Texte intégral
P. Lapousterle - Qui est responsable de la déroute électorale des candidats communistes aux municipales ?
- "Il y a un problème général qui se pose à gauche. Le Parti communiste perd une trentaine de villes de plus de 10 000 habitants - c'est grave, c'est une situation préoccupante. Le Parti socialiste perd 57 villes de plus de 10 000 habitants. Si la gauche peut se réjouir d'avoir obtenu Paris et Lyon, il ne faut pas que cela masque le reste. Qui est responsable ? Il faut tout analyser, mais il y a sûrement un message qui nous interpelle ..."
Est-ce la politique du Gouvernement ou les candidats communistes ?
- " ... qui interpelle à la fois la politique en général, la politique du Gouvernement et les partis politiques, et en l'occurrence, pour ce qui concerne les pertes communistes, qui interpelle le Parti communiste. Il y a un problème de politique en général quand on voit le nombre de gens qui ne se sont pas déplacés, qui ne sont pas allés voter. Il y a de la sanction derrière peut-être, vis-à-vis du Gouvernement, parce que la politique n'est pas assez marquée..."
Vous passez votre temps, avec les autres ministres d'ailleurs, à dire que le bilan était bon, que tout allait plutôt bien pendant la campagne.
- "Il y a des choses positives qui se font, notamment dans le domaine de l'emploi puisque plus d'un million de gens ont retrouvé du travail, mais il reste deux millions de personnes qui sont toujours sans travail et la précarité augmente. Il y a donc de la déception, il y a de la sanction et il y a de la démotivation. Ce sont tous ces éléments qu'il faut prendre en compte et il faut en ajouter encore un qui ne doit pas être ignoré : il y a eu cette vague bleue. Certains prédisaient une vague rose..."
Elle a changé de couleur entre temps !
- "Elle a vraiment changé de couleur ! Et quand je dis "vague bleue", je veux dire que l'électorat de droite s'est mobilisé mais qu'il y a aussi cette recomposition qui apparaît en marche entre la droite et l'extrême droite. Partout on a assisté - des fois dès le premier tour et en tout cas au second tour - à des reports importants de voix d'extrême droite sur la droite. Tous ces éléments interpellent donc directement la politique et les politiques, interpellent le Gouvernement. Il faut sûrement que, vis-à-vis des avancées sociales mais aussi vis-à-vis de la résistance..."
Vous n'aviez pas vu arriver cette déception.
- "On ne l'avait pas vu arriver ? A l'endroit où je me suis présenté, je savais que c'était très difficile !"
Je parle en général, pour les candidats de la gauche.
-"Je rappelle que R. Hue, à la Fête de l'Humanité, avait dit dans un discours
- d'ailleurs les journalistes avaient cité partout cette formule - : "Si jamais il n'y a pas une réponse plus importante aux préoccupations de ceux qui croient le plus en la gauche, nous allons dans le mur." On ne peut pas dire qu'on avait vu arriver cette déferlante bleue, c'est sûr que nous ne l'avions pas vu venir comme cela."
A droite non plus ! Vous êtes donc pardonné...
- "La droite aussi a été un peu surprise !"
Vous entendez certains députés de votre parti, des cadres, des militants, demander que votre direction tire des conclusions politiques de l'échec. M. Gérin, qui est quand même député, demande à la direction de remettre son mandat en jeu ; M. Carvalho, député de l'Oise, demande à R. Hue de se retirer. Ont-ils raison de demander des comptes à la direction du Parti communiste ?
- "Le Parti communiste et la direction vont tirer tous les enseignements de ce qui s'est passé."
Ils demandent que la direction remette son mandat. Quelle est votre réponse ?
- "Ma réponse est qu'il ne faut surtout pas revenir en arrière aujourd'hui. Il y a ceux qui critiquent - ce n'est pas d'aujourd'hui - en se saisissant d'une situation, pour dire qu'il faut en quelque sorte revenir à l'ancienne façon de faire de la politique et à l'ancienne pratique politique du Parti communiste. Il ne faut surtout pas les suivre dans ce sens-là. Mon avis est que le congrès à Martigues - dans un parti, c'est le congrès qui est souverain - a justement décidé que cette mutation dont nous parlons devait se traduire dans les faits, qu'il s'agisse de la pratique politique, qu'il s'agisse du fonctionnement du Parti communiste ..."
Neuf mois après, ce n'est pas encore fait ?!
- .".. et qu'il s'agisse aussi de ce nouveau communisme que nous voulons porter. Il faut le faire, il ne faut pas rester au milieu du guet. La pire des choses aujourd'hui serait l'immobilisme ou le retour en arrière. Nous allons tirer non seulement les enseignements au Conseil national de ce qui s'est passé, mais nous sommes dans la perspective d'un congrès, où à la fois sur la pratique politique et sur la perspective, sur l'espoir que nous devons porter dans le pays, des choses doivent et vont se voir."
