Texte intégral
Monsieur le Premier vice-Président,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs,
Je suis heureux d'accueillir aujourd'hui le Premier vice-Président du Soudan, M. Salva Kiir Mayardit, ainsi que l'ensemble de la délégation qui représentera le Soudan à la réunion du "Consortium Soudan" qui doit s'ouvrir dans quelques minutes.
Cette rencontre est pour nous l'occasion d'échanger, en toute amitié, sur les relations bilatérales entre nos deux pays et sur l'évolution de la situation dans votre pays, à la fois sur la mise en oeuvre de l'Accord de paix de Nairobi et sur la question du Darfour.
La France, vous le savez, suit avec la plus grande attention la situation au Soudan, ce grand pays non seulement par sa superficie, mais aussi par sa population, sa culture et son histoire.
La conclusion d'un accord de paix, le 9 janvier 2005, entre le gouvernement soudanais et le Mouvement populaire de libération du Soudan a été un évènement majeur pouvant permettre au Soudan de prendre un nouveau départ après plus de vingt années d'une terrible guerre.
Lorsque j'ai effectué au Soudan, à la fin du mois de juillet dernier, mon premier déplacement sur le continent africain en tant que ministre des Affaires étrangères, l'euphorie et la joie étaient perceptibles à Khartoum. La nouvelle constitution venait d'être promulguée et le Dr John Garang était rentré à Khartoum pour occuper le poste de Premier vice-Président du Soudan.
Permettez-moi à ce propos de rendre hommage à la mémoire du Dr Garang dont je salue ici la veuve, Rebecca. Le "Chairman", comme on l'appelait, avait un idéal : la construction d'un nouveau Soudan, pacifié, uni dans sa diversité. A l'abattement, provoqué par sa disparition, le peuple et les dirigeants soudanais, et particulièrement vous-même, Monsieur le Premier vice-Président, ont su répondre de la meilleure façon : la poursuite de la mise en oeuvre de l'accord de paix.
Pas à pas, l'Accord de Nairobi a été mis en place. Les institutions, notamment le parlement et le gouvernement d'union nationale et du Sud, ainsi que les différentes commissions conjointes entre le Congrès national et le Mouvement populaire de libération du Soudan, ont été formées.
Certaines difficultés sont certes observées, notamment sur la question d'Abyei ou sur le partage des revenus pétroliers mais elles ne semblent pas en mesure de faire dérailler le processus de paix. Nous encourageons les partenaires soudanais à trouver des solutions à ces problèmes qui doivent être résolus pour permettre à l'ensemble du Soudan de penser à son développement.
Pour les avoir constatées ailleurs, nous savons les incertitudes et les interrogations que suscitent la mise en oeuvre des accords de paix. Aussi, sachez que sur ce chemin que les Soudanais ont choisi, celui de la paix, de la réconciliation et de la reconstruction, vous pouvez compter sur la France, pays partenaire, ami, qui vous accompagne.
Pour accompagner le processus de paix, la communauté internationale a décidé d'apporter au Soudan, une aide massive de plus de 4,5 milliards de dollars sur deux ans. La France participera à cet effort à hauteur de 50 millions d'euros. Si on ajoute nos contributions bilatérales et celles effectuées via le Fonds de développement de l'Union européenne, dont la France est le premier contributeur, l'effort de solidarité de la France à destination du Soudan pour les deux prochaines années s'élève à 120 millions d'euros.
Nous sommes conscients que les attentes suscitées au Soudan par la conclusion d'un accord de paix sont énormes. De nombreuses populations sudistes, réfugiées ou déplacées dans leur propre pays, ont déjà entamé leur retour dans leurs foyers ou se tiennent prêtes à le faire. Nous ne pouvons les décevoir.
Le développement du Soudan, et en particulier celui du Sud, qui reste l'une des régions les plus défavorisées au monde, ne se fera pas uniquement grâce à l'aide de la communauté internationale mais aussi par les investissements. Le potentiel économique du Soudan, en particulier dans le secteur pétrolier, est considérable. Dans ce domaine, vous devez faire preuve de la plus grande transparence afin de faire bénéficier tout le peuple soudanais de cette manne exceptionnelle.
Des entreprises françaises, comme Alstom - représentée ici par son PDG -, ont déjà investi au Soudan. De nombreuses autres ont pris leur disposition pour le faire. La société Total, qui est également présente aujourd'hui, détient au Sud-Soudan un grand bloc d'exploration pétrolier. Elle est prête à y investir de façon massive et à accélérer ainsi les perspectives de développement du Sud.
Soyez sûrs que mon ministère, en collaboration étroite avec votre ambassadeur à Paris, continuera à oeuvrer au renforcement de nos liens commerciaux.
