Texte intégral
Q- MM. de Rohan et Accoyer sont-ils sympas ? Vous les avez vus hier...
R- Oui, ils sont assez sympas. On les a vus hier, ils sont sympas, mais surtout très inquiets, en fait, et très inquiets de ce que les partenaires ont pu leur dire.
Q- - Justement, que leur avez-vous dit ? Que vous ont-ils répondu ?
R- Ce que nous leur avons dit, c'est qu'il faut utiliser à plein ce temps du dialogue qui peut s'ouvrir. Et l'utiliser à plein, cela veut dire reconstruire les choses. Et reconstruire les choses, c'est partir sur de nouvelles bases et cela veut dire que cela passe par le retrait du CPE.
Q- On enlève et on recommence ?
R- On l'enlève et on recommence. Page blanche. Alors, on a évoqué la page blanche hier entre nous. Donc cela veut dire qu'on peut peut-être réfléchir à la question, faire avancer les choses. Et donc, page blanche, cela veut dire "exit le CPE", parce qu'il le faut, il le faut ! Je veux dire que cela s'est cristallisé, le CPE, ce n'est plus possible.
Q- Ce sont trois lettres maudites maintenant...
R- Ce sont trois lettres maudites, effectivement. Donc il faut le démolir, en fait - excusez-moi de parler comme ça -, le démolir et reconstruire. D'ailleurs, on dit qu'il y a une solution. Nous, on vous fait une proposition pour votre projet qui peut aller très vite, parce qu'il faut aussi aller vite, c'est une proposition de loi avec un préambule. Il y a eu une loi de 2004 sur le dialogue social. Eh bien, on rappelle les partenaires sociaux. Un article premier qui abroge et un article deux qui peut dire : "Je renvoie à la négociation des partenaires sociaux auxquels, je donne neuf ou huit mois de délai, pour remettre en place un dispositif qui corresponde aux attentes des jeunes et aussi des salariés". On disait hier qu'il ne faut pas focaliser sur les jeunes. Il y a de vraies questions qui sont posées aux jeunes, mais la question qu'ils nous avaient posée, c'est comment on entre dans l'entreprise, comment on s'insère dans l'entreprise, comment on arrive à accéder à un emploi durable, un emploi solide, un emploi consolidé. On met une priorité sur les jeunes, évidemment, mais ne focalisons pas sur les jeunes...
Q- Bien sûr, parce que c'est là où ça coince. Que vous ont-ils répondu, à part des mots d'apaisement dont on sait que d'aucun pourrait appeler ça des mots d'endormissement ?
R- En fait, ils ont tenté de revenir sur la question de la suspension. Il est évident qu'aujourd'hui, les choses sont tellement exacerbées...
Q- Ils ont voulu vous rassurer en disant que le président de laRépublique l'a promulguée, mais l'a suspendue en même temps, c'est ça ?
R- Oui. Tout ça, c'est venu dans l'échange, surtout l'écoute et pas trop de questions, en essayant de comprendre la situation, pourquoi on en était arrivé là, pourquoi ce blocage sur le CPE etc. Et puis en disant la solution, c'est peut-être la suspension. On leur a dit "non"...
Q- Vous n'en voulez pas ?
R- Attendez, on n'est pas dans cette logique-là...
Q- Mais en quoi cela vous dérange-t-il, si c'est "suspendu" ? En quoi cela vous dérange-t-il que l'on dise qu'on le garde, on le met dans un coin et puis on reparle ?
R- Parce qu'on ne veut pas repartir sur les bases du CPE, c'est tout simple ! Notre intention, ce n'est pas de créer un énième dispositif, un énième contrat parce que, quand on parle de précarité, on nous dit : "On répond à la précarité par un contrat précaire". On ne veut plus de ça. Précarité, exit aussi ! Excusez-moi de parler comme ça ! Donc, ce que nous disons, c'est qu'il y a la possibilité, les partenaires sociaux sont prêts, de construire des dispositifs, d'ajuster les dispositifs que nous avons, de construire des dispositifs qui répondent à la préoccupation des jeunes notamment. Il ne s'agit pas de les enfermer dans un truc pour leur dire que de toute façon, ils n'ont pas d'expérience, ils n'ont pas de ceci, ils n'ont pas de cela...
