Texte intégral
Q- La semaine dernière, à la suite de la manifestation, vous aviez relativisé les chiffres des manifestants. Vous aviez dit que vous n'étiez pas "impressionné". Est-ce que, cette fois-ci, vous êtes impressionné par le fait que, la manifestation, au fond, mobilise autant de personnes sinon plus que la semaine précédente ?
R- Non, mais ce sont des chiffres très importants, j'avais dit cela la semaine dernière, des chiffres très importants. Est-ce que, à titre personne, je suis impressionné ou pas, je pense que cela n'a aucune importance. L'année dernière, pour l'éducation, l'école, le baccalauréat, il y avait au moins autant de personnes ; il y a deux ans, il y avait au moins autant de personnes. Chaque année - je dis hélas ! Pour l'école, parce que pendant ce temps-là ce sont des jeunes qui ne suivent pas les cours et qui compromettent un peu leurs examens si cela continue - eh bien chaque année, hélas ! dans notre pays, il y a des manifestations qui sont très importantes.
Q- Mais quand vous voyez cette manifestation, la cinquième - avec le risque d'une sixième ou d'une septième, je sais pas - est-ce que vous estimez, vous, aujourd'hui, qu'il faut sortir vite de la crise, et que le seul moyen de sortir de la crise, c'est, sans finasser cette fois-ci, de dire clairement : oui, abrogation du CPE ?
R- Sortir de la crise, le Premier ministre l'a dit hier, donc je crois que c'est vraiment utile et nécessaire. Deuxièmement, il faut trouver le meilleur dispositif possible pour créer de l'emploi pour les jeunes. Parce que, aujourd'hui, à 500 mètres d'ici, ou à 500 kilomètres d'ici, il y a des jeunes sans aucune qualification, qui cherchent un emploi, qui n'arrivent pas à trouver un employeur qui veut passer un contrat avec lui compte tenu qu'il n'a pas de qualification et qu'il y a des risques pour l'employeur quand on passe un contrat de type CDI avec un jeune dans certains cas. Et donc, je dis qu'il faut trouver le meilleur dispositif possible. Aujourd'hui, pour trouver ce meilleur dispositif donc...
Q- Le préalable n'est-ce pas l'abrogation ?
R- ... le préalable, c'est une loi qui est maintenant promulguée, et que l'on peut améliorer. A la charge des parlementaires de l'améliorer, comme ils le semblent utile pour le pays. Et ce sera l'intérêt général qui les guidera.
Q- Ma question c'est : faut-il encore, ou peut-on encore, aménager ce dispositif qui est le CPE ? Faut-il l'abroger pour remettre à plat les choses, et imaginer au autre dispositif ?
Je ne me substituerai pas aux parlementaires, malgré la force de votre question et la répétition de votre question. La balle maintenant, si je puis dire, le sujet est dans les mains des parlementaires, avec les deux ministres compétents, J.-L. Borloo et G. Larcher. Ils trouveront, grâce au dialogue et à la concertation qui s'engagent aujourd'hui, les meilleurs moyens, à la fois de tourner une page de raidissement à propos du CPE, mais j'espère surtout, je suis persuadé qu'ils trouveront l'outil pour créer des emplois pour les jeunes. Parce que c'est cela qui compte, c'est cela le fond du problème.
Q- Pour ce qui vous concerne, vous êtes en charge des lycées, des universités, les écoles, autrement dit, l'ensemble de l'Education nationale, hier, à l'Assemblée nationale, si je ne me trompe, vous avez dit "on est sur le bon chemin". Est-ce que vous avez vraiment le sentiment qu'on est sur le bon chemin pour les lycées, quand on voit encore que 68 collèges et lycées d'Ile-de-France, appellent à une grève renouvelable, sinon à une grève totale ?
R- Ce n'est pas un sentiment, ce sont des chiffres. Il y avait, la semaine dernière par exemple, plus de 1.000 lycées perturbés et 450 qui étaient bloqués. Et, chaque jour, depuis la semaine dernière - jeudi, vendredi et jusqu'à mardi, hier, jour donc des manifestations - on s'est aperçus que la moitié des lycées bloqués avait été débloqués, et que la moitié des lycées perturbés, plus de la moitié, 60% des lycées perturbés, ne l'étaient plus. Cela veut dire qu'on va dans une direction qui va vers la normalité. Est-ce que cela va s'arrêter ou pas s'arrêter ? Je n'en sais rien. Mais ce que je sais, c'est que cela va dans le bon sens.
