Texte intégral
L'originalité de la Conférence de la famille 2006, c'est de prendre en compte l'évolution de notre société en mettant en lumière le rôle pivot d'une génération trop longtemps délaissée : celle des 55 - 75 ans. C'est tout l'enjeu des propositions sur lesquelles ont travaillé les deux groupes, et qu'ils viennent de vous présenter. Ces propositions, nous allons les étudier attentivement : elles formeront le socle de mesures qui seront présentées lors de la prochaine Conférence de la famille.
Le thème central cette année, c'est de voir comment nous pouvons développer ces solidarités intergénérationnelles, sur lesquelles se fortifie notre société. Et pour y parvenir, il nous faut répondre à deux grandes questions :
Comment reconnaître et soutenir les aidants familiaux ?
Comment donner toute leur place aux retraités qui sont désormais entrés dans ce que j'appelle un « nouvel âge actif » ?
En répondant à ces deux interrogations, nous confortons la solidarité familiale et, à travers elle, pour une large partie, la solidarité nationale.
I. Comment reconnaître et soutenir les aidants familiaux ?
C'était l'objet du groupe de travail n° 1, présidé par Alain CORDIER, intitulé « la famille, espace de solidarité entre générations ».
Le constat est clair :
Les aidants familiaux travaillent parfois jusqu'à 18 h par jour pour s'occuper de leurs parents dépendants. Nous devons prendre en compte la nécessité de les aider à « tenir le coup ». Car de toute façon, le jour où ils ne parviennent plus à assumer cette charge, c'est la solidarité nationale qui devra prendre le relais.
Un aidant familial qui travaille se voit confronté à des choix très difficiles. Il peut aller jusqu'à devoir renoncer à son activité, sans pouvoir maintenir son contrat de travail ni ses droits à la retraite.
S'il souhaite conserver son activité, peut-il prendre un congé et retrouver son emploi ensuite ? Comment peut-il maintenir son niveau de ressources ?
La prise en charge de parents dépendants requiert des compétences que tout le monde n'a pas. Aujourd'hui, aucune formation n'est prévue, même pour accomplir des gestes simples de soins.
A l'issue de cette période douloureuse, si l'aidant familial a l'âge de vouloir reprendre une activité, il n'y a ni validation des acquis de l'expérience ou, à l'inverse, ni formation complémentaire.
Le groupe de travail présidé par Alain CORDIER a bien mis en évidence ces difficultés. Et c'est à partir des pistes formulées que nous apporterons des réponses. Je vais poursuivre la large concertation déjà menée par les deux groupes, afin de creuser ces pistes et d'élaborer des propositions, pour la Conférence de la famille.
Ce qu'il nous faut ainsi rechercher, ce sont des mesures d'organisation d'un parcours de vie qui doit prendre en compte le temps consacré à une personne âgée ou handicapée dépendante.
II. Deuxième question : comment donner toute sa place à ce nouvel âge actif ?
C'était l'objet du groupe de travail n° 2, présidé par Raoul BRIET, et intitulé « la société intergénérationnelle au service de la famille ».
Le constat :
Nous avons aujourd'hui une vision trop souvent simplifiée de la longévité. Nous l'abordons sous l'angle des retraites, ou sous l'angle de la grande dépendance. Et nos politiques sociales apportent des réponses précises à ces besoins.
Mais on oublie aussi que les retraités sont entrés dans ce « nouvel âge actif » ; ils sont en pleine possession de leurs moyens, ils sont en forme et en bonne santé ; ils veulent conserver une activité, un engagement dans une vie sociale, culturelle ; ils veulent aussi souvent faciliter l'insertion des jeunes dans la vie active.
Plus d'1/3 des 60 - 70 ans sont engagés dans le bénévolat ; et toutes les associations me donnent témoignage de leur extraordinaire présence. Nous avons besoin d'eux.
Les mesures qui seront proposées à la Conférence de la famille auront fait l'objet, tant au travers des travaux des deux groupes que dans le mois qui vient, d'une large concertation.
Le bénévolat rencontre des difficultés qui pourraient conduire à le fragiliser, voire à le faire se réduire dangereusement au détriment - là encore - de la solidarité :
Le bénévolat manque d'information : quel engagement pour un retraité ? quels droits ?
On ne prend pas non plus assez en compte le coût de l'activité bénévole. Investissement financier, parfois, pour le bénévole lui-même (coûts de transports, frais matériels...) ; à l'inverse, coût parfois supporté, difficilement, par l'association dans laquelle s'est investi le « senior actif ».