Pour renforcer nos relations politiques, je tenais également à vous confirmer l'ouverture par la France dans les prochaines semaines d'un bureau d'ambassade à Juba, la capitale du Sud Soudan.
Mais, Mesdames et Messieurs, il n'y aura pas de paix durable au Soudan sans la paix et la stabilité dans le Darfour. La crise qui s'y prolonge est depuis son origine pour nous un sujet de préoccupation majeure.
Dès la fin 2003, notre pays a engagé des moyens pour venir en aide aux populations menacées. Nous avons dialogué de façon constante avec les autorités soudanaises pour apporter un règlement à cette question.
Depuis ma visite l'été dernier dans le Darfour à Nyala, et en particulier dans le camp de Kalma, je constate avec regrets que la situation n'a pas évolué positivement.
Le niveau de violence a certes été réduit, en partie grâce à l'action de la force de l'Union africaine, à qui je souhaite rendre hommage.
Mais, les violences contre les populations civiles se poursuivent et le cessez-le-feu est régulièrement violé par toutes les parties. Ces violations se sont même multipliées depuis quelques mois. C'est inacceptable. Nous ne pouvons nous satisfaire du statu quo. Nous ne pouvons tolérer que plus de deux millions de personnes, soit près du tiers de la population du Darfour, vivent dans des camps, loin de leurs foyers, pris en charge par l'aide humanitaire.
Aujourd'hui :
- nous croyons fermement que seule une solution négociée pacifique et politique permettra de sortir de ce conflit. C'est pourquoi toutes les parties doivent parvenir sans plus tarder à un accord à Abuja.
- Faute d'une telle solution, nous appelons avec la plus grande fermeté les parties au conflit du Darfour à pleinement respecter l'accord de cessez-le-feu de N'djamena du 8 avril 2004.
- Nous continuons à travailler avec l'Union africaine pour améliorer la sécurité sur le terrain. Je comprends que l'UA, qui a effectué un bon travail sur le terrain et n'a pas démérité, doit discuter demain à Addis-Abeba d'un possible transfert de sa force dans le Darfour sous casques bleus. Nous attendons sa décision et nous tenons prêts à aider une éventuelle transition.
Je ne vais pas m'exprimer plus longtemps. Je serais heureux d'entendre vos précisions et vos analyses sur les divers points évoqués.
Je vous remercie pour votre attention.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 10 mars 2006
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs,
Je suis heureux d'accueillir aujourd'hui le Premier vice-Président du Soudan, M. Salva Kiir Mayardit, ainsi que l'ensemble de la délégation qui représentera le Soudan à la réunion du "Consortium Soudan" qui doit s'ouvrir dans quelques minutes.
Cette rencontre est pour nous l'occasion d'échanger, en toute amitié, sur les relations bilatérales entre nos deux pays et sur l'évolution de la situation dans votre pays, à la fois sur la mise en oeuvre de l'Accord de paix de Nairobi et sur la question du Darfour.
La France, vous le savez, suit avec la plus grande attention la situation au Soudan, ce grand pays non seulement par sa superficie, mais aussi par sa population, sa culture et son histoire.
La conclusion d'un accord de paix, le 9 janvier 2005, entre le gouvernement soudanais et le Mouvement populaire de libération du Soudan a été un évènement majeur pouvant permettre au Soudan de prendre un nouveau départ après plus de vingt années d'une terrible guerre.
Lorsque j'ai effectué au Soudan, à la fin du mois de juillet dernier, mon premier déplacement sur le continent africain en tant que ministre des Affaires étrangères, l'euphorie et la joie étaient perceptibles à Khartoum. La nouvelle constitution venait d'être promulguée et le Dr John Garang était rentré à Khartoum pour occuper le poste de Premier vice-Président du Soudan.
Permettez-moi à ce propos de rendre hommage à la mémoire du Dr Garang dont je salue ici la veuve, Rebecca. Le "Chairman", comme on l'appelait, avait un idéal : la construction d'un nouveau Soudan, pacifié, uni dans sa diversité. A l'abattement, provoqué par sa disparition, le peuple et les dirigeants soudanais, et particulièrement vous-même, Monsieur le Premier vice-Président, ont su répondre de la meilleure façon : la poursuite de la mise en oeuvre de l'accord de paix.
Pas à pas, l'Accord de Nairobi a été mis en place. Les institutions, notamment le parlement et le gouvernement d'union nationale et du Sud, ainsi que les différentes commissions conjointes entre le Congrès national et le Mouvement populaire de libération du Soudan, ont été formées.
