Texte intégral
Q- Nous allons évidemment parler culture, nous allons parler art contemporain, mais évidemment nous allons commencer par l'Europe, parce que je n'oublie pas que vous avez été aussi ministre des Affaires européennes. Cette journée de l'Europe, quand on regarde un tout dernier sondage publié par nos confrères de chez Métro, on se rend compte que parmi les personnalités européennes préférées des Français, arrivent en tête une femme navigatrice, E. MacArthur, mais après ce sont des acteurs, des actrices, des chanteurs - L. Pavarotti, M. Belluci, B. Poelvoorde, l'Espagnol P. Almodovar. Cela veut dire que l'Europe de la culture, au fond, c'est peut-être celle qui, symboliquement, est la plus forte dans le coeur des Français ?
R- Je crois que c'est une bonne nouvelle que de constater que nos concitoyens aiment l'Europe et considèrent que cette diversité des talents, cette incarnation par sa dimension culturelle est essentielle. L'Europe n'est pas uniquement un marché, ce sont des valeurs, c'est le pluralisme, c'est la diversité culturelle et nous agissons beaucoup. Avec mes collègues ministre de la Culture des différents pays de l'Union européenne, nous venons de décider de mettre en place un label européen du patrimoine. C'est-à-dire faire en sorte qu'il y ait le maximum de routes possibles entre les musées, entre les églises, entre les cafés, entre les librairies, entre les places de villages, entre ce qui fait l'art de vivre.
Q- Une sorte de monuments historiques européens ?
R- Bien sûr, mais au-delà des monuments historiques, les lieux de culture, les lieux de diversité, d'expression libre, ce qui doit permettre aussi le parcours des artistes. Pour notre pays, c'est un vrai enjeu, c'est un vrai défi et je suis très fier que l'Europe ait récemment validé tout le système français d'aides au cinéma. Ce qui prouve que cette diversité, c'est une valeur reconnue maintenant partout.
Q- Et puis, en matière de culture, la France garde l'initiative en Europe, ce qui fait toujours plaisir...
R- C'est clair. Sans avoir la grosse tête, nous faisons un peu figure de phare et je crois que c'est quelque chose de très important.
Q- Alors une initiative justement, aujourd'hui, dont on va beaucoup parler en Europe, mais pas seulement. C'est une exposition qui s'appelle "la force de l'art", c'est une exposition d'art
contemporain. Depuis combien de temps, à Paris, il n'y avait pas eu une exposition d'une telle importance ?
R- Depuis 1972, en fait depuis le président Pompidou. Je crois que c'est une très belle initiative, c'est la volonté du Premier ministre et de moi-même, de soutenir la création par tous les moyens. C'est-à-dire que tous les trois ans, désormais, il y aura la présentation au public, au Grand Palais, de l'état de la création française. Ça veut dire quoi ? Tous les artistes qui travaillent dans notre pays, qu'ils soient français, qu'ils
soient étrangers, tous ceux qui travaillent dans notre pays, peuvent présenter un certain nombre d'oeuvres sélectionnées par des commissaires indépendants.
Q- Comme il fut un temps, il y avait le salon des indépendants, justement.
R- Voilà, et il y aura d'ailleurs un autre salon aussi au Grand Palais. Donc ce lieu qui est un phare, qui est un lieu exceptionnel, qui est un écrin magique...
Q- 7.000 mètres carrés d'exposition...
R- 7.000 mètres carrés, 200 artistes exposés, et ce qui est très important c'est que 80 d'entre eux ne l'avaient jamais été. Donc tous ceux qui se posent des questions sur l'art contemporain, qui ne comprennent pas ou qui aiment, venez au Grand Palais à partir de demain. Je crois que c'est quelque chose de très important, parce que cela prouve que notre pays bouge. On a la chance d'avoir un patrimoine exceptionnel, le Grand Palais en est l'illustration même, on est aussi un pays qui soutient la création et ça, c'est la volonté du Premier ministre, D. de Villepin, de le faire et je crois que c'est une très bonne chose.
Q- C'est 80 artistes qui n'avaient jamais été exposés, comment êtes-vous allé les dénicher ? Il y a eu des missi dominici envoyés par le ministère ?
R- Ce n'est pas moi, ce ne sont pas les amis du pouvoir, ce sont des commissaires indépendants, quinze ont été désignés et ce sont eux qui ont eu la liberté totale d'organiser l'espace, de choisir les artistes autour des thèmes et donc...
Q- Donc vous avez découvert leur travail une fois que tout a été fait ?
R- Absolument !
