Interview de M. Xavier Bertrand, ministre de la santé et des solidarités, sur le site internet www.premier-ministre.gouv.fr le 31 mai 2006, sur l'interdiction de fumer dans les lieux publics, les différences de prix du tabac dans les pays européens et les conséquences du tabagisme sur la santé.

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Texte intégral

Xavier Bertrand : Bonjour. Pour ou contre l'interdiction du tabac dans les lieux publics, c'est un beau sujet de débat. Je voudrais expliquer pourquoi nous l'organisons. C'est parce que le rôle du politique, c'est de penser à l'application de la loi. Tout le monde peut m'écrire au ministère et me donner son point de vue sur cette question en n'hésitant pas entrer dans le détail. Je voudrais juste rappeler qu'aujourd'hui, le tabac, nous le savons, c'est 66 000 victimes par an. Et des personnes qui décèdent du tabac alors qu'elles ne fument pas. Le tabagisme passif, ce n'est pas seulement dans les lieux publics, c'est aussi chez soi quand on vit avec un fumeur. J'ai trois objectifs : mettre un terme à la coexistence entre fumeurs et non fumeurs, défendre les salariés et faire en sorte que les fumeurs s'arrêtent, surtout les jeunes. C'est ce que je poursuis. Il n'est pas seulement question de l'interdiction, mais aussi de la prévention. Il y a également la question des patchs, de qui doit les payer.

Claire Wilson : Ancienne fumeuse.... Je suis absolument pour l'interdiction du tabagisme dans les lieux publics ! Question : pourquoi (d'une manière générale...) n'arrive-t-on pas à imposer des mesures que nos voisins européens ont appliqué, « même les Italiens » ? Alors, du nerf....
Xavier Bertrand : Du nerf, c'est pour cela que j'engage le débat. Contrairement à ce qu'on pense, sur ce qu'ont fait les voisins européens, il n'y a qu'un pays qui a mis une interdiction intégrale, c'est l'Irlande. Aujourd'hui, si on ouvre le débat, c'est aussi pour pouvoir prendre des décisions, le président de la République l'a dit, avant la fin de l'année. On est conscient de l'évolution sur cette question.

Relo75 : L'Ecosse, l'Irlande, la Norvège ont banni totalement le tabac dans les lieux publics. Pourquoi est-il encore autorisé de fumer dans les lieux publics en France ? Y a-t-il une raison valable à cela ?
Xavier Bertrand : J'ai voulu que l'on puisse mettre sur le site www.forum.gouv.fr la situation dans les pays européens pour remettre les pendules à l'heure. Sur l'évolution, on a du mal à se souvenir qu'on fumait dans les cinémas en France il y a encore quelques années. On fumait dans les avions, dans les trains. Ce n'est plus le cas. La question des lieux publics doit être tranchée.

Tabanashi : Pourquoi les fumeurs ne reçoivent jamais d'amendes lorsqu'ils fument dans les lieux interdits au tabac ? Pourquoi les plaintes contre les fumeurs ne sont pas reçues par les policiers ? Qu'attend le gouvernement pour protéger les non-fumeurs des effets nocifs scientifiquement prouvés du tabac ? Merci.
Xavier Bertrand : Justement, ce qu'on attend, c'est de mettre en place le débat et qu'en plus on puisse maintenant répondre vraiment à cette question. Mais pourquoi aujourd'hui ce n'est pas fait ? Parce que la loi Evin n'est pas respectée. Le problème de la loi Evin, c'est que c'était une loi généreuse. Mais tant et si bien que vous avez une loi qui sur le terrain ne marche pas. Donc, comment faire respecter une loi qui n'est pas complète ? L'espace non fumeur dans un restaurant, aujourd'hui, est parfois au premier étage, cela ne rime à rien. La fumée monte, on le sait. Tout simplement, la loi ne fonctionne pas sur le terrain. La loi existante n'est pas suffisante.

Pollux : Pourquoi d'autres pays comme l'Irlande ou l'Espagne peuvent avoir des lieux publics sans fumée, alors qu'en France le Gaulois et la Gauloise se moquent de la loi Evin depuis des décennies ? Oui à l'interdiction de fumer dans tous les lieux publics. Il faut des sanctions, sinon pas de résultats.
Soltropic1234 : Pourquoi c'est difficile d'appliquer la loi Evin ? Pourquoi ne pas généraliser l'interdiction du tabac dans les lieux publics ? Où va l'argent que l'état perçoit avec les taxes du tabac ?
Xavier Bertrand : Parce que je crois que d'une certaine façon elle n'est pas applicable. Aujourd'hui, avoir une loi Evin avec des espaces fumeurs, cela ne répond pas à une question tranchée par la justice, celle des salariés. Depuis juin 2005, un salarié doit être protégé. Avec la loi Evin, si vous mettez un espace non fumeurs dans un restaurant, comment protège-t-on par exemple le serveur ? C'est pourquoi à mon sens la loi ne répond pas aux besoins et à la protection des salariés.