Certaines difficultés sont certes observées, notamment sur la question d'Abyei ou sur le partage des revenus pétroliers mais elles ne semblent pas en mesure de faire dérailler le processus de paix. Nous encourageons les partenaires soudanais à trouver des solutions à ces problèmes qui doivent être résolus pour permettre à l'ensemble du Soudan de penser à son développement.
Pour les avoir constatées ailleurs, nous savons les incertitudes et les interrogations que suscitent la mise en oeuvre des accords de paix. Aussi, sachez que sur ce chemin que les Soudanais ont choisi, celui de la paix, de la réconciliation et de la reconstruction, vous pouvez compter sur la France, pays partenaire, ami, qui vous accompagne.
Pour accompagner le processus de paix, la communauté internationale a décidé d'apporter au Soudan, une aide massive de plus de 4,5 milliards de dollars sur deux ans. La France participera à cet effort à hauteur de 50 millions d'euros. Si on ajoute nos contributions bilatérales et celles effectuées via le Fonds de développement de l'Union européenne, dont la France est le premier contributeur, l'effort de solidarité de la France à destination du Soudan pour les deux prochaines années s'élève à 120 millions d'euros.
Nous sommes conscients que les attentes suscitées au Soudan par la conclusion d'un accord de paix sont énormes. De nombreuses populations sudistes, réfugiées ou déplacées dans leur propre pays, ont déjà entamé leur retour dans leurs foyers ou se tiennent prêtes à le faire. Nous ne pouvons les décevoir.
Le développement du Soudan, et en particulier celui du Sud, qui reste l'une des régions les plus défavorisées au monde, ne se fera pas uniquement grâce à l'aide de la communauté internationale mais aussi par les investissements. Le potentiel économique du Soudan, en particulier dans le secteur pétrolier, est considérable. Dans ce domaine, vous devez faire preuve de la plus grande transparence afin de faire bénéficier tout le peuple soudanais de cette manne exceptionnelle.
Des entreprises françaises, comme Alstom - représentée ici par son PDG -, ont déjà investi au Soudan. De nombreuses autres ont pris leur disposition pour le faire. La société Total, qui est également présente aujourd'hui, détient au Sud-Soudan un grand bloc d'exploration pétrolier. Elle est prête à y investir de façon massive et à accélérer ainsi les perspectives de développement du Sud.
Soyez sûrs que mon ministère, en collaboration étroite avec votre ambassadeur à Paris, continuera à oeuvrer au renforcement de nos liens commerciaux.
Pour renforcer nos relations politiques, je tenais également à vous confirmer l'ouverture par la France dans les prochaines semaines d'un bureau d'ambassade à Juba, la capitale du Sud Soudan.
Mais, Mesdames et Messieurs, il n'y aura pas de paix durable au Soudan sans la paix et la stabilité dans le Darfour. La crise qui s'y prolonge est depuis son origine pour nous un sujet de préoccupation majeure.
Dès la fin 2003, notre pays a engagé des moyens pour venir en aide aux populations menacées. Nous avons dialogué de façon constante avec les autorités soudanaises pour apporter un règlement à cette question.
Depuis ma visite l'été dernier dans le Darfour à Nyala, et en particulier dans le camp de Kalma, je constate avec regrets que la situation n'a pas évolué positivement.
Le niveau de violence a certes été réduit, en partie grâce à l'action de la force de l'Union africaine, à qui je souhaite rendre hommage.
Mais, les violences contre les populations civiles se poursuivent et le cessez-le-feu est régulièrement violé par toutes les parties. Ces violations se sont même multipliées depuis quelques mois. C'est inacceptable. Nous ne pouvons nous satisfaire du statu quo. Nous ne pouvons tolérer que plus de deux millions de personnes, soit près du tiers de la population du Darfour, vivent dans des camps, loin de leurs foyers, pris en charge par l'aide humanitaire.
Aujourd'hui :
- nous croyons fermement que seule une solution négociée pacifique et politique permettra de sortir de ce conflit. C'est pourquoi toutes les parties doivent parvenir sans plus tarder à un accord à Abuja.
- Faute d'une telle solution, nous appelons avec la plus grande fermeté les parties au conflit du Darfour à pleinement respecter l'accord de cessez-le-feu de N'djamena du 8 avril 2004.
- Nous continuons à travailler avec l'Union africaine pour améliorer la sécurité sur le terrain. Je comprends que l'UA, qui a effectué un bon travail sur le terrain et n'a pas démérité, doit discuter demain à Addis-Abeba d'un possible transfert de sa force dans le Darfour sous casques bleus. Nous attendons sa décision et nous tenons prêts à aider une éventuelle transition.
Je ne vais pas m'exprimer plus longtemps. Je serais heureux d'entendre vos précisions et vos analyses sur les divers points évoqués.
Je vous remercie pour votre attention.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 10 mars 2006