Q- Je vais essayer de me faire un peu l'avocat du diable et de défendre le Premier ministre. Il peut très bien vous rétorquer que le problème, ce n'est pas tellement, entre guillemets, de "rassurer les jeunes", c'est de "rassurer les entrepreneurs", en leur offrant justement une possibilité pour favoriser éventuellement des embauches, donc accélérer les flux. Même si ça sort et ça rentre, au moins, il y aura une espèce de système de flux qui va se créer. En disant : "Non, non, occupez-vous d'abord du jeune etc.", ne risquez-vous pas à nouveau de figer les choses ? Je suis entrepreneur : si je vois que j'ai encore une usine à gaz avant de me séparer de quelqu'un, je n'embauche pas...
R- Je vais vous dire tout simplement : posons-nous sérieusement la question. Se poser sérieusement la question, c'est organisations syndicales et employeurs, partenaires sociaux autour de ces questionslà. Aujourd'hui, ce que l'on constate, c'est que le CPE, lui, a fait tout le contraire. On a vu se développer la judiciarisation, la peur du juge. Pour le coup, on a gagné. Mais vous avez le Conseil constitutionnel qui va encore plus loin, qui incite les gens à aller devant les juges pour réclamer la notification de leur licenciement ! Arrêtons tout ça ! Arrêtons tout ça et posons-nous cette question entre partenaires. C'est vrai qu'il y a peut-être, pour la petite entreprise, des réponses à apporter aux questions économiques...
Q- Même dans les grandes...
R- Mais là, il s'agit de questions économiques, de questions structurelles et le code du travail y répond. Alors, je ne vais pas jouer les ringards, mais posons-nous cette question à partir ce qui existe aujourd'hui. Aujourd'hui, le code du travail permet le licenciement économique, la rupture du contrat de travail pour des raisons économiques. Il n'y a pas de difficulté à cet endroit. Alors, comment répond-on effectivement à cette crainte-là ? Mettons-le sur la table à partir des éléments que nous avons et donnons-le à la négociation. C'est important, mais n'inventons pas non plus une période dite de consolidation qui n'en est pas une, en fait... Parce que oui, il faut penser à la consolidation de l'emploi, qui ne soit pas qu'une période d'essai dans laquelle, eh bien, c'est l'avenir en pointillé, où il n'y a pas de garanties, il n'y a rien... Vous voyez, c'est tout le risque pour les salariés en fait, c'est tout le risque pour celui qui entre dans l'entreprise, c'est 100 % de risque...
Q- J'entends bien vos arguments. Néanmoins, sur le problème de la méthode et de la forme, le fait que le Premier ministre se soit figé dans une posture vous a-t-il obligé mécaniquement à vous figer dans une autre posture ? Chacun n'est-il pas, aujourd'hui, dans sa bulle, avec une incapacité de pouvoir bouger et d'aller l'un vers l'autre, un peu comme des héros de l'antiquité ? Vous êtes collés au mur et vous ne pouvez plus faire marche arrière ni l'un ni l'autre. N'est-on pas dans une situation très dangereuse ?
R- Le risque est là, mais je le redis : il est important d'utiliser l'espace que nous avons actuellement, qui est de quelques jours, qui est peut-être d'une semaine, pour dialoguer, pour remettre les choses sur la table. Tout le monde demande ça...
Q- Etait-il nécessaire de mettre un ultimatum au Premier ministre au 17 avril ? Est-ce que ce n'était pas en - passez-moi l'expression ! - en "rajouter une couche" dans le côté figé, justement, des choses ?
R- Ceux qui ont posé l'ultimatum ont peur, parce qu'ils se disent qu'après le 17 avril, ce sont les vacances parlementaires, on va encore perdre du temps, donc trouvons la solution d'ici le 17 avril. Nous avons 15 jours pour le faire, et la solution, on le redit, passe forcément par le retrait du CPE pour reconstruire autre chose. Toutes les organisations syndicales, les douze qui font partie de l'intersyndicale, demandent un dialogue, une négociation, à partir d'une autre base, sur une autre base que le CPE. C'est tout, voilà ! Il faut le prendre comme ça. Il faut le prendre très concrètement. Profitons de ces deux semaines pour reprendre les choses. Et je pense que ce n'est pas impossible. Hier, on a été écouté. Evidemment, il y a ce blocage qui reste parce qu'en face, il n'y a pas demandat sur la question. On veut passer à côté des choses, je ne sais pas comment vous le dire...
Q- C'est un peu le chas d'une aiguille, il faut avoir la foi, quoi !
R- Posons-les. Et effectivement, engageons-nous, nous, responsables syndicaux, parce que nous avons, et la CFTC en particulier, une responsabilité en direction des jeunes. Engageons-nous, prenons ensemble un véritable engagement pour permettre aux jeunes de trouver leur place. C'est ça qu'ils demandent.
