Texte intégral
RTL
le 2 mars 2006
Jean-Michel Aphatie : Bonjour, Jean-Michel Lemétayer.
Jean-Michel Lemétayer : Bonjour.
Jean-Michel Aphatie : C'était mardi dernier, juste après le déjeuner, dans les allées du Salon de l'Agriculture, vous avez croisé Ségolène Royal. Fanny Stenneler, pour RTL, était là. On écoute.
** Extrait du dialogue entre Ségolène Royal et Jean-Michel Lemétayer au Salon de l'Agriculture **
Ségolène Royal : Ce n'est même pas insuffisant. Les 63 millions ne sont pas arrivés sur le terrain.
Jean-Michel Lemétayer : Attendez, laissez moi expliquer !
Ségolène Royal : Et je vous le dis en tant que présidente de région que c'est inadmissible. Il y a urgence ! Je suis désolée.
Jean-Michel Lemétayer : Mais attendez ! Attendez !
Ségolène Royal : Ce n'est pas d'aujourd'hui, la crise avicole.
Jean-Michel Lemétayer : Attendez ! Vous, vous le dites par là !
Ségolène Royal : Il faut qu'avant la fin du Salon de l'Agriculture, les aides soient arrivées, sinon ça va très mal aller sur les territoires ! On en a assez !
Jean-Michel Lemétayer : Il y a les éleveurs. C'est aussi de l'emploi.
Ségolène Royal : Mettez-vous en colère !
Jean-Michel Lemétayer : Mais je le suis !
Ségolène Royal : Vous l'êtes, en colère ! C'est bien !
Jean-Michel Lemétayer : Mais attendez ! Mais attendez !
** Fin du dialogue au Salon de l'Agriculture **
Jean-Michel Aphatie : Quand on entend cela, c'est surprenant. Vous avez été surpris, vous aussi, j'imagine, Jean-Michel Lemétayer ?
Jean-Michel Lemétayer : J'ai été désagréablement surpris. J'ai même été choqué. Je ne comprends pas cette agressivité de Madame Royal. Elle était dans les allées mais, en fait, elle passait au stand de la F.N.S.E.A. Je crois qu'elle n'est rentrée sur aucun stand, mais elle passait sur notre stand. Je pense d'abord qu'elle se trompait de stand, pour tenir les propos qu'elle a tenus.
Il y a aussi le stand du ministère de l'agriculture parce que, quand on veut s'adresser au gouvernement, on ne s'adresse pas au président de la F.N.S.E.A. Au contraire, je pensais qu'elle aurait aimé faire le point sur la situation - qu'elle connaît sûrement - mais je pense, quand même, un peu moins que le responsable, et les responsables, des agriculteurs. Parce que je n'étais pas seul sur le stand de la F.N.S.E.A. Je suis extrêmement surpris de son agressivité d'autant plus, d'ailleurs, qu'il y a deux, trois semaines, j'avais été reçu au siège du parti socialiste où j'avais eu un long échange avec François Hollande : tout s'était bien passé. J'avoue que je ne comprends pas.
Jean-Michel Aphatie : Ça se passe bien avec François Hollande !
Jean-Michel Lemétayer : Je me demande même si Madame Royal, dans cette affaire, pendant son parcours au salon, n'était pas atteinte un peu d'un virus, difficile à combattre en politique, qui est celui de la démagogie.
Jean-Michel Aphatie : La démagogie ! Elle dit : "Les agriculteurs attendent les aides. On les a promis : elles ne viennent pas. Et vous, vous, Jean-Michel Lemétayer, mettez-vous en colère ! Cessez d'être complaisant avec le gouvernement !". C'est cela qu'elle vous dit !
Jean-Michel Lemétayer : Si on a bien suivi les deux dernières semaines, je n'ai pas été complaisant du tout. La preuve, c'est que mes interventions successives, après que Dominique Bussereau soit allé dans le département de l'Ain, après le premier cas de grippe aviaire, que Dominique de Villepin y soit allé 3 ou 4 jours après, j'ai d'abord dit : "Mais, qu'est-ce que c'est que ces chiffres dont on nous parle ! 5 millions ! 6 millions ! 11 millions ! Commençons déjà par réunir tous les acteurs de la filière, pour voir exactement combien ça coûte : quel est l'état de la situation après cette baisse de consommation".
Et heureusement - j'allais dire - heureusement que l'on n'a pas commencé à répartir les aides depuis 4-5 jours. On serait en train de répartir 11 millions, alors qu'il y a exactement une semaine, jeudi dernier, le premier ministre, suite au combat que j'ai mené, à mes demandes répétées, et en ayant fait l'évaluation de la situation et chez les éleveurs et dans les entreprises : Dominique de Villepin a adressé 52 millions d'euros de plus.
