Extraits d'un entretien de Mme Michèle Alliot-Marie, ministre de la défense, dans le quotidien chilien "El Mercurio" du 11 mars 2006, sur les relations franco-chiliennes.

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Circonstance : Déplacement au Chili pour l'installation de Michèle Bachelet à la Présidence de la République, les 11 et 12 mars 2006

Texte intégral



El Mercurio : Le fait que vous représentiez le gouvernement français à la cérémonie de samedi au Chili est-il un symbole de l'importance de la présence des femmes en politique ?
Michèle Alliot-Marie : Ma présence pour représenter le président de la République française lors de cette cérémonie à Santiago est liée au fait que je connais bien la Présidente Bachelet. Nous avons été collègues comme ministres de la défense. Je l'ai reçue à Paris. Je suis ravie et très honorée de la revoir en de telles circonstances, pour la féliciter et lui transmettre les voeux des autorités françaises. J'apprécie beaucoup Madame Bachelet pour ses grandes qualités humaines et professionnelles. Bien sûr, j'entretiens aussi de bonnes relations cordiales avec d'autres femmes politiques de haut niveau, la Chancelière fédérale allemande Angela Merkel ou la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice. Ces personnalités politiques ont la particularité d'être des femmes. Je me réjouis qu'aujourd'hui, les femmes ne soient plus cantonnées dans des domaines exclusivement féminins, mais j'ai toujours pensé que le plus important était la compétence. Quand elles gouvernent, les femmes font souvent preuve d'écoute, de recherche du consensus et de ténacité. C'est ce qu'attendent aussi les électeurs confrontés aux difficultés du monde moderne.
Comment jugez-vous les relations actuelles entre la France et le Chili ?
Nos deux pays entretiennent des relations assidues, en particulier depuis le milieu des années 1990. Sous la présidence de Ricardo Lagos, nos deux gouvernements ont eu souvent des positions très proches sur les grands dossiers internationaux, sur la santé, sur la réduction des inégalités internationales ou encore sur le dialogue des civilisations. Economiquement, la France est le 10ème fournisseur du Chili et son 9ème client. Le flux des échanges est pleine expansion, ce dont je me réjouis. Nous avons également une importante coopération culturelle, scientifique, qui se traduit par des échanges d'étudiants et de chercheurs dans nos deux pays. Nous avons d'excellentes et importantes relations de défense. Enfin, j'ajoute que la communauté française au Chili - jeune, active et bien intégrée - atteint 8 000 personnes. Elle reflète également le dynamisme de notre relation.
Qu'en est-il de la coopération en matière de défense ?
La Défense est sans doute l'un des domaines dans lesquels notre relation est la plus soutenue depuis 1998, année où nous avons signé un accord entre nos deux ministères. Un comité franco-chilien de coopération en matière de défense se réunit annuellement. Il aborde les sujets militaires, stratégiques et industriels. Nos états-majors ont des contacts réguliers, et nous avons des coopérations opérationnelles notamment dans les domaines aérien et maritime. Le Chili est un partenaire très important de la France notamment en ce qui concerne les échanges de formation et d'expertise liés au processus de modernisation des matériels et des structures de la défense. Enfin, le Chili et la France coopèrent dans le secteur industriel : je pense au sous-marin Scorpène et à l'avion de transport A400M pour lequel le Chili a signé une lettre d'intention en 2005.
Considérez-vous le Chili comme un acteur important en Amérique latine ? Est-ce qu'il peut être un bon allié de la France dans la défense du multilatéralisme ?
La France a de bonnes relations avec l'Amérique latine en général, mais il est vrai que le Chili tient depuis longtemps une place importante dans le coeur des Français. Sur le plan international, le Chili est - comme la France - très engagé dans la résolution des crises régionales. En dehors des relations étroites que l'Union européenne entretient avec le Chili sur le plan commercial, la France souhaite poursuivre l'excellent dialogue bilatéral existant sur des sujets allant de la sécurité à la lutte contre le terrorisme et les trafics en tous genres, en passant par la réduction des inégalités et l'aide au développement. Alors que la mondialisation se développe, il convient d'en analyser les effets positifs et négatifs, sur l'ensemble de la planète et d'oeuvrer à une meilleure répartition des richesses.Source http://www.defense.gouv.fr, le 15 mars 2006