Entretien de M. Philippe Douste-Blazy, ministre des affaires étrangères, avec TV5 le 9 mai 2006 à New York, sur la composition du Conseil des droits de l'homme de l'ONU et sur les solutions diplomatiques avancées à l'ONU face à l'escalade de la crise nucléaire iranienne.

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Média : TV5

Texte intégral

Q - La France peut-elle se féliciter de siéger au Conseil des Droits de l'Homme aux côtés de la Chine, la Russie, Cuba et l'Arabie saoudite, qui sont souvent critiqués en matière de Droits de l'Homme ?
R - D'abord, nous sommes heureux d'avoir été élus. C'est un élément évidemment très important pour nous car la France est le pays des Droits de l'Homme et je remercie tous ceux qui nous ont fait confiance.
Avoir mis en place le Conseil des Droits de l'Homme est une réforme importante par rapport à la Commission des Droits de l'Homme.
C'est un élément majeur car on ne peut pas ignorer les problèmes des Droits de l'Homme qui sont parmi les plus importants de la planète.
Q - Cuba parle ce soir d'une victoire éclatante. N'est-ce pas un peu gênant de siéger aux côtés d'un pays comme Cuba ?
R - Ce qui est important c'est que, dossier par dossier, la France puisse faire respecter les Droits de l'Homme partout sur la planète ; la France et tous ses partenaires. Il y aura des votes démocratiques et s'il y a des gens qui ne veulent s'y joindre, ils seront en minorité.
En tous les cas, la France est bien décidée à se faire entendre dans ce Conseil. Elle a été élue car elle veut faire régner les Droits de l'Homme, comme elle l'a toujours fait et continuera de le faire. Ce sont les valeurs universelles de la France, et, en ce jour de fête de l'Europe je voudrais le rappeler, de l'Europe.
Q - Sur le dossier iranien, quelles solutions proposez-vous aujourd'hui ?
R - Vous savez que tous ceux qui ont assisté au dîner d'hier au soir, les membres permanents du Conseil de sécurité sont très inquiets parce que la communauté internationale avait fait cinq demandes à l'Iran, et que l'Iran a en fait accéléré la mise en oeuvre de son programme nucléaire.
Il est nécessaire de donner à l'Iran un choix. Si l'Iran fait le choix de l'ouverture, s'il accepte la main tendue, nous sommes tout à fait capables, si l'Iran suspend toute activité nucléaire sensible y compris les activités de recherche, de faire des propositions incitatives positives, y compris dans le domaine du nucléaire civil, du commerce de la technologie ou de la sécurité.
Les Américains pourraient s'unir avec les Européens pour faire des propositions.
Q - Pour terminer, comment voulez-vous convaincre ?
R - Justement, nous Européens, nous Français avec nos amis britanniques et allemands, nous pouvons faire une synthèse entre d'un côté les Russes et les Chinois qui ne veulent pas d'automaticité vers la force, et de l'autre les Américains qui voudraient peut-être ne pas avancer suffisamment de propositions positives.
Il faut faire une synthèse entre les deux, je crois que c'est possible. Il n'y a que la voie diplomatique qui peut y arriver. C'est nécessaire pour la stabilité du monde. L'Iran, plus que jamais, est devant ses responsabilités ce soir.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 mai 2006