est dans le mouvement, parce qu'on se rend compte que les 35 heures, au fond, permettent une autre forme d'organisation, entraînent des contraintes supplémentaires pour les agents, paradoxalement, parce qu'on travaille autrement, et c'est parfois plus difficile pour eux. Par ailleurs, on voit que les résultats sont là ; il n'y a aucune raison qu'on ne donne pas la part des résultats aux salariés. Quelle raison peut-on trouver pour ne pas donner leur part aux salariés."
Les objectifs, c'est quoi alors ?
- "La négociation. Je crois qu'il faut que la discussion prenne vraiment toute sa dimension et que très rapidement on trouve un terrain d'entente. J'ai mis pas mal de chiffres sur la table, c'est une négociation il faut qu'il y ait un effort significatif pour les salaires."
Dans l'affaire de l'Unedic, qui concerne des millions de nos compatriotes par an, où en sommes nous ? A la demande du Gouvernement un accord a été réécrit, a été accepté par le patronat et trois syndicats cette fois de salariés dont le vôtre, mais même L. Jospin a dit avant hier que les textes ne répondent pas aux observations qu'avait émises le Gouvernement.
- "C'est un peu surprenant parce que nous avons négocié, nous avons conclu un texte, il a été soumis à signature."
Y a t-il une grande différence entre le premier et le deuxième texte ?
- "Il n'y a pas de différence fondamentale, mais il y a une réponse aux demandes du Gouvernement. On a eu des remarques par rapport à ce texte - imprécision, clarifications à apporter- donc Mme Aubry nous a dit : " nous ne pouvons pas agréer ce texte, je ne sais pas ce qu'il y a derrière, je veux clarifier." On a souhaité la rencontrer, on l'a finalement rencontrée le 7 septembre, il a fallu un peu de temps pour ce contact, un temps qui a porté préjudice aux chômeurs, tout simplement. Lors de la rencontre, elle nous a dit : "voilà les points qui ne vont pas. " On a regardé cela ensemble et on s'est rendu compte que finalement, cela ne changeait pas l'esprit de l'accord, ni même l'essentiel de l'accord. On a corrigé le texte en fonction de ce que demandait Mme Aubry. Une fois que l'on a élaboré ces changements, on a contacté le ministère pour lui demander d'en parler. Ce n'était plus la peine. On nous a dit "débrouillez-vous avec les non signataires. " C'était ma position. On a vu les non signataires, on a discuté, on a proposé des réponses qu'on a apporté au Gouvernement. On a rediscuté et la CGT s'est joint à nous pour la signature, bravo! Maintenant on me dit : "cela ne va pas". Si cela n'allait pas, il fallait tout de suite le dire, il ne fallait pas attendre trois mois, et plus, en promenant les gens. Nos collègues de FO parlaient de mascarade. La mascarade serait si en réalité le Gouvernement ne voulait pas d'accord avec "
Vous pensez que c'était le cas ?
- "Je me pose la question. On nous a juré, si j'ose dire, qu'on voulait un accord paritaire. On a pris acte, mais là encore, ce sont les actes qui en décident. Nous avons un texte qui répond aux demandes du Gouvernement : on a rétabli des sanctions publiques de l'Etat, plus sévères que les sanctions qu'on avait inclus, puisqu'on nous l'a demandé."
Les baisses de cotisations?
- "On a répondu à cela.."
Il y avait aussi les travailleurs précaires.
- "Pour les précaires, on a fait un effort. On pouvait aller plus loin, mais c'est une négociation. Je peux signer un accord CFTC tout seul, il est parfait de mon point de vue, mais le patronat a son point de vue aussi. Les accords paritaires, c'est ensemble qu'on les signe. Si le Gouvernement tient cette position-là, il ouvrira une crise qui est grave, parce que c'est une remise en cause de la négociation dans son ensemble. Je ne vois pas comment cela pourrait se produire et je pense que le Gouvernement aura assez à faire pour ne pas venir encore, ouvrir une difficulté dans le pays.."
Mais est ce que vous imaginez qu'après avoir dit ce qu'il a dit, le Premier ministre peut changer d'avis et dire "oui, finalement cet accord est bon". C'est pas n'importe qui le Premier ministre !
- "Non, je respecte tout à fait le Premier ministre mais je vous dis que le refus de l'agrément provoquera une crise sérieuse et durable, quand le gouvernement aura lu le texte officiel, quand il l'aura soumis aux instances consultatives et qu'il aura à se prononcer."
C'est quoi une crise sérieuse ?