Alain : On parle toujours d'interdiction. Ne pensez-vous pas qu'il faut cesser d'interdire, mais plutôt responsabiliser les individus, en faisant des campagnes d'infos sur le civisme et non sur le tabagisme ? Les fumeurs paient par les taxes sur le tabac les campagnes de pub contre le tabac.
Xavier Bertrand : Responsabiliser et convaincre, cela me plait plus que contraindre. Mais il ne faut pas que cela prenne un siècle. C'est pourquoi il faut différents aspects : définir la façon dont on peut fumer dans les lieux publics, mais aussi tout un travail d'éducation à la santé. J'étais à l'instant avec des jeunes des classes non fumeurs qui ont décidé de lancer des campagnes de sensibilisation des jeunes. Cela marche.

Phoenix256 : Bonjour Mr le ministre, je suis fumeur et je suis pour la bonne application de la loi Evin. Pourquoi n'est-elle pas appliquée ? Pourquoi l'interdiction de fumer dans les lieux fermés (restos..) met autant de temps à se mettre en place ? L'état aurait peur des lobbies des cigarettiers ? Merci d'avance.
Xavier Bertrand : Si on avait peur des lobbies, on n'ouvrirait pas le débat. Et le lobby des cigarettiers est aussi en train d'évoluer. Je connais des grands groupes qui vendent des cigarettes, pour qui les choses doivent être claires. Ils souhaitent continuer à vendre leurs cigarettes mais souhaitent clarifier les choses. Cela vaut la peine d'aller dans le détail car aujourd'hui les solutions, on les connaît. Est-ce qu'on met en place une interdiction totale ou est ce qu'on prévoit des aménagements ? Tout le monde est plutôt favorable à l'idée d'interdire, à 75 ou 78 %. Mais dans des endroits très précis comme les bars, les discothèques, les gens se demandent quelles solutions on peut trouver. Quelle est sa solution à lui ? Est-ce qu'il faut une interdiction immédiate ou des aménagements ?

Onoma : Les cafés et restaurants devraient avoir le choix d'être "fumeur" ou "non fumeur". Les clients pourraient alors décider en connaissance de cause s'ils souhaitent aller dans ce lieu ou pas. Il existe des solutions respectueuses de tous, y compris du libre arbitre de chacun !
Xavier Bertrand : Pourquoi pas ? Mais comment on fait dans ce cas là pour mettre les salariés à l'abri du tabagisme passif ? Celui qui travaille dans un bar, comment on fait pour le protéger ? J'attends sa réponse. Il y a aussi une hypothèse qui a été testé, que ce soit en Italie, en Espagne, c'est la solution des pièces fumeurs à l'ancienne, c'est-à-dire des pièces fermées vraiment bien ventilées. Dans lesquelles il n'y aurait pas de service, mais dans lesquelles on pourrait fumer sous la responsabilité du chef d'entreprise.

Eric : Quels sont les réels obstacles à une interdiction totale de fumer dans les lieux publics ?
Xavier Bertrand : Peut-être l'incompréhension de certains, de dire que l'Etat veut tout interdire. Mais c'est 5 000 personnes qui décèdent chaque année alors qu'elles ne fument pas. C'est terrible alors que le tabagisme passif, ce n'est pas seulement dans les lieux publics. Je voudrais être un peu plus long : si on veut être plus efficace contre le tabagisme, il faut augmenter le prix du tabac, réglementer les endroits et aider les fumeurs à arrêter de fumer. On a beaucoup utilisé la première voie, le résultat s'est fait sentir : 1,4 millions de fumeurs en moins. Mais ce n'est plus trop efficace en raison des trafics transfrontaliers. Il faut donc utiliser autre chose, comme de donner envie aux fumeurs de s'arrêter.

Marquis : Comment pouvez-vous défendre une certaine cohérence entre l'interdiction et la vente sous la seule autorité de l'Etat, alors que vous êtes juge et partie ?
Xavier Bertrand : Oui, mais dans ces cas-là, la question se pose : doit-on continuer à vendre des aliments qui favorisent l'obésité ? On doit tenir compte de l'impératif de santé publique. On peut nous reprocher de tout interdire, mais il y a un équilibre à trouver entre la liberté, la responsabilité, les politiques de santé publique et la liberté du commerce. C'est pour cela qu'on veut aboutir avec ce débat. Les taxes, c'est aussi une ressource qui sert à financer la sécurité sociale. Depuis que j'ai fait la réforme de l'assurance maladie, on prend en charge les malades et on fait des campagnes de prévention. Si on vend moins de tabac, je ne m'en plaindrai pas.

