Texte intégral
B. Mégret (Pdt du MNR)
RMC - 7h50
Le 12 décembre 2000
P. Lapousterle Votre formation a été créée il y a presque deux ans jour pour jour, après la scission avec le FN. Vous annonciez à Marignane de grandes ambitions et les résultats ne semblent pas être au rendez-vous ?
- "Ils ne sont pas pour l'instant au rendez-vous, mais il n'y a pas eu de rendez-vous. Le prochain, ce sont les élections municipales et cantonales..."
Et les européennes ?
- "Les européennes, c'était l'effet de la crise. Il y a eu une très grande démobilisation de notre électorat. Mais maintenant, je pense qu'elle est passée et que cet électorat va à nouveau se mobiliser pour les élections municipales et cantonales. Le MNR incarne l'avenir, le renouveau en quelque sorte de notre famille politique. Nous allons être présents dans plus de 450 villes, dans plus de 15 000 cantons renouvelables, dans 90 % des villes de plus de 100 000 habitants..."
Vous aviez dit à l'époque - je caricature - que vous n'alliez faire qu'une bouchée du FN, que nous alliez être l'ossature...
- "Je n'avais pas dit cela dans ces termes-là..."
Oui, je caricature un peu. Mais vous aviez dit que nous alliez être le renouveau et finalement, électoralement parlant, le FN est toujours devant vous ?
- "Pas aux dernières élections cantonales de Firmini où nous avons fait 10 % et où le FN est derrière nous. Voyons les choses de façon stratégique : ce qui m'intéresse, c'est l'avenir. Il y a en France 20, 25, 30 % de Français qui adhérent, grosso modo, à nos idées nationales, aux valeurs traditionnelles de notre civilisation, qui veulent un renouveau de la France et qui, jusqu'à présent, ont été balkanisés, divisés et de ce fait n'ont pas pu peser sur le destin de notre pays, notamment parce que le FN - qui, certes, avait fait 15% - avait créé autour de lui un fossé qui les séparait des 15 autres pourcents. Avec le MNR, nous avons maintenant la possibilité d'assurer ce renouveau et d'assurer ce rassemblement de l'ensemble de la droite nationale et républicaine. C'est notre objectif et nous sommes en mesure de tendre la main aux uns et autres."
Ils ne veulent pas de votre main apparemment ?
- "Monsieur Le Pen est maintenant en fin de parcours politique, monsieur Pasqua de la même façon. Je pense qu'il y maintenant la possibilité d'un grand rassemblement."
Ils font tous les deux plus que vous.
- "On verra. Et s'ils le font, c'est parce qu'ils sont sur une lancée. Monsieur Le Pen jouit de l'habitude qu'ont eu pendant 20 ans les gens de voter pour l'étiquette de son parti. C'est un train qui roule sans moteur, sur son élan. Nous, nous avons la force d'un mouvement neuf qui démarre avec une très grande vitalité. Savez vous, par exemple, que nous avons - les comptes de campagnes des partis politiques l'ont montré - plus d'adhérents que le RPF, que le FN, que DL et l'UDF ?"
Combien avez-vous d'adhérents ?
- "Nous en avons 15 000. Il s'avère donc, d'après les chiffres enregistrés par la commission des partis politiques, que nous en avons plus que tous ces autres partis. Je signale que nous serons davantage présents que ces partis aux élections municipales et cantonales. Cela, alors même que nous n'avons pour l'instant aucun soutien institutionnel financier de l'Etat et aucune couverture médiatique, en dehors de celle que vous m'accordez aujourd'hui - et je vous en remercie."
Le Sommet européen de Nice s'est achevé, quel est votre sentiment ?
