Texte intégral
F. Laborde - Nous avons beaucoup de thèmes d'actualité à passer en revue ce matin avec T. Breton : l'intersyndicale de la Sogerma a rencontré hier N. Forgeard, le patron d'EADS. La Sogerma, c'est ce gros atelier qui se trouve à Mérignac, elle espérait ne pas fermer, il y a 1.100 salariés à reclasser et finalement EADS leur a dit qu'il n'y avait pas trop d'espoir. Que peut faire le Gouvernement ?
R - D'abord, tout le monde savait que la Sogerma avait des difficultés depuis plusieurs années. Il y a des compétences, des savoir-faire... Dans la vie des entreprises, à partir du moment où il faut procéder à des restructurations - cela peut arriver -, il faut respecter : respecter les salariés, l'entreprise, son environnement aussi, les collectivités locales. Sur la méthode, je le dis très clairement : nous avons été très étonnés, voire choqués, de la façon dont EADS a procédé. C'est la raison pour laquelle G. Larcher et J.-L. Borloo, sans attendre, ont demandé à monsieur Forgeard de venir s'expliquer. Il a donné des explications, visiblement, elles ne sont pas suffisantes. Je vais redemander à monsieur Forgeard qu'il revienne m'expliquer comment il compte procéder pour que l'ensemble des salariés puissent retrouver un emploi mais, également, pour que l'ensemble de la collectivité puisse voir comment se préparer. Parce que lorsqu'on est prévenu la veille pour le lendemain, ce n'est pas une façon de procéder. Donc, nous allons suivre ce qui se passe avec énormément d'intérêt mais d'attention et on sera très vigilants.
Q - [inaud.] ... de toute façon pour les 1.100 salariés quelque chose, et quelque chose, peut-être aussi, pour le site industriel ?
R - C'est indispensable. A partir du moment où il y a des phénomènes de cette nature, il faut que les entreprises se comportent en bons citoyens. J'entends que EADS se comporte en citoyen.
Q - Surtout que EADS a les moyens, disent les syndicats.
R - Nous le verrons.
Q - Passons maintenant à la croissance. Les ministres de la zone OCDE se réunissent à Paris cette semaine ; ils ont évalué à 2,1 % le niveau de croissance pour la zone euro ; où se situe la France par rapport à cela ?
R - On a fait un bon, voire un très bon premier trimestre. Nous sommes sur une tendance de 2 à 2,5 : exactement au milieu de la fourchette que j'avais indiqué. Clairement, la croissance française est solidement installée désormais dans cette fourchette. J'envisage du reste que ceci se poursuivre tout au long de l'année.
Q - On peut finir l'année à combien ?
R - Entre 2 et 2,5. J'espère, bien entendu, que l'on sera plutôt dans le haut de la fourchette que dans le bas, mais cela dépend aussi du pétrole, du différentiel entre les taux de change, cela dépend de pas mal de choses. Pour ce qui nous concerne, nous sommes très confiants.
Q - L'euro est assez élevé et certains redoutent que l'on monte encore les taux d'intérêt. On regarde du coté de la BCE... Y a-t-il un risque ou pas ?
R - La BCE est indépendante, elle manifeste effectivement ce type de velléité. Je le redis : malgré l'augmentation du prix du pétrole, qui, heureusement, rebaisse, comme vous le voyez - je reviens d'Arabie Saoudite, où l'on a beaucoup discuté avec mes homologues saoudiens - il n'y a pas, aujourd'hui, de risques réels d'inflation. Donc je pense qu'il faut être raisonnable.
Q - C'est un message à J.-C. Trichet. Parlons de la dette : on a vu que c'était un des sujets de préoccupation des Français. Vous avez fait beaucoup de pédagogie autour de cette dette. Est-ce qu'on va faire des efforts, va-t-on arriver à réduire un peu ce poids qui va peser sur les épaules de nos enfants ?
R - J'ai souhaité effectivement que les Françaises et les Français puissent être conscients de la situation d'endettement du pays, on a posé le problème. J'ai l'habitude, lorsque je pose les problèmes, d'apporter les solutions. Les solutions, on les apportées le 11 janvier. Aujourd'hui, je reprends un engagement fort devant toutes les Françaises et tous les Français : nous baisserons la dette de la France très significativement, dès cette année, dès 2006, de plus de deux points du PIB. C'est du jamais vu dans notre histoire économique. C'était indispensable, c'était nécessaire. C'est, bien entendu, difficile, mais je m'engage à le faire.
Q - Baisser la dette, cela veut dire que l'on fait des économies, que l'on trouve de l'argent... Comment allez-vous faire ?
