Déclaration de M. Léon Bertrand, ministre délégué au tourisme, sur la place du tourisme dans les missions d'enseignement et de recherche, Angers le 7 mars 2006.

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Circonstance : Colloque européen de tourisme de découverte économique à Angers le 7 mars 2006

Texte intégral

Monsieur le Président de l'Université d'Angers (Alain BARREAU),
Monsieur le Directeur de l'IMIS-ESTHUA (Philippe VIOLIER),
Mesdames et Messieurs les Professeurs,
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
Je suis très heureux de vous rencontrer aujourd'hui pour évoquer avec vous ce qui sera, tout au long de l'année 2006, l'un des grands axes de mon action ministérielle : la place du tourisme dans les missions d'enseignement et de recherche.
L'Université d'ANGERS, qui organise cette année le 1er colloque européen de tourisme de découverte économique », offre un cadre particulièrement adapté pour cette présentation.
La capitale angevine est réputée en effet pour son art de vivre, la très grande beauté de ses sites naturels et la richesse de son patrimoine historique. Mais le tourisme n'est pas un art statique et la grande force de votre région vient aussi de sa capacité à s'adapter aux exigences du temps présent.
Les exemples de cette capacité d'anticipation sont multiples mais deux éléments marquants méritent d'être constamment salués :
- l'effort consenti en faveur de l'éco-tourisme, récompensé par le classement récent du Val de Loire au patrimoine mondial de l'UNESCO ;
- et l'intérêt porté aux familles au travers du « parcours de l'enfant Roy » qui a permis de renouveler de façon très ludique la punition que représentait autrefois la sortie culturelle pour les enfants de 7 à 12 ans.
Cet esprit d'avant-garde se retrouve très naturellement chez les « Pères fondateurs » de l'ESTHUA, qui ont su faire de cet Institut, en un peu plus de 20 ans d'existence, une référence en matière de formation touristique.
Je tiens donc à rendre aujourd'hui un hommage appuyé à ces précurseurs : Michel BONNEAU, Alain BARREAU, Philippe VIOLIER, sans oublier Françoise HOUDEBINE, responsable des services administratifs car derrière toute entreprise qui réussit, on trouve forcément une femme.
Les filières de l'ESTHUA, de la licence professionnelle au master spécialisé accueillent désormais 1700 élèves et présentent deux points forts : leur grande ouverture internationale, grâce aux accords signés avec de nombreux établissements qui permettent aux élèves de passer au moins un semestre à l'étranger, et leur prise directe avec le monde économique.
On reproche souvent au milieu universitaire de vivre en décalage avec les préoccupations du monde réel. C'est un écueil que les étudiants de l'ESTHUA ont la chance de pouvoir éviter et c'est un atout formidable à la fois dans leur formation et pour leur future carrière.
Cette nécessité de se frotter aux réalités du monde du travail prend un sens particulier dans le secteur touristique car cette industrie jeune fête cette année le 40ème anniversaire des Congés payés.
Les exigences de la clientèle changent vite et nous obligent à repenser l'offre en permanence. La France, vous le savez tous ici, est encore aujourd'hui la 1ère destination touristique mondiale, avec un peu plus de 75 millions de visiteurs étrangers accueillis.
Mais la concurrence entre les destinations est chaque année plus difficile. Nous serons, d'ici quelques années, mécaniquement dépassés par les puissances régionales montantes que sont l'Inde et la Chine.
Notre salut passe par une élévation constante de la qualité des prestations que nous en sommes mesure de proposer. La France possède des attraits naturels, une richesse culturelle et une diversité unique des paysages et des terroirs.
Mais le tourisme est avant-tout une affaire d'hommes et de femmes, une question d'accueil et de savoir-faire.
Le positionnement haut de gamme que nous visons, qui présente le double-avantage de nous prémunir contre les excès du tourisme de masse et d'attirer les clientèles à forte contribution, obligera nos professionnels à rechercher des salariés avec une expérience universitaire et un bagage culturel important.
En outre, l'industrialisation de l'économie touristique justifie désormais une meilleure prise en compte des enjeux du secteur. L'improvisation et la passion ne suffisent plus.
Le tourisme a surtout besoin d'acteurs bien formés et rodés aux lois du marketing.