- "Je me réjouis que ce sommet n'ait pas donné les résultats qu'en attendaient les européistes forcenés. Mais je déplore cependant qu'il en résulte une espèce de bricolage institutionnel qui va encore un peu plus amputer la souveraineté des Etats, encore augmenter le caractère inextricable des institutions. Si bien que lorsque l'Europe va passer de 15 à 23, cela va être un imbroglio épouvantable. Il va falloir sortir de ce schéma. Ce qui me frappe, c'est qu'à l'occasion de ce sommet, on a vu à l'âpreté des négociations combien le sentiment national reste fort, même au niveau des gouvernements - pourtant en général très politiquement corrects - et combien ce sentiment vient se heurter à la logique bruxelloise de cette prétendue construction européenne. Cela prouve que cette construction est artificielle, anti-naturelle, qu'elle va contre des sentiments très profonds et très forts au sein des peuples européens et au sein de leurs gouvernements. Il faut donc changer de logique, il faut une Europe des Nations et non pas une Europe contre les Nations, tel que cela se pratique actuellement."
Les affaires occupent la une de l'actualité en France depuis quelques semaines, à nouveau, la dernière en date étant celle des lycées d'Ile-de-France. Le nom du Président de la République a été prononcé à plusieurs reprises et certains de ses amis le poussent à parler dans les jours qui viennent. Est-ce que vous pensez qu'il serait urgent que le Président de la République s'adresse aux Français ?
-"Je pense qu'il ne s'agit pas de l'une de ces nombreuses affaires de corruption, comme on en a connu au fil des années passées. Il s'agit d'une crise de régime, d'une affaire d'état. C'est en effet le Président de la République qui est directement mis en cause..."
Cité
-"Cité, impliqué, pour l'instant la justice n'est pas passée. Je considère que le Président de la République doit s'exprimer, doit s'expliquer, doit dire clairement aux Français ce qu'il en est par rapport aux graves accusations qui ont été portées contre lui. Ce qui est également grave, c'est qu'il n'y a pas que M. Chirac qui est mis en cause : il y a l'ensemble des partis politiques dont il est apparu pour la première fois de façon ahurissante qu'ils s'entendaient entre eux, que l'argent qui était racketté sur des lycées de surcroît - 600 millions de francs, ce n'est pas rien ! - était ensuite partagé entre les différents partis du système, comme des parrains de la mafia se partagent les territoires d'une ville que l'on rackette. Il faut qu'ils rendent l'argent, 600 millions de francs, c'est deux lycées. Ces partis ont des budgets, ils ont de quoi payer et rembourser l'argent qu'ils ont détourné."
Vous êtes candidat aux municipales ?
-"Je serai candidat à Marseille, face à M. Gaudin et face aux graves problèmes que rencontrent les Marseillais dans leur vie quotidienne. Je pense notamment à l'insécurité, je pense à l'islamisation de la ville et je pense aux poids des charges, taxes et impôts qui sont dans cette ville, comme dans beaucoup de villes en France ..."
Vous êtes candidat pour témoigner car vous n'avez aucune chance ?
-"Je ne suis pas candidat pour témoigner. Je vous rappelle qu'en 1998, j'ai fait 29% sur la ville comme tête de liste régionale. Aux élections européennes, donc dans la pire des configurations liée à la crise de l'ancien Front National, les deux listes issus du Front National avaient fait 18%, à égalité d'ailleurs l'une avec l'autre. J'ai donc sur la ville un potentiel très important. Comme les socialistes ont jeté l'éponge, ont renoncé à conquérir la mairie, pour les Marseillais, ce sera très simple l'année prochaine : ou ça continue comme avant avec M. Gaudin, ou ça change avec moi.
Que pensez-vous de ce qui se passe à Paris ? De la droite qui a explosé hier ?
-"C'est très emblématique de la déliquescence du système RPR. Je trouve assez choquant que le RPR se livre ainsi à un véritable lynchage de M. Tiberi qui n'est finalement que le bouc-émissaire. On lui reproche les turpitudes du système chiraquien, si ce n'est de M. Chirac lui-même. Je considère que le RPR, notamment M. Séguin, portera une très grave responsabilité d'offrir ainsi sur un plateau la capitale aux socialistes.