Depuis une semaine, à peine, on peut discuter de 63 millions d'euros. Et cela va être un peu plus apprécié, je le pense, pour les éleveurs, que d'avoir réparti 11 millions, parce qu'on serait déjà en train de dire que ce serait, évidemment, pas suffisant. Et je dis déjà que les 63 millions, cela ne va pas être assez. Tout le monde le sait !
Jean-Michel Aphatie : Cela ne va pas être assez mais Ségolène Royal, pour revenir à elle, vous dit : "Mais ces 63 millions d'euros, ils sont virtuels - puisque je la cite - les agriculteurs attendent les aides". A-t-elle raison ?
Jean-Michel Lemétayer : Mais bien sûr ! Elle a raison sur ce point. Mais je n'ai pas attendu les conseils de Madame Royal pour dire que les éleveurs attendaient, pour dire que nombre d'éleveurs - et la situation est la même pour tous - que les éleveurs, pour certains, et notamment des producteurs sous signe de qualité - les producteurs de label - avaient une situation de chômage partiel puisque, normalement, il y a ce qu'on appelle "un vide sanitaire", après les départs des volailles. On remplit, on remet des poussins dans le bâtiment entre 3 et 4 semaines après. Là, en ce moment, on est plutôt sur des 7 à 8 semaines, puisque c'est la seule manière de réguler l'offre par rapport à la demande. Ce sont ces semaines-là, de non production - donc absence de recettes - qu'il faut aider maintenant, rapidement, les éleveurs.
Jean-Michel Aphatie : Quand vont-ils toucher l'argent, alors ? Le savez-vous ?
Jean-Michel Lemétayer : J'ai cru entendre le ministre dire que l'argent arriverait dans les départements, puisque cela va être fait sous l'autorité des préfets. La répartition des aides arriverait dans les départements sous la fin de semaine. Et bien, il faut que les choses se fassent et que les commissions - parce que, là aussi, il faut que ça aille vite - dans les départements se réunissent dès la semaine prochaine. Voilà les choses ! Mais il ne faut pas non plus confondre vouloir faire vite et mal. Vitesse et précipitation. Je préfère que l'on mette 2 jours de plus et que les choses soient faites équitablement.
Jean-Michel Aphatie : Quand Dominique Bussereau, ministre de l'agriculture, dit, à propos de Ségolène Royal, dont on sait qu'il est, en Poitou-Charentes, l'adversaire : "Elle aurait mieux fait de se taire !". C'est un peu macho peut-être ?
Jean-Michel Lemétayer : Je laisse le débat politique entre les politiques. Ce que j'avais souhaité, dans ce dossier, c'est que, justement, c'était un sujet sur lequel il ne devrait pas y avoir de surenchères. J'avais appelé à l'union nationale, dans cette affaire. On a besoin de solidarité. La situation est extrêmement grave. La baisse de la consommation stagne à moins 25, moins 30 %.
Et puis, plus grave encore : l'exportation. Et quand on parle d'exportations parce que c'est toute la filière avicole qui est touchée y compris les tous petits élevages fermiers. Mais c'est aussi, et cela a été dit dans un reportage sur cette antenne, ce matin. Cela va des couloirs, ceux qui font même de la génétique : pratiquement toutes les portes sont fermées à l'exportation. Donc, il y a des milliers d'emplois en jeu. Cela passe, évidemment, par la suppression des contrats à durée déterminée, le chômage partiel.
Il y a donc d'un côté, des difficultés énormes pour les éleveurs, et énormément de difficultés dans les entreprises. Ce que je souhaite, c'est que, quand on fera le bilan, dans quelques mois - parce que j'espère qu'on va s'en sortir, bien évidemment - on ne se retrouve pas avec une filière décimée alors que c'est la première filière avicole de l'Union Européenne.
Jean-Michel Aphatie : Aujourd'hui, il y a 43 pays qui ont décrété un boycott contre les produits de la filière avicole française. Et la ministre du commerce extérieur, Christine Lagarde, disait : "Ce n'est pas trop grave !". Ressentez-vous la situation différemment ?
Jean-Michel Lemétayer : Non, c'est grave ! La situation pour notre pays à l'exportation est extrêmement grave. Il faut que les services vétérinaires, notamment - parce que, là, c'est une question sur le tempo sanitaire que la question est posée. Et, de ce point de vue là, il faut aussi que l'Europe - j'étais aussi sévère à l'égard de l'Europe face au travail à l'égard de la situation agricole.
Jean-Michel Aphatie : Je n'ai pas bien compris, Jean-Michel Lemétayer : êtes-vous en colère, ou pas, ce matin ?
Jean-Michel Lemétayer : Bien sûr, je suis en colère. J'attends que les aides soient versées rapidement. Je suis aussi en colère à l'égard de l'Europe.
