Conférence de presse de M. Gilles de Robien, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche, sur l'organisation des épreuves du baccalauréat 2006, Paris le 6 juin 2006.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Conférence de presse sur le baccalauréat 2006

Texte intégral

Mesdames et Messieurs,
Pour les élèves de classe terminale, c'est bientôt le grand jour !
Le 12 juin prochain commence la session 2006 du baccalauréat.
Concrètement, cela veut dire que plus de 640 000 candidats de terminale vont « plancher » pendant trois semaines, en commençant par la traditionnelle épreuve de philosophie pour le baccalauréat général et technologique.
Le baccalauréat, cela représente en fait plus d'un million de candidats, si l'on compte les élèves de première qui se présentent aux épreuves anticipées du baccalauréat 2007.
Nous savons tous que cette épreuve apportera son lot d'inquiétudes, de stress, de révisions de dernière minute, et finalement de joies, pour tous ceux qui seront reçus.
Mais si le baccalauréat est une épreuve pour les élèves, c'est en une aussi pour le ministère dont j'ai la charge !
Car le baccalauréat, c'est d'abord, ne l'oublions pas, une organisation impressionnante, qui se prépare longtemps à l'avance, dans les coulisses de l'Education nationale !
Les chiffres parlent d'eux-mêmes !
Le bac représente en effet :
4 000 sujets (dont 40 % de sujets de secours)
près de 140 000 correcteurs et examinateurs
environ 4 millions de copies
plus d'un million d'épreuves orales...
et un coût total, chaque année, de 40 millions d'euros par an.
Ces chiffres donnent un peu le vertige.
Et pourtant, depuis des années, l'Education nationale organise les épreuves dans de bonnes conditions.
Et j'aimerais que les commentateurs soulignent l'ampleur de la tâche que l'Education nationale accomplit tous les ans pour le baccalauréat !
Je tiens à remercier tous ceux qui, depuis des mois, ont élaboré les sujets du baccalauréat, ont planifié les épreuves, ont assuré la logistique et préparé les salles d'examen.
C'est toute l'Education nationale qui s'est mobilisée, à tous les niveaux : les recteurs, les inspecteurs, les personnels de direction, les personnels administratifs et les personnels d'éducation!
Nous devons naturellement tous remercier les professeurs, qui s'investissent avec beaucoup de conscience professionnelle dans la préparation des épreuves. Et je sais que pour eux aussi, c'est un moment décisif. Car, par la pensée du moins, ils passent le baccalauréat avec leurs élèves !
Le 12 juin prochain, c'est donc toute une année de travail qui va aboutir avec la distribution des premiers sujets.
Je me réjouis que tout soit prêt, comme tous les ans, pour que le baccalauréat se passe bien.
Les récents événements qui ont pu affecter le fonctionnement d'un certain nombre de lycées, n'ont mis en cause ni le calendrier, ni le niveau de préparation des candidats bacheliers. Chacun a su raison garder.
Là où cela était nécessaire, des cours de rattrapage ont permis d'achever l'acquisition des programmes.
Bref, du côté de l'administration comme du côté des élèves, tout est prêt pour que la session 2006 se déroule dans des conditions absolument normales.
Vous l'avez vu, les moyens que nous déployons pour le bac sont impressionnants.
Ils sont à la hauteur de l'attachement que nous portons tous à ce diplôme.
Car le baccalauréat, c'est une part de la France.
Le « bachot » comme on disait autrefois a inspiré les écrivains, les chanteurs, les cinéastes.
On s'est souvent moqué de ce rite de passage, mais au fond, je crois que les Français y sont très attachés !
Car c'est un monument national, crée il y a près de deux siècles (en 1808 exactement) !
Mais cela ne veut pas dire que ce serait une institution poussiéreuse ! Bien au contraire.
Le baccalauréat a d'abord su s'adapter à l'augmentation prodigieuse des effectifs de l'enseignement secondaire.
Je rappelle qu'on est passé de 15 000 candidats en 1930 à 640 000 aujourd'hui ! C'est une évolution considérable.
Je rappelle qu'en 2005 plus de 62% des jeunes d'une génération ont obtenu le baccalauréat.
En outre, le bac a su se diversifier, d'abord grâce à la rénovation de sa forme la plus ancienne, le baccalauréat général : c'est en 1993 qu'ont été instituées les actuelles séries ES, L et S.
Puis d'autres formes de baccalauréat ont été créées : le baccalauréat technologique en 1968, le baccalauréat professionnel en 1985.
Je signale au passage que c'est la part de candidats au baccalauréat professionnel qui progresse le plus cette année, avec une croissance de 3,43 % par rapport à la session précédente.