Q- Vous n'êtes pas intervenu...
R- Un ministre de la Culture, il est garant de la liberté et de l'indépendance artistique. Donc, j'ai donné les moyens, nous avons veillé à ce que cela se passe bien. C'est un grand défi parce que les délais n'étaient pas considérables, nous avons fait cela en sept mois, nous rattrapons un retard. Cela se passait à Londres, cela se passait à New York, cela ne se passait pas à Paris, et donc nous rattrapons ce retard. On assiste de temps en temps à des tas de petites polémiques...
Q- Oui, on a vu dans la presse que certains disaient "mais pourquoi untel, pourquoi pas telle personne ?". Il y a un artiste, semble-t-il, qui a refusé...
R- Voilà. On est une démocratie vivante, donc chacun a le droit critiquer. Pour moi, ce qui compte, si vous voulez, c'est qu'on fasse des choses. Parce que si on ne fait rien, alors à ce moment-là, nos concitoyens se disent "tout fout le camp", et les choses se passent ailleurs... [Donc], relocalisation de l'activité en France.
Q- Puisque vous parlez de "tout fout le camp", est-ce que ce n'est pas, d'une certaine façon, la réponse au déménagement ou au musée qui n'a eu lieu, de la collection Pinault qui est partie s'installer à Venise et qui inaugurait, il n'y a pas très longtemps le Palazzo Grassi ?
R- Quand F. Pinault a pris la décision de renoncer à son projet de Boulogne pour s'installer à Venise, c'est vrai que j'étais personnellement triste. J'ai eu le sentiment d'un grand gâchis, parce que c'était un très beau projet, et sur le plan de l'architecture contemporaine et sur le plan de la présentation de ses collections. Et donc, cela fait partie d'un plan d'ensemble que j'ai mis en place...
Q- Vous lui aviez proposé à l'époque d'ailleurs d'exposer à...
R- Je lui avais proposé d'exposer ses collections en France, s'il le souhaitait et il a pris une autre décision.
Q- Il n'a pas voulu.
R- Cela fait partie d'un plan d'ensemble, si vous voulez, de faire en sorte que le Palais de Tokyo, le Grand Palais, tous les lieux et même les plus patrimoniaux, s'ouvrent à la création contemporaine. Je crois à cette valeur : mise en valeur de notre patrimoine et ouverture à la création. Pas de sectarisme mais une sorte de fécondation, de stéréo entre les racines, l'histoire de notre pays et la création. Cette semaine, d'ailleurs, est pour moi, de ce point de vue-là, quelque chose de très important. Il y a cette exposition au Grand Palais, ce soir, demain, je continue à défendre au Sénat les droits d'auteur face à Internet et vendredi...
Q- Ça aussi, c'était à l'origine d'une polémique qui s'apaise à peu près. Maintenant, il y a une sorte de consensus pour...
R- Je crois que nous avons défini un bon point d'équilibre, c'est-à-dire oui à la technologie, oui à Internet, mais oui au respect du droit d'auteur et aux métiers des artistes. Et vendredi, autre troisième grand temps pour moi, qui est évidemment absolument essentiel, c'est celui de la situation concrète des artistes et des techniciens, et avec G. Larcher, devant le Conseil national des professions du spectacle, nous annoncerons quelle sera la part de solidarité de l'Etat qui s'ajoutera à celle définie par les partenaires sociaux au niveau interprofessionnel.
Q- C'est-à-dire que c'est la dernière marche pour régler l'ensemble du dispositif des intermittents du spectacle ?
R- Je crois que nous allons contribuer à annoncer un dispositif qui fera qu'on tourne définitivement le dos à la crise et que même si le métier artistique reste très difficile, c'est quelque chose de nouveau. Et puis, il y a le devoir de mémoire aussi, et demain...
Q- C'est aussi une de vos initiatives...
R- Voilà. Demain, à la demande du président de la République, nous avons organisé une très belle cérémonie qu'il va présider lui-même au Palais du Luxembourg, mémoire nécessaire, oui, liée à cette cicatrice, à ce crime contre l'humanité qu'est l'esclavage.
Q- Pour revenir à cette exposition, "la force de l'art", elle se déroule jusqu'à quand à Paris ? Et vous savez quand on parle d'art contemporain, il y a toujours la crainte de se retrouver confronter à des toiles qu'on ne saisirait pas, etc. Comment se visite cette exposition ? Et par qui doit-on se faire accompagner ?
