Interview de M. Bernard Accoyer, président du groupe parlementaire UMP à l'Assemblée nationale, à RTL le 20 juin 2006, sur le projet de privatisation de Gaz de France et de sa fusion avec Suez.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : Emission L'Invité de RTL - RTL

Texte intégral

Q- Jean-Michel Aphatie : Bonjour Bernard Accoyer, 28 juin, mercredi en dix, le conseil des ministres adoptera le projet de loi de privatisation de Gaz-de-France, et les députés n'en seront saisis que trois mois plus tard. Pas d'enthousiasme chez les députés : c'est pour cela qu'il faut se donner trois mois pour les convaincre ?
R- Bernard Accoyer : Pour une fois où la démarche est une démarche partagée, qui aboutit à des explications et de la pédagogie, pour être sûrs de la faire aboutir : vous n'allez pas me dire que cela est négatif.
Q- Ce qui est savoureux, dans votre propos, c'est "pour une fois", Bernard Accoyer !
R- Justement, nous avons eu l'occasion de voir que certaines opérations n'avaient pas été conduites de cette façon : celle-ci est exemplaire, sur ce point. Nous attendions, Jocelyn de Rohan - président de groupe au Sénat - et moi-même, une feuille de route précise du gouvernement. Elle est là ! Cette feuille de route, c'est le conseil des ministres, la semaine prochaine. L'été qui est mis à profit, pour prolonger la concertation, les explications. Cette concertation sociale est conduite, déjà, depuis le début de l'année par Thierry Breton. La concertation politique s'est ouverte, il y a 15 jours, à l'Assemblée Nationale, au Parlement. Et nous avons eu, dans les deux assemblées, des débats qui ont d'ailleurs été des débats de très haut niveau, très intéressants, qui font prendre conscience, petit à petit, de l'importance de ce projet, qui est un vrai projet industriel, une opportunité à ne surtout pas laisser passer, pour la France. Parce que, c'est l'intérêt des consommateurs, et c'est l'intérêt de l'emploi en France.
Q- C'est-à-dire que vous, Bernard Accoyer, êtes favorable à la privatisation de Gaz-de-France et à la fusion avec Suez.
R- Oui. Moi-même y suis favorable. Je pense que tout le monde ne l'a pas été d'emblée - ne l'est pas d'emblée - et qu'il est nécessaire de faire comprendre ce qui, pour moi, paraît une réalité.
Q- Vous disiez - vous, Bernard Accoyer - il y a huit jours : "il n'y a pas de majorité pour voter le projet de loi autorisant la fusion".
R- J'ai dit exactement, il y a huit jours, qu'il n'y avait pas une majorité suffisante au groupe U.M.P pour assurer une majorité absolue, à l'Assemblée Nationale. Parce que, comme il y aura, contre ce projet, toute l'opposition et, probablement, une grande partie de l'U.D.F.
Q- Et une grande partie de l'U.M.P ?
R- Il est nécessaire, avant d'aller dans l'hémicycle, que nous ayons, chez nous, bien rallié, le nombre de députés qu'il faut. Qu'ils soient convaincus de la nécessité d'aller jusqu'au bout et de l'emporter.
Q- Le groupe U.M.P est majoritaire à lui tout seul, à l'Assemblée Nationale. 364 députés. Aujourd'hui, majoritairement, le groupe U.M.P est-il favorable ou défavorable à la fusion ?
R- Sur le fond, majoritairement, je l'affirme : le groupe U.M.P est majoritairement favorable. Et il faut qu'il y ait tout le monde, absolument tout le monde. Quand notre majorité absolue dépend de notre majorité à l'intérieur du groupe, il faut qu'il y ait absolument tout le monde. C'est cette démarche, cette finalisation, qui nécessite d'aller un petit peu plus loin. Je me réjouis du plan qui a été choisi : c'est le bon. Il faut y aller ! J'y crois, et je pense que nous l'emporterons.
Q- Dominique de Villepin se retire, visiblement, de ce projet. C'était lui qui avait annoncé la fusion, le 25 février, à Matignon. Là, c'est Thierry Breton qui est le porte-parole du projet. Est-ce le signe de l'affaiblissement politique de Dominique de Villepin ?