Jean-Michel Aphatie : Jean-Michel Lemétayer, l'homme qui suit le conseil de Ségolène Royal - il est en colère - était l'invité de RTL, ce matin. Bonne journée !
source : Premier ministre, Service d'information du gouvernement, le 2 mars 2006LCI
le 3 mars 2006
Q- Le Salon de l'agriculture va bientôt fermer ses portes, c'était le 60ème anniversaire de la FNSEA. Et on a comme l'impression que ce Salon de l'agriculture c'était un mauvais cru à cause de la grippe aviaire ?
R- Sans doute. Il a inévitablement ouvert sur fond de crise : grippe aviaire mais pas seulement ; la viticulture et l'arboriculture, ça ne va pas très très bien non plus. Et c'est vrai que l'ambiance du Salon est un peu particulière. Et puis, on sent visiblement une fréquentation en sensible baisse, il faudra attendre évidemment dimanche soir les chiffres des responsables du Salon. Mais on sent un Salon un peu particulier.
Q- Il y en a qui continuent à bien fréquenter le Salon : ce sont les hommes et les femmes politiques. Vous avez eu la visite de S. Royal, vous avez critiqué, a posteriori, la manière dont elle a souhaité que vous soyez plus offensif. Finalement, elle vous a fait du bien, c'est du poil à gratter ?
R- J'ai critiqué a posteriori, parce que j'ai l'habitude de bien recevoir tous les hommes politiques qui visitent le Salon et se rendent sur le stand de la FNSEA.
Q- On a le sentiment qu'elle vous avait laissé coi !
R- Non, mais pas du tout. D'abord, elle ne m'a pas laissé parler, donc c'est la première chose. J'ai surtout été surpris, voire choqué de son agressivité. Je pense qu'elle se trompait de stand, elle se pensait sans doute en train de parler au Gouvernement. Je suis le président de la FNSEA, et d'ailleurs elle s'est très vite aperçue qu'on avait des choses à faire pour la grippe aviaire. Comme je l'avais d'ailleurs annoncé, il fallait plutôt serrer les coudes tous ensemble que de faire de la surenchère politique. Et je regrette que les politiques... d'ailleurs, elle a été la seule, il n'y a pas de surenchère à faire. Il y a à faire en sorte que les aides soient versées le plus tôt possible aux éleveurs, ce que j'ai redit à multiples reprises encore hier...
Q- Oui, mais attendez...On a l'impression quand même, que vous avez dit qu'elle a été atteinte par le virus de la démagogie. N'empêche que, vous, quand le 23 février, J. Chirac et D. de Villepin ont
annoncé l'enveloppe de 62 millions d'euros, vous avez dit : "Bon,ben c'est une étape importante, une première étape". Et depuis que S. Royal est passée, vous dites : "Il faut aller plus vite et plus".
R- Non, pas du tout. Il faut qu'on dise précisément les choses. J'ai effectivement dit que c'était une étape positive, parce que si on avait fait dans la précipitation, comme le dit Mme Royal, on serait en train de distribuer 11 millions d'euros : 5 millions seulement d'euros pour les éleveurs. Grâce à l'action que nous avons menée à la FNSEA, le Premier ministre a vu qu'il fallait faire vite, et lui-même, après l'entretien que j'ai eu chez le président de la République, le soir même, a annoncé 52 millions d'euros de plus pour la filière. Je ne sais pas si on peut faire beaucoup plus vite entre 16 heures et 20 heures le soir. D'ailleurs, j'ai commenté dans vos studios cette décision, avec E. Revel. Donc, voilà. Ensuite, il faut répartir ces aides...
Q- Entre les producteurs et l'agro-alimentaire ?
R- Il y a 25 millions d'euros pour les producteurs, 30 millions pour les entreprises, 4 millions - un peu plus de 4 millions d'euros - pour la communication, parce qu'il faut aussi faire de la communication. Maintenant, on est dans la phase de répartition ; les enveloppes vont aller ...
Q- Elles sont arrivées les enveloppes ?
R- Le ministre nous les a annoncées pour la fin de semaine. Je n'ai pas eu le temps de vérifier, on y est. Comme d'habitude, il y aura un peu de retard... Mme Royal, elle a été au Gouvernement, elle y sera peut-être encore un jour, elle sait très bien à quelle vitesse tout cela peut aller. Donc, moi ce je souhaite, c'est que les enveloppes arrivant dans les départements, en cette fin de semaine, les préfets fassent les réunions le plus vite possible pour qu'effectivement les éleveurs, très tôt, aient les moyens de faire face aux difficultés financières qui sont déjà les leurs, et les entreprises aussi. Vous avez vu que les uns ou les autres annoncent du chômage partiel, des licenciements. Donc, il faut effectivement tout de suite montrer que le Gouvernement est là pour soutenir la filière, pour passer ce cap extrêmement difficile.
