Déclaration de M. Christian Poncelet, président du Sénat, sur la coopération décentralisée et la coopération franco-malgache, Antananarivo le 11 mai 2006.

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Circonstance : Voyage de M. Poncelet à Madagascar, pour les assises de la coopération décentralisée, les 11 et 12 mai 2006

Texte intégral

Monsieur le Président de la République, Cher Ami,
Monsieur le Président du Sénat,
Monsieur le Premier ministre,
Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires, Chers Collègues,
Monsieur le Représentant de l'ARF,
Mesdames et Messieurs les élus des collectivités territoriales malgaches et françaises,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi, tout d'abord, de vous dire, en mon nom propre et en celui des collègues qui m'accompagnent dans ce voyage, la joie et l'honneur qui sont les nôtres d'être ici parmi vous.
Comme vous pouvez le constater, je suis accompagné d'une nombreuse délégation parmi laquelle figurent un des trois Questeurs du Sénat, M. Jean FAURE, qui est aussi, en même temps, Président du groupe d'amitié France-Madagascar du Sénat français et membre éminent de la Délégation du Bureau du Sénat à la Coopération décentralisée.
S'y ajoutent M. Louis LE PENSEC, Sénateur du Finistère, M. Christian DEMUYNCK, Sénateur de la Seine-Saint-Denis, M. Jean-Pierre PLANCADE, Sénateur de la Haute-Garonne, M. André VANTOMME, Sénateur de l'Oise et M. Adrien GIRAUD, Sénateur de Mayotte.
Ce plaisir est aussi celui d'être à Madagascar, pays magnifique qu'aucun d'entre nous ne se lasse de découvrir et redécouvrir, tant ses trésors sont diversifiés. Je pense, entre autres, à l'hospitalité de ses habitants que vous incarnez si bien, Monsieur le Président de la République, en nous accueillant chez vous, dans ce palais, ce matin.
Le Sénat français est heureux d'avoir pu contribuer à l'organisation des ces Assises de la coopération décentralisée, aux côtés des collectivités territoriales auxquelles elles sont entièrement dédiées. Il a choisi de s'associer à cet événement dont il mesure l'importance, tant du point de vue du développement en général que de celui de la coopération entre Madagascar et la France en particulier.
La coopération réussie permet de valoriser les intérêts et les qualités de deux partenaires. La coopération décentralisée est, à cet égard, une modalité de partenariat qui permet le plus souvent de remplir cet objectif.
Ces assises démontrent, une fois encore, l'intérêt grandissant de la coopération décentralisée. Entre la France et Madagascar bien entendu, mais ce phénomène est aussi mondial. Les premières rencontres de la coopération décentralisée franco-chinoise se sont tenues l'année passée à Wuhan, en octobre 2005, tandis qu'un projet de forum de la coopération décentralisée entre l'Union européenne et l'Amérique Latine/Caraïbes se prépare, associant plusieurs pays de l'Union européenne, la France ayant donné l'impulsion de départ.
C'est que la coopération décentralisée est devenue un mode d'action complémentaire -et même indispensable- des actions de coopération traditionnelles, menées par les Etats ou les organisations internationales.
Un des enjeux de ces assises est de le montrer.
Enjeu à la résonance particulière à Madagascar, Monsieur le Président de la République, où le gouvernement s'est engagé résolument dans un processus de consolidation de la décentralisation auquel vous êtes personnellement attaché.
Les citoyens attendent en effet de leurs élus une plus grande proximité.
Proximité avec les électeurs, proximité entre les pouvoirs publics et les usagers, proximité entre tous les acteurs du développement au sein d'un même territoire à dimension humaine.
Cette proximité, cette décentralisation, il appartient à chaque Etat de la bâtir, en fonction de ses spécificités sociales et culturelles.
Je me réjouis à cet égard que figurent, parmi les priorités de notre coopération bilatérale, la décentralisation et la promotion de la coopération décentralisée. J'y vois en effet l'opportunité d'une vraie cohérence entre l'action de l'Etat et des collectivités territoriales.
La tenue de ces assises de la coopération décentralisée permet, comme on l'a vu ailleurs, de faire le point sur les nombreuses actions et initiatives qui enrichissent nos relations bilatérales. Ces assises ont cependant deux particularités.