Q- Et pour ce qui est de votre initiative, est-ce que vous allez renouveler la consigne orale que vous avez donnée aux recteurs, c'est-à-dire - je rappelle cette consigne - de pratiquer, d'organiser, la réouverture des lycées, quitte, si c'est nécessaire, à faire appel aux forces de l'ordre ?
R- Non, ce n'est pas du tout cela. Vous pouvez reprendre tous les articles de journalistes là-dessus, il y en eus quelques-uns, [comme dans] Les Echos. Beaucoup étaient erronés. J'ai simplement dit que beaucoup de collèges ou de lycées, surtout des lycées d'ailleurs, étaient bloqués par pas grand-chose, et quelquefois même à titre préventif par des chefs d'établissement, et que si ces chefs d'établissements pouvaient rouvrir les portes, mais que, par mesure de prévention si jamais il y avait une bande de loubards dans le coin, ils pouvaient toujours, par l'intermédiaire du préfet qui est seul maître en la matière, ils pouvaient toujours, si ils le jugeaient utile, faire appel à la police, non pas dans l'établissement, mais à l'extérieur pour bien vérifier qu'il n'y avait pas de risques à l'intérieur du lycée, ils pouvaient toujours le faire. C'est une procédure qu'on connaît bien. Puisque chaque lycée a un policier référent, comme vous le savez.
Q- Si mes indiscrétions sont exactes, cela vous a valu un petit accrochage avec N. Sarkozy cette affaire hier ou avant-hier au séminaire gouvernemental ?
R- N. Sarkozy m'a dit simplement : "c'est pour cela que je ne veux pas faire entrer de policiers à l'intérieur". J'ai dit "moi non plus". Voilà.
Q- Est-ce que vous avez dit que vous alliez sanctionner les professeurs qui encouragent les élèves à manifester au motif qu'ils rompent le devoir de réserve qui est celui des fonctionnaires ?
R- On est dans une démocratie, on est dans le cadre du statut de la fonction publique. Je crois vraiment que, celles et ceux qui rentrent dans ce magnifique métier de professeur épousent d'une certaine façon la fonction publique. Et quelques-uns ont, c'est vrai, outrepassé leurs droits.
Q- Vous avez déjà prononcé des sanctions ?
R- Non. Et puis, c'est au stade des rectorats. Mais lorsqu'un professeur met dans le carnet de notes d'un élève de 10, 12 ou 13 ans, un papier de propagande pour aller manifester, moi je crois que ce n'est pas tout à fait le rôle du professeur. Heureusement, ils sont une minorité, ce sont quelques cas d'espèce. Je rappelle quand même qu'il y a 1,3 million personnes à l'Education nationale. Donc, la grande majorité, pour ne pas dire la quasi-totalité des professeurs, est évidemment professeurs avec une conscience professionnelle tout à fait remarquable. Mais les quelques cas qui ont outrepassé leur droit, et ont oublié leur devoir de réserve, ceux-là doivent naturellement être rappelés à l'ordre.
Q- Petite précision au passage, les professeurs qui font grève, les jours de grève ne sont pas payés dans l'Education nationale ?
R- Bien sûr que non, c'est la règle du jeu générale, ils le savent.
Q- L'université maintenant : le bac, c'est encore un peu loin, mais les examens de deuxième semestre sont proches à l'université. Si je ne me trompe, il y a encore 56 universités bloquées ou perturbées, quatre fermées. Monsieur Y. Vallée, qui est le responsable de la Conférence des présidents disait : "la situation est critique".
R- Elle est critique, elle est très inquiétante. D'ailleurs, pour les lycées qui sont bloqués aussi, perturbés, comme pour les universités. C'est cela qui m'importe en priorité. Je ne peux pas, comme ministre de l'Education nationale, et avec F. Goulard, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, me dire qu'il y a des jeunes dans notre pays qui ont besoin de qualification, qui ont besoin de diplômes, qui ont besoin d'examens pour passer au niveau supérieur, ou de diplômes pour avoir une bonne ligne sur leur curriculum vitae, rater ou risquer de rater une année ! Et c'est cela qui évidemment m'interpelle le plus. Et donc, comme le président, le vice-président de la CPU, de la Conférence des présidents d'université, j'appelle franchement à la raison, à l'esprit de responsabilité, pour que toutes celles et tous ceux qui veulent suivre les cours, car ils ont besoin de tous les cours, pour avoir la totalité du programme pour passer l'examen, avec un diplôme qui ait une valeur, sinon le diplôme n'aurait pas de valeur. Moi, je me refuse en tout cas à ce que l'Education nationale puisse délivrer des diplômes dévalorisés. C'est pour cela que la totalité du programme doit être faite. Il y aura des rattrapages, c'est encore possible, mais on est dans les derniers jours possibles. Sinon il va falloir travailler toutes les vacances de Pâques, travailler les week-ends, travailler peut-être le mois de juillet...
