Déclaration de M. Dominique de Villepin, Premier ministre, en réponse à une question sur le chômage des jeunes et le Contrat Première Embauche, à l'Assemblée nationale le 7 mars 2006.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Texte intégral

Monsieur le président, Mesdames et messieurs les députés, Monsieur le député Daubresse.

Oui, je respecte les inquiétudes et les peurs qui s'expriment dans notre pays. Oui, j'entends les aspirations de chacun à un travail, à la dignité, au respect. Et je mesure les difficultés auxquelles sont confrontés trop de jeunes dans notre pays.
Cela fait vingt ans qu'on les prend pour la variable d'ajustement du marché du travail en France. Cela fait vingt ans qu'ils sont les premiers à supporter les conséquences du chômage de masse dans notre pays. Cela fait vingt ans qu'on les met à l'écart de l'avenir.
Face à cette réalité, nous avons le choix. On peut continuer de fermer les yeux sur les inégalités : c'est faire une injustice aux jeunes, c'est insulter l'avenir ce notre pays. On peut entretenir les Français dans l'illusion et dans le conservatisme. Du côté de l'opposition, je n'entends aucune proposition nouvelle. Encore et toujours la même logique d'assistance, alors que tout le défi aujourd'hui, c'est de faciliter l'accès à l'emploi. Comment sortira-t-on de l'assistance ? Personne, de votre côté, ne le dit, et personne ne le sait. Il faut, nous le savons tous, des solutions nouvelles, et c'est pour cela que le Gouvernement met en place le contrat première embauche" qui est un véritable contrat anti-précarité. Il a trois atouts.
Premièrement, il donne une expérience, et la première expérience professionnelle, tous les jeunes le savent, c'est la clé de l'emploi. Deuxièmement, il permet une insertion directe dans l'emploi. Pour les jeunes qui aujourd'hui sont éloignés de l'emploi, pour ceux qui ne répondent pas aux attentes des employeurs, pour ceux qui n'ont pas les diplômes et les qualifications nécessaires, c'est une chance nouvelle de pouvoir s'insérer dans le marché du travail. Troisièmement, ce contrat "première embauche" ouvre droit à une formation dès le premier mois. Et la formation, aujourd'hui, il n'y a rien de plus essentiel pour évoluer dans son parcours professionnel. Ce qui est en jeu, c'est la place que nous sommes capables d'offrir à chacun, c'est notre capacité à gagner ensemble la bataille pour l'emploi. Le texte sur l'égalité des chances vient d'être adopté par le Sénat, au terme d'un débat approfondi de plus de 90 heures, qui a permis l'adoption de 132 amendements, et que je tiens à saluer. Au total, entre l'Assemblée nationale et le Sénat, c'est plus de 135 heures qui ont permis d'aller jusqu'au fond de ce débat.
Le contrat "première embauche" est un outil mais il faut le rappeler, ce n'est pas le seul. Il se situe dans le cadre d'un véritable parcours d'embauche pour les jeunes que nous mettons en place : le service public de l'orientation, qui permettra à chacun de choisir sa voie en connaissance de cause ; tous ceux qui s'engagent tôt dans l'apprentissage auront le droit à un an de formation dès le mois de septembre. Nous allons ouvrir davantage de postes en alternance, qui sont une vraie garantie pour l'emploi. Les stages, et c'est une première, seront encadrés, leur rémunération obligatoire et ils seront insérés dans un cursus professionnel et universitaire.
Ce parcours, et je le dis devant la représentation nationale, je suis prêt à l'enrichir de toute proposition nouvelle. Dans le cadre de la nouvelle étape qui s'ouvre pour l'emploi, Jean-Louis Borloo et Gérard Larcher ouvriront une large concertation dès la semaine prochaine. Et, le moment venu, comme pour le contrat "nouvelles embauches", le contrat "première embauche" fera l'objet d'une évaluation approfondie. Nous nous y sommes engagés avec les partenaires sociaux et cette évaluation sera présentée au Parlement.

Alors, quel est le défi ?
Permettez-moi de m'arrêter sur le véritable défi d'aujourd'hui. C'est d'apporter des réponses concrètes aux difficultés des Français et en particulier, aux plus jeunes d'entre nous. Je veux le faire en partant de la réalité quotidienne, la réalité de notre pays, mais aussi la réalité de nos voisins européens, et la réalité internationale. Cette réalité, elle exige que nous soyons capables de faire des choix courageux, des choix responsables, afin de garder l'équilibre entre liberté et protection. Liberté de trouver un emploi rapidement, liberté de construire sa vie professionnelle, liberté d'entreprendre, liberté de rassembler nos forces pour être mieux armés dans la compétition économique internationale. Mais aussi protection contre les aléas de la vie, protection contre les inégalités, grâce à des services publics efficaces et modernes. Protection contre le risque du chômage grâce aux nouveaux instruments que nous mettons en place. Protection contre les risques sanitaires, grâce à nos dispositifs de veille et d'accompagnement. Cette France-là, elle n'est pas un rêve : c'est celle que nous construisons ensemble, avec le Gouvernement, avec la majorité, avec tous les Français, jour après jour, à force de lucidité et de justice.

Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 10 mars 2006