Q- Soyons très précis. D'abord, sur les aides apportées par le Gouvernement, à part cette enveloppe qui a été déjà définie, est-ce que vous évaluez les besoins supplémentaires qui pourraient être ceux, et des agriculteurs, et des entreprises ? Ou est-ce que c'est trop tôt pour le faire ?
R- Non, ce n'est pas trop tôt pour le faire. Lorsque nous avons eu la réunion de concertation que j'avais réclamée après une annonce de 5 millions, j'ai beaucoup agi tous les jours dans ce dossier. Sur la base de 25 à 30% de baisse de consommation, la perte est de 40 millions d'euros par mois. Là, on a 63 millions. J'ai demandé au Premier ministre qu'il y ait une réunion, chaque semaine, pour évaluer l'évolution de la situation. Donc, ces réunions, je le souhaite, enfin je pense qu'elles auront lieu. Et à partir de là, le Premier ministre, je pense, dans quelques semaines, devra compléter les moyens pour justement que l'on fasse face à cette situation.
Q- Autre précision en ce qui concerne l'exportation, puisqu'il y a un certain nombre de pays - 43 pays, si je ne me trompe - qui ont fait l'embargo sur les productions. D'abord, est-ce que, question de philosophie, vous ne trouvez pas normal qu'ils fassent cet embargo au moment où on parle tant du principe de précaution ? On pourrait applaudir qu'ils pratiquent ce principe de précaution vanté par le président de la République ?
R- Oui, mais c'est ignorer - enfin je ne peux pas imaginer qu'ils ignorent -
la politique sanitaire que nous conduisons depuis de très très
nombreuses années, qui fait que notre pays est sans doute parmi ceux
qui mettent sur le marché l'alimentation la plus sécurisée. Et ils ne
peuvent pas non plus ignorer les mesures de précaution prises très en
amont, que nous avons soutenues à partir de l'automne, pour éviter les
soucis qui sont malheureusement les nôtres aujourd'hui.
Q- En tout cas, il y a des maires français qui pratiquent le principe de
précaution : le maire de Groslay, dans le Val-d'Oise, J. Boutier,
dit : "suspension de la consommation de poulet dans les cantines".
R- Je trouve ça franchement désolant, choquant !
Q- C'est un maire prudent !
R- Mais pas du tout ! Enfin, chacun sait, les scientifiques... on n'a pas le droit de dire qu'il y a des risques sur la viande de volaille ! C'est le doute qu'il met en prenant cette décision. Moi au contraire, j'en appelle à tous les maires de France, pour qu'il y ait effectivement de la viande de volaille dans les cantines, et plutôt deux fois qu'une. J'en appelle aussi à tous les acteurs de la restauration collective ? d'ailleurs beaucoup de cantines fonctionnent avec des grands groupes de restauration collective - pour qu'on n'abandonne pas la viande de volaille, au contraire. Je me réjouis que pour ce week-end une enseigne de la distribution, sans la citer, va faire une promotion sur la viande de volaille. Et je suis persuadé que ça va marcher. Parce que les Français en fait ont confiance dans cette viande de volaille, ont surtout confiance dans la politique sanitaire qui est la nôtre.
Q- Donc, vous appelez à une mobilisation, on va dire "citoyenne", autour de la consommation du poulet, les patrons de collectivités territoriales, locales... ?
R- J'ai déjà appelé à l'union nationale, à la solidarité nationale sur le plan financier, et à la mobilisation citoyenne. Enfin, ce serait le comble que l'on abandonne la viande de volaille dans les cantines, j'ajoute aussi, dans les hôpitaux. L'Etat doit montrer l'exemple dans les hôpitaux, à l'armée et ailleurs. On doit montrer l'exemple et ça doit être l'occasion de redynamiser la consommation de volailles.
Q- Il va bientôt avoir une Convention de l'UMP sur l'agriculture. Est-ce que vous allez faire des propositions précises à l'UMP ? Il y a eu la visite de N. Sarkozy et celle de F. Hollande. Vous sentez-vous plus proche de l'un ou de l'autre ?
R- Je ne sais pas. J'ai passé trois quarts d'heure avec F. Hollande, une petite demi heure avec N. Sarkozy. Alors, si ça se calcule au temps, vous voyez un peu ce que ça donne. Je ne pense pas que cela se calcule comme ça. Moi, ce qui m'intéresse, c'est l'ambition des uns et des autres pour l'agriculture, et pas seulement pendant la semaine du Salon. Parce que pendant la semaine du Salon, les hommes politiques, les membres du Gouvernement, tout le monde a de l'ambition pour l'agriculture. Moi, ce qui m'intéresse, c'est qu'un secteur qui représente 14 à 15 % des emplois en France et une activité importante dans le milieu rural, que ça reste porteur pour demain, et que notre indépendance alimentaire, ce soit une vraie ambition pour eux, qu'ils soient de droite ou de gauche.Source: premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 6 mars 2006
le 2 mars 2006
Jean-Michel Aphatie : Bonjour, Jean-Michel Lemétayer.
