Déclaration de Mme Arlette Laguiller, porte-parole de Lutte ouvrière, sur le climat social et politique actuel fait de précarité pour beaucoup, de scandales avec l'affaire Clearstream, sur les revendications à défendre pour les élections présidentielles 2007, Toulouse le 12 mai 2006.

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Circonstance : Meeting à Toulouse le 12 mai 2006

Texte intégral

Travailleuses, travailleurs, camarades et amis
Pour une fois, les toutes dernières semaines ont donné l'occasion, de se réjouir d'un recul du gouvernement, sous la pression de la rue, sur une mesure anti-ouvrière. Le Contrat Première Embauche en était une, destinée à être, avec le CNE, une étape dans la légalisation de la précarité. La mobilisation des étudiants et des lycéens et les manifestations à l'appel des organisations syndicales ont contraint le gouvernement à remballer piteusement sa décision, votée pourtant par la majorité réactionnaire de l'Assemblée et promulguée par Chirac.
Mais si le CPE est passé à la trappe, on ne peut pas en dire autant de la précarité. Pas seulement parce que le Contrat Nouvelles Embauches continue à être appliqué, alors qu'il est vraiment l'équivalent du CPE pour les entreprises de moins de 20 salariés. Elle est imposée à cette composante du monde du travail qui a plus de difficultés à se défendre que les travailleurs des grandes entreprises.
Mais bien au-delà du CNE, des millions de travailleurs sont contraints d'accepter des contrats précaires et les salaires misérables qui vont avec. Depuis trente ans, la prétendue « lutte contre le chômage », dont se sont flatté tous les gouvernements, a consisté à inventer de nouveaux contrats précaires. Ils sont tous beaucoup moins favorables aux travailleurs que les contrats à durée indéterminée. Mais ils sont tous plus favorables aux patrons car il y a à la clé des baisses de charges patronales pour la Sécurité sociale ou une diminution de la fiscalité. Et ils ont tous en commun de n'avoir créé aucun emploi supplémentaire, mais d'inciter seulement les patrons qui avaient besoin d'embaucher, à le faire sous contrats précaires plutôt qu'en CDI.
Tous ces emplois dits aidés n'ont aidé que les patrons, pas les travailleurs ! Mais ils ont creusé le déficit des budgets de l'Etat et de la Sécurité sociale, ce qu'on fait en plus payer aux salariés.
Et tous ces contrats précaires s'ajoutent aux CDD et à l'intérim qui permettaient, déjà, aux patrons de se passer des contrats normaux et d'embaucher et licencier en fonction de leurs seuls besoins.
Mais qui peut affirmer que la sécurité de l'emploi existe, même pour ceux des salariés qui sont embauchés en contrats à durée indéterminée ? Combien de grandes entreprises procèdent à des licenciements collectifs ou à des suppressions d'emplois ?
La précarité fait partie depuis toujours de la condition ouvrière. Cela en est même un des signes caractéristiques. Car le problème fondamental est que les usines, les machines, les richesses et les moyens de les produire appartiennent à la minorité capitaliste de la société. Cette minorité riche dispose d'un pouvoir absolu sur les travailleurs. Elle peut les embaucher ou pas, elle peut les licencier à son gré, comme elle l'entend, sans avoir de comptes à rendre à quiconque. Sans le moindre contrôle de la société, même lorsqu'un licenciement collectif ou une fermeture d'entreprise plonge dans le désastre toute une ville ou une région entière. Marx dénonçait aux XIXème siècle le fait qu'un bourgeois pouvait « fermer une mine comme il fermait sa tabatière ». Les bourgeois n'ont plus de tabatières mais ils ont des usines.
La législation, le code du travail ont toujours été une mince protection pour les travailleurs. Mais, par les temps qui courent, le rapport de forces est favorable au grand patronat. Il ne veut plus aucune limitation à son autorité absolue.