R- Écoutez, venez librement à partir de demain, de midi à 20 heures. Cette exposition est magnifique, elle a quinze espaces différents, il y a des débats, il y a des forums, il va y avoir de la musique, il va y avoir de la danse, bref cela va être un lieu extraordinairement vivant. La seule chose, venez sans préjugé, venez avec l'esprit de curiosité et acceptez de vous faire un peu bousculer, parce que l'art contemporain est, de ce point vue là, une sorte de découverte du réel, c'est l'expression libre d'un certain nombre d'artistes, c'est la force d'un pays, aussi, d'accueillir des tas de créateurs, parce que certains viennent des pays étrangers, vivent dans notre pays, nous font cet honneur, et donc nous les mettons à l'honneur.
Q- On vous sent très enthousiaste, très désireux d'aller de l'avant, le contexte politique actuellement est plutôt lourd, c'est un euphémisme de dire ça, tous les jours, sortent des papiers demandant si D. de Villepin va partir demain, après-demain, est-ce qu'il va être remplacé par N. Sarkozy ? Vous êtes plutôt proche de D. de Villepin aujourd'hui, comment sentez- vous évoluer la situation ?
R- C'est un excellent Premier ministre, il a la passion de la France, il a la passion des Français, il fait preuve de beaucoup de caractère, de solidité. Moi, je fais confiance à la justice de mon pays pour établir et rétablir la vérité et que personne ne le fasse à la place de la justice. Je crois que dans une grande démocratie, on a la chance d'avoir une justice indépendante, qu'on lui fasse confiance. Et deuxièmement, c'est vrai...
Q- Vous pensez qu'il est victime, lui aussi, de manipulations ? Qu'il peut l'être ?
R- Mais je pense qu'il a le droit, comme chacun, à la justice. Nos concitoyens ont droit à la vérité, chacun des protagonistes de cette affaire a droit à la vérité pour rétablir leur honneur, si leur honneur a été injustement mis en cause. Cette sérénité est une nécessité et je crois, d'autre part, qu'il ne faut pas que nous perdions, nous, Gouvernement, le devoir que nous avons sur nos épaules, c'est d'agir pour nos concitoyens et de ne jamais, jamais, jamais utiliser des questions judiciaires pour régler des comptes politiques.
Q- Vous faites confiance à N. Sarkozy, en disant cela ?
R- Non, je crois que chacun aujourd'hui doit avoir à coeur d'agir pour le bien de nos concitoyens. Nous avons encore un an avant l'élection présidentielle et les législatives, il faut que nous ayons un bon bilan et ensuite un bon projet. Donc, très sincèrement j'espère que la sérénité va l'emporter, et en tout cas, il y a une exigence de vérité, ça c'est vrai ; c'est à la justice de la déterminer.Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 10 mai 2006
R- Je crois que c'est une bonne nouvelle que de constater que nos concitoyens aiment l'Europe et considèrent que cette diversité des talents, cette incarnation par sa dimension culturelle est essentielle. L'Europe n'est pas uniquement un marché, ce sont des valeurs, c'est le pluralisme, c'est la diversité culturelle et nous agissons beaucoup. Avec mes collègues ministre de la Culture des différents pays de l'Union européenne, nous venons de décider de mettre en place un label européen du patrimoine. C'est-à-dire faire en sorte qu'il y ait le maximum de routes possibles entre les musées, entre les églises, entre les cafés, entre les librairies, entre les places de villages, entre ce qui fait l'art de vivre.
Q- Une sorte de monuments historiques européens ?
R- Bien sûr, mais au-delà des monuments historiques, les lieux de culture, les lieux de diversité, d'expression libre, ce qui doit permettre aussi le parcours des artistes. Pour notre pays, c'est un vrai enjeu, c'est un vrai défi et je suis très fier que l'Europe ait récemment validé tout le système français d'aides au cinéma. Ce qui prouve que cette diversité, c'est une valeur reconnue maintenant partout.
Q- Et puis, en matière de culture, la France garde l'initiative en Europe, ce qui fait toujours plaisir...
R- C'est clair. Sans avoir la grosse tête, nous faisons un peu figure de phare et je crois que c'est quelque chose de très important.
Q- Alors une initiative justement, aujourd'hui, dont on va beaucoup parler en Europe, mais pas seulement. C'est une exposition qui s'appelle "la force de l'art", c'est une exposition d'art
contemporain. Depuis combien de temps, à Paris, il n'y avait pas eu une exposition d'une telle importance ?