Jean-Michel Lemétayer : Bonjour.
Jean-Michel Aphatie : C'était mardi dernier, juste après le déjeuner, dans les allées du Salon de l'Agriculture, vous avez croisé Ségolène Royal. Fanny Stenneler, pour RTL, était là. On écoute.
** Extrait du dialogue entre Ségolène Royal et Jean-Michel Lemétayer au Salon de l'Agriculture **
Ségolène Royal : Ce n'est même pas insuffisant. Les 63 millions ne sont pas arrivés sur le terrain.
Jean-Michel Lemétayer : Attendez, laissez moi expliquer !
Ségolène Royal : Et je vous le dis en tant que présidente de région que c'est inadmissible. Il y a urgence ! Je suis désolée.
Jean-Michel Lemétayer : Mais attendez ! Attendez !
Ségolène Royal : Ce n'est pas d'aujourd'hui, la crise avicole.
Jean-Michel Lemétayer : Attendez ! Vous, vous le dites par là !
Ségolène Royal : Il faut qu'avant la fin du Salon de l'Agriculture, les aides soient arrivées, sinon ça va très mal aller sur les territoires ! On en a assez !
Jean-Michel Lemétayer : Il y a les éleveurs. C'est aussi de l'emploi.
Ségolène Royal : Mettez-vous en colère !
Jean-Michel Lemétayer : Mais je le suis !
Ségolène Royal : Vous l'êtes, en colère ! C'est bien !
Jean-Michel Lemétayer : Mais attendez ! Mais attendez !
** Fin du dialogue au Salon de l'Agriculture **
Jean-Michel Aphatie : Quand on entend cela, c'est surprenant. Vous avez été surpris, vous aussi, j'imagine, Jean-Michel Lemétayer ?
Jean-Michel Lemétayer : J'ai été désagréablement surpris. J'ai même été choqué. Je ne comprends pas cette agressivité de Madame Royal. Elle était dans les allées mais, en fait, elle passait au stand de la F.N.S.E.A. Je crois qu'elle n'est rentrée sur aucun stand, mais elle passait sur notre stand. Je pense d'abord qu'elle se trompait de stand, pour tenir les propos qu'elle a tenus.
Il y a aussi le stand du ministère de l'agriculture parce que, quand on veut s'adresser au gouvernement, on ne s'adresse pas au président de la F.N.S.E.A. Au contraire, je pensais qu'elle aurait aimé faire le point sur la situation - qu'elle connaît sûrement - mais je pense, quand même, un peu moins que le responsable, et les responsables, des agriculteurs. Parce que je n'étais pas seul sur le stand de la F.N.S.E.A. Je suis extrêmement surpris de son agressivité d'autant plus, d'ailleurs, qu'il y a deux, trois semaines, j'avais été reçu au siège du parti socialiste où j'avais eu un long échange avec François Hollande : tout s'était bien passé. J'avoue que je ne comprends pas.
Jean-Michel Aphatie : Ça se passe bien avec François Hollande !
Jean-Michel Lemétayer : Je me demande même si Madame Royal, dans cette affaire, pendant son parcours au salon, n'était pas atteinte un peu d'un virus, difficile à combattre en politique, qui est celui de la démagogie.
Jean-Michel Aphatie : La démagogie ! Elle dit : "Les agriculteurs attendent les aides. On les a promis : elles ne viennent pas. Et vous, vous, Jean-Michel Lemétayer, mettez-vous en colère ! Cessez d'être complaisant avec le gouvernement !". C'est cela qu'elle vous dit !
Jean-Michel Lemétayer : Si on a bien suivi les deux dernières semaines, je n'ai pas été complaisant du tout. La preuve, c'est que mes interventions successives, après que Dominique Bussereau soit allé dans le département de l'Ain, après le premier cas de grippe aviaire, que Dominique de Villepin y soit allé 3 ou 4 jours après, j'ai d'abord dit : "Mais, qu'est-ce que c'est que ces chiffres dont on nous parle ! 5 millions ! 6 millions ! 11 millions ! Commençons déjà par réunir tous les acteurs de la filière, pour voir exactement combien ça coûte : quel est l'état de la situation après cette baisse de consommation".
Et heureusement - j'allais dire - heureusement que l'on n'a pas commencé à répartir les aides depuis 4-5 jours. On serait en train de répartir 11 millions, alors qu'il y a exactement une semaine, jeudi dernier, le premier ministre, suite au combat que j'ai mené, à mes demandes répétées, et en ayant fait l'évaluation de la situation et chez les éleveurs et dans les entreprises : Dominique de Villepin a adressé 52 millions d'euros de plus.