On nous parle de démocratie, mais la vie économique et sociale est soumise en permanence à la dictature absolue des groupes industriels et financiers. Depuis plusieurs années, le profit des grandes entreprises explose. Mais c'est aux salariés, aux pauvres qu'on en fait payer le prix.
La société crève du chômage. Mais pourquoi ? Au fond, pour les mêmes raisons qui font que la hausse du pétrole est une calamité pour la population alors qu'elle permet au trust d'empocher des profits fantastiques. A qui impose-t-on des sacrifices ? A qui n'en impose-t-on jamais ?
Oui, la hausse du prix de l'essence est une calamité pour les travailleurs qui sont obligés d'utiliser leur voiture faute de transport collectif convenable. C'est une calamité plus grave encore pour tous ceux qui ne peuvent plus payer leur facture de fioul domestique ou de gaz qui a augmenté de 25 % en moins d'un an et qui ne peuvent plus se chauffer correctement. C'est une calamité pour les pêcheurs, pour les agriculteurs, pour les artisans, pour les routiers, pour les classes populaires. Et, pendant ce temps, les profits de Total s'envolent, comme s'envolent ceux de tous les grands trusts pétroliers, et on ne leur demande rien !
Face à la montée du prix mondial du pétrole brut, on demande à la population de se restreindre, de diminuer sa consommation, mais on ne demande pas le moindre sacrifice aux trusts les plus riches. Ceux-là sont intouchables !
La moindre des choses serait d'imposer davantage les bénéfices fantastiques des trusts pétroliers pour alléger les charges des classes populaires. Eh bien, non, on fait l'inverse.
Alors que les salaires stagnent ou baissent et que, seuls, les profits augmentent, c'est l'impôt sur les profits qu'on diminue. Le taux d'imposition des bénéfices des sociétés était de 50 % jusqu'en 1985. Il a diminué à 45 % en 1986. Et il n'est plus que de 33 % aujourd'hui.
Oui, on devrait augmenter l'impôt sur les bénéfices, ne serait-ce qu'en le ramenant au niveau où il était sous De Gaulle, Pompidou ou Giscard qui n'étaient pourtant pas des extrémistes de gauche. Mais les dirigeants de droite n'ont pas voulu le faire et ceux de gauche ne l'ont pas osé tellement ils sont à plat ventre devant la grande bourgeoisie ! Pour ne pas faire payer les profiteurs, ils choisissent tous de faire payer les victimes !
La cause du chômage et de la précarité est là. Pour ne pas prendre sur les profits de quoi financer le maintien des emplois existants et la création d'emplois utiles à tous, on laisse les entreprises réduire leurs effectifs et le chômage, gangrener la société.
Alors que, depuis le début de la crise, seuls les revenus du capital ont augmenté, non seulement on ne les impose pas davantage, mais on vide les caisses de l'Etat pour les augmenter encore par des subventions, des aides, des diminutions de charges sociales ;
Voilà pourquoi le budget de l'Etat et celui de la Sécurité sociale sont en déficit. Voilà pourquoi les services publics se détériorent. Voilà pourquoi, on ne peut pas embaucher un personnel en nombre suffisant dans les hôpitaux ou à l'Education nationale. Voilà pourquoi aussi c'est sur le dos des salariés, des retraités, des chômeurs, des handicapés, que tous les gouvernements cherchent à faire des économies.
Que la droite mène cette politique, c'est dans l'ordre des choses. Elle est vraiment clairement au service du grand patronat. Et elle cache d'autant moins son jeu qu'elle trouve son électorat dans la bourgeoisie petite ou grande, dans les couches plus ou moins privilégiées ou celles qui croient l'être.
Cet électorat est viscéralement hostile aux travailleurs et trouve courageux tous les coups que le gouvernement leur porte.
Ils appellent cela des « réformes ». Mais la réforme des retraites, c'est l'amputation de pensions ! La réforme de l'assurance maladie, c'est la diminution des remboursements et des droits ! La réforme du code du travail, c'est enlever à la législation du travail le peu qui protège les travailleurs ! La réforme de la Santé et de l'Education nationale, c'est restreindre les moyens de l'une comme de l'autre !
