Déclaration de Mme Brigitte Girardin, ministre déléguée à la coopération, au développement et à la francophonie, notamment sur le partenariat économique entre entreprises françaises et africaines, à Paris le 19 juin 2006.

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Circonstance : Clôture de la cérémonie de remise des prix du compagnonnage industriel du réseau "Entreprise et développement", à Paris le 19 juin 2006

Texte intégral


Madame et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs,
Je suis heureuse d'avoir pu vous rejoindre pour la clôture de cette cérémonie de remise des trophées du compagnonnage industriel, organisée à l'initiative du réseau "entreprises et développement".
A mon tour, je souhaite adresser avant toute autre chose mes très sincères et chaleureuses félicitations à l'ensemble des entreprises et entrepreneurs distingués aujourd'hui pour leur engagement en faveur du développement.
A tous ces chefs d'entreprises ou cadres dirigeants venus du Sénégal, du Cameroun, de Madagascar, du Burkina Faso, de Tunisie, du Maroc, et bien sûr aussi de France, je veux dire ma satisfaction de voir ainsi couronnée de succès leur démarche de partenariat économique entre entreprises du Nord et du Sud : car au-delà des trophées qu'ils reçoivent aujourd'hui, il y a surtout une formidable réussite commerciale, et donc une contribution au développement.
Depuis une dizaine d'années, ce sont ainsi près de 250 "couples" d'entreprises qui ont été constitués, avec l'appui de mon ministère et de cette importante institution européenne qu'est le Centre pour le Développement de l'Entreprise. Ce succès témoigne de l'intérêt que cette démarche a rencontré auprès des acteurs économiques du Nord comme du Sud.
Car si l'objectif premier de ce partenariat entre entrepreneurs de même métier est l'amélioration du tissu économique des pays du Maghreb et des pays ACP, le programme de compagnonnage industriel répond également au voeu formulé récemment par le Premier ministre de voir plus de petites et moyennes entreprises françaises se tourner vers l'exportation.
En effet, la France ne bénéficie pas suffisamment aujourd'hui des effets positifs de la mondialisation. Tout particulièrement, les PME françaises sont moins présentes que celles des autres pays membres de l'Union européenne sur les marchés extérieurs.
La démarche du compagnonnage industriel est donc une bonne façon d'inciter nos PME à s'engager dans la voie de l'exportation, qu'il s'agisse d'exporter des produits ou du savoir-faire.
Mais au-delà des récompenses qui vous sont remises aujourd'hui, je souhaite vous redire ma conviction de la part essentielle que le secteur privé doit prendre au développement des pays du Sud, et les efforts entrepris par le gouvernement français pour accompagner ce secteur privé.
L'entreprise est à la fois le principal moteur de la croissance et de l'emploi, et un contributeur direct à l'objectif de réduction de la pauvreté que s'est fixé la communauté internationale lorsqu'elle a défini, en 2000, les Objectifs du Millénaire pour le Développement. Le renforcement des entreprises est donc pour nous un objectif transversal, car l'efficience de ce secteur conditionne celle de tous les autres secteurs de l'économie.
Ce rôle fondamental de l'entreprise dans le développement est évidemment inscrit dans la politique de mon ministère. C'est ainsi qu'un des sept secteurs pour lesquels nous avons défini des priorités d'intervention concerne le secteur productif, c'est-à-dire les entreprises privées ou publiques marchandes.
Dans notre stratégie d'intervention dans ce secteur, nous mettons un accent particulier sur la petite et moyenne entreprise. C'est en effet elle qui participe pour une part prépondérante dans la création de richesses dans les pays du Sud. Sa taille humaine et son implantation forte dans le tissu économique et social local en font un moteur essentiel d'un développement harmonieux des territoires.
Le secteur privé reste donc plus que jamais une priorité de nos actions de coopération. Ce matin, le Comité interministériel pour la Coopération internationale et le Développement s'est d'ailleurs réuni sous la présidence du Premier ministre, afin de valider plusieurs mesures ou orientations nouvelles de notre politique de coopération. C'est ainsi que je me réjouis de pouvoir vous annoncer le lancement d'un plan pour le développement du secteur privé africain. Il s'agit d'un engagement financier d'un milliard d'euros que la France va consacrer sur trois ans à l'objectif de création de 1 million d'emplois en Afrique, mais aussi d'appui au développement de plus de 5 000 entreprises africaines, et d'amélioration des conditions de vie de 7 millions de personnes.
Ce plan est une illustration supplémentaire de l'engagement résolu de la France, sous l'impulsion du président Chirac, en faveur du développement, et plus particulièrement de l'Afrique. En six ans, nous aurons quasiment doublé notre aide publique au développement, qui sera passée de 4,7 milliards d'euros en 2001 à 9 milliards d'euros en 2007. Bien évidemment, cette ambition ne concerne pas seulement le secteur productif. Nous aurons par exemple porté nos contributions aux grandes organisations internationales oeuvrant dans le secteur de la santé, comme le Fonds mondial contre le sida, la tuberculose ou le paludisme, ou le fonds GAVI pour la vaccination des enfants, de 50 millions d'euros en 2000-2002 à 1,4 milliard d'euros en 2006-2008.
Mais je voudrais surtout insister aujourd'hui auprès de vous sur le signal positif que représente cette annonce d'un plan en faveur du secteur privé africain. Elle est en effet le témoignage de la réelle conviction française du potentiel économique considérable que représente l'Afrique : ses richesses naturelles sont les plus importantes du monde ; sa population jeune, ses vastes territoires, sont autant d'atouts qu'elle doit pouvoir exploiter. Et sa croissance économique sera d'ailleurs, cette année encore, supérieure à la moyenne mondiale, sans qu'il ne s'agisse que d'une simple conséquence de la hausse des prix des matières premières.
Pour intensifier cette croissance économique, nous sommes convaincus qu'il nous faut donc continuer à investir dans l'éducation, dans la santé, dans les infrastructures, et ce afin de libérer ce formidable potentiel économique. C'est tout le sens des documents-cadres de partenariat que je signe avec nos partenaires africains, et qui visent à concentrer davantage l'aide française sur trois secteurs prioritaires définis d'un commun accord avec chacun des pays bénéficiaires, en fonction de leur propre stratégie nationale de réduction de la pauvreté. En évitant ainsi le saupoudrage, et en inscrivant davantage notre action dans la durée, il s'agit bien de rendre notre aide plus efficace et plus visible.
Nous sommes également convaincus qu'il nous faut appuyer vigoureusement les efforts des Etats africains dans l'amélioration de la bonne gouvernance. Les dysfonctionnements de la justice, le harcèlement fiscal ou les autres tracasseries administratives, la concurrence déloyale d'entreprises informelles, parfois l'insécurité physique, tous ces facteurs sont des freins importants au développement des entreprises.
De la même manière, les insuffisances des financements pour les entreprises de taille moyenne, celles qui n'ont accès ni à la microfinance ni aux grands prêts bancaires, est pour nous une préoccupation qui nous conduit à mettre en place des projets de coopération spécifique.
Pour conclure, c'est bien de nos efforts conjoints - pouvoirs publics et entrepreneurs privés - que viendra le développement durable de l'Afrique.
Les entreprises aujourd'hui mises à l'honneur y contribuent activement, qu'elles en soient donc à nouveau chaleureusement remerciées.
Au-delà, soyez convaincus de me trouver à vos côtés pour renforcer nos actions de coopération, au service du développement.
Je vous remercie.Source http://www.diplomatie.fouc.fr, le 22 juin 2006