Q- Que se passe-t-il si le 18 avril au matin, il ne s'est rien passé, le CPE est toujours là, monsieur Villepin est toujours là et ferme sur ses positions ? Que faites-vous ? C'est la grève générale ? C'est à nouveau des manifs dans les rues ? C'est à nouveau des casseurs ?
R- La CFTC ne veut pas de la grève générale. Il faut comprendre qu'aujourd'hui, la manifestation, c'est que lorsqu'on n'écoute pas, il faut trouver un moyen d'expression.
Q- Cela risque-t-il de partir en vrille ?
R- On risque d'aller de passer à une étape supérieure. C'est triste, d'où l'intérêt pour nous de tout faire pour convaincre le groupe UMP, convaincre le Gouvernement - parce qu'on a les deux en face de nous -, de la nécessité de repartir à zéro. Ça, c'est important parce que tous les risques sont là, c'est vrai.
Q- C'est "Attention, danger !" ?
R- L'intersyndicale est prête à bouger. Effectivement, l'intersyndicale est mobilisée. On l'a vu hier matin et on a vu, pour ce qui nous concerne, que les choses se crispaient de plus en plus. Ce n'est pas possible, arrêtons cela. Il y a vraiment des risques pour le pays aujourd'hui. Prenons-en conscience et remettons-nous vraiment autour de la table et retirons ça. C'est la seule solution.
Qu'attendez-vous du Premier ministre, dans sa conférence de presse de tout à l'heure ? Que devrait-il dire, selon vous ?
R- En fait, ce que l'on demande tout simplement, c'est de redonner la main aux partenaires sociaux, de redonner la main à la négociation très vite, et puis qu'il comprenne qu'on a fait fausse route, que le CPE doit être retiré, qu'on ne parle plus du CPE, qu'il doit être complètement enterré. Ce sont d'ailleurs les bases d'une discussion intelligente. Enfin, ce serait, pour nous, une mesure de bon sens, tout simplement.
Q- En un mot, l'intersyndicale est-elle toujours aussi soudée aujourd'hui ? M. de Villepin aura-t-il toujours un front uni en face de lui, selon vous ?
R- Je pense que c'est bien parti pour. Elle tient, on l'a encore démontré hier et c'est bien parti pour !Source: premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 11 avril 2006
R- Oui, ils sont assez sympas. On les a vus hier, ils sont sympas, mais surtout très inquiets, en fait, et très inquiets de ce que les partenaires ont pu leur dire.
Q- - Justement, que leur avez-vous dit ? Que vous ont-ils répondu ?
R- Ce que nous leur avons dit, c'est qu'il faut utiliser à plein ce temps du dialogue qui peut s'ouvrir. Et l'utiliser à plein, cela veut dire reconstruire les choses. Et reconstruire les choses, c'est partir sur de nouvelles bases et cela veut dire que cela passe par le retrait du CPE.
Q- On enlève et on recommence ?
R- On l'enlève et on recommence. Page blanche. Alors, on a évoqué la page blanche hier entre nous. Donc cela veut dire qu'on peut peut-être réfléchir à la question, faire avancer les choses. Et donc, page blanche, cela veut dire "exit le CPE", parce qu'il le faut, il le faut ! Je veux dire que cela s'est cristallisé, le CPE, ce n'est plus possible.
Q- Ce sont trois lettres maudites maintenant...
R- Ce sont trois lettres maudites, effectivement. Donc il faut le démolir, en fait - excusez-moi de parler comme ça -, le démolir et reconstruire. D'ailleurs, on dit qu'il y a une solution. Nous, on vous fait une proposition pour votre projet qui peut aller très vite, parce qu'il faut aussi aller vite, c'est une proposition de loi avec un préambule. Il y a eu une loi de 2004 sur le dialogue social. Eh bien, on rappelle les partenaires sociaux. Un article premier qui abroge et un article deux qui peut dire : "Je renvoie à la négociation des partenaires sociaux auxquels, je donne neuf ou huit mois de délai, pour remettre en place un dispositif qui corresponde aux attentes des jeunes et aussi des salariés". On disait hier qu'il ne faut pas focaliser sur les jeunes. Il y a de vraies questions qui sont posées aux jeunes, mais la question qu'ils nous avaient posée, c'est comment on entre dans l'entreprise, comment on s'insère dans l'entreprise, comment on arrive à accéder à un emploi durable, un emploi solide, un emploi consolidé. On met une priorité sur les jeunes, évidemment, mais ne focalisons pas sur les jeunes...
