Texte intégral
Monsieur le président de l'Assemblée nationale,
cher Jean-Louis,
madame la ministre,
chère Catherine,
chers amis
Jean-Louis DEBRE a rappelé ce qui avait fondé l'esprit de l'Europe. L'Europe est née dans les décombres de la guerre il y a un peu plus de 60 ans, tirant les leçons de ce qui avait été une déchirure irréparable à la fois dans les corps, dans la chair de l'homme européen et en même temps dans l'esprit de notre continent. Des hommes se sont levés, un peu partout en Europe, des hommes différents, des hommes de culture, de langue, d'horizon différent mais qui avaient tous ensemble un même projet ; faire en sorte que les divisions de l'histoire, les terribles répétitions de l'histoire enfin cessent.
Et cette Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier, c'est tout un symbole parce que l'histoire contemporaine de l'Europe commence avec les deux symboles de la puissance et de la guerre : le charbon et l'acier. Et c'est sur le charbon et sur l'acier que s'affirme l'esprit européen.
Aujourd'hui, vous, chacune et chacun, vous êtes les ambassadeurs et vous êtes les ambassadrices de l'Europe et comme tous les bons ambassadeurs et comme toutes les bonnes ambassadrices, vous arborez un merveilleux sourire, celui de la jeunesse de l'Europe. Ce sourire c'est le trait d'union entre les Européens. C'est ce qui nous permet les uns et les autres quand nous nous croisons ici ou ailleurs, de nous reconnaître comme Européens, de nous comprendre même si nous ne partageons pas toujours la même connaissance de la langue de l'autre. Mais au-delà de cette réalité que représente Erasmus, il y a un symbole, un symbole très fort que vous vivez et que vous partagez ici aujourd'hui à Paris, demain peut-être ailleurs en Europe.
C'est l'idée d'une Europe de la fraternité, c'est l'idée d'une Europe de la solidarité, c'est l'idée d'une Europe du partage et de l'échange. Parce que vous êtes Britanniques, parce que vous êtes Suédoises, parce que vous êtes Lituaniens, parce que vous êtes Espagnols, parce que vous êtes Italiens, parce que vous Finlandais, vous avez éprouvé à un moment donné le besoin de venir en France. Et d'abord je veux vous dire que cela nous touche, cela nous touche et cela nous honore que vous ayez eu à coeur de découvrir un autre pays de l'Europe et c'est aussi la chance d'Erasmus : se pencher sur la culture d'un autre, se pencher sur le coeur et sur l'âme d'un autre pays. Vous et nous, nous pouvons sauver ce qu'il y a de plus fort et de plus important dans l'Europe. Ce sont nos valeurs : la tolérance, l'esprit de justice, l'esprit de paix, la culture qui est au coeur de notre engagement d'Européen. Cela vous le portez et grâce à vous, nous sauverons Cervantes, nous sauverons Molière, nous sauverons Shakespeare, nous sauverons Holderlin, nous sauverons Imre Kertesz et beaucoup d'autres. Nous sauverons l'âme de l'Europe quoi qu'il arrive à travers les âges et à travers les continents. Car au plus profond de cette Europe, il y a quelque chose de singulier, quelque chose qui nous différencie de tous les autres continents, de tous les autres espaces et de toutes les autres aventures humaines. C'est ce qu'on a appelé l'insatisfaction créatrice. En naissant, le jeune Européen, il a quelque chose de particulier, quelle que soit la taille de la petite cuillère qu'il a dans la bouche, qu'elle soit de bronze, d'or ou d'argent ; qu'elle le prédestine à une heureuse naissance ou à l'infortune, il y a quelque chose de commun et c'est cette insatisfaction. Nous savons qu'il y a quelque chose en nous de plus grand que nous, que nous sommes les héritiers de quelque chose qui nous dépasse, qu'en regardant autour de nous les peuples qui nous entourent, nous réussirons à fabriquer notre vie. Nous ne sommes pas contents de nous. L'histoire de l'Européen, ce n'est pas l'histoire d'un citoyen qui tourne autour de son nombril, ce n'est pas l'histoire d'un homme qui tourne autour de sa chambre ; c'est l'histoire d'un homme qui rêve de changer la vie et de changer le monde.
