Texte intégral
Q- Bonjour Jean-Marie Le Pen.
R- Bonjour.
Q- La semaine dernière, S. Royal a dit ceci, sur la sécurité : "Si l'on veut donner une nouvelle chance aux jeunes, après un premier acte de délinquance, il faut des systèmes d'encadrement à dimension militaire, avec des actions humanitaires et des orientations vers l'apprentissage des métiers". Est-ce une position, ou une approche, des problèmes de la sécurité, J.-M. Le Pen, qui vous convient ?
R- A mon sens, c'est de la bouillie pour les chats.
Q- Pourquoi ?
R- On est entré dans la période des soldes. Chacun sait qu'à certains moments de la vie économique, les entreprises bradent leurs invendus. Et à ce moment-là, il y a une lutte pour les prix, il y a la baisse des prix. Tout le monde se rue pour refaire des affaires, pour acheter des choses que l'on laisse, généralement, dans son placard, plus tard. Madame S. Royal vient de lancer quelques idées particulièrement démagogiques, dont celle qu'on n'attendait pas de sa part, de l'appel aux soldats. C'est-à- dire, de la proposition de faire encadrer les délinquants par une pédagogie militaire. Il faudrait, pour cela, qu'il y ait encore une armée.
Q- Mais il y en a une, J.-M. Le Pen !
R- Mais non ! Je vous signale que, quand il y avait 700.000 recrues par an, dans l'armée, il y avait un encadrement pédagogique, qui était justement chargé de transformer les citoyens en soldats et, éventuellement, en réservistes. Cela n'existe plus. Par conséquent, faire appel à l'encadrement militaire dans un pays où l'armée est pratiquement réduite à sa plus simple expression, c'est se moquer du monde. Mais les gens mettront quelques semaines, ou quelques jours, à s'en rendre compte. Mais l'assaut de démagogie, qui était prévisible, entre Monsieur Sarkozy et Madame Royal va, sans doute, se développer.
Q- Dans son raisonnement, S. Royal dit que la prison, c'est pire que tout. Et donc, pour les jeunes délinquants, ceux qui ont 16 ans, qui sont à leur premier acte de délinquance, il vaut mieux leur éviter la prison, et leur donner un encadrement un peu strict. C'est cela son raisonnement.
R- Il faudrait faire autrement. Il faudrait faire cela, si on avait une armée. Si on avait une armée : oui. Tout cela est banal. On s'inspire de choses vues à la télévision. Aux États-Unis, où l'on voit, en effet, des délinquants, désireux de se réinsérer, encadrés par des Marines, qui reviennent dans le droit chemin.
Q- Et pour vous, il vaut mieux la prison.
R- Mais il y a une armée américaine, et il n'y a pas, pour l'instant, réellement, une armée française. En tous les cas, pas une armée française capable d'assurer la pédagogie des banlieues.
Q- Pour vous, J.-M. Le Pen, un délinquant, c'est en prison. C'est cela ?
R- Pour l'instant, on n'a pas trouvé autre chose, puisque les amis de Madame Royal, qui constituent l'essentiel du corps enseignant français, ne remplissant pas, semble-t-il, ou n'arrivant pas à remplir leur mission de formation civique des citoyens, il semble que là, on soit devant une impasse, et que l'on se retrouve devant les formules traditionnelles. Mais encore, pour que la prison remplisse son rôle et que, dans le fond, l'édifice pénal soit cohérent, il faudrait qu'il y ait des prisons. Or, nous avons 50.000 places de prison pour 65.000 prisonniers. J'avais demandé, en 2002 - lors de la campagne présidentielle, déjà, et c'était une mesure minimum - que l'on construise 100.000 places de prison. On ne l'a pas fait, ou on a commencé à le faire, comme on fait tout sur la pointe des pieds.
Q- C'est vous-même qui avez cité les deux candidats J.-M. Le Pen : N. Sarkozy d'un côté, S. Royal de l'autre. Ne risquent-ils pas, par le renouvellement qu'ils représentent, de vous donner un coup de vieux, J.-M. Le Pen ?
R- Mais je ne crois pas. Je crois, encore une fois, que les bons acheteurs ne se précipitent pas aux soldes. Ils savent ce dont ils ont besoin, et ils font leurs achats de façon raisonnée.
Q- C'est vous qui inaugurez les soldes ce matin !
