Texte intégral
Monsieur l'Ambassadeur,
Madame et Messieurs les Conseillers de l'Assemblée des Français à l'étranger,
Mesdames, Messieurs,
Chers Compatriotes,
Je suis très heureuse d'être parmi vous à Yaoundé, au premier soir de mon séjour au Cameroun. Je tiens à saluer, sincèrement et chaleureusement, chacune et chacun d'entre vous, et vous remercier d'avoir ainsi répondu à mon invitation pour cette rencontre que je souhaite très conviviale. C'est toujours avec un réel plaisir que je retrouve ainsi les représentants de nos communautés françaises établies à l'étranger.
Je connais les caractéristiques de votre communauté, et je souhaite souligner ici son dynamisme et sa foi dans ce pays dont l'amitié pour la France ne s'est jamais démentie. Vous êtes près de 6.000 Français établis parfois depuis de longues années, à Yaoundé, à Douala et Garoua, dans les différentes activités forestières, agricoles, dans le commerce, l'industrie ou les services. Je remercie en particulier ceux d'entre vous qui sont venus de loin pour assister à cette rencontre.
Je tiens à saluer l'engagement de tous ceux qui participent, avec conviction, aux actions concrètes de solidarité à l'égard du Cameroun. Je veux leur rappeler que la France reste le premier partenaire bilatéral du Cameroun en matière d'aide au développement, et qu'elle n'entend pas s'en désengager, bien au contraire. Les actions que vous conduisez ici s'inscrivent au coeur de l'avenir de ce pays et de ce continent, mais participent aussi du devenir du continent européen. Car il y va de notre intérêt commun : du développement et de la stabilité du continent africain dépendent en effet, de manière indissociable, la croissance et la sécurité du continent européen.
Si je suis aujourd'hui parmi vous au Cameroun, c'est avant tout pour y réaffirmer l'engagement de la France à contribuer au développement durable de ce pays ami.
Demain, je signerai avec le Premier ministre le "document cadre de partenariat" (DCP) qui concrétise pour les cinq années à venir l'engagement de la France en faveur du développement de ce pays. Ce DCP est le nouvel instrument par lequel se met en oeuvre sur le terrain la réforme de notre politique de coopération. Il s'agit d'un document négocié entre les autorités camerounaises et françaises, et donc fondé sur les attentes et sur les besoins prioritaires des populations locales.
C'est un outil opérationnel qui définit les secteurs dans lesquels notre partenariat va se concentrer. Il s'accompagne d'une liste précise de projets qui constituent autant d'actions concrètes de notre coopération. Il répond également à un souci de cohérence et de complémentarité avec les interventions des autres partenaires extérieurs. 80 % de notre aide bilatérale publique au développement sera ainsi consacrée à quatre secteurs prioritaires. Il s'agit de la santé et de la lutte contre le sida ; de l'éducation de base ; des infrastructures ; et enfin de l'agriculture et de la sécurité alimentaire. En évitant le saupoudrage, il s'agit de rendre l'aide française plus percutante et plus efficace.
Mais ce qui distingue ce DCP de tous les autres, c'est son volume qui place le Cameroun en tête des pays bénéficiaires de notre aide en Afrique subsaharienne. Pour la période 2006-2010, ce sont ainsi plus de 570 millions d'euros, soit près de 374 milliards de FCFA, que la France mobilisera pour un développement durable et pour la lutte contre la pauvreté au Cameroun.
Cet effort considérable est rendu possible par la signature concomitante du C2D, le Contrat de Désendettement et de Développement. Comme vous le savez, la France s'était en effet engagée à proposer un tel contrat bilatéral de désendettement, dès que le Cameroun aurait atteint le point d'achèvement de l'initiative PPTE (Pays pauvres très endettés). Ce point d'achèvement ayant été atteint fin avril, je suis ici pour tenir nos engagements. Et je tiens à souligner qu'il s'agit d'un effort de la France qui s'ajoute à celui qu'elle accorde déjà par ailleurs dans le cadre multilatéral du règlement de la dette.
Afin d'illustrer l'impact attendu de cet effort consenti par la France, je voudrais évoquer brièvement le secteur des infrastructures : ce secteur bénéficiera en effet à lui seul de 230 millions d'euros. Ces sommes seront consacrées à la réhabilitation d'ouvrages d'art sur le réseau prioritaire, mais aussi à l'aménagement d'axes interurbains et à la réalisation de pistes rurales. L'effet sur l'activité économique du pays sera donc bien réel, et visible : 20 000 emplois nouveaux devraient être créés dans ce seul secteur des travaux publics. Tous les investissements nouveaux ainsi rendus possibles contribueront à créer les richesses indispensables pour lutter efficacement contre la pauvreté.
Demain, j'aurai d'ailleurs l'occasion à Douala de donner une première illustration de notre coopération dans ce secteur des infrastructures, avec la réouverture à la circulation du pont sur le Wouri que nous avons réhabilité. C'est ainsi, par des réalisations concrètes et directement perceptibles par les populations locales, que nous donnons un sens à nos efforts en faveur du développement.
Encore faut-il naturellement que tous ces efforts ne soient pas compromis par la corruption ou par la mauvaise gouvernance, et je sais qu'il s'agit-là d'un enjeu essentiel. Je tiens donc à saluer l'action énergique engagée par le président de la République, M. Paul Biya, et par son gouvernement, pour lutter contre la corruption, ce qui est un préalable à la restauration de la confiance des opérateurs économiques. Les autorités camerounaises ont pris des engagements forts en ce sens, et les procédures judiciaires en cours depuis quelques mois à l'égard de responsables soupçonnés de détournements de fonds publics constituent un signal qui était attendu par la communauté internationale. La France est attentive à ce que ce travail d'assainissement et de rétablissement de la confiance soit poursuivi. Nous entendons donc appuyer ces initiatives, et placer la bonne gouvernance en général, et la lutte contre la corruption en particulier, comme première priorité de notre coopération. Nous assurons d'ailleurs actuellement la présidence du groupe "anti-corruption" qui maintient la pression sur le gouvernement pour qu'il sanctionne sévèrement ce phénomène destructeur, tant pour l'économie que pour la cohésion sociale.
Mes Chers Compatriotes,
Le Cameroun est aujourd'hui à un tournant, et vous avez un rôle déterminant à jouer pour l'aider à se transformer économiquement, en votre qualité de première communauté étrangère occidentale.
Au-delà, je souhaite vous redire mes remerciements les plus chaleureux et les plus sincères pour votre contribution à l'approfondissement des liens historiques du Cameroun avec la France. Soyez assurés de me trouver à vos côtés pour contribuer au renforcement de notre coopération avec l'Afrique, et avec le Cameroun.
Vive la République, vive la France ! Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 23 juin 2006