Depuis quelques semaines, les sommets de l'Etat sombrent dans le marais nauséabond de Clearstream. N'ayant d'accointances ni avec la DST, ni avec les officines de barbouzes, ni avec les cabinets ministériels ou avec ceux qui gravitent autour, je n'ai évidemment aucune révélation à faire à ce sujet et je serais bien en peine de dire qui manipule qui. Mais, dans la traque médiatique autour de Jean-Louis Gergorin, ex-bras droit du grand patron Jean-Luc Lagardère, soupçonné d'être le « corbeau » qui, avec ses lettres anonymes, serait à l'origine des manipulations, la presse rapporte bien des choses qui éclairent les relations entre les milieux d'affaires et ceux qui nous gouvernent. On a appris que ce haut cadre de l'industrie est un grand ami de Villepin et même son ancien chef. On apprend qu'il a été camarade de promotion à l'ENA d'Alain Juppé et de Dominique Perben, à droite, et de Laurent Fabius, à gauche. Sans parler de grands patrons comme celui de la SNCF, Louis Gallois, ou d'Air France, Jean-Cyril Spinetta.
Décidément, le monde de ces gens-là est bien petit !
On voit, en tout cas, dans cette affaire, à quel point les milieux dirigeants de l'Etat et les milieux dirigeants des grandes entreprises sont liés. On voit aussi avec quelle facilité des hommes passent de la direction de l'Etat à celle des grandes entreprises, du « service de la République » à celui de Lagardère, et vice-versa.
Sarkozy, lui, reçoit à sa table Bouygues avec lequel, selon la presse, il va souvent en vacances, comme il reçoit Jean-Claude Decaux ou Bernard Arnault, patron du trust des produits de luxe LVMH, sans parler des patrons de Suez, d'Alstom ou de la BNP.
On consent aux électeurs le droit de voter une fois tous les cinq ans. Mais les grands trusts du bâtiment, de l'industrie du luxe ou de l'armement votent tous les jours, en pesant sur les décisions, par copinage avec les ministres ou en utilisant les journaux ou les chaînes de télévision dont ils sont propriétaires !
Même pendant les scandales, les attaques contre les travailleurs continuent. Les lois contre les travailleurs immigrés en constituent une illustration. Oh, pour les milliardaires, on ne se soucie pas de leur nationalité ou de leur origine ! Les capitaux n'ont pas d'odeur et le ministère de l'Intérieur ne s'occupe pas de savoir si les capitaux qui s'investissent dans une entreprise pour se désinvestir demain, avec des licenciements à la clé, viennent d'Amérique, du Japon ou d'un émirat arabe.
Mais, en revanche, par des discours ou des lois démagogiques, on propage l'ânerie que c'est l'immigration de travailleurs qui est responsable des maux de la société, du chômage au déficit de la Sécurité sociale !
Mais depuis, au bas mot, un siècle, l'économie de ce pays ne tournerait pas sans l'apport permanent d'immigrés. La classe ouvrière de ce pays a toujours été composée, pour une part importante, de travailleurs venus du Maroc, d'Algérie, de Turquie, d'Afrique noire ou d'Asie et, avant eux, du Portugal, d'Espagne, d'Italie, de Pologne ou d'ailleurs.
L'immigration sert aux dirigeants politiques d'épouvantail pour ne pas s'en prendre à la véritable cause du chômage, aux bénéfices des grandes entreprises qui explosent en pesant sur les revenus du travail.
Sarkozy et ses semblables savent que les chaînes de production des grandes entreprises ou encore le bâtiment et les grands travaux ne peuvent pas se passer des travailleurs immigrés. Alors, ils parlent « d'immigration choisie » et proposent de sélectionner les immigrés en fonction des besoins de l'économie. Ce qui signifie, en clair, les importer en fonction des besoins du grand patronat.