En premier lieu, elles se veulent ouvertes. Le concept de coopération décentralisée est certes particulièrement valorisé en France et la coopération décentralisée franco-malgache est, en importance, exemplaire et presque sans équivalent. La très forte mobilisation des collectivités françaises participant à ces assises en témoigne de manière éclatante. Mais ce concept né, il est vrai, en France, ne nous appartient pas et d'autres pays, représentés aujourd'hui, développent également une coopération décentralisée qui permet à Madagascar de diversifier ses partenariats. Je suis heureux de le souligner.
En second lieu, ces assises prennent la pleine mesure de la demande des collectivités territoriales malgaches qui sont soucieuses aujourd'hui de mieux s'organiser autour de leurs missions de service public.
Ainsi font-elles la part belle au concept d'« Appui institutionnel » qui consiste à leur apporter, ou simplement conforter, les capacités de libre administration qui peuvent leur faire défaut.
Or, qui peut être mieux placé qu'une collectivité territoriale pour comprendre les problématiques d'organisation et de développement d'une autre collectivité territoriale, confrontée elle-même à des enjeux similaires ?
J'ai eu l'occasion, dans d'autres enceintes, d'évoquer le principe de subsidiarité en soulignant que ce qui est vrai pour les relations entre l'Union européenne et ses Etats membres l'est aussi à l'intérieur des Etats membres où l'Etat ne doit faire que ce que les collectivités régionales ou locales ne peuvent pas faire. Car la coopération décentralisée a sa propre valeur ajoutée dans le concert de l'aide au développement.
Certes les échelles peuvent différer, les moyens aussi mais l'expérience a d'ores et déjà démontré que les élus locaux du monde entier s'entendent et peuvent se comprendre au-delà de leurs différences si l'écoute, le respect et la disponibilité sont au rendez-vous.
On ne doit pas pour autant négliger l'approche sectorielle privilégiée jusqu'ici : la contribution de nos collectivités à la réhabilitation d'un centre de santé ou d'une école, par exemple, restera en effet toujours appréciable au regard de l'impact qu'elle peut avoir sur la qualité de vie des populations.
Mais dans ce cas, effectivement, leurs actions peuvent être complémentaires de celles des ONG qui disposent d'une expertise indéniable.
L'appui institutionnel peut constituer une démarche novatrice illustrant une évolution dans les rapports de coopération mettant l'accent sur les notions de pérennité des liens et de responsabilité croissante des autorités locales.
Ce mouvement est soutenu par les responsables publics et les autorités politiques.
Votre présence à cette cérémonie, Monsieur le Président de la République, en est la confirmation la plus manifeste, de même que celle de Monsieur le Président du Sénat et des membres du gouvernement.
La présence, nombreuse et au plus haut niveau, des collectivités françaises est également un signe extrêmement positif, d'une part du crédit dont Madagascar jouit déjà, d'autre part des perspectives de développement d'une coopération décentralisée rénovée et amplifiée qu'ouvrent ces assises.
Une même volonté de dialogue, d'échange et de respect mutuel a guidé le travail de préparation de cette rencontre et le mérite en revient largement, je crois, aux deux comités créés pour cette occasion, à Madagascar et en France, et je tiens à les féliciter.
Je ne saurais conclure mon allocution, sans saluer l'ensemble des représentants des collectivités malgaches, des provinces, des régions et des communes, à qui ces assises sont en premier lieu destinées et à qui il appartient, in fine, de donner vie et qualité à la coopération décentralisée et aux partenariats.
J'appelle de mes voeux, pour ma part, que ces assises permettent de conforter encore davantage, l'amitié qui prévaut non seulement dans les relations entre les collectivités de nos deux pays, mais aussi entre nos deux Sénats -nous signerons demain matin un accord de coopération- et, plus généralement, entre nos deux pays.
Continuons tous, ensemble, à oeuvrer pour le développement des relations d'amitié qui unissent Madagascar et la France.
Je vous remercie.Source http://www.senat.fr, le 15 mai 2006