Q- Oui, mais il faut sortir vite de la crise...
R- ...Et aujourd'hui, ce qui pénalise le plus les étudiants modestes, c'est justement les cours qu'ils ne peuvent pas suivre. Et plus ils sont modestes, moins ils ont de moyens financiers pour suivre à l'université, et moins ils peuvent se permettre de perdre une année de plus ou d'avoir à travailler aux mois de juillet et août, alors qu'ils ont besoin quelquefois de ce mois de juillet pour avoir un emploi rémunéré, qui leur permet d'avoir des cours à l'université le reste de l'année. Ils ont besoin de ces ressources-là. Et donc, je souhaite que les examens puissent avoir lieu à la bonne heure, à la bonne date, et avec la totalité des programmes effectués. Je crois que c'est vraiment l'avantage des jeunes.
Q- Cela dépendra de la sortie de la crise. Alors, les présidents des groupes UMP des deux Assemblées, sont en train de concocter une proposition de loi. L'UDF, votre parti, va aussi faire une proposition de loi. Est-ce que vous allez être mis à contribution dans la rédaction de la proposition de loi de l'UDF ?
R- Moi, je m'occupe de l'Education nationale. Je trouve très bien que l'UDF puisse avoir ce dialogue avec les partenaires sociaux. Mais c'est le rôle, j'allais dire, quotidien d'un parti politique que d'avoir des contacts et de la concertation avec les partenaires sociaux, qu'ils soient lycéens, étudiants ou confédérations salariées, fonction publique ou pas fonction publique. C'est le rôle d'un parti politique.
Q- Dernière question : vous appartenez à un Gouvernement dont la démission du Premier ministre est souhaitée par 45% des Français. Il perd 14 points dans les sondages, n'a plus que 26 % d'opinions favorables. Avec un Premier ministre bis, qui est en quelque sorte N. Sarkozy. Vous vous sentez totalement à l'aise dans ce Gouvernement ?
R- Tout cela c'est de la politique un peu politicienne, si vous me permettez. Vous oubliez un chiffre : 45% souhaitent son départ, 49 %veulent son maintien. Donc, il faut dire les deux choses.
Q- La marge est étroite.
R- Il y a quand même une majorité qui souhaite son maintien, et la question ne se pose pas.Source: premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 7 avril 2006
R- Non, mais ce sont des chiffres très importants, j'avais dit cela la semaine dernière, des chiffres très importants. Est-ce que, à titre personne, je suis impressionné ou pas, je pense que cela n'a aucune importance. L'année dernière, pour l'éducation, l'école, le baccalauréat, il y avait au moins autant de personnes ; il y a deux ans, il y avait au moins autant de personnes. Chaque année - je dis hélas ! Pour l'école, parce que pendant ce temps-là ce sont des jeunes qui ne suivent pas les cours et qui compromettent un peu leurs examens si cela continue - eh bien chaque année, hélas ! dans notre pays, il y a des manifestations qui sont très importantes.
Q- Mais quand vous voyez cette manifestation, la cinquième - avec le risque d'une sixième ou d'une septième, je sais pas - est-ce que vous estimez, vous, aujourd'hui, qu'il faut sortir vite de la crise, et que le seul moyen de sortir de la crise, c'est, sans finasser cette fois-ci, de dire clairement : oui, abrogation du CPE ?
R- Sortir de la crise, le Premier ministre l'a dit hier, donc je crois que c'est vraiment utile et nécessaire. Deuxièmement, il faut trouver le meilleur dispositif possible pour créer de l'emploi pour les jeunes. Parce que, aujourd'hui, à 500 mètres d'ici, ou à 500 kilomètres d'ici, il y a des jeunes sans aucune qualification, qui cherchent un emploi, qui n'arrivent pas à trouver un employeur qui veut passer un contrat avec lui compte tenu qu'il n'a pas de qualification et qu'il y a des risques pour l'employeur quand on passe un contrat de type CDI avec un jeune dans certains cas. Et donc, je dis qu'il faut trouver le meilleur dispositif possible. Aujourd'hui, pour trouver ce meilleur dispositif donc...
Q- Le préalable n'est-ce pas l'abrogation ?
R- ... le préalable, c'est une loi qui est maintenant promulguée, et que l'on peut améliorer. A la charge des parlementaires de l'améliorer, comme ils le semblent utile pour le pays. Et ce sera l'intérêt général qui les guidera.