Le poids économique du secteur est déjà impressionnant : 2 millions d'emplois, 30 000 personnes recrutées chaque année et 60 000 élèves, étudiants et stagiaires.
Les débouchés seront de plus en plus nombreux, notamment dans le tourisme réceptif : 100 millions de Chinois voyageront en 2020, nous en accueillons déjà 550 000, ce chiffre devrait doubler d'ici 2010.
Depuis plusieurs années, mon département ministériel se mobilise pour valoriser les formations et la recherche en matière touristique. La direction du Tourisme oeuvre dans 3 directions :
1. une meilleure visibilité de la recherche, grâce à la gestion d'une base de données actualisée des travaux de 250 chercheurs ou doctorants, au financement de colloques, à la publication des travaux, mis à disposition sur le site du Ministère ou sur « Veille Info Tourisme » ;
2. la création d'une dynamique de partenariat entre chercheurs et administration, collectivités locales et professionnels. Dans ce cadre, le Bureau de la stratégie de la DT noue chaque année des conventions de recherche pour soutenir les démarches novatrices et fournir, dans un souci de prospective, des éléments d'anticipation pour les professionnels ;
3. une incitation des jeunes chercheurs à s'intéresser au tourisme. Puisqu'ils ont généralement du mal à trouver un emploi dans l'entreprise, nous proposons un dispositif très innovant, les conventions industrielles de Formation par la Recherche (CIFRE) grâce auxquelles des entreprises s'engagent à confier à un jeune diplômé (Bac+5) un travail de recherche en liaison directe avec un laboratoire extérieur et à le rémunérer jusqu'à la soutenance de sa thèse de doctorat.
Au-delà de ces actions au long cours, j'ai souhaité donner une impulsion nouvelle à ces actions depuis mon arrivée en juin 2002.
Un rapport sur « les diplômes et les formations du tourisme » m'a été remis en mai 2003 par Arlette FRANCO, député des Pyrénées-Orientales qui dresse un état des lieux exhaustif.
Le Comité interministériel de juillet 2004 a prévu une mesure forte pour encourager la recherche en allouant une aide financière à la constitution de pôles régionaux de chercheurs, à l'image des démarches initiées à Gréoux les Bains et à l'IREST ? Paris 1.
Un pôle national est aujourd'hui en cours de constitution avec l'ADRETS, Association pour le développement et la recherche des études sur les tourisme, né il y a presque un an jour pour jour sous l'impulsion de l'Inspection générale du Tourisme.
J'ai, enfin, constitué un groupe de travail qui se réunit tous les mois sur les formations universitaires touristiques. Avec François GOULARD, j'ai adressé une lettre à l'ensemble des présidents d'Université pour les sensibiliser à la nécessité de promouvoir l'enseignement du tourisme.
Il est prévu, dans le cadre du projet de loi sur la recherche d'affecter des postes d'ingénieurs de recherche pour le réseau national.
Une réflexion est également en cours pour la création de pôle d'excellence en enseignement supérieur et recherche.
Enfin, une Université d'été, dédiée à l'état et aux perspectives des recherches et formations du tourisme, devrait se tenir dans le courant du second semestre 2006.
Mesdames et Messieurs, le tourisme sort aujourd'hui de l'ombre grâce aux efforts d'une communauté touristique désormais apte à faire valoir son identité et ses capacités.
Certains plaident aujourd'hui en faveur de la reconnaissance d'une discipline autonome au sein de l'Université, afin d'éviter notamment que les diplômes du tourisme ne disparaissent, dans le cadre de l'harmonisation européenne, au profit de sous-sections spécialisées de grandes disciplines comme la géographie ou la sociologie.
Cette éventualité serait fortement dommageable pour la crédibilité d'un secteur qui occupe le premier rang de la création de richesse dans notre pays et qui, au regard de nos expériences individuelles ou collectives de touriste, est désormais omniprésent de manière implicite ou explicite dans le fonctionnement de notre société.
Je ne peux manquer, enfin, en cette veille de 8 mars, journée internationale de la femme, de rappeler que le tourisme offre de belles perspectives de carrières aux femmes, très largement majoritaires dans les filières de formation à tous les niveaux, ce qui constitue un atout de charme supplémentaire pour cette industrie florissante.
Je vous souhaite à toutes et à tous une pleine réussite dans les études passionnantes que vous avez entreprises et je vous adresse tous mes encouragements pour l'avenir.
Je vous remercie.

source http://www.tourisme.gouv.fr, le 20 mars 2006