R- Je voudrais inviter mes amis à comparer ce que disait Madame Royal, quand elle parlait - parce qu'elle était plutôt muette, il y a quelques mois ou quelques années - et ce que disait Monsieur Sarkozy. Et puis ce que dit Le Pen. Souvent, les journalistes me disent : "Mais Monsieur Le Pen, ce n'est pas nouveau. Vous n'avez pas changé !". Non, je ne change pas. J'ai réfléchi à un certain nombre de problèmes et proposé un certain nombre de solutions. Je ne vais pas en changer pendant la campagne électorale présidentielle. Alors, je demande aux consommateurs-citoyens de bien vouloir regarder et comparer.
Q- Si, pour une raison ou pour une autre, J.-M. Le Pen, vous ne pouviez pas être candidat à l'élection présidentielle, votre fille, Marine, serait-elle mieux à même, au Front National, de vous remplacer ?
R- Mais cette hypothèse, pour l'instant, n'est pas envisagée. Mais je pense que le mouvement saurait ce qu'il doit faire, si jamais je disparaissais de façon inopinée.
Q- Vous dites que, pour vous succéder à la tête du Front National, B. Gollnisch serait l'homme de la situation. Mais pour l'élection présidentielle, vous ne voulez pas, de la même façon, désigner quelqu'un ?
R- Je ne sais pas. Ce serait au mouvement de voir ou à chacun de prendre ses responsabilités. En l'occurrence, permettez que je n'envisage pas d'un coeur léger cette hypothèse. Je ne peux pas être candidat moi-même.
Q- Je vous le permets, J.-M. Le Pen. N. Sarkozy - c'est Le Figaro qui le divulgue aujourd'hui - devrait annoncer, tout à l'heure, la régularisation des familles sans papiers dont les enfants, nés en
France, sont scolarisés. Cela devrait concerner, environ, 1.200 personnes. Est-ce une mesure qui vous paraît sage, parce que les expulser paraît très difficile, J.-M. Le Pen ?
R- C'est un recul de l'Etat ! Une fois de plus, des initiatives privées s'opposant à la politique du Gouvernement, eh bien, le Gouvernement en tient compte, et se replie comme il l'a fait pendant les semaines des émeutes de banlieue. Comme il le fait, généralement, chaque fois qu'il y a une situation de force en face de lui.
Q- Mais on a vu, dans cette affaire, des parents, des enseignants se mobiliser pour cacher des élèves. C'est-à-dire que la situation est très difficile. Est-ce que le pragmatisme, parfois, ne doit pas l'emporter ?
R- Le pragmatisme consiste à ne pas respecter la loi qu'on a édictée. C'est ce que je constate !
Q- C'est une mauvaise mesure, selon vous ?
R- Je crois, en tous les cas, que c'est encore une ouverture supplémentaire à une immigration plus importante. Cela constituera un appel d'air puisque, désormais, les gens qui viennent, qui sont clandestins chez nous, sauront qu'en faisant un enfant rapidement et en le mettant à l'école, ils seront dispensés de rentrer chez eux.
Q- Vous traitiez B. Mégret de "félon", il n'y a pas longtemps, et puis, vous lui tendez la main, maintenant.
R- Cela n'a aucune importance. Je ne retire rien de ce que j'ai dit en son temps. Et j'ai ouvert, non pas à Mégret ou à Villiers, mais à l'ensemble de la "nébuleuse", en quelque sorte, nationale, un chemin pour l'unité vers les candidatures, à la fois présidentielles et législatives. Et je crois que cela, c'était une bonne voie.
Q- Il n'y a que B. Mégret qui a répondu à votre appel.
R- Vous ne savez pas cela ! Je le dirai en temps utile.
Q- C'est une information, J.-M. Le Pen ?
R- C'est le seul qui l'a dit à la presse, c'est vrai.
Q- Donc, il y en a d'autres qui ont pris la main que vous avez tendue. La Coupe du monde démarre vendredi. Allez-vous soutenir Zinedine Zidane et ses amis, J.-M. Le Pen ?
R- Non. Parce que ça ne serait d'aucun effet. Là encore, ce serait un peu comme le soutien militaire des délinquants. Le soutien lepeniste...
Q- Vous n'aimez pas l'équipe de France ?
R- J'aime bien l'équipe de France de football, mais c'est à elle de nous montrer qu'elle est digne des plus hauts sommets.
D'accord ! On va attendre. J.-M. Le Pen, président du Front National - qui nous a dit que S. Royal était muette - mais S. Royal, entre 7h30 et 8 heures, demain matin, sur RTL, parlera. Je l'interrogerai avec A. Duhamel.
Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 6 juin 2006
R- Bonjour.
Q- La semaine dernière, S. Royal a dit ceci, sur la sécurité : "Si l'on veut donner une nouvelle chance aux jeunes, après un premier acte de délinquance, il faut des systèmes d'encadrement à dimension militaire, avec des actions humanitaires et des orientations vers l'apprentissage des métiers". Est-ce une position, ou une approche, des problèmes de la sécurité, J.-M. Le Pen, qui vous convient ?
R- A mon sens, c'est de la bouillie pour les chats.
Q- Pourquoi ?
R- On est entré dans la période des soldes. Chacun sait qu'à certains moments de la vie économique, les entreprises bradent leurs invendus. Et à ce moment-là, il y a une lutte pour les prix, il y a la baisse des prix. Tout le monde se rue pour refaire des affaires, pour acheter des choses que l'on laisse, généralement, dans son placard, plus tard. Madame S. Royal vient de lancer quelques idées particulièrement démagogiques, dont celle qu'on n'attendait pas de sa part, de l'appel aux soldats. C'est-à- dire, de la proposition de faire encadrer les délinquants par une pédagogie militaire. Il faudrait, pour cela, qu'il y ait encore une armée.
Q- Mais il y en a une, J.-M. Le Pen !
R- Mais non ! Je vous signale que, quand il y avait 700.000 recrues par an, dans l'armée, il y avait un encadrement pédagogique, qui était justement chargé de transformer les citoyens en soldats et, éventuellement, en réservistes. Cela n'existe plus. Par conséquent, faire appel à l'encadrement militaire dans un pays où l'armée est pratiquement réduite à sa plus simple expression, c'est se moquer du monde. Mais les gens mettront quelques semaines, ou quelques jours, à s'en rendre compte. Mais l'assaut de démagogie, qui était prévisible, entre Monsieur Sarkozy et Madame Royal va, sans doute, se développer.
Q- Dans son raisonnement, S. Royal dit que la prison, c'est pire que tout. Et donc, pour les jeunes délinquants, ceux qui ont 16 ans, qui sont à leur premier acte de délinquance, il vaut mieux leur éviter la prison, et leur donner un encadrement un peu strict. C'est cela son raisonnement.
R- Il faudrait faire autrement. Il faudrait faire cela, si on avait une armée. Si on avait une armée : oui. Tout cela est banal. On s'inspire de choses vues à la télévision. Aux États-Unis, où l'on voit, en effet, des délinquants, désireux de se réinsérer, encadrés par des Marines, qui reviennent dans le droit chemin.
Q- Et pour vous, il vaut mieux la prison.
R- Mais il y a une armée américaine, et il n'y a pas, pour l'instant, réellement, une armée française. En tous les cas, pas une armée française capable d'assurer la pédagogie des banlieues.
Q- Pour vous, J.-M. Le Pen, un délinquant, c'est en prison. C'est cela ?
R- Pour l'instant, on n'a pas trouvé autre chose, puisque les amis de Madame Royal, qui constituent l'essentiel du corps enseignant français, ne remplissant pas, semble-t-il, ou n'arrivant pas à remplir leur mission de formation civique des citoyens, il semble que là, on soit devant une impasse, et que l'on se retrouve devant les formules traditionnelles. Mais encore, pour que la prison remplisse son rôle et que, dans le fond, l'édifice pénal soit cohérent, il faudrait qu'il y ait des prisons. Or, nous avons 50.000 places de prison pour 65.000 prisonniers. J'avais demandé, en 2002 - lors de la campagne présidentielle, déjà, et c'était une mesure minimum - que l'on construise 100.000 places de prison. On ne l'a pas fait, ou on a commencé à le faire, comme on fait tout sur la pointe des pieds.
Q- C'est vous-même qui avez cité les deux candidats J.-M. Le Pen : N. Sarkozy d'un côté, S. Royal de l'autre. Ne risquent-ils pas, par le renouvellement qu'ils représentent, de vous donner un coup de vieux, J.-M. Le Pen ?
R- Mais je ne crois pas. Je crois, encore une fois, que les bons acheteurs ne se précipitent pas aux soldes. Ils savent ce dont ils ont besoin, et ils font leurs achats de façon raisonnée.
Q- C'est vous qui inaugurez les soldes ce matin !
