Texte intégral
Monsieur le Ministre,
Messieurs les Ambassadeurs,
Messieurs les Présidents,
Mesdames et Messieurs,
Je suis particulièrement heureuse de vous retrouver aujourd'hui à Paris pour conclure la deuxième édition du Conseil d'Orientation et de Pilotage du Partenariat (COPP), et pour formaliser avec vous le nouveau cadre partenarial de la coopération que nous souhaitons mettre en oeuvre ensemble au cours des cinq prochaines années.
Ces deux importantes étapes revêtent un caractère particulièrement fort et symbolique, au moment où nous célébrons ensemble le 50ème anniversaire de l'indépendance. C'est pour moi une grande satisfaction de constater une nouvelle fois, à cette occasion, combien, entre le Maroc et la France, l'histoire commune est assumée dans la sérénité.
Au coeur de la France, au coeur des français - vous le savez - le Maroc occupe une place singulière, tissée par une histoire commune et sans cesse confortée par des échanges multiples et réguliers. Cette proximité et la vitalité de nos liens constituent un puissant moteur de notre coopération.
Aujourd'hui, les nouvelles priorités de la coopération maroco-française intègrent les orientations stratégiques qui ont été arrêtées par les Premiers ministres en septembre 2005 : modernisation économique et soutien à la politique sociale de proximité, avec un accent mis sur le développement local et l'accompagnement du processus de décentralisation.
Ces priorités, Monsieur le Ministre, traduisent la vision claire et ambitieuse du gouvernement marocain pour l'avenir de votre pays.
Elles seront désormais reprises dans le document-cadre de partenariat (DCP) que nous allons signer dans quelques instants, et qui constitue le nouvel instrument de référence de notre coopération bilatérale, au bénéfice d'un partenariat d'exception entre nos deux peuples.
Le Maroc est aujourd'hui en effet le premier pays partenaire de la coopération française. Ce document en est la traduction, avec un engagement financier de près de 950 millions d'euros que la France entend consacrer au développement du Maroc au cours de la période 2006-2010. En volume, il s'agit du plus important DCP que la France sera amenée à signer avec ses différents pays partenaires.
Ce Document cadre de partenariat résulte d'une étroite concertation entre nos deux pays : il répond à notre souci de cohérence et de complémentarité avec les interventions des autres partenaires extérieurs, notamment la Banque mondiale et l'Union européenne, mais aussi à une volonté de prévisibilité de notre action, afin de l'inscrire dans la durée.
Pour que cette action soit encore plus efficace, elle se concentrera sur quatre secteurs prioritaires : l'éducation et la formation des élites, le développement du secteur productif avec un accent mis sur le micro-crédit, la politique de proximité et la mise à niveau des infrastructures économiques et sociales (notamment en matière de routes, d'électrification rurale ou de résorption de l'habitat insalubre), et enfin l'eau et l'assainissement.
Au coeur de ces priorités, il y a notre volonté de répondre aussi concrètement que possible aux besoins des populations. C'est là l'objectif qui légitime l'ensemble de notre démarche, et qui justifie l'ampleur de notre engagement à vos côtés. Je voudrais rappeler à cet égard quelques chiffres éloquents :
- nos interventions dans le secteur de l'eau et de l'assainissement ont déjà permis à près de 5 millions de Marocains d'accéder à l'eau potable, et à environ 3 millions de bénéficier des services d'assainissement ;
- par ailleurs, l'aide française a déjà contribué à la résorption de l'habitat insalubre dans 19 villes marocaines, en permettant à 285 000 personnes de bénéficier d'un habitat décent.
Ces résultats confortent donc notre souhait de continuer à agir à vos côtés dans ces secteurs qui seront par ailleurs complétés par des actions dites transversales dans quatre autres domaines.
Il s'agit tout d'abord de la gouvernance, avec la poursuite de l'appui institutionnel à la modernisation de l'administration publique, et l'accompagnement du processus de décentralisation.
Il s'agit ensuite du renforcement des administrations pour l'élaboration des politiques publiques, et de l'appui à la diversité culturelle.
Il s'agit enfin de la coopération sud-sud et du co-développement, avec notamment la mobilisation des élites de la communauté marocaine en France, en vue de renforcer et de développer des projets conjoints au Maroc. Car la richesse du Maroc, c'est aussi l'importance et la qualification de sa population résidant en France, attachée à sa terre d'origine, et qui constitue un atout majeur pour accompagner un processus de co-développement que nous voulons orienter vers des investissements productifs personnels ou collectifs.
Pour atteindre de tels objectifs, et dans le cadre de son dispositif de coopération rénové, mon département ministériel mobilisera de façon plus étroite et concertée l'ensemble des acteurs de la coopération française, qu'il s'agisse des ministères techniques, des services de l'ambassade de France au Maroc ou du groupe de l'Agence française de développement.
Mais la France continuera à s'associer au Maroc pour mobiliser également les intervenants issus de la société civile, du secteur privé et des collectivités locales. C'est ce que nous avons fait ensemble et je crois avec succès, Monsieur le Ministre, lors du forum de partenariat de Skhirate du mois de janvier dernier ; il nous faut indéniablement poursuivre dans cette voie.
Au total, notre ambition commune est grande. Elle est à la mesure de la relation étroite et amicale tissée au plus haut niveau de nos deux Etats, tout comme entre nos deux peuples.
Ambitieuses, nos relations sont également denses ; elles résultent d'une alchimie heureuse dont la France se félicite : celle des échanges humains qui tissent la confiance, celle d'un dynamisme dont attestent avec éclat le volume des investissements et des échanges commerciaux. Dois-je souligner que cette confiance nous invite aussi à l'exigence ?
C'est bien cette exigence qui a présidé aux travaux des sept Comités techniques du COPP, travaux engagés de façon intense depuis plusieurs semaines, et dont il a été rendu compte ce matin.
Il s'agissait, pour chaque comité, de dresser un bilan complet et objectif des actions engagées dans les différents domaines examinés. Il s'agissait ensuite de rechercher les meilleures orientations possibles pour construire l'avenir en fonction des nouvelles priorités exprimées par le gouvernement marocain. Je tiens donc à remercier tous ceux qui ont participé à ces travaux.
Au moment de conclure, je voudrais saluer et féliciter très chaleureusement Jean-François Thibault, notre nouvel ambassadeur qui prendra ses fonctions au Maroc dans quelques jours. C'est un pays qu'il connaît bien puisqu'il y a déjà séjourné entre 1976 et 1979, et puisqu'il dirige actuellement le département Afrique du Nord-Moyen-Orient. Pour le connaître personnellement et pour avoir travaillé avec lui, je crois pouvoir dire qu'il mérite amplement cette nomination prestigieuse. Je sais en outre qu'il compte beaucoup d'amis au Maroc et qu'il y sera particulièrement bien accueilli.
Monsieur le Ministre,
De même qu'une part du Maroc réside en France, une part de la France vit au Maroc. C'est pourquoi notre coopération exprime une conviction singulière et forte, nourrie de nos projets communs et qui les dépasse tout à la fois : au-delà des projets et des indicateurs de résultats, notre coopération est d'abord une affaire d'hommes et de femmes, dépositaires d'un fragment d'histoire de nos deux peuples, investis dans un large espace francophone, porteurs de pratiques culturelles proches et de valeurs humanistes partagées. En définitive, c'est - je crois - tout cela qui donne à notre relation cette proximité que d'autres nous envient.
Je vous remercie.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 juin 2006