Déclaration de Mme Michèle Alliot-Marie, ministre de la défense, sur le projet "Défense 2ème Chance" destiné aux jeunes en difficulté, à Paris le 13 juin 2006.

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Circonstance : D2C au Conseil économique et social, à Paris le 13 juin 2006

Texte intégral

Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
Le travail dont les conclusions sont rendues aujourd'hui au Conseil économique et social est d'autant plus remarquable qu'il a été effectué dans un délai extrêmement court.
En effet, en moins de trois mois - un record m'a-t-on dit ! - vous avez mené à bien une analyse approfondie des dispositifs mis en place par la Défense à l'attention des jeunes français en situation difficile.
Sans occulter les autres actions conduites, vous avez souhaité concentrer votre étude sur le programme « Défense 2ème Chance », ainsi que nous en étions convenus.
Vous avez auditionné des dizaines de personnes, tenu trois séances d'auditions plénières, vous vous êtes rendus sur le terrain, à Montlhéry, où vous avez pu rencontrer des jeunes volontaires et des encadrants.
Je tiens à remercier le président de la section du travail, M. Christian LAROSE, ainsi que Mme Françoise GENG.
Le temps que vous avez consacré à cette mission, mais aussi votre implication personnelle, sont allés au-delà de votre simple devoir.
Tous deux, vous avez abordé cette saisine avec cette détermination nécessaire pour aller au-delà du simple avis, et faire oeuvre de construction.
Je tenais également à remercier tous les membres de cette même section du travail.
Je suis particulièrement sensible à l'intérêt que vous avez porté à ces travaux.
Vos contraintes professionnelles sont importantes et vous avez néanmoins participé très nombreux - et parfois même très tard - aux auditions et discussions.
C'est pour moi un hommage rendu au programme « Défense 2ème Chance » qui me tient à coeur.
Ce projet se veut au coeur des préoccupations de la société civile. Il suscite des discussions riches et des débats toujours constructifs, en s'écartant de toute polémique partisane.
J'ai pris la dimension de l'attente de nombreux jeunes lorsque j'étais Ministre de la Jeunesse et des sports.
Répondre aux problèmes des jeunes en difficulté, c'est d'abord leur donner des perspectives d'avenir.
Nous ne pouvons laisser certains penser que les jeux sont faits dès le départ, qu'ils sont exclus de la possibilité de progresser, de réussir.
Il est de notre responsabilité, eu égard au respect de l'égalité républicaine qui constitue le coeur de notre pacte social, d'octroyer une seconde chance à ceux qui n'ont pas pu ou su saisir la première.
J'en ai trouvé en tant que Ministre de la Défense, la voie et l'opportunité, en voyant au quotidien combien les armées contribuent à l'insertion professionnelle et sociale des jeunes.
De ce constat est né le projet « Défense 2ème chance ».
Les armées recrutent déjà des dizaines de milliers de jeunes par an, dont beaucoup sans qualification.
Elles disposent de savoir-faire reconnus en matière de formation.
Elles portent en elles cette tradition de l'intégration, de la promotion sociale et de l'égalité des chances offertes à tous.
Il était logique qu'elles soient à l'origine du projet « Défense 2ème Chance ».
La voie que j'ai choisie, c'est celle des anciens militaires récemment sortis de l'institution. Aux côtés d'enseignants, ils peuvent assurer une formation globale.
Je crois à l'importance d'une formation qui intègre à la fois les aspects comportementaux, scolaires et professionnels, dans une même ambition d'insertion durable.
Dans les centres D2C, on apprend à ces jeunes le respect des règles, le respect de soi-même et des autres, le sens de l'initiative, un métier.
Cette formation doit leur permettre de trouver ou retrouver des repères, de s'engager sur le chemin de l'entreprise et de l'emploi, de revenir ainsi au coeur de la société dont ils se sont sentis exclus.
L'opportunité que j'ai saisie, c'est celle de la bataille pour l'emploi des jeunes lancée par le Gouvernement en mai 2005.
La saisine de votre Conseil marque à quelques jours près un anniversaire : celui de l'annonce officielle du lancement de « Défense 2ème Chance », faite le 8 juin 2005, bien avant que la crise des quartiers difficiles n'en souligne l'urgence.
La première année a demandé beaucoup d'efforts, car il a fallu partir de rien et avancer très vite.
Six centres sont déjà ouverts à ce jour et l'ouverture d'une vingtaine est planifiée avant la fin de l'année.
Cette première année a également été riche en enseignements. Les principes directeurs du projet ont pu en effet être confortés sur la base de l'expérience concrète.
Dès maintenant, les résultats obtenus témoignent de la réussite du programme.
A l'automne, 500 jeunes sortiront des centres avec des acquis et des perspectives d'emploi.
D'ores et déjà, 93 % d'entre eux - dont plus de 30 % étaient illettrés à l'entrée - ont obtenu leur certificat de formation générale.
Alors que leur formation n'est pas achevée, nous avons déjà plus de 60 % d'offres d'emploi dans le bâtiment, la restauration, la mécanique ou le transport.
C'est donc précisément à ce stade de développement du projet que votre avis est de la plus grande importance.
C'est maintenant qu'il faut donner une nouvelle impulsion, qu'il faut transformer ce projet proposé par la Défense, soutenu par les ministères chargés de l'Emploi, de l'Education nationale, de la Jeunesse et des sports, en un projet de la société française tout entière.
C'était bien le sens de cette saisine.
Vous portez un regard nouveau et différent sur « Défense 2ème Chance ». Chacun dans votre domaine, vous pouvez nous aider à améliorer les dispositifs existants.
Les entreprises doivent avoir envie de recruter ces jeunes, les associations doivent les suivre et les aider, les partenaires sociaux doivent accompagner leur formation professionnelle, tous les citoyens que nous sommes doivent aider à l'installation de nouveaux centres dans leur région.
Votre assemblée a relevé le défi de participer à cette construction. Pour aller plus loin, il faut que vous soyez plus étroitement impliqués dans Défense 2ème Chance.
J'approuve naturellement la proposition d'une « saisine de suite ».
A mon tour, Monsieur le Président, j'aimerais vous faire une proposition.
Je souhaiterais que le conseil économique et social puisse être représenté au sein du conseil d'administration de l'EPID.
Si vous en êtes d'accord, nous y procéderons dès la prochaine vacance.
Nous souhaitons que les jeunes volontaires des centres « Défense 2ème chance », qui sont partie intégrante de l'avenir de la France, aient l'opportunité de renouer avec la société et la vie professionnelle avec les bonnes bases.
La réussite de ce plan repose aujourd'hui sur l'alliance de trois éléments : un engagement des jeunes volontaires pour leur avenir ; une mobilisation des cadres et des enseignants ; un partenariat dynamique avec les entreprises et les collectivités.
La réussite de ce plan est aussi l'une des conditions de notre cohésion nationale.
La Nation doit refuser l'exclusion. Elle ne peut laisser personne sur le bord du chemin.
Notre ambition pour la France ne saurait se limiter à la réussite de quelques élites.
La France a besoin de chacun de ses enfants pour réussir.
Elle doit donc donner à tous ceux qui en ont la volonté les moyens de progresser.
Le combat pour l'insertion des jeunes doit être le combat de tous, acteurs publics, associatifs ou privés.
Je sais pouvoir compter sur vous pour le mener à nos côtés.
C'est le combat pour la société dans laquelle nous voulons vivre demain.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 20 juin 2006