R- Je voudrais inviter mes amis à comparer ce que disait Madame Royal, quand elle parlait - parce qu'elle était plutôt muette, il y a quelques mois ou quelques années - et ce que disait Monsieur Sarkozy. Et puis ce que dit Le Pen. Souvent, les journalistes me disent : "Mais Monsieur Le Pen, ce n'est pas nouveau. Vous n'avez pas changé !". Non, je ne change pas. J'ai réfléchi à un certain nombre de problèmes et proposé un certain nombre de solutions. Je ne vais pas en changer pendant la campagne électorale présidentielle. Alors, je demande aux consommateurs-citoyens de bien vouloir regarder et comparer.
Q- Si, pour une raison ou pour une autre, J.-M. Le Pen, vous ne pouviez pas être candidat à l'élection présidentielle, votre fille, Marine, serait-elle mieux à même, au Front National, de vous remplacer ?
R- Mais cette hypothèse, pour l'instant, n'est pas envisagée. Mais je pense que le mouvement saurait ce qu'il doit faire, si jamais je disparaissais de façon inopinée.
Q- Vous dites que, pour vous succéder à la tête du Front National, B. Gollnisch serait l'homme de la situation. Mais pour l'élection présidentielle, vous ne voulez pas, de la même façon, désigner quelqu'un ?
R- Je ne sais pas. Ce serait au mouvement de voir ou à chacun de prendre ses responsabilités. En l'occurrence, permettez que je n'envisage pas d'un coeur léger cette hypothèse. Je ne peux pas être candidat moi-même.
Q- Je vous le permets, J.-M. Le Pen. N. Sarkozy - c'est Le Figaro qui le divulgue aujourd'hui - devrait annoncer, tout à l'heure, la régularisation des familles sans papiers dont les enfants, nés en
France, sont scolarisés. Cela devrait concerner, environ, 1.200 personnes. Est-ce une mesure qui vous paraît sage, parce que les expulser paraît très difficile, J.-M. Le Pen ?
R- C'est un recul de l'Etat ! Une fois de plus, des initiatives privées s'opposant à la politique du Gouvernement, eh bien, le Gouvernement en tient compte, et se replie comme il l'a fait pendant les semaines des émeutes de banlieue. Comme il le fait, généralement, chaque fois qu'il y a une situation de force en face de lui.
Q- Mais on a vu, dans cette affaire, des parents, des enseignants se mobiliser pour cacher des élèves. C'est-à-dire que la situation est très difficile. Est-ce que le pragmatisme, parfois, ne doit pas l'emporter ?
R- Le pragmatisme consiste à ne pas respecter la loi qu'on a édictée. C'est ce que je constate !
Q- C'est une mauvaise mesure, selon vous ?
R- Je crois, en tous les cas, que c'est encore une ouverture supplémentaire à une immigration plus importante. Cela constituera un appel d'air puisque, désormais, les gens qui viennent, qui sont clandestins chez nous, sauront qu'en faisant un enfant rapidement et en le mettant à l'école, ils seront dispensés de rentrer chez eux.
Q- Vous traitiez B. Mégret de "félon", il n'y a pas longtemps, et puis, vous lui tendez la main, maintenant.
R- Cela n'a aucune importance. Je ne retire rien de ce que j'ai dit en son temps. Et j'ai ouvert, non pas à Mégret ou à Villiers, mais à l'ensemble de la "nébuleuse", en quelque sorte, nationale, un chemin pour l'unité vers les candidatures, à la fois présidentielles et législatives. Et je crois que cela, c'était une bonne voie.
Q- Il n'y a que B. Mégret qui a répondu à votre appel.
R- Vous ne savez pas cela ! Je le dirai en temps utile.
Q- C'est une information, J.-M. Le Pen ?
R- C'est le seul qui l'a dit à la presse, c'est vrai.
Q- Donc, il y en a d'autres qui ont pris la main que vous avez tendue. La Coupe du monde démarre vendredi. Allez-vous soutenir Zinedine Zidane et ses amis, J.-M. Le Pen ?
R- Non. Parce que ça ne serait d'aucun effet. Là encore, ce serait un peu comme le soutien militaire des délinquants. Le soutien lepeniste...
Q- Vous n'aimez pas l'équipe de France ?
R- J'aime bien l'équipe de France de football, mais c'est à elle de nous montrer qu'elle est digne des plus hauts sommets.
D'accord ! On va attendre. J.-M. Le Pen, président du Front National - qui nous a dit que S. Royal était muette - mais S. Royal, entre 7h30 et 8 heures, demain matin, sur RTL, parlera. Je l'interrogerai avec A. Duhamel.
Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 6 juin 2006