Texte intégral
Q - Pourquoi s'accrocher à l'échéance utopique du 31 octobre, date butoir pour la tenue de l'élection présidentielle ivoirienne ?
R - Nous sommes tous conscients que le calendrier fixé par la résolution 1633 des Nations unies est ambitieux et exigeant, mais nous devons tout faire pour le respecter. Ce n'est pas le moment de baisser les bras. Sous l'impulsion du Premier ministre, Charles Konan Banny, une dynamique est en route vers des élections "libres, transparentes et crédibles". Reste que les difficultés liées au désarmement et au processus d'identification des électeurs ne doivent pas être sous-estimées. Pour autant, si nous continuons d'avancer, le scrutin pourra se tenir. Nous avons six mois devant nous.
Q - Jugez-vous le président, Laurent Gbagbo, dont l'entourage persiste à diffuser une rhétorique francophobe, digne de la confiance ?
R - La France s'en tient au rôle assigné par la résolution instituant le Groupe de travail international (GTI), garant et arbitre du processus électoral, et qui apporte son soutien au Premier ministre. Celui-ci a pris les choses en main et gère la transition de manière très consensuelle. Il a su gagner la confiance de l'opinion ivoirienne, des forces politiques et de la communauté internationale. Il est exact qu'il y a un "avant" et un "après" Bouaké, et nous sommes bien conscients que certains continuent de jeter de l'huile sur le feu, mais ils sont très minoritaires. La France n'a pas à s'immiscer dans la politique intérieure ivoirienne. Ce sont les Ivoiriens eux-mêmes qui se prononceront sur le choix du futur président. La seule exigence de la communauté internationale, c'est que ce choix se fasse librement au terme d'un scrutin régulier et honnête.
Q - Votre engagement sur le dossier ivoirien semble attester une volonté de clarifier la ligne de Paris, longtemps confuse. Quel mandat Jacques Chirac vous a-t-il confié ?
R - Quand le président de la République m'a demandé de représenter la France au sein du GTI, il était clair qu'il s'agissait bien de veiller à la pleine cohérence de notre politique. Il n'y a qu'une seule ligne et une parfaite coordination entre l'Elysée, Matignon et le Quai d'Orsay. J'y veille personnellement au travers de mes contacts réguliers avec le président et le Premier ministre. Voilà la réalité.
Q - La position du contingent Licorne est-elle tenable ?
R - Ce contingent - environ 4.000 hommes - opère au sein de l'ONUCI, le dispositif des Nations unies. Quand la Côte d'Ivoire aura retrouvé la paix et que la sécurité sera assurée pour tous, Ivoiriens et étrangers, la question du maintien de ce dispositif ONUCI-Licorne se posera. Pour l'heure, il s'agit d'un effort financier, humain et militaire important que la France consent pour le rétablissement de cette paix.
Q - La sécurité des Français vivant sur le sol ivoirien est-elle garantie ?
R - Il reste environ 10.000 Français en Côte d'Ivoire, binationaux compris. Et l'on assiste à l'amorce d'un retour d'industriels ou d'hommes d'affaires, sans leur famille dans la plupart des cas. L'évacuation de 8.000 de nos compatriotes en novembre 2004 a causé un réel traumatisme. Le sentiment de confiance et de sécurité n'a pas encore été rétabli et ne le sera pas tant que des campagnes de presse et des manifestations violentes seront orchestrées pour troubler le jeu. J'espère que la mise en oeuvre du processus démocratique va créer ce déclic qu'attend aussi la très grande majorité des Ivoiriens.
Q - Quelle est la réalité des intérêts français en Côte d'Ivoire ?
R - Contrairement à une idée reçue, la France n'a aucune intérêt dans les secteurs clefs de l'économie ivoirienne, tels le cacao, le café ou le pétrole. En revanche, quelque 500 PME françaises jouent un rôle essentiel en matière d'investissements et d'emploi, et procurent 50 % des recettes fiscales du budget ivoirien. Toute baisse de leur activité a des conséquences négatives directes sur la population. Là aussi, nous devons inverser la tendance et créer une dynamique de croissance et de développement. Nous avons un lien historique et affectif avec la Côte d'Ivoire, pays ami que nous souhaitons aider à sortir de la crise. Au-delà, notre engagement est fondé sur le risque fort de déstabilisation de la région, voire du continent tout entier, si la crise ivoirienne n'est pas rapidement résolue. J'estime que l'intervention de la France, à l'ONU comme sur le terrain, a été décisive pour contenir les risques très sérieux de guerre civile observés depuis trois ans.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 avril 2006
R - Nous sommes tous conscients que le calendrier fixé par la résolution 1633 des Nations unies est ambitieux et exigeant, mais nous devons tout faire pour le respecter. Ce n'est pas le moment de baisser les bras. Sous l'impulsion du Premier ministre, Charles Konan Banny, une dynamique est en route vers des élections "libres, transparentes et crédibles". Reste que les difficultés liées au désarmement et au processus d'identification des électeurs ne doivent pas être sous-estimées. Pour autant, si nous continuons d'avancer, le scrutin pourra se tenir. Nous avons six mois devant nous.
