Texte intégral
La puissance et les performances économiques des Etats-Unis et de lUnion Européenne exercent une influence déterminante sur la croissance mondiale. Nos deux ensembles représentent 57 % de la richesse produite dans le monde. Cela nous confère une responsabilité particulière : un dialogue transatlantique dense et confiant est nécessaire à une croissance mondiale équilibrée. Soyons précis, nous devons élaborer une nouvelle architecture financière mondiale. Cest ce dont je suis heureux de venir mentretenir à Washington avec les plus hautes autorités américaines et avec les responsables des institutions financières internationales.
Ce début dannée 1999 est marqué par un grand événement : la naissance de lEuro.
Pour la première fois dans lhistoire, des pays viennent de se doter dun instrument monétaire commun par une volonté politique pacifique et démocratique.
LEuro, les nations européennes lont dabord voulu pour assurer leur croissance, leurs emplois, leur avenir commun. Et non pas, bien sûr, pour concurrencer le Dollar, comme on lécrit parfois. LAmérique a tout à gagner à une Europe forte, stable et ouverte que nous construisons avec l'Euro.
LEuro se définit dabord comme un instrument de stabilité, puisquil fait disparaître les variations de change entre nos pays. Cette stabilité favorisera les échanges au sein de lUnion Européenne, mais aussi entre lEurope et ses grands partenaires, au premier rang desquels les Etats-Unis.
LEuro va favoriser naturellement la concurrence au sein du marché européen et inciter à une plus grande efficacité, donc à une meilleure compétitivité de nos économies. Cest un atout pour les entreprises américaines qui veulent développer leur présence et leurs investissements en Europe. Cest, pour lensemble du monde, un moteur pour les échanges et une garantie pour la croissance.
C'est pourquoi la France entre dans lEuro avec confiance, même si elle sait quelle devra renforcer sa compétitivité pour se rendre toujours plus attractive, plus accueillante.
Il faudra plusieurs années pour que lEuro acquiert un statut de monnaie de réserve internationale. Mais, dores et déjà, sa naissance change la donne monétaire mondiale.
Le Dollar et lEuro vont désormais, avec le Yen, être les devises de référence de la grande majorité des transactions financières et, de ce fait, leurs évolutions domineront la scène économique mondiale.
Les Etats-Unis et lUnion Européenne constituent ensemble la plus vaste zone de stabilité du monde. Nous le devons aux politiques économiques avisées qui ont été mises en oeuvre. Mais cette stabilité contraste fortement avec linstabilité qui existe à lextérieur de la zone transatlantique. Ce contraste doit nous rendre attentifs : ce serait une erreur de penser que notre croissance peut, dans la durée, être indépendante de celles des autres parties du monde.
Il revient donc aux Etats-Unis, à lEurope et au Japon de maintenir un environnement mondial favorable à la production et aux échanges, au moment où de nombreux pays émergents effectuent des efforts considérables pour sortir de leurs difficultés.
La croissance passe par la stabilité entre nos monnaies. Celle-ci ne doit pas être obtenue par des voies artificielles qui empêcheraient les ajustements nécessaires ou qui mettraient en péril une autre stabilité essentielle, celle des prix. Mais elle ne sera pas non plus atteinte sans un renforcement substantiel de notre coopération. Nous devons donc inventer, sur une base permanente et communément acceptée, les moyens et procédures pour y parvenir.
Il y a entre la France et lAllemagne une identité de vue à ce sujet. Lors de la récente visite du Premier Ministre japonais à Paris, une communauté de pensée sest également dégagée. Jespère trouver aux Etats-Unis une même convergence danalyse pendant ma visite.
Nous vivons dans un monde fragile comme la répétition des crises au Mexique, en Asie, en Russie et aujourdhui au Brésil, le démontre.
Certes, la communauté financière a su se mobiliser pour faire face à leurs conséquences immédiates, notamment grâce à la forte intervention du FMI avec le soutien financier du G7. Aux côtés des Etats-Unis, lEurope y a pleinement contribué, assurant toute sa part des financements nécessaires pour combattre la crise. LEurope nest restée ni indifférente, ni inerte.
Mais au-delà de ces réactions à court terme, il nous faut des réponses plus ambitieuses.
Une telle entreprise prendra du temps. Raison de plus pour nous hâter car les conséquences humaines, sociales et politiques des désordres financiers sont lourdes dans de nombreux pays. Noublions pas que la démocratie senracine dans le développement économique et que les démagogies trouvent un terreau fertile quand la confiance en lavenir est ébranlée.