R- Depuis 1972, en fait depuis le président Pompidou. Je crois que c'est une très belle initiative, c'est la volonté du Premier ministre et de moi-même, de soutenir la création par tous les moyens. C'est-à-dire que tous les trois ans, désormais, il y aura la présentation au public, au Grand Palais, de l'état de la création française. Ça veut dire quoi ? Tous les artistes qui travaillent dans notre pays, qu'ils soient français, qu'ils
soient étrangers, tous ceux qui travaillent dans notre pays, peuvent présenter un certain nombre d'oeuvres sélectionnées par des commissaires indépendants.
Q- Comme il fut un temps, il y avait le salon des indépendants, justement.
R- Voilà, et il y aura d'ailleurs un autre salon aussi au Grand Palais. Donc ce lieu qui est un phare, qui est un lieu exceptionnel, qui est un écrin magique...
Q- 7.000 mètres carrés d'exposition...
R- 7.000 mètres carrés, 200 artistes exposés, et ce qui est très important c'est que 80 d'entre eux ne l'avaient jamais été. Donc tous ceux qui se posent des questions sur l'art contemporain, qui ne comprennent pas ou qui aiment, venez au Grand Palais à partir de demain. Je crois que c'est quelque chose de très important, parce que cela prouve que notre pays bouge. On a la chance d'avoir un patrimoine exceptionnel, le Grand Palais en est l'illustration même, on est aussi un pays qui soutient la création et ça, c'est la volonté du Premier ministre, D. de Villepin, de le faire et je crois que c'est une très bonne chose.
Q- C'est 80 artistes qui n'avaient jamais été exposés, comment êtes-vous allé les dénicher ? Il y a eu des missi dominici envoyés par le ministère ?
R- Ce n'est pas moi, ce ne sont pas les amis du pouvoir, ce sont des commissaires indépendants, quinze ont été désignés et ce sont eux qui ont eu la liberté totale d'organiser l'espace, de choisir les artistes autour des thèmes et donc...
Q- Donc vous avez découvert leur travail une fois que tout a été fait ?
R- Absolument !
Q- Vous n'êtes pas intervenu...
R- Un ministre de la Culture, il est garant de la liberté et de l'indépendance artistique. Donc, j'ai donné les moyens, nous avons veillé à ce que cela se passe bien. C'est un grand défi parce que les délais n'étaient pas considérables, nous avons fait cela en sept mois, nous rattrapons un retard. Cela se passait à Londres, cela se passait à New York, cela ne se passait pas à Paris, et donc nous rattrapons ce retard. On assiste de temps en temps à des tas de petites polémiques...
Q- Oui, on a vu dans la presse que certains disaient "mais pourquoi untel, pourquoi pas telle personne ?". Il y a un artiste, semble-t-il, qui a refusé...
R- Voilà. On est une démocratie vivante, donc chacun a le droit critiquer. Pour moi, ce qui compte, si vous voulez, c'est qu'on fasse des choses. Parce que si on ne fait rien, alors à ce moment-là, nos concitoyens se disent "tout fout le camp", et les choses se passent ailleurs... [Donc], relocalisation de l'activité en France.
Q- Puisque vous parlez de "tout fout le camp", est-ce que ce n'est pas, d'une certaine façon, la réponse au déménagement ou au musée qui n'a eu lieu, de la collection Pinault qui est partie s'installer à Venise et qui inaugurait, il n'y a pas très longtemps le Palazzo Grassi ?
R- Quand F. Pinault a pris la décision de renoncer à son projet de Boulogne pour s'installer à Venise, c'est vrai que j'étais personnellement triste. J'ai eu le sentiment d'un grand gâchis, parce que c'était un très beau projet, et sur le plan de l'architecture contemporaine et sur le plan de la présentation de ses collections. Et donc, cela fait partie d'un plan d'ensemble que j'ai mis en place...
Q- Vous lui aviez proposé à l'époque d'ailleurs d'exposer à...
R- Je lui avais proposé d'exposer ses collections en France, s'il le souhaitait et il a pris une autre décision.
Q- Il n'a pas voulu.
R- Cela fait partie d'un plan d'ensemble, si vous voulez, de faire en sorte que le Palais de Tokyo, le Grand Palais, tous les lieux et même les plus patrimoniaux, s'ouvrent à la création contemporaine. Je crois à cette valeur : mise en valeur de notre patrimoine et ouverture à la création. Pas de sectarisme mais une sorte de fécondation, de stéréo entre les racines, l'histoire de notre pays et la création. Cette semaine, d'ailleurs, est pour moi, de ce point de vue-là, quelque chose de très important. Il y a cette exposition au Grand Palais, ce soir, demain, je continue à défendre au Sénat les droits d'auteur face à Internet et vendredi...