tlm06 : Bonjour ! En ces temps où l'on montre du doigt les ravages du tabagisme, comment peut-on encore se poser la question de savoir s'il faut ou non interdire de fumer dans les lieux publics ? Cela semble évident. Il faut que nous politiques aient le courage d'interdire de fumer dans TOUS les lieux publics, c'est-à-dire hors des lieux privés, c'est à dire même dans la rue, il n'y a rien de pire que de devoir changer de trottoir ou bien de devoir marcher plus vite pour dépasser un fumeur. Allez, courage !
Xavier Bertrand : Il n'est pas dans mes intentions de prendre les mêmes mesures qu'aux Etats-Unis. Il faut se préserver des excès. Il faut réfléchir à la façon dont on va être efficace. Il faut penser à tout car sinon ce ne sera pas appliqué.

Serge : Vous avez annoncé des mesures pour la fin de l'année : s'agit-il de propositions ou d'une loi ?
Xavier Bertrand : Je veux mettre en place des mesures et les prendre en concertation pour ne pas qu'on les remette en cause par la suite. Soit c'est une loi, soit c'est un décret. Pour moi, ce n'est pas le sujet le plus important. La seule chose qui compte, ce sont les résultats. Dans le débat qu'on va avoir aujourd'hui, on aborde surtout les solutions. En plus, il y a une mission parlementaire qui travaille dès maintenant, M. Evin en fait partie, ainsi que M. Morange. L'une ou l'autre, ce n'est pas le plus important. Pour les Français, l'important c'est de savoir comment ça change.

Yaytar : Le calendrier électoral (présidentielles en 2007) va-t-il peser sur l'action gouvernementale sur ce sujet ? Autrement dit une loi a-t-elle des chances de passer dans les mois qui suivent ?
Xavier Bertrand : Une loi ou un texte, le président de la République l'a dit. Voilà pourquoi on a mis en place cette consultation. La mission parlementaire devrait rendre ses conclusions au début de l'automne. Sur les sujets de santé publique, les échéances électorales ne doivent pas interférer. Pour rien d'ailleurs.

Em79 : Bonjour, quand les hommes politiques useront-ils enfin le pouvoir qu'ils ont pour protéger la santé des gens et sauver des vies ? Surtout quand on sait que le tabagisme passif est 4 fois plus dangereux ! AIDEZ-NOUS ! Pourquoi tant de démagogie de peur de contrarier les fumeurs véritables drogués ?
Xavier Bertrand : Je ne pense pas qu'on ait attendu pour prendre des décisions. Quand le gouvernement a décidé d'augmenter le prix du tabac, la décision a été prise quand même. On a vu le résultat, cela a permis de baisser le nombre de fumeurs. Chacun voudrait qu'on aille au rythme qui lui convient, qu'on ne touche à rien. Il y a des non-fumeurs qui voudraient qu'on aille plus vite. On avance de façon déterminée, pour aboutir. Merci de cette proposition.

Wucher : L'Europe ne peut-elle pénaliser les pays qui laissent vendre les cigarettes à bas prix ?
Xavier Bertrand : Ca m'arrangerait bien car vous n'auriez pas des transfrontaliers qui iraient en Espagne ou au Luxembourg. J'en ai parlé avec les ministres concernés, je leur ai dit : qu'est-ce que vous allez faire ? Mais les tarifs ne sont pas fixés par les ministres de la Santé. Et ce n'est pas l'Europe qui fixe le prix du paquet, hélas. Sinon, on aurait un prix quasi uniforme sur l'ensemble de l'Europe. On ne risque pas de trouver la solution avec l'Europe aujourd'hui. J'aimerais bien, mais ce n'est pas dans les compétences de l'Union européenne.

Bounty : Justement, question santé publique.... Le trou de la sécu est déjà énorme. On ne mesurera l'ampleur des dégâts du tabac que d'ici une quinzaine d'années. Taxer plus les fumeurs au niveau des cotisations de santé, permettrait un meilleur équilibre des coûts des longues maladies causées par le tabac....
Xavier Bertrand : Quand on commence à mettre le doigt dans l'engrenage... Est-ce que celui qui ne fait pas de sport ne paie pas plus car il ne fait pas attention à sa santé ? On a un système de santé qui soigne tout le monde. Il faut développer la prévention, mais ne pénaliser personne.

oliv25 : Est-il conciliable avec santé publique et prévention qu'énormément de non-fumeurs et jeunes aient aujourd'hui accès à du tabac parfumé (fraise, chocolat, etc) si incitatif à fumer avec des narguilés ou des cigarettes aromatisées dans des salons de thé, buralistes, soirées, etc. Pourquoi ce laxisme honteux ?
Xavier Bertrand : Je ne suis pas partisan de ce laxisme. Aujourd'hui, pour la journée mondiale contre le tabac, nous avons publié une affiche avec différents types de cigarettes, de cigares, de narguilés, en disant que quelle que soit la façon dont vous fumez, le tabac tue. Donc toutes les méthodes produisent les mêmes résultats. Vous savez, il ne faut pas penser que fumer soit tendance, fumer tue.