La loi anti-immigrés qui est en discussion en ce moment est un coup contre tous les travailleurs car, si le gouvernement parvenait à rendre une fraction de la classe ouvrière plus malléable, c'est l'ensemble des travailleurs qui seraient affaiblis, qu'ils aient la carte d'identité française ou pas.
Alors, il ne faut pas accepter cela ! Il faut rejeter toutes les lois contre les travailleurs immigrés et imposer la régularisation de tous les sans-papiers ! Quelle que soit leur nationalité ou leur origine, tous les travailleurs font partie d'une même classe ouvrière.
Alors, oui, les travailleurs ont toutes les raisons de haïr ce gouvernement réactionnaire, féroce avec le monde du travail, obséquieux devant les plus riches !
C'est cette haine que le Parti socialiste essaie de capter à son profit électoral par des gestes comme le dépôt dans quelques jours, au Parlement, d'une motion de censure contre le gouvernement.
Mais, enfin, ce Chirac, dont certains au PS réclament la démission, il a été élu, aussi, avec les voix du PS et du PCF ! Cet homme politique de droite, déconsidéré déjà en 2002, a pu être réélu, malgré les casseroles qu'il traînait derrière lui, avec 82 % des voix au deuxième tour de l'élection présidentielle. Ce résultat digne d'une république bananière, il le doit aux dirigeants du PS et du PC qui ont appelé à voter pour lui ! Et ceux qui ont voté pour Chirac ont voté, par la même occasion, pour ceux qui étaient autour, Sarkozy, Raffarin, Villepin et les autres. Ils leur ont permis, du haut de l'élection triomphale de Chirac, d'avoir les mains libres pour porter tous les mauvais coups qu'ils ont voulus contre les travailleurs. Ils leur ont permis de prétendre que la politique d'extrême droite, anti-populaire, pro-patronale qu'ils mènent, ils la mènent au nom de tout l'électorat.
Tous les dignitaires du PS et du PCF ont menti honteusement en prétendant qu'il fallait voter pour Chirac afin d'éviter que Le Pen s'installe à l'Elysée. Ils savaient pourtant que Chirac était certain d'être élu rien qu'avec les voix de son électorat et que Le Pen n'avait aucune chance de l'être.
Ils ont menti parce qu'ils ne voulaient pas s'expliquer sur la politique du gouvernement Jospin. Ils ont menti pour ne pas avoir à expliquer ce qui, dans cette politique, avait dégoûté leur propre électorat au point que Jospin perde deux millions et demi de voix, et que le candidat du PC, un million et demi. Ils n'ont pas voulu s'expliquer pour ne pas avoir à faire leur auto-critique de leur cinq ans au gouvernement, ce qui aurait pu avoir la valeur d'un engagement en cas de retour au pouvoir.
Et, depuis, pendant les quatre longues années qui viennent de s'écouler, on n'a toujours pas entendu les dirigeants socialistes dire ce qu'il n'aurait pas fallu faire ou, au contraire, ce qu'il aurait fallu faire pour ne pas dégoûter et démoraliser l'électorat de gauche et pour ne pas subir la débâcle de 2002.
Non, au contraire ! Plus s'éloignent les années Jospin, plus on entend ses ex-ministres brosser un tableau idyllique de cette période, profitant du fait que, depuis, la droite a fait pire.
Oui, la droite a fait pire, ne serait-ce que parce qu'elle est venue après. Mais qui nous garantit que, de retour au pouvoir, la gauche ne reprendra pas la politique que mène la droite et que, simplement en la prolongeant, elle ne fera pas pire à son tour ? Bien des mesures anti-ouvrières des premiers mois du gouvernement de droite ont consisté à mettre en application des mesures préparées dans les cabinets ministériels sous Jospin.
