Déclaration de M. Xavier Bertrand, ministre de la santé et des solidarités, sur l'accès aux médicaments pour les pays touchés par les pandémies (Sida, paludisme et tuberculose), notamment le lancement d'achat de médicaments, Paris le 8 juin 2006.

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Circonstance : Présentation d'Unitaid, mobilisation autour de la facilité internationale d'achat de médicaments à Paris le 8 juin 2006

Texte intégral

Mesdames et Messieurs les Ministres, Chers collègues,
Mesdames et Messieurs,

Comme l'a rappelé Philippe Douste-Blazy, qui a su réaliser ce projet porteur d'espérance, UNITAID a été créé pour qu'il soit enfin permis de mettre fin à une injustice de santé mondiale : les difficultés d'accès aux médicaments pour les millions d'habitants de la planète touchés par ces trois grandes pandémies que sont le sida, le paludisme et la tuberculose. Au-delà des chiffres, ce sont des hommes, des femmes et des enfants, ce sont des drames individuels et familiaux, et ce sont des pays entiers freinés dans leur développement. Sait-on assez qu'à l'heure où les pays développés se préoccupent des conséquences du vieillissement, l'espérance de vie dans certains pays d'Afrique a diminué de 10 ans en 10 ans (espérance de vie moyenne en Europe : 75 ans ; en Afrique subsaharienne : 45 ans) ? Alors oui, il y a un état d'urgence mondial. C'est ce à quoi les Présidents Chirac et Lula ont su répondre quand ils ont lancé ce projet de facilité internationale d'achat de médicaments qui est aujourd'hui en oeuvre.
UNITAID est aussi là pour nous rappeler que la santé est un bien public mondial, et que nous en sommes tous les garants. Les Objectifs du Millénaire pour le Développement de l'ONU sont ambitieux en matière de lutte contre ces pandémies. Pour y répondre, nous devons apporter une solution thérapeutique à ceux qui en sont dépourvus ; c'est là une des priorités majeures de la France depuis de nombreuses années. Aujourd'hui, avec UNITAID, c'est chose faite : donner accès à tous, quel que soit son pays et son niveau de vie, aux médicaments existants va devenir une réalité, une réalité durable : pour des traitement innovants sur le long terme, il fallait des financements innovants et pérennes, la FIAM, et il fallait un outil innovant et pérenne, UNITAID. C'est l'espoir d'un véritable développement durable, qui intègre la santé. Et comment penser à l'avenir si l'on ne s'occupe pas des enfants ? Ceux-ci sont très durement touchés par ces pandémies : 1900 enfants de moins de 15 ans sont infectés chaque jour par le VIH ; 1 enfant meurt toutes les 30 secondes en Afrique du paludisme ; la tuberculose touche principalement les jeunes. La France ne veut ignorer aucun des problèmes d'accès aux soins. Elle l'a également montré avec la question des traitements pédiatriques. Le manque de traitements adaptés aux enfants touche la grande majorité des maladies et l'ensemble des pays. Même en Europe, 80 % des médicaments utilisés jusqu'à présent pour les enfants n'ont pas été testés ou autorisés pour cet usage particulier ; c'est notamment le cas pour les antirétroviraux. La France a été à l'origine d'une initiative qui vise à apporter une solution thérapeutique à ceux qui en étaient encore dépourvus, en incitant les laboratoires pharmaceutiques européens à développer des formes pédiatriques de médicaments. C'est pourquoi j'ai tenu à ce que le Ministère de la Santé travaille étroitement avec les représentants français au Parlement européen afin de proposer un règlement relatif aux médicaments utilisés en pédiatrie. Ce sujet me tient particulièrement à coeur, comme je l'ai exprimé à plusieurs reprises lors des Conseils européens, et je suis donc très heureux de l'accord trouvé la semaine dernière par le Conseil et le Parlement sur ce texte. Ce sont enfin des médicaments spécifiques, totalement efficaces et adaptés, qui pourront être conçus pour traiter les enfants. Cela concernera bien sûr les médicaments qui permettent de lutter contre les trois grandes pandémies, dont l'achat est assuré par le groupement de pays participant à la Facilité internationale : ces formes pédiatriques fabriquées en Europe ont vocation à être diffusées dans le monde entier.
Il faut à la fois développer des traitements innovants et que tous y aient accès. La santé ne peut se concevoir sans ces deux piliers. L'innovation n'en est pas une si elle oublie un seul malade ; la santé, ce droit fondamental, n'est pas universelle si elle oublie un seul patient. C'est ce message que nous devons délivrer aujourd'hui, car la mission d'UNITAID répond à un enjeu de santé, un enjeu de paix, un enjeu de vie.

source http://www.sante.gouv.fr, le 9 juin 2006