Doegloff : Pourquoi ne pas agir en aval et commencer à sensibiliser les touts petits ? L'éducation ne sert plus à rien chez l'adulte, à ce niveau là, excusez moi, mais il n'y a presque que la répression qui marche.
Xavier Bertrand : Cela peut surprendre ou choquer, mais depuis l'ouverture de ce débat j'ai renforcé cette position chez moi. Il y a des actions qui sont faites depuis longtemps auprès des enfants. Certains salariés me disent : on n'arrive pas à convaincre nos enfants de s'arrêter de fumer. Il faudrait le faire dès la classe de 5e, de 3e. C'est véritablement une action qu'on devrait renforcer. Ce n'est pas seulement pour faire bien, pour parler de façon générale, c'est parce qu'avec les mots des enfants on peut convaincre les autres de ne pas franchir le pas de la première cigarette. J'en ai parlé avec le ministre de l'Education nationale, il est d'accord. Il faut dissuader les jeunes de passer à la première cigarette. Ils n'ont pas forcément fumé leur première cigarette à cet âge, ils nous disent qu'il n'y a pas majorité de fumeurs. En montant des campagnes très claires, cela donne envie de s'arrêter d'après eux.

CroaCroa : Toute personne qui a une dépendance pour un produit (alcool drogues,etc) est très mal vue par son entourage. Comment cela se fait-il que pour le tabac cela ne soit pas le cas, bien que les risques pour la santé soient aussi importants ?
Xavier Bertrand : C'est aussi le cas. Il y a aujourd'hui beaucoup de fumeurs qui disent qu'on a tendance à les mettre dans un coin. L'avantage de ce débat aujourd'hui permet de montrer qu'on est en train d'évoluer. Je n'ai pas envie que le fumeur soit montré du doigt. Je pense au restaurant qui est aussi un lieu de convivialité, il ne doit pas être un lieu de conflit. C'est pourquoi il faut poser le débat pour éviter cette situation d'intolérance. Et cela arrangera tout le monde.

François : Je vis en Ecosse, où les pubs sans tabac sont testés pour le Royaume Uni depuis trois mois, et même si je suis fumeur je trouve ça plutôt bien, et contrairement à ce que notre lobby buraliste français veut faire croire, la fréquentation a augmenté...
Xavier Bertrand : Sauf que dans cela il y a la question des pubs, mais en France nous avons la spécificité des bars-tabac. On achète son tabac et on peut le consommer dans le bar. En Ecosse, le fait d'avoir interdit dans les pubs n'a pas fait baisser la consommation. En ce qui concerne les buralistes, il faut aussi éviter les idées reçues : ils ne remettent pas en question le principe de l'interdiction mais veulent pouvoir vendre d'autres choses dans leurs bars tabac et leurs tabacs. Quand on voit ce qu'ils vivent, on s'aperçoit que les esprits évoluent.

Gabser : Quel dialogue comptez-vous mettre en place avec les buralistes, restaurateurs et autres "professionnels" des lieux publics ? Merci.
Xavier Bertrand : Ce midi, j'ai déjeuné dans un restaurant sans tabac avec des représentants du patronat et des salariés. M. Daguin était là, il a évolué par rapport à des questions passées. Ce n'est pas le principe de l'interdiction qu'il remet en cause, il demande à ce qu'on puisse avoir une pièce vraiment bien ventilée pour qu'une personne puisse fumer sans incommoder les non fumeurs et les serveurs. Le débat va permettre de montrer les positions de chacun, qui ont vraiment évoluées.

Wucher : Ne peut-on envisager des es déductions fiscales pour les bars et tabacs qui sont non fumeurs ?
Xavier Bertrand : Comment protège-t-on les salariés ? Il faut protéger les salariés de ces établissements aujourd'hui, c'est le vrai sujet, de savoir comment on règle cette question. Aujourd'hui, les endroits où il y a le plus de difficultés, c'est les bars, les discothèques où vraiment l'habitude est prise pour de nombreux fumeurs. C'est là que les choses doivent évoluer. Pour les entreprises, cela avance plus vite. Dans les restaurant, les choses peuvent évoluer plus vite qu'on ne le pense. On doit régler les questions concrètes dans les bars et les discothèques. Une parenthèse : ce midi, j'ai déjeuné dans un restaurant qui a fait le choix d'être non fumeur, et ils n'ont pas perdu de clients. Ils en ont même gagné beaucoup d'autres, même des fumeurs qui sont prêts à venir. Si tout le monde était logé à la même enseigne, on n'aurait pas de difficultés.