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 12 décembre 2000)
RMC - 7h50
Le 12 décembre 2000
P. Lapousterle Votre formation a été créée il y a presque deux ans jour pour jour, après la scission avec le FN. Vous annonciez à Marignane de grandes ambitions et les résultats ne semblent pas être au rendez-vous ?
- "Ils ne sont pas pour l'instant au rendez-vous, mais il n'y a pas eu de rendez-vous. Le prochain, ce sont les élections municipales et cantonales..."
Et les européennes ?
- "Les européennes, c'était l'effet de la crise. Il y a eu une très grande démobilisation de notre électorat. Mais maintenant, je pense qu'elle est passée et que cet électorat va à nouveau se mobiliser pour les élections municipales et cantonales. Le MNR incarne l'avenir, le renouveau en quelque sorte de notre famille politique. Nous allons être présents dans plus de 450 villes, dans plus de 15 000 cantons renouvelables, dans 90 % des villes de plus de 100 000 habitants..."
Vous aviez dit à l'époque - je caricature - que vous n'alliez faire qu'une bouchée du FN, que nous alliez être l'ossature...
- "Je n'avais pas dit cela dans ces termes-là..."
Oui, je caricature un peu. Mais vous aviez dit que nous alliez être le renouveau et finalement, électoralement parlant, le FN est toujours devant vous ?
- "Pas aux dernières élections cantonales de Firmini où nous avons fait 10 % et où le FN est derrière nous. Voyons les choses de façon stratégique : ce qui m'intéresse, c'est l'avenir. Il y a en France 20, 25, 30 % de Français qui adhérent, grosso modo, à nos idées nationales, aux valeurs traditionnelles de notre civilisation, qui veulent un renouveau de la France et qui, jusqu'à présent, ont été balkanisés, divisés et de ce fait n'ont pas pu peser sur le destin de notre pays, notamment parce que le FN - qui, certes, avait fait 15% - avait créé autour de lui un fossé qui les séparait des 15 autres pourcents. Avec le MNR, nous avons maintenant la possibilité d'assurer ce renouveau et d'assurer ce rassemblement de l'ensemble de la droite nationale et républicaine. C'est notre objectif et nous sommes en mesure de tendre la main aux uns et autres."
Ils ne veulent pas de votre main apparemment ?
- "Monsieur Le Pen est maintenant en fin de parcours politique, monsieur Pasqua de la même façon. Je pense qu'il y maintenant la possibilité d'un grand rassemblement."
Ils font tous les deux plus que vous.
- "On verra. Et s'ils le font, c'est parce qu'ils sont sur une lancée. Monsieur Le Pen jouit de l'habitude qu'ont eu pendant 20 ans les gens de voter pour l'étiquette de son parti. C'est un train qui roule sans moteur, sur son élan. Nous, nous avons la force d'un mouvement neuf qui démarre avec une très grande vitalité. Savez vous, par exemple, que nous avons - les comptes de campagnes des partis politiques l'ont montré - plus d'adhérents que le RPF, que le FN, que DL et l'UDF ?"
Combien avez-vous d'adhérents ?
- "Nous en avons 15 000. Il s'avère donc, d'après les chiffres enregistrés par la commission des partis politiques, que nous en avons plus que tous ces autres partis. Je signale que nous serons davantage présents que ces partis aux élections municipales et cantonales. Cela, alors même que nous n'avons pour l'instant aucun soutien institutionnel financier de l'Etat et aucune couverture médiatique, en dehors de celle que vous m'accordez aujourd'hui - et je vous en remercie."
Le Sommet européen de Nice s'est achevé, quel est votre sentiment ?