Depuis une semaine, à peine, on peut discuter de 63 millions d'euros. Et cela va être un peu plus apprécié, je le pense, pour les éleveurs, que d'avoir réparti 11 millions, parce qu'on serait déjà en train de dire que ce serait, évidemment, pas suffisant. Et je dis déjà que les 63 millions, cela ne va pas être assez. Tout le monde le sait !
Jean-Michel Aphatie : Cela ne va pas être assez mais Ségolène Royal, pour revenir à elle, vous dit : "Mais ces 63 millions d'euros, ils sont virtuels - puisque je la cite - les agriculteurs attendent les aides". A-t-elle raison ?
Jean-Michel Lemétayer : Mais bien sûr ! Elle a raison sur ce point. Mais je n'ai pas attendu les conseils de Madame Royal pour dire que les éleveurs attendaient, pour dire que nombre d'éleveurs - et la situation est la même pour tous - que les éleveurs, pour certains, et notamment des producteurs sous signe de qualité - les producteurs de label - avaient une situation de chômage partiel puisque, normalement, il y a ce qu'on appelle "un vide sanitaire", après les départs des volailles. On remplit, on remet des poussins dans le bâtiment entre 3 et 4 semaines après. Là, en ce moment, on est plutôt sur des 7 à 8 semaines, puisque c'est la seule manière de réguler l'offre par rapport à la demande. Ce sont ces semaines-là, de non production - donc absence de recettes - qu'il faut aider maintenant, rapidement, les éleveurs.
Jean-Michel Aphatie : Quand vont-ils toucher l'argent, alors ? Le savez-vous ?
Jean-Michel Lemétayer : J'ai cru entendre le ministre dire que l'argent arriverait dans les départements, puisque cela va être fait sous l'autorité des préfets. La répartition des aides arriverait dans les départements sous la fin de semaine. Et bien, il faut que les choses se fassent et que les commissions - parce que, là aussi, il faut que ça aille vite - dans les départements se réunissent dès la semaine prochaine. Voilà les choses ! Mais il ne faut pas non plus confondre vouloir faire vite et mal. Vitesse et précipitation. Je préfère que l'on mette 2 jours de plus et que les choses soient faites équitablement.
Jean-Michel Aphatie : Quand Dominique Bussereau, ministre de l'agriculture, dit, à propos de Ségolène Royal, dont on sait qu'il est, en Poitou-Charentes, l'adversaire : "Elle aurait mieux fait de se taire !". C'est un peu macho peut-être ?
Jean-Michel Lemétayer : Je laisse le débat politique entre les politiques. Ce que j'avais souhaité, dans ce dossier, c'est que, justement, c'était un sujet sur lequel il ne devrait pas y avoir de surenchères. J'avais appelé à l'union nationale, dans cette affaire. On a besoin de solidarité. La situation est extrêmement grave. La baisse de la consommation stagne à moins 25, moins 30 %.
Et puis, plus grave encore : l'exportation. Et quand on parle d'exportations parce que c'est toute la filière avicole qui est touchée y compris les tous petits élevages fermiers. Mais c'est aussi, et cela a été dit dans un reportage sur cette antenne, ce matin. Cela va des couloirs, ceux qui font même de la génétique : pratiquement toutes les portes sont fermées à l'exportation. Donc, il y a des milliers d'emplois en jeu. Cela passe, évidemment, par la suppression des contrats à durée déterminée, le chômage partiel.
Il y a donc d'un côté, des difficultés énormes pour les éleveurs, et énormément de difficultés dans les entreprises. Ce que je souhaite, c'est que, quand on fera le bilan, dans quelques mois - parce que j'espère qu'on va s'en sortir, bien évidemment - on ne se retrouve pas avec une filière décimée alors que c'est la première filière avicole de l'Union Européenne.
Jean-Michel Aphatie : Aujourd'hui, il y a 43 pays qui ont décrété un boycott contre les produits de la filière avicole française. Et la ministre du commerce extérieur, Christine Lagarde, disait : "Ce n'est pas trop grave !". Ressentez-vous la situation différemment ?
Jean-Michel Lemétayer : Non, c'est grave ! La situation pour notre pays à l'exportation est extrêmement grave. Il faut que les services vétérinaires, notamment - parce que, là, c'est une question sur le tempo sanitaire que la question est posée. Et, de ce point de vue là, il faut aussi que l'Europe - j'étais aussi sévère à l'égard de l'Europe face au travail à l'égard de la situation agricole.
Jean-Michel Aphatie : Je n'ai pas bien compris, Jean-Michel Lemétayer : êtes-vous en colère, ou pas, ce matin ?
Jean-Michel Lemétayer : Bien sûr, je suis en colère. J'attends que les aides soient versées rapidement. Je suis aussi en colère à l'égard de l'Europe.