Un citoyen : Même les jeunes des discothèques sont pour l'interdiction à 55%(sondage IFOP commandé par le ministère)... Qu'attend-on ?
Xavier Bertrand : Les sondages, je trouve ça pas mal mais ce n'est pas ça qui permet d'aller dans le détail. Quand on pose la question, c'est bien, mais ce qui m'intéresse, c'est d'avoir l'avis de l'opinion publique. Si on préfère que les jeunes fument dehors à deux heures du matin ou dedans dans une pièce aménagée, j'aimerais bien avoir son avis.

Un citoyen : A un ado à qui on dit "ne fait pas", par nature, il fera ...
Xavier Bertrand : Cela ne plaide pas pour ce que dit Un Citoyen. Si on ne permet pas aux esprits d'évoluer, si on place un interdit, on va donner envie de fumer. Voilà pourquoi je préfère convaincre d'arrêter que d'interdire.

La-misse : Je fume depuis l'âge de 16 ans. J'ai essayé d'arrêter plusieurs fois. Je me suis ruinée en patch. Que proposeriez-vous comme plan d'aide aux fumeurs qui souhaitent arrêter ?
Xavier Bertrand : J'aimerais bien savoir combien de temps elle a essayé d'arrêter et pourquoi cela n'a pas marché. Si on essaie les patches tout seul, cela marche moins bien. Il y a des consultations de tabacologues qui existent. J'en veux davantage. Le Président a souhaité qu'on renforce les luttes contre les addictions. Le problème, c'est les délais d'attente. Je veux plus de consultations.

Bouclettes : Finalement faut-il mettre en place une législation spécifique selon les lieux publics ?
Xavier Bertrand : Non, je crois qu'il faut avoir un principe général. La question, c'est si on prévoit des aménagements ou pas. Dans un bar tabac, quand on discute avec les gérants et les clients, ils ont bien compris ce qui se passe au niveau européen et quelle était l'évolution. Parfois, les aménagements peuvent se justifier. Après, on prendra nos responsabilités. Cela peut valoir la peine de trouver des bons aménagements. Dans les sondages, on voit que les gens disent : on est d'accord pour l'interdiction, mais à l'exception des bars et des restaurants. Donc là aussi, cela vaut la peine de trouver la bonne mesure.

Chris54 : N'avez-vous pas peur d'un procès de la part de non-fumeurs qui poursuivraient l'état pour ne pas les avoir efficacement protégés, par exemple par un laxisme évident en ce qui concerne la loi Evin (il n'y a qu'à voir par exemple monsieur Santini fumer dans les couloirs du Sénat...) ?
Xavier Bertrand : Quand vous êtes ministre de la Santé, il ne faut pas vous poser la question de rendre des comptes un jour où l'autre. Il faut agir en conscience. On ne peut pas fermer les yeux sur les décès liés au tabagisme. Je veux qu'on puisse ouvrir ce débat pour aller au bout de ses convictions. Je prends le débat à bras le corps. Je pense qu'on peut convaincre. Je suis sûr qu'on peut les amener à comprendre l'évolution des choses. Qu'on fasse une loi ou un décret, on s'aperçoit qu'on n'a pas de retard dans notre pays. J'agis effectivement à un rythme que je souhaite imprimer à ce débat. Il faut avancer et ne pas se poser d'autre question. Si j'avance, c'est parce que c'est un bon débat.

Nantais : Ne pensez-vous pas perdre des voix avec toutes ces restrictions ?
Xavier Bertrand : Si vous commencez à vous poser la question... Ce n'est pas ma conception de la politique. Il faut agir en conscience.

Nitumar : M. le ministre, qui aura la charge du contrôle des mesures de la future loi (que l'on espère prochaine) sur l'interdiction de fumer dans les restaurants (et autres lieux publics) ?
Xavier Bertrand : Quand on explique bien les choses, qu'on fait preuve de pédagogie, tout le monde peut comprendre. Franchement, on n'imagine pas que la nouvelle vocation première des agents des forces de l'ordre soit d'aller vérifier si les fumeurs respectent la loi. Si nous allons vers une nouvelle réglementation, une réglementation qui soit vraiment acceptée largement, je ne suis pas certain qu'on aura besoin de policiers pour vérifier. Si tout le monde est compréhensif, la réforme sera actée. On voit que beaucoup de fumeurs respectent de plus en plus les non-fumeurs. Et les policiers seront inutiles pour vérifier.

