Extraits d'une déclaration de Mme Catherine Colonna, ministre déléguée aux affaires européennes, sur la Journée de l'Europe et sur le prix Louise Weiss de journalisme européen, à Paris le 9 mai 2006.

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Circonstance : Deuxième édition du prix Louise Weiss, à Paris le 9 mai 2006

Texte intégral

Merci, Mesdames et Messieurs de votre présence, merci à tous d'être là.
Je suis heureuse de vous accueillir en cette journée exceptionnelle, j'ose le dire. Tous les 9 mai, c'est la journée de l'Europe depuis 20 ans dans nos pays, mais cette année, cela va se voir et c'est cela qui est exceptionnel. J'ai le grand plaisir, l'honneur et l'avantage de vous accueillir aujourd'hui au Quai d'Orsay. C'est une journée de l'Europe dont nous avons voulu faire une vraie fête, avec plus de 350 événements et manifestations dans toutes les régions françaises et aussi à Paris. Vous avez peut-être vu les images de la Tour Eiffel illuminée en bleu, le bleu qui est la couleur de l'Europe, mais il y a aussi l'Arc de Triomphe, l'Assemblée nationale, le ministère des Affaires étrangères.
Il y aura des chorales à 18 heures qui chanteront dans une cinquantaine de villes françaises l'hymne européen, "L'Hymne à la Joie" ainsi que d'autres oeuvres de leur répertoire. Le Quai d'Orsay vient d'ouvrir ses portes au public, comme toutes les ambassades européennes à Paris. Je dis "toutes" pour taquiner quelqu'un qui est à mes côtés, et auquel je parlerai en particulier tout à l'heure pour préciser une information inexacte parue dans son grand quotidien du soir...
Ce sont quelques exemples de cette vingtième édition de la journée de l'Europe. Nous avons voulu en faire un moment exceptionnel, qui nous réunisse, un moment qui rassemble tous les âges et tous les publics dans des domaines très divers. Je récompenserai tout à l'heure, grâce au partenariat que nous avons mené avec Ouest-France, une jeune fille de 12 ans qui a gagné un concours de dessin.
Et puis la presse, la presse encore et toujours, la presse qui est impliquée, elle aussi, dans cette journée qui lui donne l'occasion de parler d'Europe, de faire des papiers sur l'Europe. Beaucoup d'entre vous, je m'adresse là aux représentants de la presse, ont bien joué le jeu et je les en remercie. Je pense, en particulier, vous m'autoriserez à le citer, au quotidien Métro qui a fait aujourd'hui un numéro spécial sur cette journée de l'Europe avec, page par page, des articles sur ce sujet et puis le thème de la fête de l'Europe. Beaucoup d'autres l'ont fait aussi, que tous ceux là soient remerciés.
Alors, évidemment, par conviction personnelle autant que comme ministre déléguée aux Affaires européennes, je ne peux que me réjouir de voir fleurir les papiers sur l'Europe. Je vous en prie parlez-en, parlez-en comme vous l'entendez, parlez-en librement, mais parlez-en. Le pire, c'est vraiment le silence. Et si je me réjouis qu'aujourd'hui cela soit une occasion de parler d'Europe, c'est parce que le reste de l'année, bien souvent, je m'inquiète de voir qu'on n'en parle pas assez, pour ne pas dire pas du tout. Trop souvent, les questions européennes restent traitées comme des questions de politique étrangère, ce qu'elles ne sont plus depuis longtemps, bien qu'on en parle sous un angle un peu théorique, un peu abstrait, un peu institutionnel. Et la place qui devrait être accordée aux sujets européens à la télévision, à la radio, dans tous les journaux, à mes yeux, reste bien souvent insuffisante. Alors, je n'ai pas à vous convaincre, vous qui êtes ici, d'autant plus que vous êtes tous, Véronique, Iulia, Joseph, José-Manuel, Jean, Christophe - je fais "L'Auberge espagnole" pour ceux qui n'auraient pas compris ! - vous êtes des exceptions à ce qui est encore, hélas, la règle.
C'est pourquoi j'ai été très sensible à la demande qui m'a été faite de remettre ce deuxième prix Louise Weiss de journalisme européen, ici, au Palais des Affaires étrangères, et au-delà même de l'aide que nous lui apportons, c'est un beau symbole. Parce que je partage l'objectif de ce prix, qui est bien sûr dans l'esprit des combats de Louise Weiss et qui vise à encourager les journalistes à un traitement plus systématique et plus pédagogique des sujets européens. C'est possible, vous le démontrez jour après jour. Et puis l'Europe est, bien sûr, à l'honneur, tant dans le thème traité que par la personnalité et le parcours des gagnants.
Iulia est une journaliste roumaine qui travaille depuis sept ans en France, et Jean Quatremer, qu'on ne présente plus, est installé depuis très longtemps à Bruxelles. Il n'y avait donc pas de meilleure occasion que cette journée de l'Europe, qui est la journée des Européens, pour remettre ce prix, ici, à Paris.
Ce prix récompense plus particulièrement un article de Iulia sur les rapports entre l'économie, l'Europe et la Roumanie. Le sujet est d'actualité puisque nous attendons un rapport important le 16 mai. Cet article récompensé a été mis en ligne sur le site de L'Expansion. Et sans revenir sur le choix du jury, je voudrais simplement dire qu'au-delà de la récompense de ce travail, qui est un travail de grande qualité, je suis sensible au fait qu'un parcours personnel, qui est un parcours profondément européen comme le vôtre, et qu'un futur Etat membre, aussi, puissent, ainsi, être mis à l'honneur. Donc, Iulia, vous êtes aujourd'hui distinguée dans la catégorie "Espoir", un beau nom pour la Roumanie aux portes de l'Europe, et je crois que puisque vous êtes distinguée par cette édition 2006, je vais demander aux organisateurs que vous puissiez concourir l'an prochain dans la catégorie "Confirmé" ! Je vais vous remettre ce prix Louise Weiss du journalisme européen.
(...)
J'en viens maintenant à la catégorie "Confirmé". Le prix de la catégorie "Confirmé" est décerné cette année à notre ami Jean Quatremer. "Monsieur Quatremer" ! Je trouve personnellement que Jean Quatremer mériterait de figurer dans une catégorie "Super super confirmé", voire dans la catégorie "Hors-concours", et ceci à beaucoup d'égards. "Hors-concours", Jean, parce que votre engagement européen et la qualité de votre travail font vraiment de vous un cas à part, et aussi à beaucoup d'égards, mais je reste sérieuse ! C'est non pas en tant que journaliste de Libération mais en tant que blogueur que Jean Quatremer est aujourd'hui récompensé. Les bons moments de votre blog, Jean, figurent désormais en bonne place dans les revues de presse du ministère des Affaires étrangères, du ministère délégué aux Affaires européennes et de nos ambassades. C'est bien la preuve de l'excellence et de la qualité de ce blog.
Alors, je terminerai simplement sur l'Europe, en vous remerciant de ce que vous faites tous pour la faire mieux connaître et en vous disant que s'il faut en parler plus quotidiennement, plus souvent, il faut aussi en parler partout. Je crois c'est à la fois quelque chose de bien, d'intéressant et de significatif que, cette année, les deux prix soient allés récompenser deux journalistes qui ont travaillé sur Internet. Cela démontre, avec mille autres signes, quelle est la place croissante de ce média dans notre vie politique, européenne et quotidienne.
Voilà, merci à tous, bravo Jean.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 mai 2006