Q- Ma question c'est : faut-il encore, ou peut-on encore, aménager ce dispositif qui est le CPE ? Faut-il l'abroger pour remettre à plat les choses, et imaginer au autre dispositif ?
Je ne me substituerai pas aux parlementaires, malgré la force de votre question et la répétition de votre question. La balle maintenant, si je puis dire, le sujet est dans les mains des parlementaires, avec les deux ministres compétents, J.-L. Borloo et G. Larcher. Ils trouveront, grâce au dialogue et à la concertation qui s'engagent aujourd'hui, les meilleurs moyens, à la fois de tourner une page de raidissement à propos du CPE, mais j'espère surtout, je suis persuadé qu'ils trouveront l'outil pour créer des emplois pour les jeunes. Parce que c'est cela qui compte, c'est cela le fond du problème.
Q- Pour ce qui vous concerne, vous êtes en charge des lycées, des universités, les écoles, autrement dit, l'ensemble de l'Education nationale, hier, à l'Assemblée nationale, si je ne me trompe, vous avez dit "on est sur le bon chemin". Est-ce que vous avez vraiment le sentiment qu'on est sur le bon chemin pour les lycées, quand on voit encore que 68 collèges et lycées d'Ile-de-France, appellent à une grève renouvelable, sinon à une grève totale ?
R- Ce n'est pas un sentiment, ce sont des chiffres. Il y avait, la semaine dernière par exemple, plus de 1.000 lycées perturbés et 450 qui étaient bloqués. Et, chaque jour, depuis la semaine dernière - jeudi, vendredi et jusqu'à mardi, hier, jour donc des manifestations - on s'est aperçus que la moitié des lycées bloqués avait été débloqués, et que la moitié des lycées perturbés, plus de la moitié, 60% des lycées perturbés, ne l'étaient plus. Cela veut dire qu'on va dans une direction qui va vers la normalité. Est-ce que cela va s'arrêter ou pas s'arrêter ? Je n'en sais rien. Mais ce que je sais, c'est que cela va dans le bon sens.
Q- Et pour ce qui est de votre initiative, est-ce que vous allez renouveler la consigne orale que vous avez donnée aux recteurs, c'est-à-dire - je rappelle cette consigne - de pratiquer, d'organiser, la réouverture des lycées, quitte, si c'est nécessaire, à faire appel aux forces de l'ordre ?
R- Non, ce n'est pas du tout cela. Vous pouvez reprendre tous les articles de journalistes là-dessus, il y en eus quelques-uns, [comme dans] Les Echos. Beaucoup étaient erronés. J'ai simplement dit que beaucoup de collèges ou de lycées, surtout des lycées d'ailleurs, étaient bloqués par pas grand-chose, et quelquefois même à titre préventif par des chefs d'établissement, et que si ces chefs d'établissements pouvaient rouvrir les portes, mais que, par mesure de prévention si jamais il y avait une bande de loubards dans le coin, ils pouvaient toujours, par l'intermédiaire du préfet qui est seul maître en la matière, ils pouvaient toujours, si ils le jugeaient utile, faire appel à la police, non pas dans l'établissement, mais à l'extérieur pour bien vérifier qu'il n'y avait pas de risques à l'intérieur du lycée, ils pouvaient toujours le faire. C'est une procédure qu'on connaît bien. Puisque chaque lycée a un policier référent, comme vous le savez.
Q- Si mes indiscrétions sont exactes, cela vous a valu un petit accrochage avec N. Sarkozy cette affaire hier ou avant-hier au séminaire gouvernemental ?
R- N. Sarkozy m'a dit simplement : "c'est pour cela que je ne veux pas faire entrer de policiers à l'intérieur". J'ai dit "moi non plus". Voilà.
Q- Est-ce que vous avez dit que vous alliez sanctionner les professeurs qui encouragent les élèves à manifester au motif qu'ils rompent le devoir de réserve qui est celui des fonctionnaires ?
R- On est dans une démocratie, on est dans le cadre du statut de la fonction publique. Je crois vraiment que, celles et ceux qui rentrent dans ce magnifique métier de professeur épousent d'une certaine façon la fonction publique. Et quelques-uns ont, c'est vrai, outrepassé leurs droits.
Q- Vous avez déjà prononcé des sanctions ?
