Déclaration de M. François Bayrou, président de l'UDF, sur le climat politique, la majorité et la vie interne de l'UDF, Issy-les-Moulineaux le 10 juin 2006.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Ouverture du Conseil national de l'UDF, à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) le 10 juin 2006

Texte intégral

Mes chers amis,
A l'ouverture de ce Conseil national statutaire de notre mouvement qui fait suite au formidable congrès que nous avons eu à Lyon, mes premiers mots sont, après avoir remercié la Fédération des Hauts de Seine qui nous accueille, pour André Santini -qui sera là dans une minute- et les parlementaires des Hauts-de-Seine présents. Je vois à la tribune Denis Badré, sénateur-maire de Ville-d'Avray, Janelly Fourtou et Bernard Lehideux, députés européens, qui ont tous les deux des attaches personnelles ou électorales avec les Hauts-de-Seine, Marielle de Sarnez qui a dirigé la liste européenne dans la région Ile-de-France. Et je suis heureux que soit à la tribune avec elle Anne-Marie Comparini, député du Rhône, et Jacqueline Gourault, sénateur du Loir-et-Cher, avant que Gilles Artigues intervienne tout à l'heure, après moi, à cette tribune.
Je veux vous dire merci de votre présence, de votre amitié et de votre soutien dans les mois que nous venons de vivre et qui ont été cruciaux pour notre famille politique.
Je veux le dire, parce que c'est à vous, militants, sympathisants, qui avez si fortement soutenu les choix que nous avons faits que l'on doit une partie de la fermeté de la ligne que nous avons exprimée sans faillir depuis des mois.
Je veux simplement vous dire deux mots à l'ouverture de ce Conseil national des choix que nous avons faits et des choix que nous allons faire.
Jamais probablement depuis que la Vème République a été mise en place, nous n'avons eu une situation politique aussi instable, désorganisée, décomposée que nous l'avons aujourd'hui sous les yeux.
L'enchaînement des dossiers qui ont conduit du CPE, à Cleartstream, à l'amnistie de Guy Drut, l'enchaînement de ces conflits et de ces affaires a donné au gouvernement français l'allure d'un bateau ivre. Et, plus encore qu'au gouvernement, plus encore à l'ensemble de la démocratie française qui est aujourd'hui marquée -et vous êtes une exception notable à ce climat- par une ambiance de défiance des citoyens à l'égard de ceux qui les représentent, à l'égard de ceux qui les gouvernent.
Comme vous le savez, notre analyse, depuis le premier jour, depuis le jour même où nous avons refusé de voter la confiance au gouvernement, est que cette défiance, cette désorganisation, cette décomposition ne sont pas accidentelles. Elles ne sont pas conjoncturelles. Elles ne sont pas principalement dues aux hommes, même si, bien entendu, les hommes jouent un rôle très important dans l'absence de vision qui caractérise aujourd'hui la France.
Elles sont dues principalement au système qui a été mis en place depuis des années et qui se caractérise par la concentration du pouvoir entre les mêmes mains, ce que j'ai nommé à la tribune de l'Assemblée nationale « l'absolutisme français » qui fait que, désormais, il n'y a plus que le pouvoir suprême et la cour qui comptent dans notre pays, alors que nous avons voulu, nous voulons et nous imposerons de bâtir une démocratie de citoyens, une démocratie de responsables, une démocratie civique pour notre pays.
C'est en cela que nous sommes les rénovateurs et les reconstructeurs de la démocratie française. C'est cela le fond de notre analyse et de notre critique comme nous aurons l'occasion d'y revenir tout au long de la matinée.
Nous avons pu conduire cette analyse, porter ce diagnostic et même être les interprètes de la réprobation du peuple français. Nous avons pu le faire parce que nous avions choisi d'être libres et, quand je suis monté à la tribune, au nom des députés UDF qui avaient choisi de voter la censure au Gouvernement sans se laisser impressionner par aucune menace d'aucune sorte, aucune intimidation d'aucune sorte, aucune habitude d'aucune sorte, quand je suis monté à la tribune, en leur nom, c'est parce que nous avions, quelques mois auparavant, choisi d'être dans la politique française, le « parti libre ».