Alors, on ne peut pas compter sur ces gens-là. Car, même si, dans certains domaines qui ne touchent pas aux intérêts patronaux, ils sont capables de prendre des mesures un peu plus humaines que la droite, comme l'a fait Mitterrand en supprimant la peine de mort, ils ne veulent absolument pas s'en prendre au grand patronat et à ses profits. Et, en se refusant à s'attaquer aux profits, ils ne pourront rien faire pour les travailleurs.
Alors, si la droite est l'ennemie ouverte, proclamée des travailleurs, la gauche n'est pas pour autant leur amie. A bien des égards, elle a fait plus de mal encore aux travailleurs car, en les amenant à ne compter que sur les élections pour changer leur sort, elle les a détournés de la lutte, elle les a amenés sur une voie de garage qui ne pouvait aboutir qu'à la déception et la démoralisation.
A la différence de la droite, pour se faire élire la gauche a besoin du vote des salariés. Mais, une fois au pouvoir, elle ne gouverne pas dans l'intérêt de ceux qui l'ont élue.
Depuis 1981, c'est-à-dire au cours des vingt cinq dernières années, on a vu bien souvent le PS au pouvoir. Mitterrand a été président de la République pendant quatorze ans. Et Jospin a dirigé le gouvernement pendant cinq ans. Jamais les gouvernements socialistes n'ont pris fait et cause pour les travailleurs contre le grand patronat. Jospin a inauguré ses cinq années de gouvernement avec l'affaire Vilvoorde où, devant la fermeture de l'usine Renault, il a levé les bras en signe d'impuissance en affirmant qu'il n'y pouvait rien et que Renault était libre de gérer ses affaires à sa guise !
Même, lorsque le gouvernement Jospin a pris des mesures qui, par certains aspects, allaient dans le sens de l'intérêt des travailleurs, comme la loi des 35 heures, il a assorti cette décision de tellement de cadeaux au patronat que celui-ci y a gagné bien plus que les salariés en cadeaux fiscaux et, surtout, en légalisation de la flexibilité.
Et le PC a soutenu le gouvernement Jospin tout au long de son existence.
Le PC a usé son crédit auprès des travailleurs pour les détourner de la lutte de classe et pour les convaincre que la seule perspective pour les travailleurs, le seul débouché politique possible, était un gouvernement socialiste avec la participation de ministres communistes. Mais, malgré la présence de ses ministres au gouvernement pendant trois ans sous Mitterrand, pendant cinq ans avec Jospin, le PC, jamais en situation de peser sur la politique menée, n'a fait que la cautionner devant les travailleurs, y compris dans ses aspects les plus anti-ouvriers.
C'est à cause de cette politique que le PC a perdu une grande partie de ses militants et une grande partie de son influence dans la classe ouvrière.
Nous ne devons pas, nous ne pouvons pas oublier tout cela, maintenant que la période électorale est ouverte et où la gauche espère qu'il suffit de laisser la droite au pouvoir se déconsidérer par ses mesures contre le monde du travail ; se déconsidérer, aussi, par les coups bas, par les rivalités, par les sales manoeuvres qui se déroulent au sommet du pouvoir.
Alors, les élections de l'an prochain n'ouvriront pas un avenir devant le monde du travail. L'avenir, c'est nous-mêmes, ce sont nos propres actions. Toute l'histoire du passé a montré ce que les deux mois d'action contre le CPE ont rappelé, à leur échelle : le seul moyen de contrecarrer les mesures anti-ouvrières du gouvernement, quelle que soit son étiquette, c'est l'action collective du monde du travail. Et le monde du travail ne se défendra efficacement et ne pourra engager une contre-offensive contre le grand patronat, contre les puissances de l'argent qu'en étant lucide, en sachant clairement qui sont ses ennemis ouverts et déguisés.
Et notre optimisme pour l'avenir est fondé sur la confiance en la classe ouvrière, en sa force, en sa capacité d'action collective, malgré tous ses faux amis qui cherchent à la détourner de cette voie, la seule efficace !
Alors oui, vous le savez tous, je suis candidate, au nom de mon organisation, Lutte ouvrière, à la prochaine élection présidentielle.
