Déclaration de Mme Michèle Alliot-Marie, ministre de la défense, sur le rôle de la défense en matière de recherche, à Grenoble le 24 mars 2006.

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Circonstance : Visite de MINATEC (pôle de compétitivité MINALOGIC), à Grenoble (Isère) le 24 mars 2006

Texte intégral


Ma visite à Grenoble aujourd'hui est particulièrement riche.
Elle souligne que le ministère de la défense s'intéresse, autant qu'aux questions militaires, à la santé, la recherche, l'industrie ou les nouvelles technologies.
L'actualité démontre chaque jour la diversité croissante des menaces à notre sécurité. La distinction en sécurité intérieure et extérieure est dépassée. L'insécurité globale appelle des réponses qui le sont tout autant.
Les risques auxquels nous devons faire face nécessitent de mettre à disposition de l'Etat, et notamment des forces qui assurent sa souveraineté et la protection de nos concitoyens, des systèmes de plus en plus sophistiqués.
Dans ce contexte, les questions de recherche sont vitales.
La Défense joue depuis longtemps un rôle de premier plan en matière de recherche (1). Elle s'intéresse à toutes les sources d'innovation, notamment au travers des pôles de compétitivité (2).
La Défense est aujourd'hui en France un acteur majeur de la recherche.
Elle développe et maîtrise les technologies de pointe nécessaires à notre sécurité de demain. Elle appuie les recherches civiles et militaires, qui sont de plus en plus imbriquées.
Nous devons dès aujourd'hui évaluer précisément les besoins, mettre en place des structures, développer les outils, les équipements et les technologies qui nous permettront de faire face aux risques de demain.
Il existe une communauté technologique avérée entre les missions de sécurité et celles de défense.
De nombreux programmes de recherche menés aujourd'hui par la Défense contribuent donc à la sécurité.
Je pense évidemment à la recherche pour la lutte contre les menaces NRBC.
Nous en avons eu ce matin la démonstration lors de notre visite au Centre de recherche du service de santé des armées (CRSSA).
Je salue par ailleurs les membres du séminaire qui se réunissait aujourd'hui même à Grenoble pour un état des lieux de l'avancement du plan interministériel de R&D en lutte NRBC.
Depuis l'an passé, notre effort en matière de sécurité et de menaces NRBC s'inscrit en effet dans le cadre d'un programme interministériel, financé par le ministère de la défense.
Ce programme permet une continuité entre les besoins de protection de la population, des forces de sécurité ou des forces armées face au terrorisme NRBC.
Il est la preuve que l'action du ministère s'inscrit chaque jour davantage dans une démarche de sécurité globale.
J'ai cité le NRBC comme domaine de recherche de la défense, il en existe de nombreux autres : la sécurité des systèmes d'information, des systèmes aériens et des drones, les technologies de surveillance et de traitement des informations, le renseignement, etc.
Tous ces investissements en hommes et en matériel n'ont qu'un objectif : se préparer contre les nouvelles menaces, et répondre ainsi aux attentes des Français en matière de sécurité.
Il est plus que jamais indispensable de dépasser les frontières entre militaire et civil pour mutualiser nos expériences et nos savoir-faire.
Depuis longtemps, les recherches initialisées par la défense pour répondre à ses besoins ont de nombreuses retombées dans le domaine civil.
Elles profitent aux principaux secteurs de l'industrie nationale : l'énergie, l'aéronautique et spatial, l'automobile, les communications, la sécurité.
Les domaines « duaux » de coopération sont aujourd'hui de plus en plus nombreux :
- biotechnologies et technologies pour la santé,
- micro- et nano-technologies,
- technologies de l'information et de la communication,
- technologies spatiales,
- robotique,
- aéronautique et propulsion, etc.
Face à cette imbrication croissante des technologies civiles et de celles de la défense, face aussi au coût des programmes, nous ne pouvons plus nous permettre les duplications.
J'entends pour cette raison que la Défense s'ouvre le plus possible vers la recherche civile.
La DGA poursuit déjà depuis plusieurs années des actions de partenariat avec la communauté de recherche civile.
Elles permettent d'utiliser au mieux les compétences disponibles et de démultiplier l'efficacité des ressources financières.
Il s'agit de rendre plus efficace le système public de recherche.