Une piste est également intéressante : celle de ce que l'on pourrait appeler un « compte-épargne service », c'est à dire permettant à des retraités qui rendent des services à la collectivité (entretien d'un jardin ; accompagnement ou traversée de jeunes enfants à la sortie de l'école ; aide aux devoirs ou garde...) d'en bénéficier en retour. Ce compte leur ouvrirait des droits, qu'ils pourraient conserver sur une longue durée puis utiliser lorsqu'en viendrait le besoin (par exemple, des repas portés à domicile à ces retraités devenus très âgés ; l'entretien de leur propre jardin ou de leur appartement...).
On peut réfléchir au développement de l'échange de services mais aussi à l'urbanisme au sein d'une commune. Ainsi, la « mixité » dans un même immeuble, entre personnes âgées et familles avec de jeunes enfants, facilite le lien social et lutte contre l'isolement des plus dépendants et des plus fragiles. Elle permet de se rendre mutuellement des services et de renforcer la solidarité.
Enfin, nous pouvons envisager une piste permettant de favoriser la constitution d'une épargne, au sein d'une famille, pour les plus jeunes, ceci au-delà des donations entre générations qui ont déjà été renforcées. Ce soutien financier des grands-parents à leurs petits enfants, peut faire la différence pour faciliter l'insertion dans la vie active. Un dispositif de ce type devrait, bien évidemment, tenir compte des familles les plus modestes.
III. Je veux enfin dresser un rapide bilan des mesures de la Conférence de la famille 2005
Les mesures de la Conférence 2005 sont mises en oeuvre, dans leur grande majorité, concrètement et j'en suis heureux. J'y ai veillé.
l'allocation de présence parentale (APP), pour les parents d'enfants en longue maladie, depuis le 1er mai ;
Le Complément Optionnel de Libre Choix d'activité (COLCA), à partir du 1er juillet ;
La Carte Familles nombreuses, à la mi-juin prochain, qui offrira des avantages aux familles de 3 enfants et plus ;
Les logiciels de contrôle parental et de protection de la famille sur Internet, gratuits pour tous, depuis le début d'avril dernier ;
Ainsi que la campagne nationale d'information qui les accompagnent, sur les risques potentiels d'Internet ;
La mise en place, cet automne, du « Label Famille », qui sera apposé sur les contenus et services multimédia, pour rassurer les familles sur leur utilisation par leurs enfants.
Autant d'actions concrètes qui facilitent la vie des familles. C'est dans ce même esprit que nous inscrivons les travaux de la Conférence de la famille 2006, au service de toutes les générations et de la solidarité.
Source http://www.personnes-ages.gouv.fr, le 19 mai 2006
Le thème central cette année, c'est de voir comment nous pouvons développer ces solidarités intergénérationnelles, sur lesquelles se fortifie notre société. Et pour y parvenir, il nous faut répondre à deux grandes questions :
Comment reconnaître et soutenir les aidants familiaux ?
Comment donner toute leur place aux retraités qui sont désormais entrés dans ce que j'appelle un « nouvel âge actif » ?
En répondant à ces deux interrogations, nous confortons la solidarité familiale et, à travers elle, pour une large partie, la solidarité nationale.
I. Comment reconnaître et soutenir les aidants familiaux ?
C'était l'objet du groupe de travail n° 1, présidé par Alain CORDIER, intitulé « la famille, espace de solidarité entre générations ».
Le constat est clair :
Les aidants familiaux travaillent parfois jusqu'à 18 h par jour pour s'occuper de leurs parents dépendants. Nous devons prendre en compte la nécessité de les aider à « tenir le coup ». Car de toute façon, le jour où ils ne parviennent plus à assumer cette charge, c'est la solidarité nationale qui devra prendre le relais.
Un aidant familial qui travaille se voit confronté à des choix très difficiles. Il peut aller jusqu'à devoir renoncer à son activité, sans pouvoir maintenir son contrat de travail ni ses droits à la retraite.
S'il souhaite conserver son activité, peut-il prendre un congé et retrouver son emploi ensuite ? Comment peut-il maintenir son niveau de ressources ?
La prise en charge de parents dépendants requiert des compétences que tout le monde n'a pas. Aujourd'hui, aucune formation n'est prévue, même pour accomplir des gestes simples de soins.
A l'issue de cette période douloureuse, si l'aidant familial a l'âge de vouloir reprendre une activité, il n'y a ni validation des acquis de l'expérience ou, à l'inverse, ni formation complémentaire.
Le groupe de travail présidé par Alain CORDIER a bien mis en évidence ces difficultés. Et c'est à partir des pistes formulées que nous apporterons des réponses. Je vais poursuivre la large concertation déjà menée par les deux groupes, afin de creuser ces pistes et d'élaborer des propositions, pour la Conférence de la famille.