Donc, tout s'est mal passé et tous les dirigeants vont rester ?
- "Ceux qui se battent et agissent, et en particulier à R. Hue, le premier des dirigeants du Parti communiste qui depuis des années se bat et se mobilise pour ce nouveau Parti communiste, pour ce nouveau communisme, non seulement ne doivent pas démissionner, mais il faut au contraire qu'ils soient soutenus et encouragés à faire les changements qui ont été voulus par les communistes eux-mêmes lors du congrès."
Craignez-vous une crise sérieuse au Parti communiste, un ébranlement, une menace de scission ?
- "Honnêtement, au Parti communiste et chez les militants communistes, y compris ceux qui sentent qu'aujourd'hui nous sommes en quelque sorte au milieu du guet et que nous ne sommes pas allés jusqu'au bout de ce que nous avons décidé, il y a une attente concernant l'identité communiste, la motivation communiste, le rapport des communistes à la société, pour une mobilisation nouvelle, un militantisme nouveau qui se dessine dans notre paysage politique. La France est quand même une exception : il y a un Parti communiste qui a fait le choix de rester communiste, mais avec une identité et une manière nouvelles. Nous sommes le seul pays d'Europe aujourd'hui. Les communistes et la Parti communiste sont indispensables à la société, y compris indispensables à la gauche."
Vous entendez les Verts demander à L. Jospin de rééquilibrer la majorité en leur faveur puisqu'ils ont eu de bons scores aux élections ?
- "D'abord, tout le monde reconnaît qu'il s'agit d'un scrutin dont la caractéristique dominante - cela a été dit avant et cela a été dit après, le ministère de l'intérieur l'a confirmé hier - est d'être locale. Les caractéristiques au point de vue des équilibrages de la majorité se font sur la base des élections législatives. Aujourd'hui, les 30 députés communistes sont indispensables pour que la majorité soit la majorité à l'Assemblée nationale. Il faut vraiment analyser les choses avec le sérieux et la gravité que la situation impose et surtout ne pas considérer qu'aujourd'hui, comme certains le disent, qu'il n'y aurait plus de Parti communiste et que ce serait la mort du communisme : c'est le contraire qui doit être à l'ordre du jour."
(source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 22 mars 2001)
- "Il y a un problème général qui se pose à gauche. Le Parti communiste perd une trentaine de villes de plus de 10 000 habitants - c'est grave, c'est une situation préoccupante. Le Parti socialiste perd 57 villes de plus de 10 000 habitants. Si la gauche peut se réjouir d'avoir obtenu Paris et Lyon, il ne faut pas que cela masque le reste. Qui est responsable ? Il faut tout analyser, mais il y a sûrement un message qui nous interpelle ..."
Est-ce la politique du Gouvernement ou les candidats communistes ?
- " ... qui interpelle à la fois la politique en général, la politique du Gouvernement et les partis politiques, et en l'occurrence, pour ce qui concerne les pertes communistes, qui interpelle le Parti communiste. Il y a un problème de politique en général quand on voit le nombre de gens qui ne se sont pas déplacés, qui ne sont pas allés voter. Il y a de la sanction derrière peut-être, vis-à-vis du Gouvernement, parce que la politique n'est pas assez marquée..."
Vous passez votre temps, avec les autres ministres d'ailleurs, à dire que le bilan était bon, que tout allait plutôt bien pendant la campagne.
- "Il y a des choses positives qui se font, notamment dans le domaine de l'emploi puisque plus d'un million de gens ont retrouvé du travail, mais il reste deux millions de personnes qui sont toujours sans travail et la précarité augmente. Il y a donc de la déception, il y a de la sanction et il y a de la démotivation. Ce sont tous ces éléments qu'il faut prendre en compte et il faut en ajouter encore un qui ne doit pas être ignoré : il y a eu cette vague bleue. Certains prédisaient une vague rose..."
Elle a changé de couleur entre temps !
- "Elle a vraiment changé de couleur ! Et quand je dis "vague bleue", je veux dire que l'électorat de droite s'est mobilisé mais qu'il y a aussi cette recomposition qui apparaît en marche entre la droite et l'extrême droite. Partout on a assisté - des fois dès le premier tour et en tout cas au second tour - à des reports importants de voix d'extrême droite sur la droite. Tous ces éléments interpellent donc directement la politique et les politiques, interpellent le Gouvernement. Il faut sûrement que, vis-à-vis des avancées sociales mais aussi vis-à-vis de la résistance..."
Vous n'aviez pas vu arriver cette déception.