Je suis persuadé que les fondations qui avaient été posées à Bretton Woods, il y a 50 ans, sur lesquelles la prospérité de léconomie mondiale a longtemps reposé, doivent être adaptées aux données nouvelles et si rapidement changeantes, dune économie mondialisée.
Nous connaissons bien les tentations et les risques à éviter : le repli sur soi, le développement du protectionnisme commercial et financier, laction unilatérale. Nous devons prévenir ces risques et résister à ces tentations. Laissons de côté les réponses idéologiques et privilégions les solutions concrètes issues dune concertation élargie à lensemble des acteurs. Il sagit dapporter une réponse globale, à la fois politique, sociale, et, bien sûr, économique.
Les Chefs dEtat et de Gouvernement du G7 ont donné les impulsions nécessaires pour reconstruire larchitecture financière internationale. Aujourdhui il nous faut définir précisément et mettre en oeuvre les réformes indispensables pour renforcer les relations monétaires et financières internationales et les rendre plus favorables à la croissance et au développement du monde.
Les directions sont connues : nous devons renforcer les obligations des Etats et des institutions financières internationales en matière de transparence et de diffusion des données ; encourager une libéralisation ordonnée des mouvements de capitaux ; mieux réguler les marchés en adoptant un vrai " code de la route " de la circulation des capitaux, qui sapplique à tous, y compris aux fonds dinvestissements spéculatifs et aux centres off shore. Nous devons aussi accroître la responsabilité politique du FMI, en transformant son comité intérimaire en un organe responsable. Il faut mieux associer le secteur privé à la solution des crises. Enfin et surtout, il faut nous donner les moyens de mieux prendre en compte la dimension sociale des crises et trouver, dès le Sommet du G7 de Cologne en juin, une solution définitive à la dette des pays les plus pauvres. Accroître aussi notre effort daide publique au développement.
Les travaux sont lancés, des solutions sesquissent, mais beaucoup reste à faire et vite.
Dans ces domaines, les Chefs dEtat sont devant leurs responsabilités. Jai évoqué ces sujets à plusieurs reprises avec le Président Clinton . Je sais quil partage ce sentiment de lurgence. Lannée 1999 doit être celle de la réalisation des réformes nécessaires.
Dans le prolongement des décisions qui seront prises au prochain Sommet du G7, la France a proposé que se tienne, si possible à lautomne, et pourquoi pas à Paris, un Sommet rassemblant notamment les Chefs dEtat et de Gouvernement des pays membres du comité intérimaire du FMI pour entériner solennellement ces réformes et ouvrir, avec lassentiment de tous, de nouvelles voies vers une mondialisation maîtrisée et humanisée.
Ce début dannée 1999 est marqué par un grand événement : la naissance de lEuro.
Pour la première fois dans lhistoire, des pays viennent de se doter dun instrument monétaire commun par une volonté politique pacifique et démocratique.
LEuro, les nations européennes lont dabord voulu pour assurer leur croissance, leurs emplois, leur avenir commun. Et non pas, bien sûr, pour concurrencer le Dollar, comme on lécrit parfois. LAmérique a tout à gagner à une Europe forte, stable et ouverte que nous construisons avec l'Euro.
LEuro se définit dabord comme un instrument de stabilité, puisquil fait disparaître les variations de change entre nos pays. Cette stabilité favorisera les échanges au sein de lUnion Européenne, mais aussi entre lEurope et ses grands partenaires, au premier rang desquels les Etats-Unis.
LEuro va favoriser naturellement la concurrence au sein du marché européen et inciter à une plus grande efficacité, donc à une meilleure compétitivité de nos économies. Cest un atout pour les entreprises américaines qui veulent développer leur présence et leurs investissements en Europe. Cest, pour lensemble du monde, un moteur pour les échanges et une garantie pour la croissance.
C'est pourquoi la France entre dans lEuro avec confiance, même si elle sait quelle devra renforcer sa compétitivité pour se rendre toujours plus attractive, plus accueillante.
Il faudra plusieurs années pour que lEuro acquiert un statut de monnaie de réserve internationale. Mais, dores et déjà, sa naissance change la donne monétaire mondiale.
Le Dollar et lEuro vont désormais, avec le Yen, être les devises de référence de la grande majorité des transactions financières et, de ce fait, leurs évolutions domineront la scène économique mondiale.
Les Etats-Unis et lUnion Européenne constituent ensemble la plus vaste zone de stabilité du monde. Nous le devons aux politiques économiques avisées qui ont été mises en oeuvre. Mais cette stabilité contraste fortement avec linstabilité qui existe à lextérieur de la zone transatlantique. Ce contraste doit nous rendre attentifs : ce serait une erreur de penser que notre croissance peut, dans la durée, être indépendante de celles des autres parties du monde.
