Texte intégral
Madame la Préfète,
Monsieur le Ministre, Monsieur le Député,
Mesdames et Messieurs,
Ce 6 juin est un jour particulier dans l'histoire de nos deux pays. Pourtant, le temps faisant son travail, notre perception de cette journée a changé. Nous n'avons ainsi pas oublié que le 6 juin 2004 l'Allemagne était pour la première fois représentée par le Chancelier fédéral aux célébrations d'anniversaire du Débarquement et qu'il avait été reçu "en ami, en frère" par le président de la République. J'y étais et je m'en souviens comme d'un moment fort. C'est dans le même esprit que nous sommes réunis aujourd'hui. Au bout de cette journée que nous aurons passée ensemble, Günter Gloser et moi allons également nous recueillir ici même, à Rennes, pour un geste de mémoire.
C'est dire à quel point Français et Allemands ont su tirer les leçons du passé. Aujourd'hui, notre relation commune est jugée exemplaire, elle est même qualifiée de modèle.
Cette réussite, nous la devons aux responsables politiques qui ont su, à chacune des étapes de la réconciliation, et sans jamais rien oublier du passé, "regarder l'avenir ensemble". Nous leur devons aussi d'avoir fait de l'Europe cet espace de paix, de démocratie et de prospérité, dont nous sommes tous aujourd'hui les héritiers.
Ce succès nous le devons aussi à nos concitoyens, qui ont su, en France comme en Allemagne, développer des coopérations dans les domaines les plus divers : jumelages, relations économiques, culturelles ou sportives. Je souhaite à ce propos rendre hommage aux responsables locaux de Rennes et d'Erlangen qui ont, dès le début des années 60, - en 1964, soit un an après la signature du Traité de l'Elysée - décidé de mettre en place ce jumelage qui est un vrai succès puisqu'il s'est étendu à certains de vos quartiers et à certaines villes de la périphérie.
Permettez-moi également de rendre hommage à la Bretagne qui, par son accord de coopération conclu avec la Saxe en 1995, a su nouer rapidement des liens avec l'Allemagne réunifiée. Je souligne l'étendue de ce partenariat, car il permet des contacts avec le Land considéré comme le plus dynamique de toute l'Allemagne. J'ai eu le plaisir de découvrir la profondeur des liens - déjà très forts il y a trois siècles - entre la Saxe et notre pays lors de l'ouverture de la grande exposition "Splendeur de la Saxe" au château de Versailles en janvier dernier aux côtés du président de la République et de la chancelière fédérale.
Depuis la mise en place du premier de ces jumelages, quatre décennies se sont écoulées avec les changements que nous avons tous encore en tête. Loin d'affaiblir notre coopération, ces changements ont renforcé les liens entre nos deux pays, les ont approfondis et diversifiés.
C'est en particulier le cas dans le domaine économique. Nous sommes, vous le savez, le premier partenaire commercial de l'Allemagne. Cette vitalité des relations économiques, nous la constatons également en Bretagne. La Bretagne est - dois-je le rappeler - une région active sur le plan international, les exportateurs bretons sont présents sur de nombreux marchés et y font preuve d'une grande efficacité et d'une remarquable compétence, que ce soit dans le secteur agro-alimentaire, l'équipement automobile ou les télécommunications. L'Allemagne n'échappe pas à cette attraction de l'offre bretonne, puisqu'elle est le 2ème client de la Bretagne après l'Espagne et que les exportations bretonnes à destination de l'Allemagne ont représenté - en 2005 - près de 10 % du total des exportations de la Région.
La Bretagne sait également jouer le jeu - elle fait même encore mieux - puisque l'Allemagne est le premier comme fournisseur de la Bretagne et que les importations en provenance d'Allemagne ont représenté 12 % du total de ses importations en 2005.
Ces choix sont judicieux : l'Allemagne est un marché de référence et exigeant. Ainsi réussir en Allemagne, c'est réussir ailleurs. C'est le premier exportateur mondial avec plus de 150 milliards d'euros d'excédents. Réputée à juste titre pour son savoir-faire dans les biens industriels, elle a également acquis un savoir-faire dans le secteur des services. Il y a donc des opportunités incontestables pour les entreprises bretonnes, qui ont su en tirer profit.
Sans doute, les trois dernières années ont-elles été plus difficiles, car l'Allemagne - comme la France - a engagé sous le gouvernement de M. Schröder des réformes qu'elle poursuit sous la direction de Mme Merkel. Celles-ci visent à concilier son modèle social avec les exigences qu'impose la compétition mondiale. Ces efforts sont payants. En Allemagne, comme en France, les réformes commencent à porter leurs fruits et le chômage est en baisse.
L'Allemagne, qui a su relever le défi de la réunification, relève ainsi aujourd'hui celui de la mondialisation. La reprise est là, les consommateurs - ils sont 80 millions - reprennent confiance. Une forte baisse du chômage a été enregistrée en mai. S'y ajoute l'effet "Coupe du Monde" qui aura, à n'en pas douter, un effet certain sur la consommation.
Développer des partenariats commerciaux avec des entreprises allemandes, c'est aussi s'ouvrir au marché mondial, en particulier avec l'Est de l'Europe, mais aussi les pays émergents d'Asie. Ces partenariats, cette démarche commune sont importants, même cruciaux pour l'avenir de nos deux pays face aux défis qui se posent à eux et à l'ensemble de l'Europe. C'est l'union qui continuera de faire notre force dans une Europe qui nous permet à 25 de peser davantage sur la scène internationale et de faire entendre notre voix.
Ces partenariats sont d'autant plus prometteurs que l'Allemagne possède à la fois de très grandes entreprises et de puissantes PME dynamiques sur tous les grands marchés.
En France, comme en Allemagne, nous savons que pour préserver nos positions commerciales et rester compétitifs, il est essentiel de mettre l'accent sur la recherche et l'innovation. A l'instar du gouvernement français, le gouvernement allemand a lancé un vaste programme en la matière. Par ailleurs, les dirigeants d'entreprises français et allemands réunis dans le groupe de coopération industrielle travaillent main dans la main pour réaliser des projets qui renforceront la capacité d'innovation de l'Europe. Je mentionnerai par exemple Quaero, le moteur de recherche qui sera appelé à concurrencer Google.
Les pôles de compétitivité ont, eux aussi, un rôle central à jouer dans ce domaine. Vous en savez quelque chose avec les pôles Images et Réseaux, Sea-nergie et Valorial. La coopération franco-allemande y a pleinement sa place, puisque se prépare pour les prochains mois une rencontre des pôles de compétitivité français et allemands.
Vous le voyez, Mesdames, Messieurs, le couple franco-allemand sait vivre avec son temps, sait renouveler ses champs de coopération et je vous invite donc à renforcer encore vos relations et partenariats avec l'Allemagne.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 juin 2006