Déclaration de Mme Brigitte Girardin, ministre déléguée à la coopération, au développement et à la francophonie, sur la présence et l'aide françaises en Afrique du Sud, à Pretoria le 3 avril 2006.

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Intervenant(s) : 
  • Brigitte Girardin - Ministre déléguée à la coopération, au développement et à la francophonie

Circonstance : Déplacement en Afrique du Sud, les 3 et 4 avril-rencontre avec la communauté française, à Pretoria le 3 avril 2006

Texte intégral

Monsieur l'Ambassadeur,
Monsieur le Conseiller à l'Assemblée des Français de l'étranger,
Chers Compatriotes,
Chers Amis,

C'est avec grand plaisir que je m'adresse à vous aujourd'hui à Pretoria, dans cette province où réside la majorité de la communauté française d'Afrique du Sud.
Depuis mon arrivée, j'ai pu apprécier l'environnement exceptionnel qu'offre l'Afrique du Sud à celles et ceux qui ont fait le choix de vivre ici.
Si je me réjouis du dynamisme de votre communauté, je n'en ai pas moins conscience des difficultés auxquelles vous êtes confrontés, et de la nécessité pour notre réseau de maintenir un niveau de service optimal tout en adaptant notre dispositif aux exigences de la modernité.
Ce dynamisme de nos communautés à l'étranger, je suis peut-être plus encore désireuse aujourd'hui de le relever devant vous, dans le contexte quelque peu tendu que nous connaissons en France depuis quelques semaines autour de la question du CPE.
En effet, ce que votre réussite illustre, c'est combien la voie du succès économique - et donc du progrès social - repose avant tout sur l'ouverture aux autres, et sur la mobilité des parcours professionnels. C'est donc cette ouverture et cette mobilité qu'il nous faut faciliter et encourager dans notre pays.
Précisément, c'est cette voie-là que le gouvernement a choisie, et c'est celle-là qu'il entend continuer à suivre, en y associant bien sûr les partenaires sociaux pour en définir avec eux les modalités. C'est tout le sens de l'appel au dialogue qui vient d'être lancé par le président de la République et par le Premier ministre.
Ce choix, j'en ai la conviction, est celui de la modernité.
Un environnement exceptionnel
Puissance politique régionale et première économie du continent, dont elle concentre un quart de la richesse, l'Afrique du Sud connaît une période de croissance remarquable et bien maîtrisée, à un rythme désormais proche de 5 % par an.
La stabilité politique de la démocratie sud-africaine, que les récentes élections locales ont encore illustrée, permet à ce pays d'engager les réformes et les programmes nécessaires pour relever les défis sociaux qui se présentent à elle : SIDA, chômage et criminalité, mais aussi la question sous-jacente des inégalités héritées de l'apartheid et de l'intégration de l'économie informelle dans la "première économie".
Quelle meilleure illustration du dynamisme de la nouvelle Afrique du Sud que la ville de Johannesburg, capitale économique du pays, mais aussi de toute l'Afrique sub-saharienne. La province du Gauteng concentre 350 des 500 sièges sociaux des plus grandes entreprises de tout le continent africain. C'est aussi là que résident près des deux tiers de la communauté française établie en RSA.
Une communauté française particulièrement dynamique
Votre communauté compte plus de 8.000 personnes, dont 6.000 immatriculés dans nos consulats généraux de Johannesburg et du Cap. Un nombre très important - et croissant - de Français, cadres pour la moitié d'entre eux, sont établis en Afrique du Sud pour y représenter quelque 180 entreprises françaises. Les créations d'entreprises par des Français ont augmenté de 9 % entre 2003 et 2004, et de 11 % entre 2004 et 2005.
C'est grâce à ces entreprises que notre commerce bilatéral avec l'Afrique du Sud est aujourd'hui supérieur à celui que nous avons par exemple avec l'Inde. Vous en êtes les principaux acteurs, et je tiens donc à vous en remercier très sincèrement et très chaleureusement.
De plus en plus visible, votre communauté tend aussi à se structurer davantage. Notamment, la vie associative continue de se développer, avec des associations politiques comme l'UFE et l'ADFE, avec des organisations professionnelles comme la Chambre de Commerce et d'Industrie franco-sud-africaine ou la section du Conseil national des Ingénieurs et Scientifiques de France, mais aussi avec d'autres associations telles la Société de Bienfaisance, Jo'bourg Accueil, ou Froggies. Cette activité doit contribuer à renforcer les liens et la solidarité au sein de votre communauté, dans un contexte où les difficultés ne manquent pas.
Une communauté qui rencontre néanmoins certains problèmes
A cet égard, je sais que le problème de la sécurité en Afrique du Sud reste pour vous un sujet de préoccupation constant. La criminalité violente, en particulier à Johannesburg, est une réalité que vous connaissez bien. Si elle est majoritairement concentrée dans certains townships, beaucoup d'entre vous y ont malheureusement directement été confrontés. Le ministère des Affaires étrangères porte une grande attention aux plans de sécurité de nos consulats généraux et à la modernisation de notre réseau d'alerte. Le comité de sécurité de l'ambassade a notamment été activé en 1999, afin que toutes les composantes de notre communauté puissent régulièrement faire part de leurs préoccupations.
Le gouvernement sud-africain a bien compris que les inégalités et la grande pauvreté d'une partie de la population conduisaient à ce climat de violence depuis la fin de l'apartheid. La France a logiquement placé ces mêmes priorités au coeur de sa coopération avec les autorités sud-africaines. C'est tout le sens du "document-cadre de partenariat" élaboré par nos soins pour mieux concentrer notre coopération au cours des cinq prochaines années, et dont j'ai remis le projet aux autorités sud-africaines pour qu'elles l'examinent à leur tour. C'est en effet un véritable partenariat que nous recherchons désormais pour notre politique de coopération, dans un souci de meilleure efficacité, mais aussi pour donner davantage de lisibilité à notre action. J'ai eu l'occasion aujourd'hui de visiter à Soweto les projets réalisés par l'AFD dans le domaine de l'adduction d'eau et du logement social. Il s'agit d'actions exemplaires, qui profitent directement aux populations les plus défavorisées. C'est donc aussi notre intérêt de mieux faire connaître ce que nous faisons.

Pour les cinq prochaines années, notre projet de Document-cadre de partenariat a retenu trois secteurs prioritaires, qui concentreront désormais 80% des crédits de notre coopération. Ces trois secteurs correspondent naturellement à des priorités définies par le gouvernement sud-africain dans sa stratégie de développement :

  • il s'agit d'abord du développement des infrastructures de base et des services essentiels, avec un accent qui sera mis sur le logement social ;
  • deuxième priorité, le secteur productif, afin de contribuer à la création d'emplois ;
  • enfin, troisième secteur prioritaire, l'environnement et les énergies renouvelables.

Je ne doute pas, que toutes et tous, à la place qui est la vôtre, vous saurez apporter un soutien précieux au renouveau de la relation franco-sud-africaine, qui est fondée sur l'amitié et le respect.
Je veux donc, Chers Compatriotes, vous redire en mon nom et au nom de l'ensemble du gouvernement, toute l'estime et toute la reconnaissance que nous vous portons.
Je tiens à saluer une nouvelle fois le dynamisme de la communauté française en Afrique du Sud, et sa contribution chaque jour plus visible à la richesse des relations bilatérales.
Vive la République, vive la France !

Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 6 avril 2006