- "On ne l'avait pas vu arriver ? A l'endroit où je me suis présenté, je savais que c'était très difficile !"
Je parle en général, pour les candidats de la gauche.
-"Je rappelle que R. Hue, à la Fête de l'Humanité, avait dit dans un discours
- d'ailleurs les journalistes avaient cité partout cette formule - : "Si jamais il n'y a pas une réponse plus importante aux préoccupations de ceux qui croient le plus en la gauche, nous allons dans le mur." On ne peut pas dire qu'on avait vu arriver cette déferlante bleue, c'est sûr que nous ne l'avions pas vu venir comme cela."
A droite non plus ! Vous êtes donc pardonné...
- "La droite aussi a été un peu surprise !"
Vous entendez certains députés de votre parti, des cadres, des militants, demander que votre direction tire des conclusions politiques de l'échec. M. Gérin, qui est quand même député, demande à la direction de remettre son mandat en jeu ; M. Carvalho, député de l'Oise, demande à R. Hue de se retirer. Ont-ils raison de demander des comptes à la direction du Parti communiste ?
- "Le Parti communiste et la direction vont tirer tous les enseignements de ce qui s'est passé."
Ils demandent que la direction remette son mandat. Quelle est votre réponse ?
- "Ma réponse est qu'il ne faut surtout pas revenir en arrière aujourd'hui. Il y a ceux qui critiquent - ce n'est pas d'aujourd'hui - en se saisissant d'une situation, pour dire qu'il faut en quelque sorte revenir à l'ancienne façon de faire de la politique et à l'ancienne pratique politique du Parti communiste. Il ne faut surtout pas les suivre dans ce sens-là. Mon avis est que le congrès à Martigues - dans un parti, c'est le congrès qui est souverain - a justement décidé que cette mutation dont nous parlons devait se traduire dans les faits, qu'il s'agisse de la pratique politique, qu'il s'agisse du fonctionnement du Parti communiste ..."
Neuf mois après, ce n'est pas encore fait ?!
- .".. et qu'il s'agisse aussi de ce nouveau communisme que nous voulons porter. Il faut le faire, il ne faut pas rester au milieu du guet. La pire des choses aujourd'hui serait l'immobilisme ou le retour en arrière. Nous allons tirer non seulement les enseignements au Conseil national de ce qui s'est passé, mais nous sommes dans la perspective d'un congrès, où à la fois sur la pratique politique et sur la perspective, sur l'espoir que nous devons porter dans le pays, des choses doivent et vont se voir."
Donc, tout s'est mal passé et tous les dirigeants vont rester ?
- "Ceux qui se battent et agissent, et en particulier à R. Hue, le premier des dirigeants du Parti communiste qui depuis des années se bat et se mobilise pour ce nouveau Parti communiste, pour ce nouveau communisme, non seulement ne doivent pas démissionner, mais il faut au contraire qu'ils soient soutenus et encouragés à faire les changements qui ont été voulus par les communistes eux-mêmes lors du congrès."
Craignez-vous une crise sérieuse au Parti communiste, un ébranlement, une menace de scission ?
- "Honnêtement, au Parti communiste et chez les militants communistes, y compris ceux qui sentent qu'aujourd'hui nous sommes en quelque sorte au milieu du guet et que nous ne sommes pas allés jusqu'au bout de ce que nous avons décidé, il y a une attente concernant l'identité communiste, la motivation communiste, le rapport des communistes à la société, pour une mobilisation nouvelle, un militantisme nouveau qui se dessine dans notre paysage politique. La France est quand même une exception : il y a un Parti communiste qui a fait le choix de rester communiste, mais avec une identité et une manière nouvelles. Nous sommes le seul pays d'Europe aujourd'hui. Les communistes et la Parti communiste sont indispensables à la société, y compris indispensables à la gauche."
Vous entendez les Verts demander à L. Jospin de rééquilibrer la majorité en leur faveur puisqu'ils ont eu de bons scores aux élections ?
- "D'abord, tout le monde reconnaît qu'il s'agit d'un scrutin dont la caractéristique dominante - cela a été dit avant et cela a été dit après, le ministère de l'intérieur l'a confirmé hier - est d'être locale. Les caractéristiques au point de vue des équilibrages de la majorité se font sur la base des élections législatives. Aujourd'hui, les 30 députés communistes sont indispensables pour que la majorité soit la majorité à l'Assemblée nationale. Il faut vraiment analyser les choses avec le sérieux et la gravité que la situation impose et surtout ne pas considérer qu'aujourd'hui, comme certains le disent, qu'il n'y aurait plus de Parti communiste et que ce serait la mort du communisme : c'est le contraire qui doit être à l'ordre du jour."
(source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 22 mars 2001)