- "En 1984, on avait négocié un accord sur la flexibilité qui avait échoué. On a mis 10 ans à s'en remettre. On avait construit des relations paritaires au niveau inteprofessionnelles qui étaient normales. Là, on en prend au moins pour 10 ans de glaciation sociale et je ne vois pas l'intérêt qu'a le gouvernement, aujourd'hui, à se retrouver seul face aux syndicats. Les revendications à la SNCF on les a, et elles se manifestent face à l'Etat sur la question de l'assurance-chômage. Quel intérêt a l'Etat à être en première ligne, alors qu'il y a des gens qui sont là pour cela, dont c'est le métier, et qui en plus auront la responsabilité de les suivre."
Alors, il y a un autre problème. Bien que vous fussiez trois syndicats à l'avoir signé- trois syndicats de salariés- deux autres syndicats, qui ne sont pas n'importe lesquels puisqu'il s'agit de Force Ouvrière et de la CGT, contestent violemment cet accord et sont décidés à ne pas le laisser passer. Peut-on organiser l'Unedic, c'est-à-dire l'assurance chômage pour tout le monde, si deux des plus grands syndicats français sont absolument opposés ?
- "Si on ne l'avait pas fait, il n'y aurait pas d'assurance chômage. Depuis 40 ans, les accords sont minoritaires : les syndicats majoritaires, notamment la CGT avec la CFDT jadis, avec Force Ouvrière maintenant, ne signaient pas les accords. Heureusement qu'il y en a qui ont signé. D'ailleurs, parfois on disait : "bon allez, nous on ne signe pas mais vous si vous pouvez signer, cela nous arrangerait bien". On a construit le droit social français sur des accords souvent minoritaires. Pourquoi ? Parce qu'il y a des syndicats français qui ne jouent pas le jeu de la consultation sociale, qui pensent qu'au fond ils n'ont pas à s'engager dans des contrats avec le patronat qui préfèrent une société de lutte et d'affrontement. C'est leur logique, c'est leur droit, ce n'est pas le nôtre, ce n'est pas notre choix. La France s'est construite, au plan social, sur des contrats mais pas sur la lutte."
Comment expliquez-vous qu'en période de croissance on se retrouve dans une atmosphère sociale plus difficile qu'elle ne l'a jamais été depuis des années et des années ?
- "Cela peut être très surprenant pour qui ne connaît pas la vie sociale. Mais il est un fait, quand les choses vont mieux, les gens demandent. Aujourd'hui, où nous avons l'impression que le monde a changé et que la France a pris sa place dans la croissance mondiale et que de l'argent circule, les 30 ans de pression sur : "attention il y a le chômage, attention il y a une concurrence mondiale, c'est très dur etc. ", de contraintes -relatives mais de contraintes réelles et très dures pour beaucoup, moins dures pour d'autres- eh bien ces 30 années là reviennent à la surface. Il fallait s'y attendre, on l'attendait, même si on ne savait pas quand cela se produirait car ce ne sont pas les appareils qui décident de cela. L'affaire du pétrole "
Mais vous pensez M. Deleu, qu'on entre, bizarrement, dans une période qui va être socialement très agitée ?
- "Peut-être, je ne le souhaite pas. Je pense que ces périodes là demandent la responsabilité de tous les acteurs, les syndicats, le patronat, le Gouvernement. Le patronat fait un peu le fanfaron depuis un an en disant qu'il était le meilleur et qu'il allait tout faire, je crois qu'il n'a pas joué un bon jeu en disant cela. Le Gouvernement règle ses comptes avec le patronat, ce n'est pas notre problème. La question du pays, c'est une progression sociale par la négociation et donc je souhaite vraiment que chacun s'y mette."
Vous pensez vous, que les syndicats salariés payent la facture de l'affrontement entre le patronat et le Gouvernement ?
- "On ne paie pas la facture, mais ce sont les chômeurs qui la payent : on continue à baisser les indemnités de chômage parce que l'on n'a pas pu étendre notre accord et donc c'est moins bon pour les chômeurs aujourd'hui. Cela va le rester jusqu'à la fin de l'année à cause de cela."
Vous pensez que le Gouvernement peut changer d'avis, c'est-à-dire accepter finalement l'accord que vous avez signé ?
- "Ecoutez je pense que c'est la raison. J'ai toujours constaté que M. Jospin avait une écoute qui était forte et avait une attention qui était forte à ce que dit la société française, c'est l'occasion qu'il a de le montrer, de comprendre qu'il ne réussira pas à faire progresser la France, comme il le souhaite sans un vrai partenariat avec les partenaires sociaux. On n'a pas à nous donner des ordres : nous sommes libres, nous sommes responsables, nous portons notre responsabilité, et nous la souhaitons au Gouvernement et au parlement. Ce n'est pas la question, chacun ses responsabilités . "
Mme Aubry s'en va dans 15 jours, vous aurez du regret..
- "On a beaucoup travaillé ensemble. C'est une personne qui traite ses dossiers à fond et donc que je respecte profondément, qui croit à ce qu'elle fait. Ici on est en phase d'une période plus politique, la préparation des élections : je suis totalement incompétent sur le plan électoral."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le