Déclaration de M. Julien Dray, porte-parole du PS, sur la façon "inédite et scandaleuse" dont le gouvernement gère la sortie de crise engendrée par la promulgation de la loi contenant le "contrat première embauche" refusé par les syndicats et les étudiants, Paris le 3 avril 2006.

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L'actualité est essentiellement tournée autour du CPE après la déclaration solennelle du Président de la République jeudi soir. Je voudrais dire que nous sommes ce matin dans une situation inédite sous la Vème République. Inédite et scandaleuse. Inédite puisque nous avons pour la première fois un Premier ministre virtuel et un Premier ministre réel. Premier ministre virtuel puisque visiblement on a maintenu en place Mr de Villepin mais on l'a dépossédé de toutes ses possibilités d'actions. Réel parce qu'il y a le Président d'un parti dont on ne sait plus bien qui il est, quel est son rôle, mais semble avoir tous les pouvoirs .
On est dans une situation qui est inédite et scandaleuse. Scandaleuse parce qu'un ministre de l'Intérieur est chargé des négociations sociales, utilise son carnet d'adresses, des relations qu'il peut avoir avec les uns et les autres, fait de la communication dans le dos de tous les partenaires sociaux, de tous ceux qui sont sensés représenter le mouvement. Il est évidemment aujourd'hui dans une petite manoeuvre qui vise à essayer de faire croire qu'il est le sauveur alors que la seule question qui est posée aujourd'hui c'est celle évidemment d'apaiser les esprits en retirant le CPE.
Le Président de la République a donc créé une situation dont même la littérature pour l'instant n'a pas trouvé de terme caractéristique. Puisque nous ne savons plus du tout aujourd'hui la réalité à laquelle nous sommes confrontés.
Nous avons par ailleurs quelque chose qui est une véritable interrogation. Désormais il semblerait que ce sont ceux qui ont voté le CPE comme un seul homme, qui n'ont entendu aucun argument qui a été exprimé pendant des jours et des jours à l'Assemblée Nationale qui deviendraient les interlocuteurs privilégiés du mouvement social ; qui seraient capables tout d'un coup, par je ne sais quelle grâce divine, de comprendre ce qu'ils n'ont pas compris depuis des mois et des mois.
On le voit bien, tout cela n'a qu'un but : essayer de gagner du temps pour désamorcer la colère profonde qui s'exprime.
Alors je voudrais dire, au nom du Parti socialiste, que nous demandons que ce cirque arrête. La France n'est pas un jeu privé. La France appartient aux Françaises et aux Français. Et lorsque l'on n'est pas en capacité de la gouverner on en tire les conséquences. Mais on ne se livre pas à des caricatures auxquelles nous sommes confrontés et qui humilient notre pays sur la scène internationale, qui méprisent le peuple français.
Nous disons donc à l'ensemble de ceux qui sont mobilisés qu'il faut au contraire être encore plus présents dans la rue mardi pour que les choses désormais soient encore plus claires mardi soir : il n'y a qu'une seule solution à la crise, c'est le retrait du CPE. Il n'y aura pas de sortie de crise sans retrait du CPE. Il faut que les choses soient dites clairement . Ce n'est pas nous qui devons les dire, mais ceux qui sont contre cette mesure et qui devront être présents dans leurss manifestations, dans leurs grèves mardi. Et mardi soir il devra y avoir des conclusions qui seront clairement tirées, c'est le respect que l'on doit quand on est un élu du peuple à la démocratie et au peuple français.