Jean-Michel Aphatie : Jean-Michel Lemétayer, l'homme qui suit le conseil de Ségolène Royal - il est en colère - était l'invité de RTL, ce matin. Bonne journée !
source : Premier ministre, Service d'information du gouvernement, le 2 mars 2006LCI
le 3 mars 2006
Q- Le Salon de l'agriculture va bientôt fermer ses portes, c'était le 60ème anniversaire de la FNSEA. Et on a comme l'impression que ce Salon de l'agriculture c'était un mauvais cru à cause de la grippe aviaire ?
R- Sans doute. Il a inévitablement ouvert sur fond de crise : grippe aviaire mais pas seulement ; la viticulture et l'arboriculture, ça ne va pas très très bien non plus. Et c'est vrai que l'ambiance du Salon est un peu particulière. Et puis, on sent visiblement une fréquentation en sensible baisse, il faudra attendre évidemment dimanche soir les chiffres des responsables du Salon. Mais on sent un Salon un peu particulier.
Q- Il y en a qui continuent à bien fréquenter le Salon : ce sont les hommes et les femmes politiques. Vous avez eu la visite de S. Royal, vous avez critiqué, a posteriori, la manière dont elle a souhaité que vous soyez plus offensif. Finalement, elle vous a fait du bien, c'est du poil à gratter ?
R- J'ai critiqué a posteriori, parce que j'ai l'habitude de bien recevoir tous les hommes politiques qui visitent le Salon et se rendent sur le stand de la FNSEA.
Q- On a le sentiment qu'elle vous avait laissé coi !
R- Non, mais pas du tout. D'abord, elle ne m'a pas laissé parler, donc c'est la première chose. J'ai surtout été surpris, voire choqué de son agressivité. Je pense qu'elle se trompait de stand, elle se pensait sans doute en train de parler au Gouvernement. Je suis le président de la FNSEA, et d'ailleurs elle s'est très vite aperçue qu'on avait des choses à faire pour la grippe aviaire. Comme je l'avais d'ailleurs annoncé, il fallait plutôt serrer les coudes tous ensemble que de faire de la surenchère politique. Et je regrette que les politiques... d'ailleurs, elle a été la seule, il n'y a pas de surenchère à faire. Il y a à faire en sorte que les aides soient versées le plus tôt possible aux éleveurs, ce que j'ai redit à multiples reprises encore hier...
Q- Oui, mais attendez...On a l'impression quand même, que vous avez dit qu'elle a été atteinte par le virus de la démagogie. N'empêche que, vous, quand le 23 février, J. Chirac et D. de Villepin ont
annoncé l'enveloppe de 62 millions d'euros, vous avez dit : "Bon,ben c'est une étape importante, une première étape". Et depuis que S. Royal est passée, vous dites : "Il faut aller plus vite et plus".
R- Non, pas du tout. Il faut qu'on dise précisément les choses. J'ai effectivement dit que c'était une étape positive, parce que si on avait fait dans la précipitation, comme le dit Mme Royal, on serait en train de distribuer 11 millions d'euros : 5 millions seulement d'euros pour les éleveurs. Grâce à l'action que nous avons menée à la FNSEA, le Premier ministre a vu qu'il fallait faire vite, et lui-même, après l'entretien que j'ai eu chez le président de la République, le soir même, a annoncé 52 millions d'euros de plus pour la filière. Je ne sais pas si on peut faire beaucoup plus vite entre 16 heures et 20 heures le soir. D'ailleurs, j'ai commenté dans vos studios cette décision, avec E. Revel. Donc, voilà. Ensuite, il faut répartir ces aides...
Q- Entre les producteurs et l'agro-alimentaire ?
R- Il y a 25 millions d'euros pour les producteurs, 30 millions pour les entreprises, 4 millions - un peu plus de 4 millions d'euros - pour la communication, parce qu'il faut aussi faire de la communication. Maintenant, on est dans la phase de répartition ; les enveloppes vont aller ...
Q- Elles sont arrivées les enveloppes ?
R- Le ministre nous les a annoncées pour la fin de semaine. Je n'ai pas eu le temps de vérifier, on y est. Comme d'habitude, il y aura un peu de retard... Mme Royal, elle a été au Gouvernement, elle y sera peut-être encore un jour, elle sait très bien à quelle vitesse tout cela peut aller. Donc, moi ce je souhaite, c'est que les enveloppes arrivant dans les départements, en cette fin de semaine, les préfets fassent les réunions le plus vite possible pour qu'effectivement les éleveurs, très tôt, aient les moyens de faire face aux difficultés financières qui sont déjà les leurs, et les entreprises aussi. Vous avez vu que les uns ou les autres annoncent du chômage partiel, des licenciements. Donc, il faut effectivement tout de suite montrer que le Gouvernement est là pour soutenir la filière, pour passer ce cap extrêmement difficile.