Aujourd'hui, ce baccalauréat continue d'évoluer.
Ainsi, la session de cette année comportera quelques aménagements nouveaux :
l'épreuve de travaux personnels encadrés qui était facultative devient une épreuve anticipée obligatoire, passée en première, avec un coefficient deux ;
le baccalauréat professionnel présente quatre nouvelles spécialités (notamment microtechnique et esthétique-parfumerie) ;
et enfin, les langues anciennes sont valorisées : le coefficient du latin et du grec augmente d'un point pour les élèves qui les choisissent comme première épreuve facultative.
Je signale également que nous poursuivons nos efforts pour permettre aux élèves handicapés de passer les épreuves dans les meilleures conditions possibles.
Conformément au décret du 21 décembre 2005, les personnes handicapées recevront une aide technique et humaine pour les épreuves, bénéficieront d'une majoration du temps imparti, d'épreuves adaptées, voire de dispenses d'épreuves.
A ces mesures s'en ajoutent deux autres, qui ont reçu un avis positif unanime du Conseil Supérieur de l'Education :
la conservation des notes, sur 6 sessions ;
l'étalement des épreuves sur plusieurs sessions pour les candidats souffrant des handicaps les plus graves.
Je souhaite que les meilleures conditions soient réunies pour que l'année 2006 soit effectivement celle de l'égalité des chances au baccalauréat pour les personnes handicapées. J'y veillerai tout particulièrement.
J'ajoute un point au sujet de la publication des résultats. J'ai demandé à mes services d'étudier la possibilité d'une mise en ligne gratuite des résultats dans toutes les académies. A la suite de cette étude, les adaptations techniques nécessaires ont eu lieu. Je peux garantir aujourd'hui que tout candidat au bac aura accès au résultat de l'examen gratuitement, soit en consultant les listes affichées dans les établissements soit en se connectant par Internet au site de son académie.
Voilà quelles sont les nouvelles dispositions pour cette année.
Mais nous devons penser à l'avenir !
Je pense en effet que nous devons faire en sorte que le baccalauréat ouvre davantage les jeunes à l'international. Comme chacun sait, l'ouverture à l'international sera de plus en plus indispensable dans la carrière professionnelle.
Nous avons déjà agi en ce sens en faisant un effort pour alléger les effectifs dans les classes de langue étrangère en terminale.
Mais nous devons aussi réfléchir aux moyens d'étendre les expériences de classes internationales, ou même de baccalauréats binationaux, comme l' « Abibac », le baccalauréat franco-allemand.
L'année 2006 apporte donc elle aussi son lot d'aménagements. Et le baccalauréat évoluera certainement dans les années qui viennent.
Mais, je voudrais aussi vous dire les raisons pour lesquelles les Français sont si attachés au baccalauréat.
Je vois trois grandes raisons.
La première de ces raisons, c'est que le baccalauréat sanctionne l'apprentissage de savoirs.
Le baccalauréat est, je le rappelle, le premier des grades universitaires. C'est pourquoi la présidence des comités de choix des sujets est confiée conjointement à un inspecteur général et à un professeur d'université ; et c'est pourquoi les sujets sont arrêtés par les recteurs et que les jurys du baccalauréat sont présidés par un professeur d'université.
Le bac, ce n'est pas seulement un « passeport » comme on l'écrit trop souvent ! Le baccalauréat c'est le gage d'une vraie compétence des élèves dans un certains nombre de domaines.
Les jeunes ont appris beaucoup de choses tout au long de leur scolarité, et ils veulent que ces compétences soient reconnues. Ils ont raison.
La deuxième raison pour laquelle les Français sont attachés au baccalauréat, c'est qu'il représente certaines valeurs.
L'équité tout d'abord : tous les candidats sont égaux devant le baccalauréat, et toutes les copies et prestations orales sont évaluées selon les mêmes critères.
Le travail ensuite : il n'y pas 36 façons de décrocher le baccalauréat : il faut travailler ! Et c'est une année essentielle que celle de terminale, car elle met nos lycéens face à leurs responsabilités.
La récompense du mérite enfin : le baccalauréat est l'un des fondements de la promotion par le mérite, car il sanctionne les connaissances de ceux qui, par leur travail, ont mérité.
Car on n'obtient rien sans efforts. Et nos bacheliers sont fiers d'avoir fourni ces efforts et d'avoir décroché un titre qui les exigeait !
C'est pourquoi il est indispensable que le baccalauréat demeure un examen exigeant !
Nécessité du travail, équité, récompense du mérite, toutes ces valeurs traversent les générations et les évolutions du baccalauréat.
Le baccalauréat est donc une culture commune, il constitue un lien entre les générations de bacheliers.