R - Qu'on gère aussi l'argent des Français, y compris leur dette, comme un manager. C'est vrai que j'ai eu, avant d'être ministre, d'autres activités dans ce domaine et je sais comment faire avec l'ensemble des équipes qui m'entourent. J'ai pris un engagement de gérer mieux, et gérer mieux, cela veut dire faire des économies, cela veut dire aussi gérer sa trésorerie, gérer la trésorerie de l'Etat, la trésorerie des Français, cela veut dire aussi affecter les recettes de privatisation. Quand on additionne tout cela, ce sont de multiples solutions qu'il convient de mettre en oeuvre ; elles sont mises en oeuvre aujourd'hui. Je prends cet engagement très fort. Ce sera une première mais vous savez, c'est une tendance, il faudra s'habituer année après année. On peut le faire, on doit le faire. Il s'agit...
Q - Et on va le faire...
R - Et on va le faire, nous, en tout cas, et moi, avec mon équipe, je vais le faire.
Q - Il y a deux grandes privatisations à l'ordre du jour : celle de ADP, Aéroports de Paris et une autre, qui est liée au rapprochement avec Suez, on pense à Gaz de France. ADP, c'est en route ?
R - On l'a indiqué, l'entreprise est prête, il convient de lui donner les moyens de son développement. Aéroports de Paris est une très belle entreprise, elle a besoin d'accroître ses fonds propres pour pouvoir poursuivre son développement. Donc, elle sera privatisée, effectivement, dans les jours qui viennent, j'espère avant l'été, si les conditions du marché le permettent, bien sûr.
Q - Pour GDF, c'est le passage obligé pour le rapprochement avec Suez, puisqu'il faut que l'Etat descende en dessous des 70 % qu'il détient. Quand est-ce que la loi sera prête ?
R - On n'est pas du tout dans la même nature. Il s'agit en fait d'un projet industriel, la fusion entre GDF et Suez, de façon à créer un champion mondial de l'énergie. Vous savez que, compte tenu de la volatilité des prix, la rareté, aussi, désormais des hydrocarbures en particulier du gaz, il convient d'avoir des champions. On est en train de constituer un champion sur un projet industriel. Pour que cette fusion puisse se faire, mécaniquement, je dirais, la part de l'Etat dans Suez va diminuer. C'est la raison pour laquelle il faut passer par une loi, non pas pour privatiser...
Q - Pas plus du tiers du capital...
R - Voilà. L'Etat gardera plus du tiers du capital, non pas pour privatiser pour le plaisir de privatiser mais simplement parce que mécaniquement, la fusion va entraîner cette diminution de la part du capital détenue dans Suez qui ne vendra pas une action du reste, il ne va pas gagner un sou.
Q - Vous allez garder le contrôle sur des points stratégiques, comme certains oléoducs, certains pôles de distribution ?
R - Absolument. Il y a trois points stratégiques : la distribution, les terminaux méthaniers mais aussi l'ensemble des stockages stratégiques. On aura donc une action spécifique pour protéger ces sites stratégiques, afin qu'ils ne soient jamais vendus.
Q - Tout cela nous conduit à parler des biocarburants, parce qu'on vous a vu hier et encore tout à l'heure au volant d'une nouvelle voiture qui mélange essence et éthanol ; c'est pour 2010. Pour être tout de suite désagréable : est-ce que 2010, ce n'est pas un peu tard, parce qu'il y a plein de pays qui sont déjà là-dedans ?
R - C'est dans trois ans, 2009. C'est vrai que c'est long, je comprends votre impatience mais ce n'est pas non plus très long, parce que ce que je souhaite, c'est que d'ici à 2010, et avant si l'on peut, dans toutes les stations-service de France, il y ait la possibilité d'avoir une pompe à éthanol, c'est-à-dire ce biocarburant qui est fait de betteraves, de blé, de céréales - on en a beaucoup en France - distillés, et qui permet aux voitures de fonctionner. Ce qui est extraordinaire, c'est qu'aujourd'hui, nous avons déjà les moteurs disponibles.
Q - Les moteurs mixtes...
R - Les moteurs qui permettent de mettre de façon indifférenciée, un jour de l'essence, le lendemain de l'éthanol, des fois les deux en même temps en fonction des prix. Donc les consommateurs vont retrouver la possibilité de choisir en fonction des prix. C'est pour nous une façon très forte de limiter la hausse des prix sur les carburants et même, au contraire, de la faire baisser. Puisque vous savez, il y a une chose que tout le monde sait depuis longtemps, c'est la concurrence qui fait baisser les prix. A partir du moment où l'éthanol fonctionne, où les moteurs sont mixtes désormais - c'est ce qu'on appelle le "flex fuel", où Renault, par exemple, a indiqué que sa gamme, en 2009, intégrerait à plus de 50 % cette possibilité de mixité. Le coût d'un moteur qui fonctionne de façon mixte, à l'éthanol ou à l'essence, a un différentiel d'une centaine d'euros, 100 à 150 euros, c'est tout. Donc je pense que tous les Français vont en profiter et ce sera bien pour les consommateurs et pour le porte-monnaie.
Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 24 mai 2006
R - D'abord, tout le monde savait que la Sogerma avait des difficultés depuis plusieurs années. Il y a des compétences, des savoir-faire... Dans la vie des entreprises, à partir du moment où il faut procéder à des restructurations - cela peut arriver -, il faut respecter : respecter les salariés, l'entreprise, son environnement aussi, les collectivités locales. Sur la méthode, je le dis très clairement : nous avons été très étonnés, voire choqués, de la façon dont EADS a procédé. C'est la raison pour laquelle G. Larcher et J.-L. Borloo, sans attendre, ont demandé à monsieur Forgeard de venir s'expliquer. Il a donné des explications, visiblement, elles ne sont pas suffisantes. Je vais redemander à monsieur Forgeard qu'il revienne m'expliquer comment il compte procéder pour que l'ensemble des salariés puissent retrouver un emploi mais, également, pour que l'ensemble de la collectivité puisse voir comment se préparer. Parce que lorsqu'on est prévenu la veille pour le lendemain, ce n'est pas une façon de procéder. Donc, nous allons suivre ce qui se passe avec énormément d'intérêt mais d'attention et on sera très vigilants.
Q - [inaud.] ... de toute façon pour les 1.100 salariés quelque chose, et quelque chose, peut-être aussi, pour le site industriel ?
R - C'est indispensable. A partir du moment où il y a des phénomènes de cette nature, il faut que les entreprises se comportent en bons citoyens. J'entends que EADS se comporte en citoyen.
Q - Surtout que EADS a les moyens, disent les syndicats.
R - Nous le verrons.
Q - Passons maintenant à la croissance. Les ministres de la zone OCDE se réunissent à Paris cette semaine ; ils ont évalué à 2,1 % le niveau de croissance pour la zone euro ; où se situe la France par rapport à cela ?
R - On a fait un bon, voire un très bon premier trimestre. Nous sommes sur une tendance de 2 à 2,5 : exactement au milieu de la fourchette que j'avais indiqué. Clairement, la croissance française est solidement installée désormais dans cette fourchette. J'envisage du reste que ceci se poursuivre tout au long de l'année.
Q - On peut finir l'année à combien ?
R - Entre 2 et 2,5. J'espère, bien entendu, que l'on sera plutôt dans le haut de la fourchette que dans le bas, mais cela dépend aussi du pétrole, du différentiel entre les taux de change, cela dépend de pas mal de choses. Pour ce qui nous concerne, nous sommes très confiants.
Q - L'euro est assez élevé et certains redoutent que l'on monte encore les taux d'intérêt. On regarde du coté de la BCE... Y a-t-il un risque ou pas ?
R - La BCE est indépendante, elle manifeste effectivement ce type de velléité. Je le redis : malgré l'augmentation du prix du pétrole, qui, heureusement, rebaisse, comme vous le voyez - je reviens d'Arabie Saoudite, où l'on a beaucoup discuté avec mes homologues saoudiens - il n'y a pas, aujourd'hui, de risques réels d'inflation. Donc je pense qu'il faut être raisonnable.
Q - C'est un message à J.-C. Trichet. Parlons de la dette : on a vu que c'était un des sujets de préoccupation des Français. Vous avez fait beaucoup de pédagogie autour de cette dette. Est-ce qu'on va faire des efforts, va-t-on arriver à réduire un peu ce poids qui va peser sur les épaules de nos enfants ?
R - J'ai souhaité effectivement que les Françaises et les Français puissent être conscients de la situation d'endettement du pays, on a posé le problème. J'ai l'habitude, lorsque je pose les problèmes, d'apporter les solutions. Les solutions, on les apportées le 11 janvier. Aujourd'hui, je reprends un engagement fort devant toutes les Françaises et tous les Français : nous baisserons la dette de la France très significativement, dès cette année, dès 2006, de plus de deux points du PIB. C'est du jamais vu dans notre histoire économique. C'était indispensable, c'était nécessaire. C'est, bien entendu, difficile, mais je m'engage à le faire.
Q - Baisser la dette, cela veut dire que l'on fait des économies, que l'on trouve de l'argent... Comment allez-vous faire ?
