Déclaration de M. Léon Bertrand, ministre délégué au tourisme, sur le développement de l'économie du tourisme, notamment sur l'évolution de la filière des agences de voyage, Biarritz le 3 février 2006.

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Circonstance : 1ère convention nationale du Syndicat national des agents de voyages à Biarritz, le 3 février 2006

Texte intégral

Monsieur le Président du SNAV (Georges COLSON),
Monsieur le Président du SNAV Sud- Ouest (Thierry DEBOURG),
Monsieur le Sénateur-Maire (Didier BOROTRA),
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Je suis heureux de vous retrouver à BIARRITZ pour cette 1ère Convention nationale des Agents de voyages.
Cette manifestation, appelée à perdurer en raison du grand succès qu'elle a remporté avec plus de 350 participants, s'est placée, d'emblée, sous les meilleurs auspices.
BIARRITZ, dont je salue le grand dynamisme du Maire, Didier BOROTRA, également président de l'Association des Stations Classées et des Communes Touristiques, est un symbole de réussite.
Cette station de renommée internationale, qui a connu les premières heures du tourisme hexagonal, a su évoluer avec son temps en s'appuyant sur une culture d'accueil locale fortement ancrée.
Elle s'est forgée la réputation d'une ville jeune, dynamique et sportive, en privilégiant ses atouts majeurs : le surf, le golf et la thalassothérapie.
Et puisque le tourisme représente 75 % de son activité, elle a su développer celle de Congrès susceptible de lui offrir des sources de revenu tout au long de l'année, conformément à ce fameux concept du « tourisme en toutes saisons » que j'appelle de mes v?ux.
Il n'y avait donc pas de meilleur choix possible, Cher Georges, pour marquer le renouveau du SNAV et affirmer notre volonté commune de voir les agences de voyages de vendre davantage la destination France.
Cette idée, qui était considérée il y a encore quelques mois avec un certain scepticisme, commence à prendre corps.
Car les bouleversements de l'environnement économique, professionnel et commercial, obligent votre profession ? et ses métiers de la production, de la distribution et du réceptif ? à une remise en cause de leurs pratiques.
Au 1er avril 2006, la commission zéro aura été appliquée depuis un an. Si l'on en juge par vos résultats sur les 10 premiers mois de l'année, avec un chiffre d'affaires en progression de plus de 3 %, la catastrophe annoncée n'a pas eu lieu.
Mieux, le segment billetterie, qui représente encore 75 % du chiffre d'affaires des agences, a augmenté de presque 5 %.
Pour clore le chapitre des bonnes nouvelles, les défaillances d'agences constatées par l'APS en 2005 auront été inférieures à celles de 2004 même si leur poids financier reste important.
Pour autant, les évolutions qui se dessinent doivent nous inciter à la vigilance. Si la progression des ventes en ligne n'a pas effectué le bond attendu, leur structure se modifie.
On constate en effet un glissement progressif de la billetterie loisirs vers internet, même si les billets les plus chers sont encore très majoritairement vendus par les agences physiques.
Mais surtout, l'offre en ligne monte en gamme et se diversifie. Le discount reste le c?ur de l'offre mais la progression des packages dynamiques est sensible.
Plus que jamais, les agences doivent se donner les moyens d'améliorer la qualité de service et de conseil, qui justifie la prise de frais.
C'est là que réside leur valeur ajoutée, disséquée pendant cette Convention autour de 3 ateliers majeurs : responsabilité/cellule de crise/formation professionnelle.
Comme je l'indiquais en préambule, les mutations de l'environnement commercial, le nouveau modèle économique et la montée en puissance d'internet obligent les agences à modifier leurs réflexes.
Parmi lesquels, avouons-le, une certaine frilosité à vendre la France, au prétexte parfois un peu simpliste d'une absence de prestation « transport ».
Je salue donc ce matin la présence de Jean-Pierre SERRA, président de la FNCDT et de Raymond MASSIP, président des Services Loisirs accueil, qui montrent une volonté d'ouverture et de partenariat tout à fait remarquable.
Certains CDT et CRT, comme nous avons pu le constater lors du dernier forum Dep'Tours en janvier, ont signé des accords de référencement avec de grands réseaux.
C'est un premier pas.
Mais d'autres signes doivent inciter les agences à une collaboration plus étroite avec les acteurs du tourisme institutionnel : l'exemple de la grande distribution est révélateur.
Avec une croissance annuelle à deux chiffres, certaines agences de grande enseigne parviennent à vendre autant de produits « France » que de forfaits à l'étranger.
Soulignons enfin l'essor des « coffrets cadeaux », axés sur la gastronomie, le bien-être ou le sport qui rencontrent un succès croissant. La France y est très largement représentée.