Bovary : Oui, il faut convaincre d'arrêter de fumer, en établissant un protocole qui doit être respecté par le patient s'il veut voir son parcours de santé pris en charge par la sécu.
Xavier Bertrand : Non, parce que ce qu'il dit, c'est la même remarque que tout à l'heure... En clair, quelqu'un qui fume ne serait pas bien remboursé. C'est un peu ça. J'aimerais avoir d'autres avis. Quand on fume, on se paie un paquet de cigarette, on peut donc se payer son patch, entend-on. Est-ce que ce n'est pas intéressant pour la sécu de rembourser les patchs, dans ce cas ? J'aimerais bien avoir l'avis des internautes. Est-ce que c'est à chacun de se prendre en charge ? Oui, mais si on va plus loin, je ne sais pas si Bovary est sportif, s'il fait du ski par exemple, mais la sécu le prendrait en charge en cas d'accident.

Chris54 : Comment pensez-vous qu'une nouvelle loi plus restrictive sera plus respectée qu'une loi existante moins restrictive qui ne l'est quasiment pas ?
Xavier Bertrand : Si elle est bien pensée, bien concertée et si vraiment on a demandé aux représentants et à des usagers, on peut prendre les bonnes décisions. Je le pense sincèrement. C'est ma méthode : je préfère poser les questions avant plutôt que d'avoir une contestation après. Je crois beaucoup à la concertation, à expliquer ce qu'on souhaite faire. Le terrain ne ment jamais et cela vaut la peine d'interroger les usagers. J'étais avec des fumeurs aujourd'hui, ils sont prêts à bouger.

Capcis12 : Combien de paquets par jours fume M. Bertrand ?
Xavier Bertrand : Je ne fume pas. J'ai fumé à une époque, mais je n'ai jamais été accro. Je ne me suis jamais remis à fumer car le jour où on veut s'arrêter, on grossit forcément. Et je me surveille de ce côté là...

Arthur Laisis, CAVL Lyon : Pourquoi ne pas rembourser les frais a posteriori, en cas de réussite ? Ce serait stimulant pour le patient...
Xavier Bertrand : Oui, si c'est le point de vue d'Arthur, ça me va bien. A titre personnel, je pense que cela vaut la peine. Mais rembourser à posteriori, c'est difficile, on peut rembourser déjà et puis on verra. Si c'est un protocole, donc un suivi par un médecin... C'est ce que j'indiquais tout à l'heure avec les consultations.

La-misse : Il a été reconnu que l'arrêt du tabac est très difficile et qu'on a besoin d'aide. Le remboursement des patchs je suis pour et j'attends en plus un soutien médical. L'idée du protocole me semble intéressante.
Xavier Bertrand : S'arrêter de fumer, ce n'est pas facile. C'est une question de volonté, certes. Mais on peut s'être mis à fumer pour des histoires personnelles. Et ce n'est pas forcément facile de la même façon pour chacun. Je crois beaucoup à la consultation, c'est vraiment une relation très directe entre le patient et le médecin.

Wucher : J'interviens en 6e tous les ans. En 6e chaque année environ 5 sont déjà fumeurs. Il faut intervenir en fin de classe primaire et permettre l'intervention de non enseignants.
Xavier Bertrand : On peut aussi intervenir le plus tôt possible, mais le principe est de voir où on concentre nos efforts. J'en ai parlé tout à l'heure avec des enseignants, c'est vraiment vers la 5e que c'est le plus efficace. Comme ils ont l'habitude de travailler sur ces questions, je leur fais confiance. Je vais lancer des campagnes de prévention bucco-dentaire par exemple à destination des enfants à partir de 6 ans.

emanou14 : Ne pouvez-vous pas agir auprès des députés, ministres, sénateurs, pour qu'ils "montrent l'exemple" ?
Xavier Bertrand : Oui, mais déjà j'essaye d'ouvrir le débat et de convaincre 63 millions de Français, donc le travail de persuasion s'applique à tous ! Tout le monde est concerné par ce débat. Je ne suis pas certain qu'il y ait beaucoup de fumeurs parmi les ministres. La question du tabac dans les lieux publics, ce n'est pas l'interdiction totale. Il n'est pas question de devenir intégriste comme les Américains sur ces questions.

Paco : Que pensez-vous des élèves qui fument dans les cours des lycées ? Pensez-vous que leur interdire de fumer ne les incitera pas à sortir dans la rue et être à la merci des revendeurs de produits divers... Quelle solution donc ?
Xavier Bertrand : C'est une excellente remarque. Aujourd'hui, dans les établissements sans tabac, il y a la question de la cour. J'ai le proviseur d'un établissement qui m'a indiqué que dans la cour il a matérialisé un espace fumeur. Si certains jeunes sont accros au tabac et qu'on interdit de fumer dans la cour, ils vont sauter par-dessus la grille et peuvent se voir proposer d'autres produits. Et dans ce débat, je reçois cinq sur cinq le message de Paco car cela vaut la peine d'aborder le sujet. Si on interdit de fumer dans la cour, ce sera dans la rue. Est-ce que ce sera mieux ?

