Texte intégral
L'école et l'armée sont deux piliers de notre République.
Elles ont toujours partagé des missions communes : celles de préserver les valeurs qui fondent le pacte républicain, d'éduquer à la citoyenneté, de maintenir la cohésion nationale.
Ce séminaire s'inscrit dans la continuité d'un long travail entre nos deux ministères.
Il nous donne l'occasion de mesurer les progrès accomplis en matière d'enseignement de défense, et d'ouvrir des pistes de réflexions pour l'avenir.
Je tiens à remercier le Ministre de l'Education nationale du soutien qu'il a apporté à cette journée. Mes remerciements vont également aux organisateurs, notamment la Commission armées-jeunesse.
Depuis quelques années, les relations « défense ? éducation nationale » ont pris de l'ampleur.
Nos efforts communs sont nécessaires aux jeunes Français et Françaises.
Le contexte des relations « défense ? éducation nationale » s'est renouvelé ces dernières années.
Les bases du partenariat entre les ministères de la défense et de l'éducation nationale ont été posées par les trois protocoles d'accord successifs de 1982, 1989 et 1995.
Ces protocoles ont peu à peu permis une meilleure connaissance mutuelle des deux institutions et une meilleure compréhension.
Depuis 1995, la suspension du service national a fait prendre un nouveau tournant aux relations entre la Défense et l'Education.
Depuis la loi d'octobre 1997, l'enseignement de la défense fait partie intégrante des savoirs dispensés à l'école.
Des documents pédagogiques ont vu le jour ; des cadres militaires prennent part à la formation des enseignants.
De son côté, la Défense se charge en dernier recours de détecter l'illettrisme au cours de la Journée d'appel de préparation à la défense, que 800 000 jeunes effectuent chaque année.
L'enseignement de la défense et la JAPD sont complémentaires dans le parcours citoyen des jeunes. Leur objectif est de susciter une prise de conscience collective des devoirs de tous au regard de l'effort de défense.
La professionnalisation des armées s'est globalement accompagnée d'un renforcement des partenariats, de la mise en place de synergies communes « défense ? éducation nationale », pour répondre aux défis du recrutement, de la reconversion, de l'insertion sociale et professionnelle des jeunes.
De nombreuses conventions ont été passées, tant au niveau national que local, par exemple entre les établissements d'enseignement relevant du ministère de la Défense et les établissements civils de leur région.
En résulte une meilleure connaissance mutuelle, des enseignants comme des élèves.
Au-delà, de plus en plus d'enseignants servent leur pays sous l'uniforme, en tant que réserviste.
Nos efforts communs ont une même ambition : permettre à tout jeune Français d'être un citoyen formé, engagé dans la vie de la nation, inséré socialement et professionnellement.
Avec la multiplication des occasions de coopération entre nos deux institutions, le principe d'un nouveau protocole « défense ? éducation nationale » s'est naturellement imposé.
Gilles de Robien et moi-même avons donné le coup d'envoi des travaux le 24 septembre 2005, lors de la 2ème journée des réservistes de l'éducation nationale.
Ce protocole doit être un acte fort, orientant l'action commune de nos deux institutions pour les dix à venir.
Son élaboration fait l'objet depuis quelques mois d'une large concertation entre nos services.
Les réflexions conduites permettront, à partir de l'état des lieux des relations tissées entre les deux administrations, de mieux percevoir les axes de partenariat à améliorer et à développer.
La concertation associe également ? c'était indispensable ? les échelons locaux.
Recteurs, IUFM, présidents d'université, commandements territoriaux des armées et de la gendarmerie nationale, délégués militaires départementaux, ont été ou seront consultés sur ce sujet.
Le protocole n'en sera que plus applicable directement au niveau académique et opérationnel.
Il ne peut pas et ne doit pas en effet être un simple protocole technique régissant des relations entre deux administrations.
Il doit servir une ambition au service des citoyens, et plus particulièrement des jeunes.
La défense et l'éducation nationale ont l'opportunité de mettre en commun des moyens humains et matériels ; elles peuvent définir des procédures communes ; elles peuvent associer leurs intelligences et leur savoir-faire.
Trois priorités doivent être développées :
- La formation du jeune citoyen
Les différentes étapes du parcours citoyen, qu'elles relèvent de l'éducation nationale, des collectivités locales ou de la défense, doivent être rendues plus cohérentes.
Des actions de formation, des outils clairement identifiés, doivent permettre aux enseignants de conduire en classe un débat utile et objectif sur les enjeux de la défense. Des démarches innovantes doivent être engagées pour offrir aux étudiants un choix large de formations de qualité. Des pôles universitaires associant les écoles de la défense pourraient ainsi être mis en place.
- L'engagement des jeunes dans la vie de la nation
Au travers du prochain protocole, je souhaite que tous les jeunes Français qui ont envie d'aller plus loin, d'en savoir plus, voire de servir leur pays, puissent se voir proposer des orientations, des perspectives d'engagement, qu'elles relèvent de la réserve, du volontariat, de stages. Cet engagement mérite d'être valorisé et - pourquoi pas - d'être pris en compte dans un cursus scolaire ou universitaire.
- L'orientation et l'insertion sociale et professionnelle des jeunes
L'éducation nationale et la défense ont une responsabilité première au service de la cohésion sociale et de l'emploi. Nous devons accompagner individuellement les jeunes qui sont volontaires vers des dispositifs d'insertion sociale et professionnelle : lors de leur orientation dans les établissements scolaires, où il serait bon que nous participions plus activement ; lors de la journée d'appel de préparation à la défense, en liaison avec le dispositif défense 2ème chance ; lors du retour à la vie civile des jeunes militaires.
Le nouveau protocole « défense ? éducation nationale » est une opportunité pour de nouveaux axes de partenariat.
Il donnera un nouvel essor et une meilleure visibilité aux relations entre le monde de la défense et celui de l'éducation.
Encadrer de jeunes hommes et de jeunes femmes : c'est une tâche commune à beaucoup d'enseignants et de cadres militaires.
En accomplissant cette tâche précieuse avec toutes nos énergies, vos énergies, nous préparons l'avenir de notre pays, nous affirmons la cohésion de notre société, nous servons les valeurs de la France.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 mars 2006