R- Non. Chacun est dans son rôle. Le Premier ministre a indiqué ce qu'il convenait de faire, dans le sens de l'intérêt national, de l'intérêt des consommateurs et de l'emploi. Le ministre de l'Economie, qui est aussi le ministre de l'Industrie, est au travail. Il y est depuis le début de l'année. Il est imprégné du dossier, de tous ses avantages sur les tarifs pour les consommateurs, sur les entreprises qui pourraient être menacées, les emplois qui pourraient être menacés, en France, si le projet n'aboutissait pas. Il poursuit - ce qu'il fait d'ailleurs très bien et avec talent - son travail de pédagogie. C'est la tâche qui lui est affectée et, il me semble qu'en concluant, lundi, sur la feuille de route, le Premier ministre donne l'impulsion, l'indication, même la politique. Et son ministre de l'Economie est chargé du travail de terrain.
Q- Mais toutes les critiques, la semaine dernière, au sein du groupe U.M.P, convergeaient vers Dominique de Villepin, Bernard Accoyer. Vous le savez comme moi !
R- Quand il y a un débat sur une question, vous en convenez, qui est une question importante - nous sommes au coeur de ce qui préoccupe les Français, c'est-à-dire, le pouvoir d'achat et l'emploi - il est bien normal que, lorsqu'il y a débat, on en parle. Mais, convenez avec moi, que l'on n'est pas obligé de constater que la majorité, pour autant, serait éclatée car ce n'est pas le cas. Et je suis persuadé que, sur ce sujet, son travail - le travail d'explication, la position prise par le syndicalisme salarié réformiste, sur ce dossier.
Q- La C.F.D.T. La C.G.T y est opposée.
R- C'est-à-dire, François Chérèque, le secrétaire général de la C.F.D.T, qui s'est montré très positif, est un élément considérable qui montre bien que l'opinion, et notre opinion, évolue.
Q- La faiblesse de Dominique de Villepin - 23% de bonnes opinions seulement, en juin, selon l'I.F.O.P-J.D.D - plus impopulaire, aujourd'hui, que Jean-Pierre Raffarin. Ce n'est pas un problème, Bernard Accoyer ?
R- Ca n'a jamais été les sondages ni les cotes de popularité.
Q- C'est ce qu'on répond tout le temps. Mais c'est quand même la preuve qu'il n'est pas très populaire.
R- Qui décide, d'abord, de qui prend les décisions et qui gouverne. Et, deuxièmement - et on a été échaudé là-dessus - de qui sera élu à telle ou telle élection.
Q- Vous avez souhaité, vous, Bernard Accoyer - vous parlez beaucoup ! Sur Direct 8, la semaine dernière - que Dominique de Villepin lève l'ambiguïté concernant sa candidature à la prochaine élection présidentielle. Vous avez vu Dominique de Villepin en tête-à-tête, lundi soir. Lui en avez-vous parlé ?
R- Lundi, nous avons parlé de G.D.F et de la fusion avec Suez.
Q- C'est tout ?
R- Je n'ai pas parlé de cette question mais, si vous voulez que je vous donne des précisions sur ce que j'ai voulu dire, je peux le faire.
Q- En deux mots !
R- Je vais vous le dire très simplement. Ce que j'ai voulu dire, ce que je ressens, ce que j'ai voulu exprimer, et que ressentent beaucoup de nos électeurs, c'est qu'à un an des élections présidentielles, les sondages - et Alain Duhamel vient de les évoquer - à mon sens, ne veulent pas dire grand chose. Et d'ailleurs, jamais ils n'ont été reproduits dans les résultats, un an plus tard. Et que, dans ces conditions, la droite doit être attentive, parce qu'il peut lui arriver que son représentant - celui ou celle qui portera ses idées aux élections présidentielles, l'année prochaine - ne soit pas présent au deuxième tour. Et deux conditions pourraient conduire à cette triste situation que d'autres ont connu en 2002. La première, ce serait d'avoir plusieurs candidats. Ce scénario a été écarté, en principe, par la procédure qui a été adoptée : c'est la désignation, par les militants, en début d'année. La seconde, ce serait qu'une sorte d'atmosphère de pré-campagne présidentielle s'installe, et que celle-ci porte atteinte à notre futur candidat, sans pour autant que l'année 2006 soit utile. Voilà ce que j'ai voulu dire.
Q- Jean-Yves Hollinger, dans son journal de l'économie, a dit que Tony Blair avait promis, ce week-end, à Londres, à Nicolas Sarkozy, de le soutenir. C'est une bonne nouvelle ou une mauvaise nouvelle ?
R- Ce n'est pas à Londres que se fait la politique de la France et l'inverse n'est pas, non plus, valable.
Sarkozy ne fera pas l'élection à Londres - c'est que vient de dire Bernard Accoyer au micro de RTL, ce mardi - Bonne journée !
Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 21 juin 2006