R- Non. Et puis, c'est au stade des rectorats. Mais lorsqu'un professeur met dans le carnet de notes d'un élève de 10, 12 ou 13 ans, un papier de propagande pour aller manifester, moi je crois que ce n'est pas tout à fait le rôle du professeur. Heureusement, ils sont une minorité, ce sont quelques cas d'espèce. Je rappelle quand même qu'il y a 1,3 million personnes à l'Education nationale. Donc, la grande majorité, pour ne pas dire la quasi-totalité des professeurs, est évidemment professeurs avec une conscience professionnelle tout à fait remarquable. Mais les quelques cas qui ont outrepassé leur droit, et ont oublié leur devoir de réserve, ceux-là doivent naturellement être rappelés à l'ordre.
Q- Petite précision au passage, les professeurs qui font grève, les jours de grève ne sont pas payés dans l'Education nationale ?
R- Bien sûr que non, c'est la règle du jeu générale, ils le savent.
Q- L'université maintenant : le bac, c'est encore un peu loin, mais les examens de deuxième semestre sont proches à l'université. Si je ne me trompe, il y a encore 56 universités bloquées ou perturbées, quatre fermées. Monsieur Y. Vallée, qui est le responsable de la Conférence des présidents disait : "la situation est critique".
R- Elle est critique, elle est très inquiétante. D'ailleurs, pour les lycées qui sont bloqués aussi, perturbés, comme pour les universités. C'est cela qui m'importe en priorité. Je ne peux pas, comme ministre de l'Education nationale, et avec F. Goulard, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, me dire qu'il y a des jeunes dans notre pays qui ont besoin de qualification, qui ont besoin de diplômes, qui ont besoin d'examens pour passer au niveau supérieur, ou de diplômes pour avoir une bonne ligne sur leur curriculum vitae, rater ou risquer de rater une année ! Et c'est cela qui évidemment m'interpelle le plus. Et donc, comme le président, le vice-président de la CPU, de la Conférence des présidents d'université, j'appelle franchement à la raison, à l'esprit de responsabilité, pour que toutes celles et tous ceux qui veulent suivre les cours, car ils ont besoin de tous les cours, pour avoir la totalité du programme pour passer l'examen, avec un diplôme qui ait une valeur, sinon le diplôme n'aurait pas de valeur. Moi, je me refuse en tout cas à ce que l'Education nationale puisse délivrer des diplômes dévalorisés. C'est pour cela que la totalité du programme doit être faite. Il y aura des rattrapages, c'est encore possible, mais on est dans les derniers jours possibles. Sinon il va falloir travailler toutes les vacances de Pâques, travailler les week-ends, travailler peut-être le mois de juillet...
Q- Oui, mais il faut sortir vite de la crise...
R- ...Et aujourd'hui, ce qui pénalise le plus les étudiants modestes, c'est justement les cours qu'ils ne peuvent pas suivre. Et plus ils sont modestes, moins ils ont de moyens financiers pour suivre à l'université, et moins ils peuvent se permettre de perdre une année de plus ou d'avoir à travailler aux mois de juillet et août, alors qu'ils ont besoin quelquefois de ce mois de juillet pour avoir un emploi rémunéré, qui leur permet d'avoir des cours à l'université le reste de l'année. Ils ont besoin de ces ressources-là. Et donc, je souhaite que les examens puissent avoir lieu à la bonne heure, à la bonne date, et avec la totalité des programmes effectués. Je crois que c'est vraiment l'avantage des jeunes.
Q- Cela dépendra de la sortie de la crise. Alors, les présidents des groupes UMP des deux Assemblées, sont en train de concocter une proposition de loi. L'UDF, votre parti, va aussi faire une proposition de loi. Est-ce que vous allez être mis à contribution dans la rédaction de la proposition de loi de l'UDF ?
R- Moi, je m'occupe de l'Education nationale. Je trouve très bien que l'UDF puisse avoir ce dialogue avec les partenaires sociaux. Mais c'est le rôle, j'allais dire, quotidien d'un parti politique que d'avoir des contacts et de la concertation avec les partenaires sociaux, qu'ils soient lycéens, étudiants ou confédérations salariées, fonction publique ou pas fonction publique. C'est le rôle d'un parti politique.
Q- Dernière question : vous appartenez à un Gouvernement dont la démission du Premier ministre est souhaitée par 45% des Français. Il perd 14 points dans les sondages, n'a plus que 26 % d'opinions favorables. Avec un Premier ministre bis, qui est en quelque sorte N. Sarkozy. Vous vous sentez totalement à l'aise dans ce Gouvernement ?
R- Tout cela c'est de la politique un peu politicienne, si vous me permettez. Vous oubliez un chiffre : 45% souhaitent son départ, 49 %veulent son maintien. Donc, il faut dire les deux choses.
Q- La marge est étroite.
R- Il y a quand même une majorité qui souhaite son maintien, et la question ne se pose pas.Source: premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 7 avril 2006