Alors c'est beaucoup d'espoirs et c'est en même temps une grande aventure. Je veux rêver avec vous, non pas simplement parce que cela nous allons le réaliser, que nous puissions doubler le nombre de bourses Erasmus d'ici à 2013, mais que tous les jeunes européens aient un jour la chance de pouvoir passer quelques mois dans un des pays autres de l'Europe. Qu'ils aient pu croiser un regard et se dire " entre lui et moi, entre elle et moi, il y a quelque chose de singulier ". Saint-Exupéry a imaginé qu'on puisse se croiser sur d'autres planètes et c'est vrai qu'entre Européens, même très loin, en se croisant, il y a quelque chose qui s'allume, quelque chose qui fait que l'on se reconnaît, quelque chose qui fait que l'on s'estime, quelque chose qui fait que l'on veut échanger les uns avec les autres.
Alors oui je rêve d'une Europe où chaque Européen, chaque jeune européen puisse grandir quelques mois dans un autre pays de l'Europe, puisse apprendre plus d'une autre langue de l'Europe et que cette Babel européenne -j'ai été au Conseil européen, j'ai représenté la France au Conseil européen avec le président CHIRAC, dans des moments difficiles et je sais qu'il n'est pas toujours facile de retrouver le Nord, le Sud, l'Est et l'Ouest parce qu'il faut apprendre à 25, 27 ou plus, il faut apprendre à se connaître ; il faut apprendre à se découvrir, il faut apprendre à se comprendre - eh bien je rêve qu'un jour dans ce qui est encore une Babel européenne, chacun d'entre nous connaisse les Sésames, les noms de code, les mots de passe qui permettent d'entrer chez l'autre, en frappant avec respect, mais toujours avec au coeur la chaleur, l'affection, l'estime, le respect qui font que cet autre est toujours un ami, une amie et c'est pour cela que je vous dis non-seulement bienvenue, mais quelle joie de vous avoir ici chez nous, en France. Je vous remercie.Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 16 mai 2006
cher Jean-Louis,
madame la ministre,
chère Catherine,
chers amis
Jean-Louis DEBRE a rappelé ce qui avait fondé l'esprit de l'Europe. L'Europe est née dans les décombres de la guerre il y a un peu plus de 60 ans, tirant les leçons de ce qui avait été une déchirure irréparable à la fois dans les corps, dans la chair de l'homme européen et en même temps dans l'esprit de notre continent. Des hommes se sont levés, un peu partout en Europe, des hommes différents, des hommes de culture, de langue, d'horizon différent mais qui avaient tous ensemble un même projet ; faire en sorte que les divisions de l'histoire, les terribles répétitions de l'histoire enfin cessent.
Et cette Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier, c'est tout un symbole parce que l'histoire contemporaine de l'Europe commence avec les deux symboles de la puissance et de la guerre : le charbon et l'acier. Et c'est sur le charbon et sur l'acier que s'affirme l'esprit européen.
Aujourd'hui, vous, chacune et chacun, vous êtes les ambassadeurs et vous êtes les ambassadrices de l'Europe et comme tous les bons ambassadeurs et comme toutes les bonnes ambassadrices, vous arborez un merveilleux sourire, celui de la jeunesse de l'Europe. Ce sourire c'est le trait d'union entre les Européens. C'est ce qui nous permet les uns et les autres quand nous nous croisons ici ou ailleurs, de nous reconnaître comme Européens, de nous comprendre même si nous ne partageons pas toujours la même connaissance de la langue de l'autre. Mais au-delà de cette réalité que représente Erasmus, il y a un symbole, un symbole très fort que vous vivez et que vous partagez ici aujourd'hui à Paris, demain peut-être ailleurs en Europe.
