Déclaration de Mme Brigitte Girardin, ministre déléguée à la coopération, au développement et à la francophonie, sur le rôle du Haut conseil de la coopération internationale, à Paris le 6 avril 2006.

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Intervenant(s) : 
  • Brigitte Girardin - Ministre déléguée à la coopération, au développement et à la francophonie

Circonstance : 1ère séance plénière du Haut conseil de la coopération internationale (HCCI), à Paris le 6 avril 2006

Texte intégral

Cher Monsieur le Président,
Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,

Je suis particulièrement heureuse de m'adresser à vous, à l'occasion de la première séance plénière du Haut Conseil pour la coopération internationale. Le Haut Conseil a été créé en 1999 et il inaugure aujourd'hui son troisième mandat triennal. C'est également le deuxième, Monsieur le Président, sous votre autorité. Permettez-moi de vous en féliciter, ainsi que tous les membres, nouveaux et anciens.
Je tiens tout d'abord à remercier le Haut Conseil pour l'important travail qu'il a mené au cours de son précédent mandat, ainsi que pour les progrès qu'il a accompli dans son mode de fonctionnement. La quantité et la qualité des avis émis par votre institution sur des sujets très divers en rapport avec le développement méritent en premier lieu d'être soulignés. Pour ne prendre qu'un seul exemple, le travail accompli sur les questions de genre m'a été très précieux pour préparer la manifestation du 8 mars dernier, sur le thème "femmes et développement", que j'ai organisée dans mon ministère, à l'occasion de la Journée de la Femme.
Je voudrais ensuite rappeler, qu'au moment où votre nouveau mandat commence, une réforme profonde du dispositif français d'aide publique au développement se met en place. Cette réforme, initiée en 2004 par le CICID, s'est poursuivie en 2005. Dans le cadre rénové qui est désormais celui de notre aide publique au développement, les missions du Haut Conseil ont toute leur importance.
En effet, la composition très diverse et originale de votre institution en fait le partenaire privilégié du gouvernement dans son dialogue avec la société civile. J'attache, vous le savez, une importance primordiale à ce dialogue.
C'est pourquoi j'ai souhaité saisir votre Conseil sur notre stratégie en matière de gouvernance, ainsi que sur le plan interministériel de sensibilisation de l'opinion publique aux questions de développement, demandé par le CICID en 2005. Ce plan qui est actuellement en cours d'élaboration constitue pour moi une tâche essentielle. En effet, l'action volontariste que nous avons engagée depuis 4 ans, sous l'impulsion du président de la République, pour accroître notre aide au développement, devra trouver le soutien déterminé de nos compatriotes pour se poursuivre. C'est ce que nous enseigne l'expérience de pays, notamment d'Europe du Nord, qui consacrent une plus grande part de leur richesse nationale à l'aide au développement. La France est un pays de générosité à l'égard des plus pauvres, mais le soutien de l'opinion reste fragile et mérite en conséquence des efforts ciblés et continus.
A cet égard, je voudrais vous dire combien j'apprécie votre appui pour l'organisation d'une demi-journée de débats avec la société civile le 11 avril prochain. Cette rencontre sera très utile et je souhaite que nous puissions renouveler ce type de collaboration exemplaire.
Au-delà, le gouvernement attend également beaucoup du HCCI pour l'aider à mieux anticiper et donc à mieux participer aux grands débats mondiaux dont se saisissent les sociétés civiles, ainsi que pour renforcer la production intellectuelle française en matière d'aide publique au développement.
Le programme de travail triennal que vous avez présenté retient toute mon attention et je vous en remercie. Je me félicite notamment de constater la convergence de nos préoccupations, en particulier dans deux domaines :
Tout d'abord, l'efficacité et la prévisibilité de l'aide. Je me suis personnellement impliquée sur ces questions, en particulier pour renforcer la projection à cinq ans de l'aide française, que les documents cadres de partenariat vont désormais exprimer.
Ensuite, l'impact des migrations internationales sur le développement. Ce thème se situe désormais au coeur de l'agenda européen et international, et je m'attache à participer personnellement aux débats qu'il suscite. Après la récente conférence de Bruxelles et un séminaire tenu à Paris, la conférence internationale de Rabat sera, en juillet, une étape essentielle avant le dialogue de haut niveau aux Nations unies en septembre.
Sur cette question des migrations, qui est au croisement des problèmes d'intégration dans notre société et des enjeux du co-développement, le HCCI peut apporter une contribution très utile grâce aux liens privilégiés que vous avez avec le monde associatif. Je constate quotidiennement que l'expérience française en la matière, qui est le plus souvent constituée d'actions concrètes menées par la société civile, est particulièrement innovante. Je serai donc très attentive aux avis que vous formulerez sur ces sujets.
Vous le comprenez, j'attends beaucoup de vous au cours de votre troisième mandat. Car le HCCI est une instance originale, capable d'enrichir notre stratégie en matière de développement. Vos propositions, soyez-en sûrs, nous seront précieuses.
Vos atouts doivent aussi vous permettre d'intensifier le dialogue avec nos partenaires européens. Vous aviez reçu le commissaire au développement et à l'action humanitaire, Louis Michel, il y a quelques mois. Je pense qu'il ne faut pas hésiter également à développer vos échanges avec les sociétés civiles de nos voisins. L'Union européenne est en effet le premier bailleur mondial, avec 55 % de l'aide publique au développement, une part qui devrait encore augmenter à l'avenir. Il est donc indispensable que, parallèlement, la pensée de notre continent sur les questions de développement se renforce et s'enrichisse. Faute de quoi, nous serions amenés à être de simples financiers de politiques définies ailleurs.
Au moment de conclure mon propos, je tiens à remercier très chaleureusement tous les participants de cette première séance plénière. Je veux aussi remercier ses anciens membres pour leur participation à des travaux de grande qualité. Je remercie enfin tous les collaborateurs de cette institution pour le travail accompli dans l'organisation de cet événement.
Je souhaite au HCCI, sous votre autorité, Monsieur le Président, des travaux nombreux, fructueux et éclairants qui puissent guider le gouvernement dans son action, en vue d'améliorer encore l'efficacité de notre aide publique au développement.
Je vous remercie de votre attention.

Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 avril 2006