Doegloff : Pensez-vous vraiment que sans y mettre un peu de contrôle, vous y arriverez ? Si seulement vous vous donniez les moyens, je pense que cela fonctionnerait !
Xavier Bertrand : Oui, mais le problème, on dit que surveiller n'est pas se méfier. Bien sûr qu'en peut contrôler, mais avant de contrôler tous les établissements de France, en plus sur un sujet qui passionne, tout le monde en parlera. A partir du moment où les règles de comportement ont changé, on n'aura pas besoin de rechercher les contrevenants. A l'étranger, les choses ont évolué normalement. Je ne crois pas que ce serait le fait le plus marquant.

Un citoyen : Si on commençait en cessant de rendre attrayant le fumeur, notamment au cinéma ?
Xavier Bertrand : C'est déjà fini au cinéma. Cela a bien évolué. Il fut une époque où le modèle hollywoodien, c'était avec la cigarette. Si vous prenez Yul Brunner qui a montré à la fin de sa carrière ce que le tabac a fait de sa vie, cela convainc. Le cow-boy de la pub d'un grand marchand de tabac est mort d'un cancer. Même Lucky Luke ne fume plus, il a un brin d'herbe à la bouche. Ce n'est plus associé à l'image, cela a évolué.

La-misse : Bien que je sois une totale intoxiquée par le tabac, je respecte la loi Evin et les non-fumeurs. Merci Mr Bertrand de prendre ce problème à bras-le-corps avec détermination et constance. Merci aussi de nous avoir permis de vous communiquer nos avis. Bon courage.
Xavier Bertrand : Merci, La misse. J'aime bien ce terme de constance parce que je crois qu'aujourd'hui il ne s'agit pas de vouloir des choses mais il faut être constant. Je lui souhaite bonne chance.

gregory38 : Du fait des risques d'obésité secondaire à un sevrage tabagique, quelles mesures incitatives pensez-vous mettre en place pour permettre une prise en charge avec un diététicien ?
Xavier Bertrand : Je n'aurais pas dû donner l'exemple avec ma crainte sur l'obésité. Quand on arrête de fumer, c'est bien d'avoir une prise en charge médicale pour éviter la prise de poids. Et puis ce n'est pas obligatoire. L'important, c'est les consultations pour dire qu'on n'est pas tout seul.

Alex : Chef d'entreprise, je souhaite résoudre le problème du tabagisme dans ma société. Compte tenu d'une possible nouvelle loi, j'hésite à m'équiper de cabine pour fumeurs filtrant 100 % de la fumée.
Xavier Bertrand : Les cabines pour fumeurs, c'est le modèle suédois. Ce n'est pas l'exemple type. Qu'est-ce qu'il préfère ? Que les salariés fument à la porte de l'entreprise ou dans un espace dédié ? Je suis allé visiter la rédaction d'une radio récemment, il y avait simplement des pièces réservées avec la fenêtre ouverte. Le modèle suédois, ce n'est pas l'idéal. Pas forcément.

Paco : Je suis tout à fait d'accord avec les remarques de Mr le Ministre. Je pense qu'il faut trouver un compromis entre l'interdiction totale dans les lycées et la situation actuelle. Il ne faut surtout pas inciter les élèves à "faire la grille" comme l'a dit Mr Bertrand mais au contraire continuer à travailler sur la pédagogie.
Xavier Bertrand : Vous voyez l'intérêt du débat. Si on est uniquement sur des principes, c'est assez court alors que, quand on va jusqu'au bout du débat, le bon sens de Paco permet de répondre aux problèmes qu'on rencontrerait. On ne pense jamais à ce qui pourrait se passer après la décision. Dans ce que dit Paco, il y a du bon sens, ça fait du bien.

Bruno L. : Y aura-t-il dans la loi un système d'amendes, à la fois pour le fumeur ou le propriétaire du lieu qui n'aura pas fait respecter la loi ?
Xavier Bertrand : Cela existe déjà aujourd'hui dans la loi Evin. Et cela doit trouver sa place. Si on a un bon débat, les sanctions ne pleuvront pas.

La Sarkozette : J'ai 19 ans et je subis la fumée de mes parents ! A force, je peux avoir un cancer ?
Xavier Bertrand : C'est ce qu'on disait tout à l'heure, le tabagisme passif, cela peut être chez soi. On avait lancé une campagne télévisée avec une jeune fille qui avait fumé je ne sais plus combien de cigarettes au cours de sa vie en restant chez elle, à cause de la fumée de ses parents. Alors qu'elle n'avait que quelques années. Oui, le tabagisme passif peut donner le cancer.

PAMP : Monsieur le ministre, mon directeur fume en réunion, en attendant une loi comment je fais pour protéger ma santé ?
Xavier Bertrand : C'est aussi à lui d'en parler. Cela peut être rappelé par les délégués du personnel : depuis juin 2005 la Cour de cassation, la cour suprême, dit les choses clairement : un salarié ne doit pas être exposé au tabac. On a eu l'exemple d'une salariée qui a obtenu son droit de retrait car elle travaillait avec des fumeurs. Elle a été réintégrée dans un autre service. Les esprits doivent évoluer maintenant.

