Interview de M. Christian Estrosi, ministre délégué à l'aménagement du territoire, à Europe 1 le 29 mars 2006, sur la méthode du Premier ministre dans la gestion du conflit du contrat première embauche (CPE), la position de Nicolas Sarkozy et le débat interne au gouvernement.

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Média : Europe 1

Texte intégral

Q- Vous êtes ministre délégué à l'Aménagement du Territoire et proche de N. Sarkozy. Le ministre de l'intérieur a déclaré devant la Commission exécutive du Parti que le Gouvernement était obligé de bouger. "Obligé", qu'est-ce que cela veut dire ?
R- D'abord, je veux dire que rien n'amènera N. Sarkozy à ne pas continuer à affirmer sa volonté de travailler avec D. de Villepin. Plus que jamais, il le soutient, ils sont unis, et il est normal que le ministre de l'intérieur et en même temps président de l'UMP amène à porter sa contribution à la réflexion engagée pour la reprise du dialogue.
Q- Faut-il aller plus loin ? "Obligé de bouger" c'est quoi ? C'est
suspendre, retirer le texte ? Qu'est-ce que cela veut dire ?
R- C'est parfaitement aller dans le sens que D. de Villepin a indiqué, à savoir l'ouverture du dialogue, de la concertation, dans l'attente du délai de promulgation du texte, après que le Conseil constitutionnel se soit prononcé. Il y a aujourd'hui un délai qui est réel, il faut le mettre à profit pour pouvoir engager cette concertation à laquelle appelle le Premier ministre. Et ni plus ni moins, parce que c'est urgent de sortir de la crise, N. Sarkozy appelle à cette négociation et à utiliser la plénitude de ce délai, pour que nous puissions le mettre à profit. Il ne peut pas y avoir d'ultimatum de la part d'un camp ou d'un autre. Ce n'est pas une guerre d'ennemis.
Q- Il n'y a donc pas de différence entre N. Sarkozy et D. de Villepin, c'est ce que vous dites ce matin, alors que l'on a compris un peu le contraire quand même ?
R- Je sais bien que le jeu serait de vouloir opposer... Vous savez, la richesse d'une famille politique, c'est que dans la diversité de méthode, d'appréciation, on puisse additionner les contributions pour trouver des solutions. Et au sein du Gouvernement, il y a un tandem, il y a une équipe : il y a le Premier ministre, il y a son ministre d'état qui a remarquablement géré d'ailleurs hier les manifestations, avec les centaines d'interpellations. Il l'a indiqué : les casseurs seront punis, ils seront déférés devant la justice. Tout cela il ne faut pas le laisser de côté, c'est bien une unité de gestion de la crise, c'est une démonstration que chacun joue parfaitement son rôle, et, à l'intérieur de ce rôle, il y a des contributions au débat. Ce serait tellement triste une formation politique où tout le monde devrait s'exprimer de manière monolithique. Eh bien, dans cette expression, entre l'appel à la négociation aux syndicats que lance D. de Villepin et les propositions de N. Sarkozy d'utiliser la totalité des délais qui nous sont offerts, notamment d'ici la décision du Conseil constitutionnel et ensuite la promulgation du texte, pour que chacun le mette à profit sur des avancées notamment faites par le Premier ministre et évoquées hier par le Premier ministre lors du débat parlementaire, sur la motivation du licenciement, la durée de consolidation du contrat. Et puis je vais vous dire, pour N. Sarkozy, qui est un bâtisseur, qui propose, qui souhaite toujours apporter un peu plus la pierre à l'édifice...
Q- On l'a compris, il n'y a pas l'ombre d'une feuille de papier à cigarette entre N. Sarkozy et D. de Villepin, c'est ce que vous voulez nous dire ce matin.Source: premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 31 mars 2006