R - Qu'on gère aussi l'argent des Français, y compris leur dette, comme un manager. C'est vrai que j'ai eu, avant d'être ministre, d'autres activités dans ce domaine et je sais comment faire avec l'ensemble des équipes qui m'entourent. J'ai pris un engagement de gérer mieux, et gérer mieux, cela veut dire faire des économies, cela veut dire aussi gérer sa trésorerie, gérer la trésorerie de l'Etat, la trésorerie des Français, cela veut dire aussi affecter les recettes de privatisation. Quand on additionne tout cela, ce sont de multiples solutions qu'il convient de mettre en oeuvre ; elles sont mises en oeuvre aujourd'hui. Je prends cet engagement très fort. Ce sera une première mais vous savez, c'est une tendance, il faudra s'habituer année après année. On peut le faire, on doit le faire. Il s'agit...
Q - Et on va le faire...
R - Et on va le faire, nous, en tout cas, et moi, avec mon équipe, je vais le faire.
Q - Il y a deux grandes privatisations à l'ordre du jour : celle de ADP, Aéroports de Paris et une autre, qui est liée au rapprochement avec Suez, on pense à Gaz de France. ADP, c'est en route ?
R - On l'a indiqué, l'entreprise est prête, il convient de lui donner les moyens de son développement. Aéroports de Paris est une très belle entreprise, elle a besoin d'accroître ses fonds propres pour pouvoir poursuivre son développement. Donc, elle sera privatisée, effectivement, dans les jours qui viennent, j'espère avant l'été, si les conditions du marché le permettent, bien sûr.
Q - Pour GDF, c'est le passage obligé pour le rapprochement avec Suez, puisqu'il faut que l'Etat descende en dessous des 70 % qu'il détient. Quand est-ce que la loi sera prête ?
R - On n'est pas du tout dans la même nature. Il s'agit en fait d'un projet industriel, la fusion entre GDF et Suez, de façon à créer un champion mondial de l'énergie. Vous savez que, compte tenu de la volatilité des prix, la rareté, aussi, désormais des hydrocarbures en particulier du gaz, il convient d'avoir des champions. On est en train de constituer un champion sur un projet industriel. Pour que cette fusion puisse se faire, mécaniquement, je dirais, la part de l'Etat dans Suez va diminuer. C'est la raison pour laquelle il faut passer par une loi, non pas pour privatiser...
Q - Pas plus du tiers du capital...
R - Voilà. L'Etat gardera plus du tiers du capital, non pas pour privatiser pour le plaisir de privatiser mais simplement parce que mécaniquement, la fusion va entraîner cette diminution de la part du capital détenue dans Suez qui ne vendra pas une action du reste, il ne va pas gagner un sou.
Q - Vous allez garder le contrôle sur des points stratégiques, comme certains oléoducs, certains pôles de distribution ?
R - Absolument. Il y a trois points stratégiques : la distribution, les terminaux méthaniers mais aussi l'ensemble des stockages stratégiques. On aura donc une action spécifique pour protéger ces sites stratégiques, afin qu'ils ne soient jamais vendus.
Q - Tout cela nous conduit à parler des biocarburants, parce qu'on vous a vu hier et encore tout à l'heure au volant d'une nouvelle voiture qui mélange essence et éthanol ; c'est pour 2010. Pour être tout de suite désagréable : est-ce que 2010, ce n'est pas un peu tard, parce qu'il y a plein de pays qui sont déjà là-dedans ?
R - C'est dans trois ans, 2009. C'est vrai que c'est long, je comprends votre impatience mais ce n'est pas non plus très long, parce que ce que je souhaite, c'est que d'ici à 2010, et avant si l'on peut, dans toutes les stations-service de France, il y ait la possibilité d'avoir une pompe à éthanol, c'est-à-dire ce biocarburant qui est fait de betteraves, de blé, de céréales - on en a beaucoup en France - distillés, et qui permet aux voitures de fonctionner. Ce qui est extraordinaire, c'est qu'aujourd'hui, nous avons déjà les moteurs disponibles.
Q - Les moteurs mixtes...
R - Les moteurs qui permettent de mettre de façon indifférenciée, un jour de l'essence, le lendemain de l'éthanol, des fois les deux en même temps en fonction des prix. Donc les consommateurs vont retrouver la possibilité de choisir en fonction des prix. C'est pour nous une façon très forte de limiter la hausse des prix sur les carburants et même, au contraire, de la faire baisser. Puisque vous savez, il y a une chose que tout le monde sait depuis longtemps, c'est la concurrence qui fait baisser les prix. A partir du moment où l'éthanol fonctionne, où les moteurs sont mixtes désormais - c'est ce qu'on appelle le "flex fuel", où Renault, par exemple, a indiqué que sa gamme, en 2009, intégrerait à plus de 50 % cette possibilité de mixité. Le coût d'un moteur qui fonctionne de façon mixte, à l'éthanol ou à l'essence, a un différentiel d'une centaine d'euros, 100 à 150 euros, c'est tout. Donc je pense que tous les Français vont en profiter et ce sera bien pour les consommateurs et pour le porte-monnaie.
Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 24 mai 2006