Q- Soyons très précis. D'abord, sur les aides apportées par le Gouvernement, à part cette enveloppe qui a été déjà définie, est-ce que vous évaluez les besoins supplémentaires qui pourraient être ceux, et des agriculteurs, et des entreprises ? Ou est-ce que c'est trop tôt pour le faire ?
R- Non, ce n'est pas trop tôt pour le faire. Lorsque nous avons eu la réunion de concertation que j'avais réclamée après une annonce de 5 millions, j'ai beaucoup agi tous les jours dans ce dossier. Sur la base de 25 à 30% de baisse de consommation, la perte est de 40 millions d'euros par mois. Là, on a 63 millions. J'ai demandé au Premier ministre qu'il y ait une réunion, chaque semaine, pour évaluer l'évolution de la situation. Donc, ces réunions, je le souhaite, enfin je pense qu'elles auront lieu. Et à partir de là, le Premier ministre, je pense, dans quelques semaines, devra compléter les moyens pour justement que l'on fasse face à cette situation.
Q- Autre précision en ce qui concerne l'exportation, puisqu'il y a un certain nombre de pays - 43 pays, si je ne me trompe - qui ont fait l'embargo sur les productions. D'abord, est-ce que, question de philosophie, vous ne trouvez pas normal qu'ils fassent cet embargo au moment où on parle tant du principe de précaution ? On pourrait applaudir qu'ils pratiquent ce principe de précaution vanté par le président de la République ?
R- Oui, mais c'est ignorer - enfin je ne peux pas imaginer qu'ils ignorent -
la politique sanitaire que nous conduisons depuis de très très
nombreuses années, qui fait que notre pays est sans doute parmi ceux
qui mettent sur le marché l'alimentation la plus sécurisée. Et ils ne
peuvent pas non plus ignorer les mesures de précaution prises très en
amont, que nous avons soutenues à partir de l'automne, pour éviter les
soucis qui sont malheureusement les nôtres aujourd'hui.
Q- En tout cas, il y a des maires français qui pratiquent le principe de
précaution : le maire de Groslay, dans le Val-d'Oise, J. Boutier,
dit : "suspension de la consommation de poulet dans les cantines".
R- Je trouve ça franchement désolant, choquant !
Q- C'est un maire prudent !
R- Mais pas du tout ! Enfin, chacun sait, les scientifiques... on n'a pas le droit de dire qu'il y a des risques sur la viande de volaille ! C'est le doute qu'il met en prenant cette décision. Moi au contraire, j'en appelle à tous les maires de France, pour qu'il y ait effectivement de la viande de volaille dans les cantines, et plutôt deux fois qu'une. J'en appelle aussi à tous les acteurs de la restauration collective ? d'ailleurs beaucoup de cantines fonctionnent avec des grands groupes de restauration collective - pour qu'on n'abandonne pas la viande de volaille, au contraire. Je me réjouis que pour ce week-end une enseigne de la distribution, sans la citer, va faire une promotion sur la viande de volaille. Et je suis persuadé que ça va marcher. Parce que les Français en fait ont confiance dans cette viande de volaille, ont surtout confiance dans la politique sanitaire qui est la nôtre.
Q- Donc, vous appelez à une mobilisation, on va dire "citoyenne", autour de la consommation du poulet, les patrons de collectivités territoriales, locales... ?
R- J'ai déjà appelé à l'union nationale, à la solidarité nationale sur le plan financier, et à la mobilisation citoyenne. Enfin, ce serait le comble que l'on abandonne la viande de volaille dans les cantines, j'ajoute aussi, dans les hôpitaux. L'Etat doit montrer l'exemple dans les hôpitaux, à l'armée et ailleurs. On doit montrer l'exemple et ça doit être l'occasion de redynamiser la consommation de volailles.
Q- Il va bientôt avoir une Convention de l'UMP sur l'agriculture. Est-ce que vous allez faire des propositions précises à l'UMP ? Il y a eu la visite de N. Sarkozy et celle de F. Hollande. Vous sentez-vous plus proche de l'un ou de l'autre ?
R- Je ne sais pas. J'ai passé trois quarts d'heure avec F. Hollande, une petite demi heure avec N. Sarkozy. Alors, si ça se calcule au temps, vous voyez un peu ce que ça donne. Je ne pense pas que cela se calcule comme ça. Moi, ce qui m'intéresse, c'est l'ambition des uns et des autres pour l'agriculture, et pas seulement pendant la semaine du Salon. Parce que pendant la semaine du Salon, les hommes politiques, les membres du Gouvernement, tout le monde a de l'ambition pour l'agriculture. Moi, ce qui m'intéresse, c'est qu'un secteur qui représente 14 à 15 % des emplois en France et une activité importante dans le milieu rural, que ça reste porteur pour demain, et que notre indépendance alimentaire, ce soit une vraie ambition pour eux, qu'ils soient de droite ou de gauche.Source: premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 6 mars 2006