Q - Jugez-vous le président, Laurent Gbagbo, dont l'entourage persiste à diffuser une rhétorique francophobe, digne de la confiance ?
R - La France s'en tient au rôle assigné par la résolution instituant le Groupe de travail international (GTI), garant et arbitre du processus électoral, et qui apporte son soutien au Premier ministre. Celui-ci a pris les choses en main et gère la transition de manière très consensuelle. Il a su gagner la confiance de l'opinion ivoirienne, des forces politiques et de la communauté internationale. Il est exact qu'il y a un "avant" et un "après" Bouaké, et nous sommes bien conscients que certains continuent de jeter de l'huile sur le feu, mais ils sont très minoritaires. La France n'a pas à s'immiscer dans la politique intérieure ivoirienne. Ce sont les Ivoiriens eux-mêmes qui se prononceront sur le choix du futur président. La seule exigence de la communauté internationale, c'est que ce choix se fasse librement au terme d'un scrutin régulier et honnête.
Q - Votre engagement sur le dossier ivoirien semble attester une volonté de clarifier la ligne de Paris, longtemps confuse. Quel mandat Jacques Chirac vous a-t-il confié ?
R - Quand le président de la République m'a demandé de représenter la France au sein du GTI, il était clair qu'il s'agissait bien de veiller à la pleine cohérence de notre politique. Il n'y a qu'une seule ligne et une parfaite coordination entre l'Elysée, Matignon et le Quai d'Orsay. J'y veille personnellement au travers de mes contacts réguliers avec le président et le Premier ministre. Voilà la réalité.
Q - La position du contingent Licorne est-elle tenable ?
R - Ce contingent - environ 4.000 hommes - opère au sein de l'ONUCI, le dispositif des Nations unies. Quand la Côte d'Ivoire aura retrouvé la paix et que la sécurité sera assurée pour tous, Ivoiriens et étrangers, la question du maintien de ce dispositif ONUCI-Licorne se posera. Pour l'heure, il s'agit d'un effort financier, humain et militaire important que la France consent pour le rétablissement de cette paix.
Q - La sécurité des Français vivant sur le sol ivoirien est-elle garantie ?
R - Il reste environ 10.000 Français en Côte d'Ivoire, binationaux compris. Et l'on assiste à l'amorce d'un retour d'industriels ou d'hommes d'affaires, sans leur famille dans la plupart des cas. L'évacuation de 8.000 de nos compatriotes en novembre 2004 a causé un réel traumatisme. Le sentiment de confiance et de sécurité n'a pas encore été rétabli et ne le sera pas tant que des campagnes de presse et des manifestations violentes seront orchestrées pour troubler le jeu. J'espère que la mise en oeuvre du processus démocratique va créer ce déclic qu'attend aussi la très grande majorité des Ivoiriens.
Q - Quelle est la réalité des intérêts français en Côte d'Ivoire ?
R - Contrairement à une idée reçue, la France n'a aucune intérêt dans les secteurs clefs de l'économie ivoirienne, tels le cacao, le café ou le pétrole. En revanche, quelque 500 PME françaises jouent un rôle essentiel en matière d'investissements et d'emploi, et procurent 50 % des recettes fiscales du budget ivoirien. Toute baisse de leur activité a des conséquences négatives directes sur la population. Là aussi, nous devons inverser la tendance et créer une dynamique de croissance et de développement. Nous avons un lien historique et affectif avec la Côte d'Ivoire, pays ami que nous souhaitons aider à sortir de la crise. Au-delà, notre engagement est fondé sur le risque fort de déstabilisation de la région, voire du continent tout entier, si la crise ivoirienne n'est pas rapidement résolue. J'estime que l'intervention de la France, à l'ONU comme sur le terrain, a été décisive pour contenir les risques très sérieux de guerre civile observés depuis trois ans.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 avril 2006