C'est l'idée d'une Europe de la fraternité, c'est l'idée d'une Europe de la solidarité, c'est l'idée d'une Europe du partage et de l'échange. Parce que vous êtes Britanniques, parce que vous êtes Suédoises, parce que vous êtes Lituaniens, parce que vous êtes Espagnols, parce que vous êtes Italiens, parce que vous Finlandais, vous avez éprouvé à un moment donné le besoin de venir en France. Et d'abord je veux vous dire que cela nous touche, cela nous touche et cela nous honore que vous ayez eu à coeur de découvrir un autre pays de l'Europe et c'est aussi la chance d'Erasmus : se pencher sur la culture d'un autre, se pencher sur le coeur et sur l'âme d'un autre pays. Vous et nous, nous pouvons sauver ce qu'il y a de plus fort et de plus important dans l'Europe. Ce sont nos valeurs : la tolérance, l'esprit de justice, l'esprit de paix, la culture qui est au coeur de notre engagement d'Européen. Cela vous le portez et grâce à vous, nous sauverons Cervantes, nous sauverons Molière, nous sauverons Shakespeare, nous sauverons Holderlin, nous sauverons Imre Kertesz et beaucoup d'autres. Nous sauverons l'âme de l'Europe quoi qu'il arrive à travers les âges et à travers les continents. Car au plus profond de cette Europe, il y a quelque chose de singulier, quelque chose qui nous différencie de tous les autres continents, de tous les autres espaces et de toutes les autres aventures humaines. C'est ce qu'on a appelé l'insatisfaction créatrice. En naissant, le jeune Européen, il a quelque chose de particulier, quelle que soit la taille de la petite cuillère qu'il a dans la bouche, qu'elle soit de bronze, d'or ou d'argent ; qu'elle le prédestine à une heureuse naissance ou à l'infortune, il y a quelque chose de commun et c'est cette insatisfaction. Nous savons qu'il y a quelque chose en nous de plus grand que nous, que nous sommes les héritiers de quelque chose qui nous dépasse, qu'en regardant autour de nous les peuples qui nous entourent, nous réussirons à fabriquer notre vie. Nous ne sommes pas contents de nous. L'histoire de l'Européen, ce n'est pas l'histoire d'un citoyen qui tourne autour de son nombril, ce n'est pas l'histoire d'un homme qui tourne autour de sa chambre ; c'est l'histoire d'un homme qui rêve de changer la vie et de changer le monde.
Alors c'est beaucoup d'espoirs et c'est en même temps une grande aventure. Je veux rêver avec vous, non pas simplement parce que cela nous allons le réaliser, que nous puissions doubler le nombre de bourses Erasmus d'ici à 2013, mais que tous les jeunes européens aient un jour la chance de pouvoir passer quelques mois dans un des pays autres de l'Europe. Qu'ils aient pu croiser un regard et se dire " entre lui et moi, entre elle et moi, il y a quelque chose de singulier ". Saint-Exupéry a imaginé qu'on puisse se croiser sur d'autres planètes et c'est vrai qu'entre Européens, même très loin, en se croisant, il y a quelque chose qui s'allume, quelque chose qui fait que l'on se reconnaît, quelque chose qui fait que l'on s'estime, quelque chose qui fait que l'on veut échanger les uns avec les autres.
Alors oui je rêve d'une Europe où chaque Européen, chaque jeune européen puisse grandir quelques mois dans un autre pays de l'Europe, puisse apprendre plus d'une autre langue de l'Europe et que cette Babel européenne -j'ai été au Conseil européen, j'ai représenté la France au Conseil européen avec le président CHIRAC, dans des moments difficiles et je sais qu'il n'est pas toujours facile de retrouver le Nord, le Sud, l'Est et l'Ouest parce qu'il faut apprendre à 25, 27 ou plus, il faut apprendre à se connaître ; il faut apprendre à se découvrir, il faut apprendre à se comprendre - eh bien je rêve qu'un jour dans ce qui est encore une Babel européenne, chacun d'entre nous connaisse les Sésames, les noms de code, les mots de passe qui permettent d'entrer chez l'autre, en frappant avec respect, mais toujours avec au coeur la chaleur, l'affection, l'estime, le respect qui font que cet autre est toujours un ami, une amie et c'est pour cela que je vous dis non-seulement bienvenue, mais quelle joie de vous avoir ici chez nous, en France. Je vous remercie.Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 16 mai 2006