Autre défi que les agences devront relever, celui d'un mariage harmonieux avec les nouvelles technologies. Certains ont déjà fait le pari audacieux d'une alliance directe avec les « pure players » (AFAT et Expedia).
En tout état de cause, la multiplication des canaux de commercialisation, avec internet mais aussi avec la téléphonie mobile demain, va abolir les frontières traditionnelles entre agences physiques et virtuelles.
Les premières doivent disposer d'une vitrine en ligne tandis que les secondes multiplient les points de vente physique.
Et je suis bien naturellement désireux de vous accompagner au travers de ces mutations, avec le partenariat actif et productif noué avec le SNAV et l'APS.
2005 a été une année de beaux succès avec la TVA sur les frais ou la mobilisation lors du projet de loi volontariat associatif qui a permis de rétablir une égalité de traitement entre les agences et les associations.
La première partie de l'étude SNAV / ODIT France sur l'avenir des agences de voyages a été présentée lors du salon Top Resa. La synthèse définitive et les recommandations ?la boîte à outils- seront publiées par ODIT fin février.
Le ministère délégué au Tourisme a, enfin, largement contribué au financement de la campagne de communication grand public (radio et presse) qui valorise le rôle de conseil des professionnels du voyage auprès de leurs clients.
2006 sera également une année d'intense activité pour nous dans le domaine du voyage.
Je ne méconnais certes pas vos difficultés liées à l'absence de passeports biométriques, réclamés par les Etats-Unis, et je suis en contact avec Nicolas SARKOZY pour trouver des solutions conformes à vos attentes.
Je sais que vous attendez aussi les deux projets de décret pris en application de l'ordonnance du 24 février 2005 relative à l'organisation et la vente de voyages et séjours.
Comme vous le savez, ils ne pourront être pris qu'après la ratification du Code du Tourisme le 21 février prochain.
Par ailleurs, un décret dit « transparence » qui rendra obligatoire l'information des passagers sur l'identité de leur transporteur sera prochainement publié.
Ce texte permettra d'anticiper sur l'entrée en vigueur des dispositions du règlement européen publié le 27 décembre 2005 mais dont les dispositions sont applicables d'ici 6 mois à 1 an.
Quant à la problématique de la responsabilité « de plein droit » des agents de voyages, qui est un sujet complexe, j'ai souhaité l'évoquer de nouveau avec le ministre de la justice, Pascal CLEMENT, que j'ai officiellement saisi la semaine dernière.
Cette nouvelle négociation ne nous empêche pas cependant de travailler parallèlement à la refonte de la directive européenne sur la vente de séjour, afin d'obtenir un texte de transposition plus souple, qui limiterait la responsabilité des agences aux termes des Conventions internationales.
Mais d'autres échéances importantes se profilent dans les 18 prochains mois.
Il y a bien sûr le projet de création d'une Commission nationale d'arbitrage des litiges, sur le modèle belge.
Cette instance, qui réunirait des élus de la profession et des associations de consommateurs aurait pour objectif majeur de trancher les différends entre les clients et les professionnels afin de désengorger les juridictions françaises.
Il va sans dire que j'approuve le principe de ce projet qu'il faudra bien sûr que j'évoque avec mon collègue de la justice.
2006 et 2007 seront également des années cruciales pour la réorganisation de votre syndicat puisqu'une réforme des statuts est engagée pour simplifier son fonctionnement et le rendre plus efficace.
Mon sentiment est que nous avons besoin d'une instance forte pour défendre vos droits. Si vous êtes forts et unis, nous serons ensemble plus efficaces pour faire avancer vos dossiers et vos projets.
J'ajoute que les efforts consentis en matière de formation vont dans le bon sens. La formation sera en effet l'un des axes prioritaires de mon action ces prochains mois.
Je peux d'ores et déjà vous annoncer qu'une Université d'été sur les métiers du tourisme sera organisée à GREOUX LES BAINS au 2ème semestre 2006. Nous aurons l'occasion d'en reparler prochainement.
Mes Chers Amis,
Il est temps pour moi de clore officiellement cette 1ère Convention nationale des Agences de Voyages. C'est incontestablement une réussite et je suis convaincu que les compte-rendu des ateliers montreront toute la richesse des échanges qui ont eu lieu pendant ces 3 jours.
Je vous donne rendez-vous pour l'Assemblée générale ordinaire de vos instances le 16 mars prochain et je vous souhaite, à toutes et à tous, une bonne fin de séjour à BIARRITZ.
Source http://www.tourisme.equipement.gouv.fr, le 21 février 2006