Et, puisque les campagnes électorales, et plus particulièrement l'élection présidentielle, sont les seules occasions qui nous sont données de nous faire entendre de l'ensemble des classes populaires de ce pays, nous saisirons bien sûr cette occasion pour le faire.
Nous y défendrons les intérêts vitaux de tous ceux qui n'ont que leur salaire pour vivre, ouvriers, employés, cheminots, enseignants, postiers, personnel des hôpitaux et des services publics. Nous y défendrons aussi les chômeurs et ceux qui, aujourd'hui à la retraite après une vie de travail, n'ont qu'une pension dérisoire.
Cela fait bien des années que nous avons commencé à développer, sous le nom de « plan d'urgence », un ensemble de revendications qui n'ont malheureusement rien perdu de leur actualité. Bien au contraire.
- Il faut interdire les licenciements dans les entreprises qui font des profits, et imposer le maintien de tous les emplois en prenant sur ces profits.
- Il faut que les salariés, les consommateurs et la population aient accès à toute la comptabilité des grandes entreprises. Il faut éclairer les circuits de l'argent, voir d'où il vient, par où il passe, où il va et à qui il va. Il faut connaître et rendre publics, à l'avance, les projets des grandes sociétés. La gestion capitaliste des entreprises, menée dans le secret des conseils d'administration, en fonction de la seule rentabilité financière, montre jour après jour à quel point elle est nuisible pour la collectivité.
- Il faut une augmentation générale du Smic et de tous les bas salaires d'au moins 300 euros. Les salaires ne doivent être en aucun cas inférieurs au Smic ainsi augmenté, quel qu'en soit le prétexte invoqué : âge, stage?
- Il faut mettre fin aux contrats précaires, à commencer par le CNE . Il faut supprimer le temps partiel imposé
- Il faut imposer la construction par l'Etat, et non par les municipalités, d'habitats sociaux dans toutes les villes, y compris les centres-villes, en réquisitionnant d'office les terrains nécessaires sans les payer au prix du marché.
- Il faut embaucher des enseignants en nombre suffisant dans les quartiers populaires ! Il faut que, dans les quartiers les plus défavorisés, tous les enfants, et en particulier ceux issus de l'immigration et qui maîtrisent mal le français, trouvent des classes maternelles en nombre suffisant pour permettre aux enseignants d'avoir un nombre d'élèves suffisamment réduit pour transmettre à ces enfants les connaissances élémentaires que leurs familles sont dans l'incapacité de leur transmettre.
- Il faut en conséquence contraindre l'Etat à prendre sur la classe riche, sur ses revenus et, au besoin, sur sa fortune, de quoi faire face à ces obligations. En commençant par augmenter l'impôt sur les bénéfices des sociétés, c'est-à-dire en le ramenant des 33 % actuels aux 50 % d'il y a trente ans ; en arrêtant toute subvention ouverte ou déguisée aux entreprises, et tout cadeau aux riches particuliers !
Pour imposer tout cela, il faut une lutte déterminée et radicale du monde du travail. Si dur que cela paraisse aujourd'hui, c'est moins utopique qu'espérer que les élections de 2007, quels qu'en soient les résultats, changent en quoi que ce soit le sort des travailleurs.
Voilà, amis et camarades, les revendications que nous aurons à populariser pendant la période qui vient. Nous le ferons autour de nous, dans nos entreprises comme en dehors, avec nos moyens qui sont certes limités, mais nous le ferons avec détermination. Nous le ferons pendant la campagne électorale, avec les moyens plus larges dont nous disposerons peut-être.
Et j'espère, je souhaite, que tous ceux qui sympathisent avec nos idées ou qui, simplement, se retrouvent dans les objectifs que je viens d'énumérer, nous rejoignent pour mener ce combat, avant comme pendant la campagne électorale !
Alors, camarades, soyez avec nous, défendons-nous ensemble et bon courage !
Source http://www.lutte-ouvriere.org, le 15 mai 2006