Q- Bien sûr, parce que c'est là où ça coince. Que vous ont-ils répondu, à part des mots d'apaisement dont on sait que d'aucun pourrait appeler ça des mots d'endormissement ?
R- En fait, ils ont tenté de revenir sur la question de la suspension. Il est évident qu'aujourd'hui, les choses sont tellement exacerbées...
Q- Ils ont voulu vous rassurer en disant que le président de laRépublique l'a promulguée, mais l'a suspendue en même temps, c'est ça ?
R- Oui. Tout ça, c'est venu dans l'échange, surtout l'écoute et pas trop de questions, en essayant de comprendre la situation, pourquoi on en était arrivé là, pourquoi ce blocage sur le CPE etc. Et puis en disant la solution, c'est peut-être la suspension. On leur a dit "non"...
Q- Vous n'en voulez pas ?
R- Attendez, on n'est pas dans cette logique-là...
Q- Mais en quoi cela vous dérange-t-il, si c'est "suspendu" ? En quoi cela vous dérange-t-il que l'on dise qu'on le garde, on le met dans un coin et puis on reparle ?
R- Parce qu'on ne veut pas repartir sur les bases du CPE, c'est tout simple ! Notre intention, ce n'est pas de créer un énième dispositif, un énième contrat parce que, quand on parle de précarité, on nous dit : "On répond à la précarité par un contrat précaire". On ne veut plus de ça. Précarité, exit aussi ! Excusez-moi de parler comme ça ! Donc, ce que nous disons, c'est qu'il y a la possibilité, les partenaires sociaux sont prêts, de construire des dispositifs, d'ajuster les dispositifs que nous avons, de construire des dispositifs qui répondent à la préoccupation des jeunes notamment. Il ne s'agit pas de les enfermer dans un truc pour leur dire que de toute façon, ils n'ont pas d'expérience, ils n'ont pas de ceci, ils n'ont pas de cela...
Q- Je vais essayer de me faire un peu l'avocat du diable et de défendre le Premier ministre. Il peut très bien vous rétorquer que le problème, ce n'est pas tellement, entre guillemets, de "rassurer les jeunes", c'est de "rassurer les entrepreneurs", en leur offrant justement une possibilité pour favoriser éventuellement des embauches, donc accélérer les flux. Même si ça sort et ça rentre, au moins, il y aura une espèce de système de flux qui va se créer. En disant : "Non, non, occupez-vous d'abord du jeune etc.", ne risquez-vous pas à nouveau de figer les choses ? Je suis entrepreneur : si je vois que j'ai encore une usine à gaz avant de me séparer de quelqu'un, je n'embauche pas...
R- Je vais vous dire tout simplement : posons-nous sérieusement la question. Se poser sérieusement la question, c'est organisations syndicales et employeurs, partenaires sociaux autour de ces questionslà. Aujourd'hui, ce que l'on constate, c'est que le CPE, lui, a fait tout le contraire. On a vu se développer la judiciarisation, la peur du juge. Pour le coup, on a gagné. Mais vous avez le Conseil constitutionnel qui va encore plus loin, qui incite les gens à aller devant les juges pour réclamer la notification de leur licenciement ! Arrêtons tout ça ! Arrêtons tout ça et posons-nous cette question entre partenaires. C'est vrai qu'il y a peut-être, pour la petite entreprise, des réponses à apporter aux questions économiques...
Q- Même dans les grandes...
R- Mais là, il s'agit de questions économiques, de questions structurelles et le code du travail y répond. Alors, je ne vais pas jouer les ringards, mais posons-nous cette question à partir ce qui existe aujourd'hui. Aujourd'hui, le code du travail permet le licenciement économique, la rupture du contrat de travail pour des raisons économiques. Il n'y a pas de difficulté à cet endroit. Alors, comment répond-on effectivement à cette crainte-là ? Mettons-le sur la table à partir des éléments que nous avons et donnons-le à la négociation. C'est important, mais n'inventons pas non plus une période dite de consolidation qui n'en est pas une, en fait... Parce que oui, il faut penser à la consolidation de l'emploi, qui ne soit pas qu'une période d'essai dans laquelle, eh bien, c'est l'avenir en pointillé, où il n'y a pas de garanties, il n'y a rien... Vous voyez, c'est tout le risque pour les salariés en fait, c'est tout le risque pour celui qui entre dans l'entreprise, c'est 100 % de risque...