Ce qu'il nous faut ainsi rechercher, ce sont des mesures d'organisation d'un parcours de vie qui doit prendre en compte le temps consacré à une personne âgée ou handicapée dépendante.
II. Deuxième question : comment donner toute sa place à ce nouvel âge actif ?
C'était l'objet du groupe de travail n° 2, présidé par Raoul BRIET, et intitulé « la société intergénérationnelle au service de la famille ».
Le constat :
Nous avons aujourd'hui une vision trop souvent simplifiée de la longévité. Nous l'abordons sous l'angle des retraites, ou sous l'angle de la grande dépendance. Et nos politiques sociales apportent des réponses précises à ces besoins.
Mais on oublie aussi que les retraités sont entrés dans ce « nouvel âge actif » ; ils sont en pleine possession de leurs moyens, ils sont en forme et en bonne santé ; ils veulent conserver une activité, un engagement dans une vie sociale, culturelle ; ils veulent aussi souvent faciliter l'insertion des jeunes dans la vie active.
Plus d'1/3 des 60 - 70 ans sont engagés dans le bénévolat ; et toutes les associations me donnent témoignage de leur extraordinaire présence. Nous avons besoin d'eux.
Les mesures qui seront proposées à la Conférence de la famille auront fait l'objet, tant au travers des travaux des deux groupes que dans le mois qui vient, d'une large concertation.
Le bénévolat rencontre des difficultés qui pourraient conduire à le fragiliser, voire à le faire se réduire dangereusement au détriment - là encore - de la solidarité :
Le bénévolat manque d'information : quel engagement pour un retraité ? quels droits ?
On ne prend pas non plus assez en compte le coût de l'activité bénévole. Investissement financier, parfois, pour le bénévole lui-même (coûts de transports, frais matériels...) ; à l'inverse, coût parfois supporté, difficilement, par l'association dans laquelle s'est investi le « senior actif ».
Une piste est également intéressante : celle de ce que l'on pourrait appeler un « compte-épargne service », c'est à dire permettant à des retraités qui rendent des services à la collectivité (entretien d'un jardin ; accompagnement ou traversée de jeunes enfants à la sortie de l'école ; aide aux devoirs ou garde...) d'en bénéficier en retour. Ce compte leur ouvrirait des droits, qu'ils pourraient conserver sur une longue durée puis utiliser lorsqu'en viendrait le besoin (par exemple, des repas portés à domicile à ces retraités devenus très âgés ; l'entretien de leur propre jardin ou de leur appartement...).
On peut réfléchir au développement de l'échange de services mais aussi à l'urbanisme au sein d'une commune. Ainsi, la « mixité » dans un même immeuble, entre personnes âgées et familles avec de jeunes enfants, facilite le lien social et lutte contre l'isolement des plus dépendants et des plus fragiles. Elle permet de se rendre mutuellement des services et de renforcer la solidarité.
Enfin, nous pouvons envisager une piste permettant de favoriser la constitution d'une épargne, au sein d'une famille, pour les plus jeunes, ceci au-delà des donations entre générations qui ont déjà été renforcées. Ce soutien financier des grands-parents à leurs petits enfants, peut faire la différence pour faciliter l'insertion dans la vie active. Un dispositif de ce type devrait, bien évidemment, tenir compte des familles les plus modestes.
III. Je veux enfin dresser un rapide bilan des mesures de la Conférence de la famille 2005
Les mesures de la Conférence 2005 sont mises en oeuvre, dans leur grande majorité, concrètement et j'en suis heureux. J'y ai veillé.
l'allocation de présence parentale (APP), pour les parents d'enfants en longue maladie, depuis le 1er mai ;
Le Complément Optionnel de Libre Choix d'activité (COLCA), à partir du 1er juillet ;
La Carte Familles nombreuses, à la mi-juin prochain, qui offrira des avantages aux familles de 3 enfants et plus ;
Les logiciels de contrôle parental et de protection de la famille sur Internet, gratuits pour tous, depuis le début d'avril dernier ;
Ainsi que la campagne nationale d'information qui les accompagnent, sur les risques potentiels d'Internet ;
La mise en place, cet automne, du « Label Famille », qui sera apposé sur les contenus et services multimédia, pour rassurer les familles sur leur utilisation par leurs enfants.
Autant d'actions concrètes qui facilitent la vie des familles. C'est dans ce même esprit que nous inscrivons les travaux de la Conférence de la famille 2006, au service de toutes les générations et de la solidarité.
Source http://www.personnes-ages.gouv.fr, le 19 mai 2006