Et je crois que les Français savent que le baccalauréat contribue à la transmission de ce double héritage : celui des savoirs et celui des valeurs.
La troisième raison de l'attachement des Français au baccalauréat, c'est que le baccalauréat est un tremplin pour l'avenir.
Il est en effet la porte d'entrée pour accéder à l'enseignement supérieur.
Mais l'accès au supérieur doit se préparer.
J'aimerais donc donner un conseil aux lycéens, qu'il s'agisse de ceux qui vont passer le bac, ou de ceux qui le passeront l'an prochain.
Je voudrais leur dire : si vous souhaitez continuer vos études, réfléchissez bien à votre orientation post-baccalauréat !
Car décrocher son bac, c'est déjà bien. Mais le baccalauréat ne doit pas masquer l'après-baccalauréat !
Or, les élèves ne connaissent pas assez bien les opportunités que leur offre l'enseignement supérieur. Ils nous demandent de mieux les informer. Là aussi, ils ont raison.
Beaucoup s'engagent dans une filière après le bac, à l'université notamment, sans avoir une idée bien précise des débouchés, des taux de réussite, des perspectives d'emploi.
Aussi je voudrais leur rappeler cet axiome fondamental : la réussite dépend non seulement du bac, mais aussi d'une bonne orientation.
Le gouvernement vient de lancer un débat national sur la question des liens entre université et emploi. Les premières conclusions devraient bientôt nous être apportées par le recteur Patrick Hetzel.
Un des grands axes de ce débat est précisément la question de l'orientation et, notamment, l'orientation des jeunes bacheliers.
D'ores et déjà, j'invite les futurs bacheliers à consulter le portail qu'avec François Goulard nous venons de mettre en place (www.etudiant.gouv.fr) et qui donne des informations très utiles sur les débouchés professionnels des filières.
Concernant l' « après-bac », je pense aussi aux bacheliers des sections professionnelles.
J'ai voulu que les meilleurs d'entre eux puissent plus facilement compléter leur formation professionnelle. C'est pourquoi, à partir de cette année, tous les bacheliers inscrits en baccalauréat professionnel qui auront obtenu une mention « bien » ou « très bien » seront admis prioritairement en BTS.
Cette mesure, qui incite à poursuivre sa formation dans le supérieur, permettra une meilleure insertion des bacheliers des séries professionnelles ; elle contribue à la promotion par le travail et le mérite ; j'ajoute qu'elle valorise notre enseignement professionnel.
Enfin, conformément à l'objectif que nous a fixé le président de la République, j'ai entrepris de favoriser l'accès des jeunes d'origine modeste aux classes préparatoires et plus généralement à l'ensemble des filières d'excellence de l'enseignement supérieur.
Il n'est pas acceptable qu'un lycéen qui en a les compétences, et qui en aurait eu l'envie s'il avait été bien informé, ne poursuive pas ses études dans l'une des ces voies.
Concernant les classes préparatoires, notre objectif est d'atteindre 1/3 d'élèves boursiers dans 3 ans.
Je veux saluer la mobilisation des enseignants et des proviseurs du lycée qui a permis une augmentation de 6,8 % des inscriptions en classes préparatoires pour la France entière, plus forte encore dans les académies à forte proportion d'élèves issus de familles défavorisées.
Ce n'est pas tout : j'ai demandé aux recteurs que, une fois connus les résultats du baccalauréat, un contact personnel soit prisavec chacun des bacheliers ayant obtenu une mention bien ou très bien, pour veiller à ce que les choix d'orientation de ces élèves soient faits en pleine connaissance de cause et non par manque d'information.
Notre objectif est que chaque élève puisse donner le meilleur de lui-même dans les études qu'il décide d'entreprendre.
Vous le voyez,je reste fidèle aux grandes lignes de mon action que je vous avais exposées lorsque j'ai pris la responsabilité du ministère, il y a un an : favoriser l'égalité des chances, mieux préparer l'insertion professionnelle des jeunes !
Mesdames et Messieurs,
Je voudrais terminer en souhaitant bon courage à nos lycéens qui vont dans quelques jours se présenter aux épreuves.
Bon courage aussi aux parents ! Car je sais d'expérience qu'on est aussi très inquiet dans ces circonstances !
Enfin, bon courage aux surveillants, professeurs, personnels administratifs et techniques qui vont avoir la lourde tâche d'organiser, d'encadrer les épreuves, et de corriger les copies !
Le baccalauréat, c'est donc une grande affaire pour nous tous, mais je suis convaincu que tout est prêt pour que la session 2006 se déroule dans les meilleures conditions !
Je vous remercie. Source http://www.education.gouv.fr, le 6 juin 2006