Il revient donc aux Etats-Unis, à lEurope et au Japon de maintenir un environnement mondial favorable à la production et aux échanges, au moment où de nombreux pays émergents effectuent des efforts considérables pour sortir de leurs difficultés.
La croissance passe par la stabilité entre nos monnaies. Celle-ci ne doit pas être obtenue par des voies artificielles qui empêcheraient les ajustements nécessaires ou qui mettraient en péril une autre stabilité essentielle, celle des prix. Mais elle ne sera pas non plus atteinte sans un renforcement substantiel de notre coopération. Nous devons donc inventer, sur une base permanente et communément acceptée, les moyens et procédures pour y parvenir.
Il y a entre la France et lAllemagne une identité de vue à ce sujet. Lors de la récente visite du Premier Ministre japonais à Paris, une communauté de pensée sest également dégagée. Jespère trouver aux Etats-Unis une même convergence danalyse pendant ma visite.
Nous vivons dans un monde fragile comme la répétition des crises au Mexique, en Asie, en Russie et aujourdhui au Brésil, le démontre.
Certes, la communauté financière a su se mobiliser pour faire face à leurs conséquences immédiates, notamment grâce à la forte intervention du FMI avec le soutien financier du G7. Aux côtés des Etats-Unis, lEurope y a pleinement contribué, assurant toute sa part des financements nécessaires pour combattre la crise. LEurope nest restée ni indifférente, ni inerte.
Mais au-delà de ces réactions à court terme, il nous faut des réponses plus ambitieuses.
Une telle entreprise prendra du temps. Raison de plus pour nous hâter car les conséquences humaines, sociales et politiques des désordres financiers sont lourdes dans de nombreux pays. Noublions pas que la démocratie senracine dans le développement économique et que les démagogies trouvent un terreau fertile quand la confiance en lavenir est ébranlée.
Je suis persuadé que les fondations qui avaient été posées à Bretton Woods, il y a 50 ans, sur lesquelles la prospérité de léconomie mondiale a longtemps reposé, doivent être adaptées aux données nouvelles et si rapidement changeantes, dune économie mondialisée.
Nous connaissons bien les tentations et les risques à éviter : le repli sur soi, le développement du protectionnisme commercial et financier, laction unilatérale. Nous devons prévenir ces risques et résister à ces tentations. Laissons de côté les réponses idéologiques et privilégions les solutions concrètes issues dune concertation élargie à lensemble des acteurs. Il sagit dapporter une réponse globale, à la fois politique, sociale, et, bien sûr, économique.
Les Chefs dEtat et de Gouvernement du G7 ont donné les impulsions nécessaires pour reconstruire larchitecture financière internationale. Aujourdhui il nous faut définir précisément et mettre en oeuvre les réformes indispensables pour renforcer les relations monétaires et financières internationales et les rendre plus favorables à la croissance et au développement du monde.
Les directions sont connues : nous devons renforcer les obligations des Etats et des institutions financières internationales en matière de transparence et de diffusion des données ; encourager une libéralisation ordonnée des mouvements de capitaux ; mieux réguler les marchés en adoptant un vrai " code de la route " de la circulation des capitaux, qui sapplique à tous, y compris aux fonds dinvestissements spéculatifs et aux centres off shore. Nous devons aussi accroître la responsabilité politique du FMI, en transformant son comité intérimaire en un organe responsable. Il faut mieux associer le secteur privé à la solution des crises. Enfin et surtout, il faut nous donner les moyens de mieux prendre en compte la dimension sociale des crises et trouver, dès le Sommet du G7 de Cologne en juin, une solution définitive à la dette des pays les plus pauvres. Accroître aussi notre effort daide publique au développement.
Les travaux sont lancés, des solutions sesquissent, mais beaucoup reste à faire et vite.
Dans ces domaines, les Chefs dEtat sont devant leurs responsabilités. Jai évoqué ces sujets à plusieurs reprises avec le Président Clinton . Je sais quil partage ce sentiment de lurgence. Lannée 1999 doit être celle de la réalisation des réformes nécessaires.
Dans le prolongement des décisions qui seront prises au prochain Sommet du G7, la France a proposé que se tienne, si possible à lautomne, et pourquoi pas à Paris, un Sommet rassemblant notamment les Chefs dEtat et de Gouvernement des pays membres du comité intérimaire du FMI pour entériner solennellement ces réformes et ouvrir, avec lassentiment de tous, de nouvelles voies vers une mondialisation maîtrisée et humanisée.