C'est de cette liberté que nous avons fait aujourd'hui l'instrument de la rénovation politique et démocratique de la France.
A la tribune, nous avons mis un slogan qui est à la fois un clin d'oeil et une vérité profonde. C'est un clin d'oeil, parce que "Allez la France", au moment où s'ouvre la Coupe du monde de football, c'est d'une certaine manière un message personnel que nous adressons à beaucoup, mais c'est aussi une attitude politique que nous avons choisie.
Nous avons choisi d'être dans le mouvement, la dynamique, d'être la force qui entraîne et non pas la force qui revient en arrière.
Je sais, on me dit qu'il y aura dans la matinée une ou deux expressions de ceux qui veulent nous ramener comme toujours en arrière, de ceux qui veulent comme toujours nous faire revenir dans le vieux giron des vieilles habitudes, des vieux carcans dans lesquels nous n'aurions pas le droit d'exprimer notre vision et notre jugement, tenus que nous serions par la « discipline sacrée » qui fait que, quand on est dans un camp, on n'a pas le droit d'ouvrir les yeux sur la réalité que ce camp est en train de construire pour la France.
A tous ceux-là qui veulent nous ramener dans les anciennes habitudes et les anciens carcans, je n'ai qu'un seul message, c'est celui-ci : ce qui nous intéresse, nous, dans cette force politique nouvelle et libre, ce n'est pas la France qui s'en va, ce n'est pas la France d'hier, ce n'est pas la France qui est en train de partir. Ce qui nous intéresse, c'est uniquement, seulement et définitivement la France qui vient, la France de demain, la France que nous allons construire.
C'est la fierté de l'Union pour la Démocratie Française d'avoir choisi cette démarche constructive au lieu d'une démarche régressive, contrainte et au bout du compte paralysée.
C'est le message que je veux donner à l'ouverture de ce Conseil national, et fort du mandat que 92 % des militants de l'UDF consultés au scrutin secret, personnel, chez eux, dans la solidité du choix que l'on est amené à faire en secret, ont donné au congrès de Lyon, nous donnant mission, nous enjoignant, nous commandant de suivre l'intérêt national au lieu des intérêts partisans.
Merci de votre présence. Bon Conseil national.
Je vais maintenant donner la parole à Gilles Artigues.
Depuis le congrès de Lyon, et même un peu avant, nous avons conduit un énorme travail de réflexion. Je le dis, car, là encore, je trouve qu'il serait injuste à l'égard des centaines et milliers d'entre vous qui y ont participé de ne pas retenir la substance de ce travail.
Il y a eu douze colloques sur les douze premiers thèmes que nous avions fixés. C'est quinze en tout que nous traiterons. Les trois autres auront lieu naturellement à la rentrée.
Il y a eu douze colloques d'une ou deux journées chacun, en tout plus de vingt journées de travail ininterrompues qui ont été publiées sous toutes les formes que vous savez : Internet, DVD, impressions des actes des colloques et qui ont donné lieu à un grand nombre d'analyses et de propositions qui structurent le projet que nous allons bâtir désormais pour la France et que nous adopterons cet automne, dont j'essaierai, à ma manière, de donner aujourd'hui les grandes lignes.
Gilles Artigues, député de la Loire, a joué un rôle de cheville ouvrière dans la préparation des débats. C'est lui qui, à l'ouverture de chacun des colloques, a réalisé la synthèse des centaines de contributions qui étaient adressées par des fédérations, des groupes ou des militants de notre famille politique.
Je lui donne la parole pour qu'il fasse, en quelques minutes, la synthèse des synthèses.
Je veux simplement remercier tous ceux, experts extérieurs -ils ont été 150 ou 200 experts- ou à l'intérieur de notre famille, militants simplement qui réfléchissent, forts de leur expérience ou de leur engagement, qui ont participé à cette réflexion qui fait le socle de ce qui sera, je n'en doute pas, le projet le plus novateur que les échéances qui viennent nous permettront de présenter aux Français. Le projet le plus novateur du champ politique français.
La parole est à Gilles Artigues, député de la Loire.Source http://www.udf.org, le 13 juin 2006