Texte intégral
Q - Comment sortir aujourd'hui de la crise ?
R - On en sortira par l'abrogation du CPE. Le président de la République et le gouvernement portent la lourde responsabilité de la prolongation de la crise alors que s'approchent les examens. La résolution de la crise sociale a été prise en otage par la guerre de succession interne à l'UMP. Tout cela est révélateur de la crise de régime et de la fin de règne que nous connaissons aujourd'hui. Avec un premier ministre qui, pour tenter de sauver sa peau et son éventuelle candidature à la prochaine élection présidentielle, impose au président de la République une solution ahurissante, la « promulgation suspension ! » qui est contraire à tous les principes de l'Etat de droit.
Q - L'UDF pourrait-elle voter la proposition de loi du PS visant à abroger le CPE ?
R - Le PS pourrait aussi voter nos propositions ! L'UDF ne considère pas d'office que ce qui vient du camp d'en face est forcément négatif. Nous avions expliqué qu'il ne fallait pas stigmatiser la jeunesse et nous avions au moins demandé deux choses. D'une part la réduction de la période d'essai, à six mois au lieu de deux ans. D'autre part la motivation du licenciement car dans une société moderne on ne peut pas licencier quelqu'un sans lui dire pourquoi. Mais maintenant c'est trop tard. Ces modifications législatives étaient possibles avant que les gens se mobilisent dans la rue. Désormais il n'y a qu'une solution : l'abrogation pour ouvrir à nouveau la discussion.
Q - Comme l'UMP, l'UDF a invité les partenaires sociaux. Avez-vous reçu des réponses ?
R - Oui, et nous allons tous les recevoir, syndicats de salariés et d'étudiants, patronats. L'UDF aurait cependant souhaité un travail parlementaire collectif à travers une mission parlementaire, et non pas que ce travail soit confié à un seul parti, dont le président est de surcroît le numéro deux du gouvernement. Cela constitue une première dans la Ve République. Le général de Gaulle doit se retourner dans sa tombe. On n'a jamais malmené à ce point les grands principes démocratiques. Or l'état de droit ne peut être respecté par les citoyens que si le pouvoir politique ne s'assoit pas en permanence sur les règles qui le régissent : respect de la société civile et des corps intermédiaires, respect du contre-pouvoir que devrait être le Parlement, respect de la loi que l'on promulgue et respect de l'esprit et de la lettre de la Ve République, c'est-à-dire la primauté de l'exécutif. Les Français ont besoin un Etat exemplaire.
Q - Comme la gauche, demandez-vous également aujourd'hui l'abrogation du CNE ?
R - Dès lors que le CNE est en place, nous demandons de mener l'expérimentation jusqu'au bout, comme s'y était engagé le premier ministre. Au-delà des chiffres truqués du ministère du travail, un collège d'experts indépendants doit analyser concrètement dans les entreprises si ce contrat a créé des emplois. Si c'est le cas, il faut faire preuve de pédagogie et le dire aux Français. Si ce n'est pas le cas, il faudra en tirer toutes les conséquences.
Q - Quelles sont les conséquences de cette crise ?
R - Elle risque de faire perdre plusieurs années à une évolution qui était perceptible dans la société et les syndicats, y compris la CGT, vers une acceptation d'une modernisation du droit du travail.
Q - L'UDF n'a-t-elle pas elle-même radicalisé sa position vis-à-vis du gouvernement ?
R - Non, nous votons toujours les textes qui nous semblent positifs. Si nous étions dans l'opposition radicale, nous ferions comme la gauche, nous ne voterions rien. Nous sommes dans une opposition constructive et non systématique. Dommage que nous ne soyons jamais écoutés.
Propos recueillis par Laurent de Boissieu
source http://www.udf.org, le 7 avril 2006
R - On en sortira par l'abrogation du CPE. Le président de la République et le gouvernement portent la lourde responsabilité de la prolongation de la crise alors que s'approchent les examens. La résolution de la crise sociale a été prise en otage par la guerre de succession interne à l'UMP. Tout cela est révélateur de la crise de régime et de la fin de règne que nous connaissons aujourd'hui. Avec un premier ministre qui, pour tenter de sauver sa peau et son éventuelle candidature à la prochaine élection présidentielle, impose au président de la République une solution ahurissante, la « promulgation suspension ! » qui est contraire à tous les principes de l'Etat de droit.
Q - L'UDF pourrait-elle voter la proposition de loi du PS visant à abroger le CPE ?
R - Le PS pourrait aussi voter nos propositions ! L'UDF ne considère pas d'office que ce qui vient du camp d'en face est forcément négatif. Nous avions expliqué qu'il ne fallait pas stigmatiser la jeunesse et nous avions au moins demandé deux choses. D'une part la réduction de la période d'essai, à six mois au lieu de deux ans. D'autre part la motivation du licenciement car dans une société moderne on ne peut pas licencier quelqu'un sans lui dire pourquoi. Mais maintenant c'est trop tard. Ces modifications législatives étaient possibles avant que les gens se mobilisent dans la rue. Désormais il n'y a qu'une solution : l'abrogation pour ouvrir à nouveau la discussion.
Q - Comme l'UMP, l'UDF a invité les partenaires sociaux. Avez-vous reçu des réponses ?
R - Oui, et nous allons tous les recevoir, syndicats de salariés et d'étudiants, patronats. L'UDF aurait cependant souhaité un travail parlementaire collectif à travers une mission parlementaire, et non pas que ce travail soit confié à un seul parti, dont le président est de surcroît le numéro deux du gouvernement. Cela constitue une première dans la Ve République. Le général de Gaulle doit se retourner dans sa tombe. On n'a jamais malmené à ce point les grands principes démocratiques. Or l'état de droit ne peut être respecté par les citoyens que si le pouvoir politique ne s'assoit pas en permanence sur les règles qui le régissent : respect de la société civile et des corps intermédiaires, respect du contre-pouvoir que devrait être le Parlement, respect de la loi que l'on promulgue et respect de l'esprit et de la lettre de la Ve République, c'est-à-dire la primauté de l'exécutif. Les Français ont besoin un Etat exemplaire.
Q - Comme la gauche, demandez-vous également aujourd'hui l'abrogation du CNE ?
R - Dès lors que le CNE est en place, nous demandons de mener l'expérimentation jusqu'au bout, comme s'y était engagé le premier ministre. Au-delà des chiffres truqués du ministère du travail, un collège d'experts indépendants doit analyser concrètement dans les entreprises si ce contrat a créé des emplois. Si c'est le cas, il faut faire preuve de pédagogie et le dire aux Français. Si ce n'est pas le cas, il faudra en tirer toutes les conséquences.
Q - Quelles sont les conséquences de cette crise ?
R - Elle risque de faire perdre plusieurs années à une évolution qui était perceptible dans la société et les syndicats, y compris la CGT, vers une acceptation d'une modernisation du droit du travail.
Q - L'UDF n'a-t-elle pas elle-même radicalisé sa position vis-à-vis du gouvernement ?
R - Non, nous votons toujours les textes qui nous semblent positifs. Si nous étions dans l'opposition radicale, nous ferions comme la gauche, nous ne voterions rien. Nous sommes dans une opposition constructive et non systématique. Dommage que nous ne soyons jamais écoutés.
Propos recueillis par Laurent de Boissieu
source http://www.udf.org, le 7 avril 2006