Michel : Tabagisme passif : 5000 morts par an, vous confirmez ?
Xavier Bertrand : 5 000 morts par an, mais pas seulement dans les lieux publics. Ce sont des chiffres de la Direction générale de la santé, confirmés par des experts.

chris54 : Pouvoir convaincre un restaurateur, un chef d'entreprise, c'est bien. Mais comment convaincre son chef d'entreprise, la personne responsable de son restaurant universitaire, la personne fumeuse présente dans la rame de métro ou sur le quai fermé où l'on se trouve ?
Xavier Bertrand : Je crois que le dialogue individuel, c'est bien, mais cela peut avoir ses limites. C'est pourquoi il faut des règles collectives pour bien préciser les choses. Après, tout le débat qu'on a avant, cela facilite les choses pour que les choses changent. Il faut prendre nos responsabilités car autrement la conviction individuelle ne suffira pas. J'en ai conscience.

Marquis : Imaginons tout le monde arrête de fumer, comment allez-vous remplacer les recettes du tabac par rapport au budget ?
Xavier Bertrand : Cela ne me dérange pas du tout. Si tout le monde arrêtait de fumer, ce n'est pas du tout un problème qu'il y ait moins de recettes liées au tabac. On va aussi dire les choses très crûment, c'est aussi une question de santé. Le traitement de toutes les maladies liées au tabac, cela représente des prises en charge très importantes. Je préfère rester sur le seul enjeu de la santé publique, même s'il y a moins de recettes.

Bounty : Concrètement, quand sera-t-il interdit de fumer dans les lieux publics ? Je ne parle pas de proposition de loi ou de débat. Je veux savoir quand peut-on envisager de ne plus être enfumé dans un parc ou à un arrêt de bus, ou en sortant de chez soi, avec un bébé dans une poussette... ?
Xavier Bertrand : A titre personnel, en tant que ministre, je préfère qu'on règle les problèmes de coexistence entre fumeurs et non-fumeurs. Je n'ai pas envie d'interdire dans les parcs, par exemple. Je ne peux pas lui faire plaisir sur cette question.

La Sarkozette : Merci M. le Ministre ! Car ma mère qui est à côté a entendu votre réponse.
Xavier Bertrand : Qu'est-ce qu'a pensé sa mère de mon avis ? ?

Bruno L. : Je crois savoir que le nombre de sanctions qui ont été en effet appliquées dans le cadre de la loi Evin doivent se compter sur les doigts d'une seule main.... Le sens civique des Français n'est pas le plus reconnu en matière de savoir-vivre....
Xavier Bertrand : Oui, cela ne m'étonnerait pas car la loi Evin n'a pas été appliquée car elle n'a pas été applicable. Cela évolue un peu aujourd'hui, mais dans un restaurant, c'est souvent les plus mauvaises tables qui sont non-fumeurs. Voilà pourquoi il faut une étape supplémentaire.

Nantais : Ne pensez-vous pas que l'alcool plonge des familles dans des états de détresse terrible et dans beaucoup de décès ? Dans ce cas il faudrait interdire de boire aussi.
Xavier Bertrand : La question c'est : est-ce qu'on doit responsabiliser ? Prendre de nouvelles réglementations ou interdire complètement ? Pour ma part, je pense qu'il faut laisser des espaces de liberté. La consommation de l'alcool, c'est dangereux, n'oublions pas non plus les drogues et les addictions au jeu, par exemple. Voilà pourquoi le président de la République a souhaité un plan pour lutter contre toutes les addictions. Même si nous sommes mobilisés aujourd'hui contre le tabac, nous sommes en train de préparer des Etats généraux de l'alcool, pour parler de ce sujet épineux.

Morzibule : Et un débat sur qu'est-ce qu'un lieu public ? Parce que ce n'est pas évident à définir en fin de compte. Cela englobe quoi ?
Xavier Bertrand : C'est un lieu qui accueille du public. La cour d'un lycée pourrait être concernée. Est-ce qu'il faut une interdiction immédiate, générale ? Non, je ne crois pas.

La Sarkozette : Elle s'en fiche ! Elle continue quand même ! Non, je pense qu'elle va arrêter bientôt ! Enfin.... J'espère !
Xavier Bertrand : Si je peux y avoir contribué, j'en serais content. Merci pour vos questions. Beaucoup de messages dans ce chat, car à mon avis le débat est important. Ce n'est pas un sujet qui laisse indifférent. On voit dans le forum qu'on a posé des questions très précises. Si les internautes répondent à ces questions, cela nous permettra de prendre les bonnes décisions. Merci. Au revoir.

Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 2 juin 2006