Texte intégral
Monsieur le Premier vice-Président,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,
C'est avec grand plaisir que je vous souhaite à tous, au nom du gouvernement français, la bienvenue à Paris pour cette première réunion du "Consortium Soudan" à un moment si crucial dans l'histoire du processus de paix au Soudan.
J'aimerais tout particulièrement saluer la délégation soudanaise conduite par le Premier vice-Président, M. Salva Kiir Mayardit, et qui comprend de nombreux ministres du gouvernement d'union nationale et du Sud-Soudan.
Je souhaite également remercier tous les partenaires du Soudan ici présents et plus particulièrement les organisateurs du Consortium, la Banque mondiale et les Nations unies.
Cette participation importante de la communauté internationale démontre une fois encore l'intérêt très fort que nous portons tous au Soudan et à ses populations qui ont tant souffert au cours de ces longues années de conflit.
Le retour de la paix au Soudan est en effet un enjeu essentiel tant pour le peuple soudanais, que pour l'équilibre de toute la sous-région. De la pacification de cet immense pays, stratégiquement situé entre l'Afrique et le Moyen-Orient, dépend la stabilité des pays voisins, de la Corne de l'Afrique mais aussi de l'Afrique centrale et de l'Afrique du Nord.
La conclusion de l'Accord de paix de Nairobi, le 9 janvier 2005, a été un événement historique, pour le Soudan et pour l'Afrique. Après de terribles années de guerre, la plus longue sur le continent africain - plus de vingt ans -, les protagonistes d'hier ont décidé de devenir des partenaires pour bâtir un nouveau Soudan, pacifié, uni et respectant les différences culturelles, politiques, ethniques et religieuses.
Un peu plus d'un an après sa signature, le bilan de l'application de l'accord de Nairobi est largement positif : une nouvelle constitution a été promulguée ; le gouvernement et le parlement d'Union nationale et du Sud-Soudan ont été formés ; diverses commissions conjointes associant le Congrès national et le Mouvement populaire de libération du Soudan ont été mises en place.
Ces progrès sont d'autant plus positifs que la disparition tragique du Dr John Garang de Mabior, à qui je souhaite rendre un hommage appuyé, avait fait craindre un déraillement du processus de paix. Fort heureusement, ce processus s'est poursuivi : c'est le signe de sa solidité et de l'engagement de toutes les parties à le faire vivre à l'avenir. Je tiens aujourd'hui à saluer le Premier vice-président Salva Kiir qui a su, avec détermination, reprendre le flambeau et poursuivre l'oeuvre du Dr Garang.
Construire la paix au Soudan est une tâche difficile qui ne se fera pas sans difficultés. Dans la voie qu'il a choisi, celle de la réconciliation et de la reconstruction, le Soudan n'est pas seul. Il peut compter sur le soutien et l'attention de la communauté internationale.
C'est le sens de cette réunion du Consortium Soudan. Nous sommes ici pour soutenir le processus de paix, pour évaluer les progrès accomplis depuis un an et pour renforcer notre coordination afin de faire avancer la cause de la paix et promouvoir la reconstruction et le développement social et économique sur le long terme.
Les populations soudanaises, qui attendent avec grande impatience les retombées positives de la paix, doivent être certaines que la communauté internationale respectera les engagements pris lors de la conférence d'Oslo.
Je souhaite à ce propos rappeler que la France a annoncé l'an passé une aide bilatérale au développement de 35 millions d'euros pour 2005-2007. Nous allons faire un effort supplémentaire pour porter notre contribution à 55 millions d'euros sur trois ans. Il est par ailleurs nécessaire de préciser que la France contribue à près du quart de l'aide européenne à destination du Soudan. Au total, l'effort de solidarité français à destination du Soudan s'élèvera à 120 millions d'euros pour la période 2005-2007. La France a en outre décidé d'ouvrir, dans les prochaines semaines, un "bureau d'ambassade" à Juba, capitale du Sud-Soudan.
Je crois qu'il convient de signaler ici que l'aide que la communauté internationale peut apporter au Soudan n'est qu'un complément aux efforts qui peuvent être faits par les Soudanais eux-mêmes pour mettre en valeur les richesses du pays. Le Soudan, en effet, ne manque pas de ressources.
A cet égard, les revenus du pétrole devraient permettre au pays de mettre en oeuvre un budget ambitieux, tant au Nord qu'au Sud. C'est pourquoi il est particulièrement important que la Commission nationale sur le pétrole se mette activement au travail pour que toute la population du Soudan puisse bénéficier des retombées de l'exploitation pétrolière.
Malheureusement, le retour de la paix au Sud-Soudan est assombri par la grave situation que connaît le Darfour. Ce conflit affecte lourdement les populations civiles. Il est par ailleurs de nature à remettre en cause les progrès accomplis au Sud et menace de déstabiliser les pays voisins, notamment le Tchad.
Des progrès ont certes été accomplis depuis le déclenchement de la crise du Darfour, il y a maintenant trois ans. Une aide humanitaire massive a été apportée aux populations du Darfour qui vit en grande partie maintenant dans des camps de déplacés. La situation sécuritaire s'est améliorée grâce aux efforts de la force africaine (AMIS).
Je sais que l'Union africaine discutera demain du futur de cette Mission et de la possibilité d'un engagement des Nations unies. Je tiens pour ma part à lui rendre hommage pour le travail qu'elle a accompli. Le cessez-le-feu est pourtant encore trop souvent violé par toutes les parties au conflit.
C'est pourquoi, j'exhorte aujourd'hui le gouvernement soudanais et les mouvements rebelles à pleinement respecter l'accord de cessez-le-feu de N'djamena du 8 avril 2004 et à conclure dans les meilleurs délais un accord politique qui seul permettra de régler sur le fond la crise du Darfour. Les Négociations d'Abuja n'ont que trop duré. Il est temps d'aboutir à un accord.
Au Darfour, comme au Sud-Soudan, la communauté internationale est déterminée à soutenir vos efforts de paix. L'Union africaine et l'ONU sont massivement engagés au Soudan et sont prêtes à aller encore plus loin. Il est temps aujourd'hui de tourner une fois pour toute la page des violences et des conflits au Soudan. L'avenir du Soudan est entre nos mains. Je souhaite à nos travaux un succès à la hauteur des attentes de la communauté internationale et des populations soudanaises qui n'ont que trop souffert.
Je vous remercie de votre attention.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 10 mars 2006