Entretien de Mme Catherine Colonna, ministre déléguée aux affaires européennes, avec Radio France, sur la directive européenne sur les services, à Rome le 16 février 2006.

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Circonstance : Déplacement à Rome (Italie), le 16 février 2006

Média : France Inter

Texte intégral


Q - Madame la Ministre, quelle est votre première réaction au vote des Eurodéputés sur la fameuse directive Bolkestein, après le vote à une majorité assez large qui a, en quelque sorte, "adoucit" cette directive ?
R - La première chose à dire, c'est qu'à partir d'aujourd'hui, on ne pourra plus parler de "directive Bolkestein". Le vote a été acquis à une très large majorité et donne un texte qui est très différent du texte d'origine. La deuxième chose que je voudrais souligner, c'est que notre économie, qui est une économie de services, a tout à gagner à ce qu'il y ait une ouverture des marchés européens des services. La France est un gros exportateur de services, le 3ème en Europe. C'est là que sont les emplois de demain, tout simplement. Je voudrais saluer le travail qui a été fait par le Parlement européen : la démocratie européenne a bien fonctionné. On a, aujourd'hui, une large majorité pour un texte qui nous permettra d'avancer pour créer davantage d'activité et davantage d'emplois, tout en étant en pleine conformité avec les exigences sociales de l'Union européenne. Le principe de pays d'origine n'existe plus : le droit du travail français s'applique en France, les services publics sont préservés. Et voilà !
Q - Une victoire pour la France, un statut quo tout de même pour l'Europe ?
R - Non, je pense que cela permettra à l'Europe, puisqu'elle montre qu'elle arrive à prendre des décisions communes, la majorité a été très large, au contraire, d'aller de l'avant. Vous voyez bien qu'il y a des terrains sur lesquels tous les Européens peuvent se retrouver. Presque 400 voix pour ce texte aujourd'hui, c'est un très beau succès.
Q - Bolkestein, c'était au moment de la campagne pour le référendum, une sorte de symbole. C'est la fin de cette période ? Vers quoi va-t-on au niveau de la relance du projet européen ?
R - Vous savez, il n'y a jamais eu de directive Bolkestein, c'est cela qui est terrible. Il y avait une proposition d'un commissaire qui n'est plus commissaire aujourd'hui, et cette proposition n'avait jamais été acceptée, ni par le Parlement européen, ni par les Etats membres. Tout cela est derrière nous. Allons de l'avant ! L'Europe a intérêt à progresser dans l'unité de son marché intérieur, à renforcer tout ce qu'elle peut mettre en commun. L'activité, l'emploi, encore une fois, c'est d'abord chez nous et c'est aujourd'hui une économie de services, en France comme dans la plupart des pays européens, donc c'est une très bonne nouvelle.
Q - Avec ce vote, qu'est-ce qui change pour la mobilité professionnelle des Européens ?
R - Ce qui change, c'est que le principe général de liberté, qui est une des libertés fondamentales du Traité de Rome va être, pour la première fois, encadré. Il était soumis à un certain nombre d'aléas, faute de directive, des obstacles administratifs parfois disproportionnés, ou bien il était soumis à l'appréciation de la Cour européenne de Justice. Tout cela n'était pas idéal, il y avait une fragilité. Là, les choses vont être beaucoup plus claires, on pourra s'échanger librement, dans le respect des règles sociales de chaque pays, les biens et les services, c'est donc un progrès.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 23 février 2006