Interview de M. François Chérèque, secrétaire général de la CFDT, à Europe 1 le 8 février 2006, sur le débat parlementaire autour du contrat première embauche (CPE).

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Média : Europe 1

Texte intégral

Q- La bataille parlementaire sur le CPE n'est pas finie, l'examen du texte va se poursuivre ce matin. De nouvelles séances ont été programmées pour la journée de vendredi et aussi en soirée, et même éventuellement samedi et dimanche, signe de détermination du Gouvernement, à l'issue d'une journée de mobilisation, hier, qui n'a pas vraiment été un succès pour la gauche, les syndicats et les organisations étudiantes : entre 218.000 et 400.000 manifestants. F. Chérèque, on peut parler de demi-échec...
R- Nous ne sommes pas déçus parce que le sujet est d'une part un sujet compliqué à expliquer et d'autre part, on sait qu'on est en période de vacances scolaires pour plusieurs régions, en particulier la région Ile de- France. Mais ce qu'il y a d'important, hier et les jours précédents, c'est que l'on sent, en particulier dans les différents sondages, qu'il commence à y avoir un retournement de l'opinion qui commence vraiment à se rendre compte qu'on est dans un contrat très précaire. Je crois que le Gouvernement aurait tort de ne pas se méfier de ce désaccord qui s'installe dans l'opinion.
Q- Cela veut dire que ce n'est pas fini, même si le CPE est adopté dans les prochains jours ?
R- Le Gouvernement, de toute façon, a décidé de passer en force, sans en débattre avec les organisations syndicales. Donc nous, nous allons continuer à expliquer dans les entreprises ; les syndicats d'étudiants vont certainement continuer à expliquer dans les facultés et nous allons continuer à mobiliser, nous n'allons pas en rester là. Nous allons décidé, dans les jours qui viennent, de ce qu'il faut faire. L'explication, et peut-être, si nous tombons d'accord, d'autres mobilisations.
Q- Même si le CPE est définitivement adopté ? D'un point de vue politique, il sera trop tard.
R- Ce n'est pas la première fois que l'on sera face à une décision qui aurait été formellement prise par l'Assemblée nationale mais qui nécessitera quand même d'autres mobilisations pour faire reculer le gouvernement. Il y aura différentes lectures, de toute façon, au Parlement, et nous n'allons pas nous laisser piéger par ce calendrier parlementaire. Le Premier ministre accélère, parce que je crois qu'il commence à avoir peur de la réaction de l'opinion publique. A nous de continuer à expliquer et de continuer à mobiliser.
Q- Pensez-vous qu'il est encore possible de mobiliser, malgré le demi échec d'hier ?
R- Mais ce n'est pas un demi-échec. Nous avons eu des mobilisations, qui, dans certaines régions, étaient importantes, on le voit bien, dans des grandes villes de France où des dizaines de milliers de personnes se sont réunies. Ce qui veut dire que les gens sont sensibles à ce problème là. Je le répète : on commence à persuader l'opinion que l'on est face à un vrai contrat précaire. Donc nous allons continuer notre travail de syndicalistes et nous demandons, au-delà du retrait de ce texte par le Gouvernement, qu'il commence enfin à discuter avec nous pour trouver des solutions à la précarité de jeunes, qui existent, on ne le nie pas, mais ce n'est pas la solution du CPE qui est la bonne solution.Source: premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 13 février 2006