Déclaration de M. Philippe Douste-Blazy, ministre des affaires étrangères, sur le message de paix que représente l'oeuvre, les "Tentes de la paix", de Clara Halter et sur la contribution de la saison culturelle franco-israélienne au renforcement des liens entre les deux pays, Jérusalem le 17 mai 2006.

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Circonstance : Voyage en Israël de Philippe Douste-Blazy les 16 et 17 mai 2006 : inauguration de l'oeuvre de Clara Halter, les "Tentes de la paix", à l'occasion du lancement de la saison culturelle franco-israélienne à Jérusalem le 17

Texte intégral

Chère Madame la Vice Première Ministre, Tzipi Livni
Chère Clara, Cher Marek,
Monsieur le Premier adjoint au Maire de Jérusalem, Monsieur Amedi,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs les Consuls généraux,
Mesdames et Messieurs et Chers Amis,

Je voudrais vous dire combien je suis heureux d'être parmi vous aujourd'hui pour inaugurer l'oeuvre de Clara Halter, les "Tentes de la Paix".
Ce cadre magnifique, entre le siège des Nations unies et la ''Forêt de la Paix'', avec la ville trois fois sainte de Jérusalem sous nos yeux, s'y prête merveilleusement.
Je voudrais d'abord célébrer en la personne de Clara Halter une artiste exceptionnelle qui s'est consacrée depuis près de 40 ans à la recherche de la paix en utilisant tous les moyens d'expression. De la revue Eléments, consacrée dès 1967 à la paix au Proche-Orient, jusqu'aux oeuvres célèbres réalisées depuis le nouveau millénaire à Paris, Saint-Petersbourg et Hiroshima. Cette création se poursuit naturellement aujourd'hui à Jérusalem, avec les "Tentes de la Paix", réalisées en 52 langues et 18 alphabets.
Avec les parlementaires qui m'ont accompagné, je salue ces deux sénateurs français qui sont venus avec moi, avec Nicole Guedj, ancien ministre, qui est là, avec moi aussi, avec l'adjointe au maire de Paris que je salue, avec ces élus français, nous sommes venus dire que ce message de paix, dont nous mesurons tous la dimension universelle, se veut d'abord un appel à conjurer toutes les violences, et toutes les guerres. Cette aspiration profonde, cet engagement résolu deviennent aujourd'hui oeuvre d'art, ici, à Jérusalem.
Au Proche-Orient, chacun peut mesurer combien la paix est une conquête, combien sa recherche inlassable doit se nourrir de la volonté et de l'engagement permanent. Cette paix n'est jamais acquise, elle est toujours conquise. Conquise à force d'écoute, conquise à force de dialogue, conquise à force de responsabilité. La paix, plus encore ici qu'ailleurs, est affaire de culture, mais aussi de courage. Des hommes d'Etat comme Itzhak Rabin - qui l'a payé de sa vie - Ariel Sharon ou notre ami Shimon Pères l'ont montré.
Mais il est tout aussi nécessaire que le nouveau gouvernement israélien explore tous les moyens et tous les chemins pour relancer le Processus de paix et renforcer les chances d'un règlement final. Nous devons tous ici, aujourd'hui, être impatients et résolus à faire avancer les perspectives d'une paix solide et durable au Proche-Orient.
Les "Tentes de la Paix" sont le projet visionnaire d'une artiste. Elles sont aussi une magnifique aventure culturelle soutenue par la municipalité de Jérusalem, qui s'est profondément investie dans l'organisation matérielle. Je tiens à la remercier chaleureusement. Ces tentes sont enfin l'un des évènements phare de la saison culturelle française en Israël, que j'ai inaugurée hier soir à Tel-Aviv. La France et Israël portent un même attachement à l'art et à la culture. Et leur amitié si profonde et si ancienne devait forcément s'incarner dans une grande manifestation de portée symbolique. Aussi bien, jusqu'à la fin de l'été, la saison française va permettre au public israélien de découvrir une grande variété d'artistes français et d'établir entre nos deux pays un dialogue exigeant à travers l'art et les créateurs de la France et je voudrais ici saluer Olivier Poivre d'Arvor qui travaille au sein de l'AFAA. Rien de cela n'aurait été possible sans l'engagement des autorités de nos deux pays. En témoigne la présence aujourd'hui de Mme Tzipi Livni que je salue parmi nous. Permettez-moi d'ajouter que le projet de cette saison est né au cours des entretiens chaleureux que j'ai eus avec Ariel Sharon en juillet dernier à Paris. Je voudrais par conséquent avoir ici une pensée toute particulière pour lui.
Avec cette saison culturelle, les peuples israélien et français témoignent de leurs liens historiques. Ils offrent un symbole puissant et chaleureux, nourri par la proximité de la communauté juive de France mais aussi par les centaines de milliers de franco-israéliens et de francophones installés sur la terre d'Israël.
Ce printemps français est donc l'occasion de renforcer et de réaffirmer ce lien profond entre nos deux pays et surtout entre nos deux peuples. Il nous donne aussi l'opportunité de saluer tout ce que représente Israël pour nous, Français : un pays marqué par les traditions les plus anciennes, mais aussi un pays profondément ancré dans la modernité. Un pays jeune, né de l'histoire tragique vécue par le peuple juif, mais un pays qui a su, en moins de 60 ans, s'inscrire dans la communauté des nations et prendre toute sa part dans les grands projets scientifiques et techniques du siècle passé.
Je ne sais si, comme l'a affirmé le grand écrivain israélien Abraham Yehoshua, le bonheur est "une valeur française". Mais je crois, comme lui, que la pensée juive et l'esprit français se nourrissent de valeurs partagées : le respect de la loi et du droit, le devoir d'intelligence, la volonté de dialogue. En un mot, une certaine idée de ce que doit être un humanisme exigeant, rigoureux et sage. A l'ombre des "Tentes de la Paix", soyons ensemble plus que jamais déterminés à promouvoir cet humanisme-là, et à défendre les principes et les convictions qui l'inspirent, sans répit et sans faiblesse.
Vive l'amitié entre la France et Israël ! Vive la Paix ! Shalom !

Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 22 mai 2006