Interview de M. Hervé Morin, président du groupe parlementaire UDF à l'Assemblée nationale, dans "20 Minutes" du 9 juin 2006, sur l'évolution des lignes politiques au sein des partis et notamment de l'UDF.

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Q - Le conseil national de l'UDF demain sera-t-il l'occasion de régler des comptes après le vote de la motion de censure ?
R - Non, ce sera l'occasion de développer la dynamique créée après ce vote et d'afficher en quoi la démarche de l'UDF est nouvelle. On voit bien à travers celle de Ségolène Royal que les lignes politiques sont en train de bouger.
Q - Cette motion n'a pas eu l'effet moteur escompté...
R - Notre démarche devra être répétée avant d'être ancrée dans les esprits, avant que les Français intègrent l'idée qu'il y a une alternative au combat droite-gauche.
Q - Le divorce avec Gilles de Robien est-il consommé ?
R - Je n'ai pas vocation à être un coupeur de têtes. Mais à un moment, il faudra qu'il nous indique s'il soutient François Bayrou ou s'il veut faire le jeu de l'UMP. On ne peut pas être constamment le cul entre deux chaises.
Q - Votre stratégie repose sur le score de Bayrou au premier tour de la présidentielle, c'est risqué...
R - Tous les Français dans leur vie professionnelle prennent des risques, il n'y a pas de raison que la politique soit seulement une carrière. La vie politique doit rester une aventure. Si notre démarche ne fonctionne pas, ça voudra juste dire que les Français nous ont dit par le suffrage universel que ce n'est pas le chemin qu'ils comptaient suivre.
Q - Aujourd'hui, Ségolène Royal prend des voix à l'UMP et à l'UDF. Cela vous inquiète-t-il ?
R - Je préfère une candidate qui cherche à rompre la glaciation politique dans laquelle on est depuis quarante ans et qui cherche à sortir le PS des vieilles lunes dans lesquelles il vit depuis des années. Quels que soient les sondages.
Q - Villepin est-il toujours un Premier ministre crédible ?
R - La perte de légitimité de Jacques Chirac conduit à la faiblesse du Premier ministre, et quel que soit le Premier ministre, il ne ferait que gérer les affaires courantes.
Q - Même si c'était Sarkozy ?
R - Je ne vois pas ce qu'il pourrait faire pendant six mois avec un président qui lui est hostile et sans avoir l'onction du suffrage universel.
Propos recueillis par David Carzon source http://www.udf.org, le 12 juin 2006