Q- J'entends bien vos arguments. Néanmoins, sur le problème de la méthode et de la forme, le fait que le Premier ministre se soit figé dans une posture vous a-t-il obligé mécaniquement à vous figer dans une autre posture ? Chacun n'est-il pas, aujourd'hui, dans sa bulle, avec une incapacité de pouvoir bouger et d'aller l'un vers l'autre, un peu comme des héros de l'antiquité ? Vous êtes collés au mur et vous ne pouvez plus faire marche arrière ni l'un ni l'autre. N'est-on pas dans une situation très dangereuse ?
R- Le risque est là, mais je le redis : il est important d'utiliser l'espace que nous avons actuellement, qui est de quelques jours, qui est peut-être d'une semaine, pour dialoguer, pour remettre les choses sur la table. Tout le monde demande ça...
Q- Etait-il nécessaire de mettre un ultimatum au Premier ministre au 17 avril ? Est-ce que ce n'était pas en - passez-moi l'expression ! - en "rajouter une couche" dans le côté figé, justement, des choses ?
R- Ceux qui ont posé l'ultimatum ont peur, parce qu'ils se disent qu'après le 17 avril, ce sont les vacances parlementaires, on va encore perdre du temps, donc trouvons la solution d'ici le 17 avril. Nous avons 15 jours pour le faire, et la solution, on le redit, passe forcément par le retrait du CPE pour reconstruire autre chose. Toutes les organisations syndicales, les douze qui font partie de l'intersyndicale, demandent un dialogue, une négociation, à partir d'une autre base, sur une autre base que le CPE. C'est tout, voilà ! Il faut le prendre comme ça. Il faut le prendre très concrètement. Profitons de ces deux semaines pour reprendre les choses. Et je pense que ce n'est pas impossible. Hier, on a été écouté. Evidemment, il y a ce blocage qui reste parce qu'en face, il n'y a pas demandat sur la question. On veut passer à côté des choses, je ne sais pas comment vous le dire...
Q- C'est un peu le chas d'une aiguille, il faut avoir la foi, quoi !
R- Posons-les. Et effectivement, engageons-nous, nous, responsables syndicaux, parce que nous avons, et la CFTC en particulier, une responsabilité en direction des jeunes. Engageons-nous, prenons ensemble un véritable engagement pour permettre aux jeunes de trouver leur place. C'est ça qu'ils demandent.
Q- Que se passe-t-il si le 18 avril au matin, il ne s'est rien passé, le CPE est toujours là, monsieur Villepin est toujours là et ferme sur ses positions ? Que faites-vous ? C'est la grève générale ? C'est à nouveau des manifs dans les rues ? C'est à nouveau des casseurs ?
R- La CFTC ne veut pas de la grève générale. Il faut comprendre qu'aujourd'hui, la manifestation, c'est que lorsqu'on n'écoute pas, il faut trouver un moyen d'expression.
Q- Cela risque-t-il de partir en vrille ?
R- On risque d'aller de passer à une étape supérieure. C'est triste, d'où l'intérêt pour nous de tout faire pour convaincre le groupe UMP, convaincre le Gouvernement - parce qu'on a les deux en face de nous -, de la nécessité de repartir à zéro. Ça, c'est important parce que tous les risques sont là, c'est vrai.
Q- C'est "Attention, danger !" ?
R- L'intersyndicale est prête à bouger. Effectivement, l'intersyndicale est mobilisée. On l'a vu hier matin et on a vu, pour ce qui nous concerne, que les choses se crispaient de plus en plus. Ce n'est pas possible, arrêtons cela. Il y a vraiment des risques pour le pays aujourd'hui. Prenons-en conscience et remettons-nous vraiment autour de la table et retirons ça. C'est la seule solution.
Qu'attendez-vous du Premier ministre, dans sa conférence de presse de tout à l'heure ? Que devrait-il dire, selon vous ?
R- En fait, ce que l'on demande tout simplement, c'est de redonner la main aux partenaires sociaux, de redonner la main à la négociation très vite, et puis qu'il comprenne qu'on a fait fausse route, que le CPE doit être retiré, qu'on ne parle plus du CPE, qu'il doit être complètement enterré. Ce sont d'ailleurs les bases d'une discussion intelligente. Enfin, ce serait, pour nous, une mesure de bon sens, tout simplement.
Q- En un mot, l'intersyndicale est-elle toujours aussi soudée aujourd'hui ? M. de Villepin aura-t-il toujours un front uni en face de lui, selon vous ?
R- Je pense que c'est bien parti pour. Elle tient, on l'a encore démontré hier et c'est bien parti pour !Source: premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 11 avril 2006