Q- Ça aussi, c'était à l'origine d'une polémique qui s'apaise à peu près. Maintenant, il y a une sorte de consensus pour...
R- Je crois que nous avons défini un bon point d'équilibre, c'est-à-dire oui à la technologie, oui à Internet, mais oui au respect du droit d'auteur et aux métiers des artistes. Et vendredi, autre troisième grand temps pour moi, qui est évidemment absolument essentiel, c'est celui de la situation concrète des artistes et des techniciens, et avec G. Larcher, devant le Conseil national des professions du spectacle, nous annoncerons quelle sera la part de solidarité de l'Etat qui s'ajoutera à celle définie par les partenaires sociaux au niveau interprofessionnel.
Q- C'est-à-dire que c'est la dernière marche pour régler l'ensemble du dispositif des intermittents du spectacle ?
R- Je crois que nous allons contribuer à annoncer un dispositif qui fera qu'on tourne définitivement le dos à la crise et que même si le métier artistique reste très difficile, c'est quelque chose de nouveau. Et puis, il y a le devoir de mémoire aussi, et demain...
Q- C'est aussi une de vos initiatives...
R- Voilà. Demain, à la demande du président de la République, nous avons organisé une très belle cérémonie qu'il va présider lui-même au Palais du Luxembourg, mémoire nécessaire, oui, liée à cette cicatrice, à ce crime contre l'humanité qu'est l'esclavage.
Q- Pour revenir à cette exposition, "la force de l'art", elle se déroule jusqu'à quand à Paris ? Et vous savez quand on parle d'art contemporain, il y a toujours la crainte de se retrouver confronter à des toiles qu'on ne saisirait pas, etc. Comment se visite cette exposition ? Et par qui doit-on se faire accompagner ?
R- Écoutez, venez librement à partir de demain, de midi à 20 heures. Cette exposition est magnifique, elle a quinze espaces différents, il y a des débats, il y a des forums, il va y avoir de la musique, il va y avoir de la danse, bref cela va être un lieu extraordinairement vivant. La seule chose, venez sans préjugé, venez avec l'esprit de curiosité et acceptez de vous faire un peu bousculer, parce que l'art contemporain est, de ce point vue là, une sorte de découverte du réel, c'est l'expression libre d'un certain nombre d'artistes, c'est la force d'un pays, aussi, d'accueillir des tas de créateurs, parce que certains viennent des pays étrangers, vivent dans notre pays, nous font cet honneur, et donc nous les mettons à l'honneur.
Q- On vous sent très enthousiaste, très désireux d'aller de l'avant, le contexte politique actuellement est plutôt lourd, c'est un euphémisme de dire ça, tous les jours, sortent des papiers demandant si D. de Villepin va partir demain, après-demain, est-ce qu'il va être remplacé par N. Sarkozy ? Vous êtes plutôt proche de D. de Villepin aujourd'hui, comment sentez- vous évoluer la situation ?
R- C'est un excellent Premier ministre, il a la passion de la France, il a la passion des Français, il fait preuve de beaucoup de caractère, de solidité. Moi, je fais confiance à la justice de mon pays pour établir et rétablir la vérité et que personne ne le fasse à la place de la justice. Je crois que dans une grande démocratie, on a la chance d'avoir une justice indépendante, qu'on lui fasse confiance. Et deuxièmement, c'est vrai...
Q- Vous pensez qu'il est victime, lui aussi, de manipulations ? Qu'il peut l'être ?
R- Mais je pense qu'il a le droit, comme chacun, à la justice. Nos concitoyens ont droit à la vérité, chacun des protagonistes de cette affaire a droit à la vérité pour rétablir leur honneur, si leur honneur a été injustement mis en cause. Cette sérénité est une nécessité et je crois, d'autre part, qu'il ne faut pas que nous perdions, nous, Gouvernement, le devoir que nous avons sur nos épaules, c'est d'agir pour nos concitoyens et de ne jamais, jamais, jamais utiliser des questions judiciaires pour régler des comptes politiques.
Q- Vous faites confiance à N. Sarkozy, en disant cela ?
R- Non, je crois que chacun aujourd'hui doit avoir à coeur d'agir pour le bien de nos concitoyens. Nous avons encore un an avant l'élection présidentielle et les législatives, il faut que nous ayons un bon bilan et ensuite un bon projet. Donc, très sincèrement j'espère que la sérénité va l'emporter, et en tout cas, il y a une exigence de vérité, ça c'est vrai ; c'est à la justice de la déterminer.Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 10 mai 2006