- "Je me réjouis que ce sommet n'ait pas donné les résultats qu'en attendaient les européistes forcenés. Mais je déplore cependant qu'il en résulte une espèce de bricolage institutionnel qui va encore un peu plus amputer la souveraineté des Etats, encore augmenter le caractère inextricable des institutions. Si bien que lorsque l'Europe va passer de 15 à 23, cela va être un imbroglio épouvantable. Il va falloir sortir de ce schéma. Ce qui me frappe, c'est qu'à l'occasion de ce sommet, on a vu à l'âpreté des négociations combien le sentiment national reste fort, même au niveau des gouvernements - pourtant en général très politiquement corrects - et combien ce sentiment vient se heurter à la logique bruxelloise de cette prétendue construction européenne. Cela prouve que cette construction est artificielle, anti-naturelle, qu'elle va contre des sentiments très profonds et très forts au sein des peuples européens et au sein de leurs gouvernements. Il faut donc changer de logique, il faut une Europe des Nations et non pas une Europe contre les Nations, tel que cela se pratique actuellement."
Les affaires occupent la une de l'actualité en France depuis quelques semaines, à nouveau, la dernière en date étant celle des lycées d'Ile-de-France. Le nom du Président de la République a été prononcé à plusieurs reprises et certains de ses amis le poussent à parler dans les jours qui viennent. Est-ce que vous pensez qu'il serait urgent que le Président de la République s'adresse aux Français ?
-"Je pense qu'il ne s'agit pas de l'une de ces nombreuses affaires de corruption, comme on en a connu au fil des années passées. Il s'agit d'une crise de régime, d'une affaire d'état. C'est en effet le Président de la République qui est directement mis en cause..."
Cité
-"Cité, impliqué, pour l'instant la justice n'est pas passée. Je considère que le Président de la République doit s'exprimer, doit s'expliquer, doit dire clairement aux Français ce qu'il en est par rapport aux graves accusations qui ont été portées contre lui. Ce qui est également grave, c'est qu'il n'y a pas que M. Chirac qui est mis en cause : il y a l'ensemble des partis politiques dont il est apparu pour la première fois de façon ahurissante qu'ils s'entendaient entre eux, que l'argent qui était racketté sur des lycées de surcroît - 600 millions de francs, ce n'est pas rien ! - était ensuite partagé entre les différents partis du système, comme des parrains de la mafia se partagent les territoires d'une ville que l'on rackette. Il faut qu'ils rendent l'argent, 600 millions de francs, c'est deux lycées. Ces partis ont des budgets, ils ont de quoi payer et rembourser l'argent qu'ils ont détourné."
Vous êtes candidat aux municipales ?
-"Je serai candidat à Marseille, face à M. Gaudin et face aux graves problèmes que rencontrent les Marseillais dans leur vie quotidienne. Je pense notamment à l'insécurité, je pense à l'islamisation de la ville et je pense aux poids des charges, taxes et impôts qui sont dans cette ville, comme dans beaucoup de villes en France ..."
Vous êtes candidat pour témoigner car vous n'avez aucune chance ?
-"Je ne suis pas candidat pour témoigner. Je vous rappelle qu'en 1998, j'ai fait 29% sur la ville comme tête de liste régionale. Aux élections européennes, donc dans la pire des configurations liée à la crise de l'ancien Front National, les deux listes issus du Front National avaient fait 18%, à égalité d'ailleurs l'une avec l'autre. J'ai donc sur la ville un potentiel très important. Comme les socialistes ont jeté l'éponge, ont renoncé à conquérir la mairie, pour les Marseillais, ce sera très simple l'année prochaine : ou ça continue comme avant avec M. Gaudin, ou ça change avec moi.
Que pensez-vous de ce qui se passe à Paris ? De la droite qui a explosé hier ?
-"C'est très emblématique de la déliquescence du système RPR. Je trouve assez choquant que le RPR se livre ainsi à un véritable lynchage de M. Tiberi qui n'est finalement que le bouc-émissaire. On lui reproche les turpitudes du système chiraquien, si ce n'est de M. Chirac lui-même. Je considère que le RPR, notamment M. Séguin, portera une très grave responsabilité d'offrir ainsi sur un plateau la capitale aux socialistes.
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 12 décembre 2000)