Texte intégral
Q - La France et l'Algérie sont liées depuis plus d'un siècle par un passé et de riches souvenirs communs. Bien plus que de la diplomatie, il s'agit d'une histoire de coeur. Mais aujourd'hui, de nombreux Français sont choqués, sont blessés par l'attitude du président algérien Bouteflika ; il y a eu en 2000 les insultes contre les harkis, puis cette année, la fermeture autoritaire des écoles francophones d'Algérie. Un nouveau pas a été franchi récemment, quand le président algérien a accusé la France de génocide de l'identité algérienne pendant la période de colonisation et ce, quelques jours avant de venir se faire soigner dans un hôpital de cette métropole qu'il avait pourtant insultée. Quelles tournures vont prendre les relations franco-algériennes ? Un traité d'amitié devait être signé avant la fin de l'année 2005, doit-il toujours être conclu quand l'un des partenaires insulte l'autre, comme le fait le président Bouteflika aujourd'hui ?
R - Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Députés,
Philippe Douste-Blazy, qui est aujourd'hui en déplacement à l'étranger, vous prie de bien vouloir l'excuser.
La perspective du traité d'amitié voulue par les deux chefs d'Etat en 2003 reste évidemment ouverte. Certes, nous savons que la négociation de ce texte fondamental prendra encore du temps, mais ceci est normal pour un document de cette importance et qui prendra en compte l'ensemble des aspects de notre relation. Indépendamment de cette perspective politique, la récente visite à Alger du ministre des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, a bien confirmé l'intérêt de nos deux pays pour le développement de leur relation bilatérale dans tous les domaines, qu'il s'agisse des échanges commerciaux ou des projets de coopération, y compris la coopération linguistique et en matière d'enseignement. Une série de visites récentes, dont celle de François Loos, et ceci dans les deux sens, a bien témoigné d'ailleurs, depuis, cette volonté d'aller de l'avant.
Personne ne sous-estime, ici, Monsieur le Député, le poids de l'histoire, ni la perception que peuvent avoir les peuples des événements qui les ont tantôt unis, tantôt séparés. Notre responsabilité d'aujourd'hui est pourtant, de part et d'autre, de nous atteler à donner un contenu au partenariat d'exception que la France et l'Algérie ont décidé de construire ensemble, en faisant preuve de vigilance, certes, mais aussi d'ambition, pour elles-mêmes comme pour leur relation.
Alors, laissons aux historiens le soin d'écrire l'histoire et laissons au temps celui d'apaiser les douleurs. La responsabilité des autorités françaises et algériennes est de faciliter ce travail, de part et d'autre de la Méditerranée, afin de progresser vers une reconnaissance objective et assumée des faits, de tous les faits, avec le souci d'intégrer toutes les mémoires, sans discrimination ni exclusive.
Mesdames et Messieurs les Députés, on ne construit pas une relation sur le passé ou avec des mots, cette relation doit être fondée sur la confiance et tournée vers l'avenir. Notre intérêt est de valoriser ce qui nous unit avec une double exigence, celle du dialogue et celle du respect mutuel.
L'intérêt de nos deux peuples est bien de construire cette relation franco-algérienne tournée vers l'avenir et dans un esprit d'apaisement de la mémoire. Notre histoire est complexe, nous avons aussi un présent, mais nous avons surtout un avenir et c'est cela qui doit être notre seul guide.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 mai 2006