Ce partenariat permet par ailleurs de faire partager les enjeux de la défense à la communauté civile.
Il incite les meilleurs chercheurs de la communauté scientifique et technique française, et le plus grand nombre d'entre eux, à travailler sur des sujets intéressant la défense.
J'ai voulu que la DGA ait un point de contact de haut niveau pour le monde de la recherche civile : c'est aujourd'hui chose faite avec la Mission pour la Recherche et l'Innovation Scientifique (MRIS).
Par ailleurs, j'ai souhaité que la mission « recherche duale », dans le cadre de la LOLF, soit copilotée par les ministères de la Défense et de la Recherche.
Notre intérêt pour MINATEC illustre lui aussi, au travers des pôles de compétitivité, l'engagement croissant de la Défense dans la recherche et l'innovation.
Le ministère de la défense est très impliqué dans les pôles de compétitivité.
Depuis près de quatre ans, j'ai fait du renforcement de la base industrielle et technologique de défense, ainsi que de la préparation de l'avenir, des priorités.
Indispensables au développement des systèmes d'armes de demain, ces préoccupations rejoignent parfaitement les objectifs des pôles de compétitivité.
A travers les pôles de compétitivité, l'Etat joue en quelque sorte un rôle de chef d'orchestre pour promouvoir la compétitivité et l'attractivité de notre territoire.
Ces pôles ont vocation à dessiner en grande partie la carte du dynamisme économique pour la France des prochaines années.
C'est donc tout naturellement que, dès l'impulsion donnée par le gouvernement aux pôles, et tout au long du processus d'appel à projet, la Défense a apporté ses compétences.
J'ai décidé d'apporter les crédits et l'expertise Défense au dispositif de guichet et de fond unique, attendu par les entreprises et demandé par le Premier ministre.
Aujourd'hui, nous jouons un rôle majeur dans de nombreux pôles, grâce à nos établissements d'enseignement ou de recherche, grâce aux nombreuses entreprises liées à la défense, grâce à nos experts.
J'ai souhaité suivre personnellement les progrès de ces pôles : je me suis rendue récemment à Toulon, à Brest (Pôle Mer) et à Palaiseau (Pôle Systematic).
Au travers de MINATEC et de MINALOGIC, la Défense entend rester à l'écoute de la recherche civile
Dès 2001, MINATEC a eu pour ambition de devenir un pôle d'innovation et d'expertise majeur en Europe pour les micro et nanotechnologies.
Avant l'heure, il respectait tout l'esprit des pôles de compétitivité : une alliance de recherche, d'entreprises, de formation.
Le pôle de compétitivité mondial MINALOGIC, labellisé en juillet dernier, vient aujourd'hui renforcer encore la puissance de cette concentration de compétences.
La Défense est très intéressée par les technologies qui pourront être développées au sein du pôle. L'électronique est en effet de plus en plus présente dans notre outil de défense.
MINALOGIC regroupe des entreprises stratégiques pour la Défense.
Les entreprises SOFRADIR et ULIS développent, avec le CEA, la plupart des détecteurs infrarouge qui sont ou seront utilisés dans les systèmes militaires français.
D'autres entreprises comme Atmel, ST Microelectronics, Radiall, Soitec, ont aussi un potentiel important pour les futurs équipements de nos forces.
Les capacités de recherche offertes par le CEA ou l'Université Joseph Fourier pourront également s'avérer très précieuses pour la préparation de l'avenir de la défense.
Nous suivrons donc attentivement la vie du pôle, et notamment les projets proposés, par l'intermédiaire de notre correspondant Défense.
Ma responsabilité de ministre de la Défense, c'est de donner à nos armées les moyens de remplir leur mission première, celle d'assurer la sécurité de nos concitoyens.
Mais être un responsable politique, c'est aussi faire des choix pour l'avenir.
C'est savoir anticiper les défis de demain, trouver les moyens de les relever, mobiliser les énergies autour de cet objectif.
Par ses efforts de recherche et de développement, la Défense veille à la pertinence et à l'efficacité des futurs équipements de nos forces armées.
Elle contribue aussi pour beaucoup à l'excellence technologique et industrielle de notre pays.
Le maintien de cette excellence, ce doit être une ambition de tous les instants.
A l'image des pôles de compétitivité, cette ambition doit mobiliser tous les acteurs, qu'ils soient militaires ou civils, publics ou privés.
C'est ainsi que nous préparerons l'avenir de la France.Source http://www.defense.gouv.fr, le 28 mars 2006